ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"626"> fucs qui sont tels que ceux qu'on trouve dans les visceres des mélancholiques.

L'oréxie, ou la faim immodérée qui vient des vers qui consument le chyle, se guérit en détruisant ces insectes. On peut en connoître la cause par les symptomes qui leur sont propres. Celle qui vient de l'acidité ou âcreté des humeurs se guérit par les remedes qui corrigent cette acidité ou cette âcreté. Villanovanus rapporte qu'un homme se guérit de sa faim dévorante en mangeant du pain chaud trempé dans du marc d'huile. La voracité causée par l'action de la bile sur l'estomac se tempere par les acides. En général l'oréxie naturelle est une maladie fort rare; il faut bien la distinguer de la boulimie & de la faim canine, avec lesquelles on la confond d'ordinaire. Voyez Fain canine. (D. J.)

ORFA (Page 11:626)

ORFA, (Géogr.) M. de Lisle dit Ourfa, ville d'Asie à l'Orient de l'Euphrate dans le Diarbeck; Thévenot l'a décrite comme elle étoit de son tems; nous dirons seulement que c'est l'ancienne ville d'Edesse. Voyez Edesse. Orfa est située à 33 lieues N. E. d'Alep. Long. 55. 20. latit. 36. 20. (D. J.)

ORFEVRE (Page 11:626)

ORFEVRE, s. m. artiste, fabriquant & marchand tout ensemble, membre d'un des six corps des marchands de la ville de Paris, qui a la faculté de vendre, acheter & fabriquer toutes sortes de vaisselle, ouvrages & bijoux d'or & d'argent.

Le terme d'orfevre a son étymologie dans les deux mots or & fabriquant, procédante & imitée du latin auri faber, fabriquant en or.

Les Orfevres se nomment Orfevres, Joyailliers, Bijoutiers: on entend assez communément par orfevre simple celui qui ne se mêle que de fabriquer ou vendre de la vaisselle d'argent; par orfevre - bijoutier, celui qui vend ou fabrique les bijoux d'or; & par orfevre - joyaillier, celui qui vend & met en oeuvre les diamans, perles & pierres précieuses: le droit exclusif à tous autres qu'ont les Orfevres de monter & mettre en oeuvre les diamans, leur a fait donner le surnom de metteur - en - oeuvre.

Cet art a de tous les tems été considéré & protégé: dès que l'or & l'argent ont été connus, des artistes se sont formés pour employer ces précieux métaux, dont on n'a d'abord destiné l'usage qu'au service des temples, sur les autels des dieux, & à augmenter la splendeur des souverains; mais les richesses s'étant accrûes, & le luxe avec elles, les Orfevres se sont multipliés, leur art s'est perfectionné, & dans le dernier siecle (pour nous conformer à l'expression de l'illustre écrivain qui nous en a tracé le tableau) de simples orfevres ont mérité de faire passer leurs noms à la postérité & de s'immortaliser, tels que les Germains & les Ballins, &c. & c'eût été en effet une injustice de refuser à ces grands hommes le tribut de louange qui leur étoit dû: ni eux, ni les artistes célebres qui les remplacent aujourd'hui, tels que les sieurs Roettiers & Germain, n'ont atteint ce haut degré de perfection où ils sont parvenus, qu'à force d'étude & de travaux: quoique nés avec un génie mâle, il leur a fallu d'abord savoir dessiner & modeler, joindre à ces premieres études celles de l'Architecture & de la Perspective, pour savoir donner à leurs ouvrages & de belles formes & de justes proportions. S'ils n'eussent été consommés dans ces sciences, bases de tous les arts, on n'eût jamais vû sortir de leurs mains ces productions savantes qui ont embelli leur patrie, orné les cours étrangeres, consacré la réputation de l'Orfevrerie de Paris, & décidé sa supériorité sur toutes les Orfevreries de l'univers. A ces connoissances qui eussent suffi pour faire un bon sculpteur, il leur en a encore fallu joindre d'autres détails, comme de savoir cizeler, graver, retraindre &c. toutes opérations méchaniques, mais nécessaires pour parvenir à ces brillantes exécutions où se développe tout le goût de l'artiste, comme son génie se déploye dans la composition. La préparation de l'or & l'argent n'a pas été même pour eux un objet indifférent, en effet ces métaux renferment souvent dans leur sein des parties hétérogenes qui en alterent la pureté & la ductilité; savoir les en dépouiller & les en allier en qualité & quotité convenables sont des fruits de l'étude de la Métallurgie & de la Docimasie, dont il convient qu'un orfevre soit instruit: que tout orfevre qui veut se distinguer sache que la réunion de toutes ces études firent les grands hommes que nous avons cités ce qu'ils parurent, & que cette carriere épineuse qu'ils remplirent avec honneur, est la seule que doivent courir ceux qui se proposent d'acquérir une gloire semblable à la leur.

Chaque orfevre a un poinçon à lui particulier, composé des lettres initiales de son nom, d'une devise, d'une fleur de lis couronnée, & de deux petits points, il lui sert comme de signature & de garantie envers celui qui achete les ouvrages de sa fabrique; lors de sa reception à la cour des monnoies, il est obligé de donner une caution de 1000 liv. pour répondre des amendes qu'il pourroit encourir, s'il étoit surpris en contravention aux réglemens sur le titre des matieres; ce poinçon est insculpé sur une planche de cuivre déposée au greffe de la cour des monnoies, & sur une autre planche de cuivre déposée au bureau des Orsevres, pour y avoir recours en cas de contestation, soit par voie de comparaison ou de rengrênement. Indépendamment du poinçon de chaque orfevre, il y a encore trois autres poinçons qui doivent être apposés sur les ouvrages de la fabrique de Paris; savoir, le poinçon de charge, le poinçon de la maison commune, & le poinçon de décharge.

Tous ces poinçons s'appliquent en différens tems, & pour causes différentes: dès qu'un orsevre veut fabriquer une piece d'or ou d'argent, il l'ébauche au marteau; il met alors son poinçon dessus, qui constate que cette piece est de sa fabrique; il la porte ainsi revêtue de son poinçon au bureau du fermier des droits du roi, où il signe une soumission de rapporter cette piece lorsqu'elle sera finie, pour acquitter les droits, que le roi préleve dessus en vertu de ses édits & à raison du poids de ladite piece; le fermier applique alors dessus cette piece un poinçon, que l'on appelle poinçon de charge, parce qu'il charge le fabriquant des obligations ci - dessus expliquées. La piece revêtue de ce second poinçon passe au bureau des Orfevres, appelle maison commune, les gardes orfevres, préposés pour la police du corps, & singulierement pour l'essai des ouvrages, coupent un morceau de cette piece du côté qu'il leur plaît, l'essayent, & si la matiere est trouvée au titre qui est de 11 deniers 12 grains pour l'argent au remede de 2 grains de fin, de 20 karats un quart pour l'or au remede d'un quart de karat, & de 22 karats un quart au remede pareillement d'un quart de karat pour les grands ouvrages d'or, comme chandeliers, lampes &c. ils apposent alors leur poinçon dessus: c'est ce poinçon qui est toujours une lettre de l'alphabet couronnée, laquelle change tous les ans, qui est le garant du titre des ouvrages; ce poinçon est aussi insculpé sur une planche de cuivre au greffe de la cour des monnoies & au bureau des Orfevres lors de l'élection des gardes, lesquels sont responsables en leurs propres & privés noms de la sûreté de ce poinçon, & s'il y avoit erreur ou contravention, on les poursuivroit extraordinairement: aussi si l'ouvrage n'est pas au titre prescrit, les gardes biffent les deux premiers poinçons, déforment la piece, & la rendent en cet état au fabriquant, en lui délivrant un bordereau du titre auquel sa ma<pb-> [p. 627] tiere s'est trouvée, afin qu'il l'allie en la refondant, alors il est obligé de recommencer tout ce que dessus. Dans le premier cas où la piece ayant été trouvée au titre a été revêtue du poinçon de la maison commune, l'orsevre finit sa piece, la rapporte toute sinie au bureau du fermier des droits du roi, paye les droits, acquitte sa soumission qu'on lui rend acquittée, & on appose pour certificat du payement desdits droits un quatrieme & dernier poinçon, que l'on appelle à cause de cela poinçon de décharge: l'ouvrage en cet état peut être exposé en vente librement & sans crainte.

ORFEVRERIE (Page 11:627)

ORFEVRERIE, s. f. corps de l'Orfevrerie, sixieme & dernier corps des marchands de la ville de Paris. Le nombre des marchands de ce corps est fixé à trois cens. On l'appelle aussi Orfevrerie Joyaillerie à cause du négoce, qu'ils sont en possession de faire de tous les tems des joy aux, diamans, perles & pierres précieuses.

Ce corps est très - ancien; ses premiers statuts sont de l'année 1260, & paroissent avoir été dirigés sur d'autres beaucoup plus anciens. La délicatesse & le goût de l'Orsévrerie de Paris, joint à l'attention scrupuleuse que le gouvernement a toujours eu de veiller à la bonté du titre & à la bonne foi de cette branche de commerce, l'a mise en crédit chez l'étranger, & a fait regarder cette capitale comme supérieure aux autres Orfévreries de l'Europe. Voyez Orfevre. Il jouit de toutes les prérogatives des six corps des marchands, & l'on remarque singulierement que dans les entrées des rois, reines, ou légats, où les six corps ont le privilege de porter le dais sur les personnes, rois, reines ou légats, souvent on n'appelloit à ces cérémonies que 3, 4 ou 5 de ces corps, mais que jamais celui de l'Epicerie & de l'Orfévrerie n'ont été omis; qu'il a fréquemment fourni des sujets pour les places municipales & jurisdictions consulaires, & qu'il est le seul au - moins depuis plus de 300 ans chez lequel on ait pris un prevôt des marchands en l'année 1570, qui se nommoit Claude Marcel, & étoit d'une famille ancienne de l'Orfevrerie; ce corps a aussi donné des hommes d'un talent rare. Voyez Orfevre.

Voici quelques - uns de leurs statuts.

Ils sont obligés d'avoir leurs forges & fourneaux scellés en plâtre dans leurs boutiques à six piés de la rue & en vûe; il leur est aussi défendu de travailler passe les heures indiquées par la police: l'objet de ce statut est de tenir continuellement les Orfevres en état d'être veillés par les préposés à la police du corps. Les préposés à la police du corps sont les officiers de la cour des monnoies & les gardes Orfevres.

Tous les ans on fait élection de trois Orfevres, d'un qui a déja été garde, & de deux autres qui n'ont point encore passé cette charge: leur exercice est de deux ans; les trois nouveaux élus avec les trois de l'année précédente forment le college de six gardes, lesquels font les essais, asseoient la capitation, la perçoivent, visitent les atteliers & les ouvrages de leurs confreres, sans assistance d'aucun officier de police, toutessois & quand ils le jugent à propos, & gerent toutes les affaires du corps: ils prêtent serment pour l'exercice de leurs fonctions à la cour des monnoies, & entre les mains du lieutenant général de police.

Les contestations sur le fait de l'Orfévrerie se portent en ce qui concerne la police devant le lieutenant général de police du Châtelet de Paris, & en ce qui concerne le titre des matieres & contraventions sur icelles en la cour des monnoies de Paris.

Les veuves des Orfevres peuvent tenir boutique ouverte, & faire le commerce de l'Orfevrerie: autre<cb-> sois même elles avoient un poinçon; mais lors du réglement de 1679, le ministere craignant qu'elles n'en abusassent, ou que n'étant pas assez instruites, elles ne compromissent trop facilement la réputation de leur poinçon, ordonna qu'aussitôt le décès d'un orfevre leurs veuves remettroient le poinçon de leurs maris pour être biffé, leur laissant néanmoins la faculté de faire fabriquer chez elles, en faisant marquer leurs ouvrages du poinçon d'un autre maître, lequel demeureroit garant des ouvrages revêtus de son poinçon, comme s'ils étoient de sa fabrique.

Les Orfevres qui ne tiennent pas boutique ouverte sont obligés de déposer leurs poinçons au bureau des Orfevres, pour y être enfermés & scellés jusqu'à ce qu'ils reprennent boutique.

Les Orfevres ont la faculté de graver tous leurs ouvrages, même sceaux, cachets, lames d'acier, en un mot, tout ce dont ils ont besoin pour l'ornement de leur fabrique.

Le commerce d'Orfévrerie est interdit à tous marchands assistans ou commerçans qui ne sont pas du corps, il est seulement permis aux marchands merciers de vendre la vaisselle ou autres ouvrages d'Orfévrerie venant d'Allemagne ou des pays étrangers, à la charge d'en faire la déclaration au bureau, où on met sur ces ouvrages un poinçon à ce destiné.

Il est défendu aux Orfevres d'acheter, fondre ou déformer aucunes especes d'or ou d'argent du royaume ayant cours ou décriées.

Les Orfevres sont aussi tenus, quand ils en sont requis, de donner des bordereaux des marchandises qu'ils vendent, contenant le poids, le titre, le prix de la matiere & de la façon séparés l'un de l'autre.

Les Orfevres sont exempts de toutes créations de maîtrises, aux joyeux avenemens à la couronne, entrées de rois, reines, ou autres grands avénemens. Il n'est point permis aux Orfevres de travailler dans les lieux privilégiés, & il est défendu aux chefs de tous lieux privilégiés quelconques de donner retraite chez eux aux ouvriers d'Orfevrerie sans qualité ou ayant qualité.

Le tems de l'apprentissage est de huit années; on ne peut être reçu apprentif avant dix ans, & passé seize ans.

Les enfans des maîtres sont dispensés de l'apprentissage, & du compagnonage qui est de deux ans pour les apprentifs. On suppose, ce qui est assez naturel, qu'ils ont dû apprendre dans la maison paternelle l'art qu'ils veulent professer: au surplus ni les uns ni les autres ne sont admis sans chef - d'oeuvre; il seroit à souhaiter qu'on y tînt une main bien sévere, & qu'on rétablît l'ancienne coutume d'exposer publiquement les chef - d'oeuvres des aspirans, la crainte d'éprouver une juste critique exciteroit l'émulation, effaroucheroit l'ignorance, & produiroit un effet utile au progrès de cet art.

Les Orfevres travaillans à la galerie du Louvre, ont droit de faire des apprentifs de tout âge; au bout de six années de leur premier apprentif, ils peuvent en prendre un second; leurs apprentifs sont astraints comme les autres à huit années d'apprentissage, mais ils sont reçus sans faire de chef d'oeuvre & sans frais; on suppose qu'ayant appris sous de si excellens maîtres, ils sont suffisamment capables. Les ouvriers qui ont travaillé pendant six ans dans la manufacture royale des Gobelins, sont reçus à la maîtrise d'Orsevrerie sans chef - d'oeuvre & sans frais. L'hôpital de Trinité jouit du droit de donner la maîtrise à deux ouvriers sans qualité tous les huit ans, travaillant l'un en or & l'autre en argent, pourvû qu'ils soient choisis par ledit hôpital, agréés sur leur chef - d'oeuvre par les gardes orfevres, & qu'ils ayent appris le métier à un enfant dudit hô<pb->

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