ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"398"> quelquefois leur qualité & leur nature. Ce diamant a un oeil admirable, cet autre a l'oeil un peu louche, il l'a un peu noirâtre, &c.

OEil (Page 11:398)

OEil, en terme d'Imprimerie, s'entend assez généralement des différentes grosseurs des caracteres, considérés par leur superficie, qui est l'oeil; l'on dit par exemple, le gros romain est à plus gros oeil que le saint - augustin; ce cicero est d'un oeil plus petit que celui dont est imprimé tel ouvrage: ainsi des autres caracteres supérieurs ou inférieurs. Si on considere ces mêmes caracteres par la force des corps, il faut alors appeller chaque caractere par le nom que leur a donné l'usage. Voyez table des caracteres.

Par oeil de la lettre, les Imprimeurs entendent la partie gravée dont l'empreinte se communique sur le papier par le moyen de l'impression ; & ils distinguent dans cette même partie gravée ou oeil trois sortes de proportion, dimension, ou grosseur; parce qu'il est possible en effet, & assez fréquent de donner au même corps de caractere une de ces trois différences, qui consistent à graver l'oeil, ou gros ou moyen, ou à petit oeil. Cette différence réelle dans l'art de la gravure propre à la fonderie en caracteres, & apparente au lecteur, n'en produira aucune dans la justification des pages & des lignes, si le moyen ou petit oeil est fondu sur le même - corps que le gros oeil, ou celui ordinaire.

OEil du cheval (Page 11:398)

OEil du cheval, (Maréchal.) les yeux de cet animal doivent être grands à fleur de tête, vifs & nets: oeil verron, signifie que la prunelle est d'une couleur approchante du verd: oeil de cochon, se dit d'un cheval qui a les yeux trop petits. La vitre de l'oeil. Voyez Vitre.

OEil (Page 11:398)

OEil & Batte, terme de Marchand de poisson; il signifie tout ce qui est contenu depuis l'ouie ou l'oeil du poisson jusqu'à la queue, qu'on appelle sa batte, à cause qu'il s'en sert à battre l'eau lorsqu'il nage. Le brochet a deux piés entre oeil & batte; c'est - à - dire, que dans la maniere de mesurer qui s'observe dans le commerce du poisson, il ne doit se vendre que pour être de deux piés de long, quoique la tête & la queue comprises, il y en ait souvent plus de trois.

OEil de perdrix (Page 11:398)

OEil de perdrix, instrument du métier d'étoffe de soie: l'oeil de perdrix est un petit anneau de fer rond très - poli, de la grosseur environ d'un oeil de perdrix; c'est sans doute pourquoi il en porte le nom.

Il sert à passer, ou être enfilé par la corde de rame. On met autant d'yeux de perdrix qu'on veut attacher de semples au rame; les cordes de semples sont attachées aux yeux de perdrix, afin que le frottement de la corde de semple contre celle de rame ne l'use pas si vîte.

OEil (Page 11:398)

OEil, terme de Tireur d'or; c'est la plus petite ouverture d'une filiere par où passe le lingot de quelque métal pour le réduire en fil.

OEil de boeuf (Page 11:398)

OEil de boeuf, terme de Verrerie; c'est ce noeud qu'on nomme communément boudine, qui est au milieu du plat de verre, & qui est inutile pour être employé en vitres, du moins dans les maisons de quelque considération, n'étant propre qu'à être jetté au groisil. (D. J.)

OEILLERES, dents (Page 11:398)

OEILLERES, dents, (Anat.) Voyez Dents.

OEilleres (Page 11:398)

OEilleres, s. f. terme de Bourrelier, ce sont deux morceaux de cuir, un peu épais, quarrés, attachés par un côté aux montans de la bride, précisément à côté des yeux du cheval. L'usage des oeilleres est d'empêcher le cheval de voir de côté, & l'assujettir à regarder devant. Voyez les Pl. du Bourrelier.

L'oeillere se dit encore de la partie de la têtiere du cheval de harnois. Ce sont aussi des morceaux de cuir posés à côté des yeux, pour les garantir des coups de fouet.

OEILLET (Page 11:398)

OEILLET, caryophillus, s. m. (Botan.) genre de plante dont la fleur est composée de plusieurs péta<cb-> les disposés en rond, qui sortent d'un calice cylindrique, membraneux & écailleux à son origine. Le pistil sort de ce calice, & devient dans la suite un fruit cylindrique qui s'ouvre par la pointe, & qui est enveloppé par le calice. Ce fruit renferme des semences plates, feuilletées, & attachées à un placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Personne n'ignore combien ce genre de plante est étendu: M. de Tournefort en distingue quatre - vingt - neuf especes, qni different par la grandeur, la couleur & le nombre des pétales, toutes variétés qui viennent de la différente culture; ainsi dans la diversité qu'on voit de ces agréables fleurs, il suffira de ne décrire ici que l'oeillet commun de nos jardins, & celui de la Chine.

L'oeillet commun de nos jardins est le caryophillus major de C. B. P. 107. & de Tournefort, J. R. 330. Sa racine est simple, fibreuse; ses tiges sont nombreuses, lisses, cylindriques, hautes d'une coudée, genouillées, noueuses, branchues. Ses feuilles sortent de chaque noeud deux - à - deux; elles sont étroites comme celles du chien - dent, dures, pointues à leur extrémité, d'une couleur bleue ou de verd de mer.

Ses fleurs naissent au sommet des tiges, composées de plusieurs pétales de différentes couleurs, d'écarlate, de chair - blanche, noirâtre ou panachée, placées en rond, au nombre de cinq, de six ou davantage, légerement dentelées, d'une odeur douce de clou - de - gérofle; ayant à leur milieu des étamines garnies de sommets blancs, & un pistil qui se termine par deux ou trois filamens recourbés; ces filamens sortent d'un calice cylindrique, membraneux, écailleux vers le bas, dentelé dans le haut: le pistil se change en un fruit cylindrique qui s'ouvre par le sommet, enveloppé dans le calice, rempli de petites graines plates & comme feuillées, ridées, noires quand elles sont mûres, & attachées à un placenta.

L'oeillet de la Chine, caryophillus sinensis, supinus, leviori folio, flore vario, est décrit par Tournefort dans les mém. de l'acd. des Sciences, année 1701. Sa racine est grosse au collet comme le petit doigt, dure, ligneuse, d'un blanc sale tirant sur le jaunâtre dans les especes dont les fleurs n'ont pas les couleurs foncées; mais rougeâtre comme celle de l'oseille dans les piés qui portent les fleurs rouges ou mêlées de purpurin.

Les tiges naissent en foule, longues d'un pié & demi ou deux, cassantes, garnies à chaque noeud de feuilles opposées deux - à - deux, semblables par leur figure & par leur couleur à celles du giroflier jaune: ces tiges se divisent vers le haut en plusieurs brins chargés de fleurs sur les extrémités.

La même graine produit plusieurs variétés par rapport aux couleurs & au nombre des feuilles: il y a des piés dont les fleurs sont à - demi - doubles; mais il y a beaucoup d'apparence qu'elles deviendront doubles par la suite.

Les premieres fleurs sont à cinq pétales blanc - delait, colorées de verdâtre en - dessous, crenelées & comme dentées.

Le calice est un tuyau découpé en cinq pointes, accompagné à sa naissance d'une autre espece de calice, formé de cinq ou six feuilles comme posées par écailles & très pointues; le pistil est enfermé dans le fond de ce calice: il est surmonté par deux filets blancs & crochus par le bout, accompagné de dix étamines blanches, déliées, chargées chacune d'un sommet cendré.

Lorsque la fleur est passée, le pistil fait crever le calice, & devient un fruit cylindrique qui s'ouvre en cinq pointes, & laisse voir plusieurs graines noires, plates, presqu'ovales, pointues, minces & comme feuilletées sur les bords, & attachées à un placenta [p. 399] blanc & cylindrique. La racine n'est pas tout - à - fait sans acreté: les fleurs n'ont presque pas d'odeur; elles varient étrangement.

On éleve les oeillets dans les jardins à cause de leur beauté & de leur douce odeur. On les muitiplie plus souvent par les marcottes que l'on sépare des piés, que par la graine; car les fleurs qui naissent sur les piés élevés de graine, deviennent sauvages, & donnent des fleurs - plus petites, mais odorantes & simples, quoique la graine ait été tirée d'oeillet à fleur double.

On prépare dans les boutiques un sirop d'oeillet, une conserve, du vinaigre & une eau distillée odorante. Le sirop est de grand usage dans les juleps & les potions. Les flèurs d'oeillet macérées dans le vinaigre lui donnent la couleur rouge, une odeur suave & une saveur agréable. (D. J.)

OEillet (Page 11:399)

OEillet, (Jardin.) cette fleur délicieuse par son odeur & ses belles couleurs, fait un des objets de la passion des fleuristes: ils vous indiqueront dans plusieurs traités exprès, la maniere d'élever de beaux oeillets, les pots pour les planter, la terre qui leur est nécessaire, la façon de les marcotter, celle de les oeilletonner & de les empoter, le tems de les mettre dans la serre, celui de les en sortir, leur arrosement, leur culture à mesure qu'ils poussent leurs dards, la maniere d'en ôter les boutons superflus, celle de les aider à fleurir, le lieu qui leur est propre quand ils sont en fleurs, l'art de les soutenir, leur graine & leurs maladies. C'est assez dans cet ouvrage de se borner à quelques remarques particulieres que j'emprunterai de Bradley & de Miller.

Ils ont trouvé qu'on pouvoit assez commodément diviser tout le genre des oeillets en cinq classes, qu'ils distniguent par les noms d'oeillets piquetés, de damespàntes, (painted ladies), de bizarres, d'étincelans & de flambés.

Les oeillets piquetés ont toujours le fond blanc, & sont tachtes ou imprimés, comme disent les fleuristes, de rouge ou de pourpre. Les dames - peintes ont les pétales coorés en - dessus de rouge ou de pourpre, & tout - à fait blancs en dessous. Les bizarre sont rayés & diversiies de quatre couleurs. Les étincelans ne sont que de deux couleurs, mais toujours par rayes. Enfin les flambés ont un fond rouge, toujours rayé de noir, ou de couleur bien brune Il seroit inutile & même impossible d'indiquer les variétés de chacune de ces classes, puisque la graine en produit sans cesse de nouvelles en tout - pays.

Mais de quelque classe & de quelque genre que soit un oeillet, sa valeur est proportionnée à l'assemblage de certaines qualités qu'il doit avoir pour être réputé beau. 1°. La tige de cette fleur doit être forte, & capable de supporter tout le poies de la fleur sans tomber: 2°. les pétales ou feuilles de la fleur doivent être longues, larges, épaisses, fermes, & cependant fai es à se déployer; 3°. la cosse du milieu de la fleur ne doit pas trop s'elever au dessus de l'autre partie de la fleur: 4°. les couleurs doivent être brillantes, & marquées également sur toutes les parties de la fleur: 5°. l'oeillet doit être rempli de feuilles qui le rendent, après son épanouissement, haut dans le milieu, & bien rond dans sa circonférence.

Il y a des oeillets qui ont dix, douze, jusqu'à quatorze pouces de tour, & qui sont en même tems garnis de beaucoup de feuilles; c'est aussi ce qui constitue leur beauté. L'oeillet est beaucoup plus beau quand il pomme en forme de houpe, que lorsqu'il est plat. Plus il est net, plus il est beau; plus sa fleur est mêlée également de panaches & de couleurs, plus elle est estimée. Quand le panache est bien trancné & point imbibé, c'est toujours le mieux. Les pieces de panaches bien empotées, qui s'étendent depuis leur racine jusqu'à l'extrémité des fleuilles de l'oeillet, sont les plus recherchées: mais on tolere quelques légeres imperfections dans la plûpart de ces fleurs, en faveur de plusieurs beautés.

Les fleuristes font aussi dépendre les qualités de ces fleurs de la forme de leurs cosses: l'espece de celles qui fleurissent sans se crever, est appellée fleur à cosses longues; l'espece dont les pétales ne peuvent pas se conteuir dans les bornes du calice, est nommée fleur à cosses rondes. Il y a telles fleurs des dernieres especes qui ont plus de quatre pouces. Il est difficile d'avoir des oeillets de la grosseur qu'on désire, sans qu'ils crevent. On peut laisser beaucoup de boutons & plusieurs dards sur les plus gros pour qu'ils ne crevent pas si aisément; mais ils en viennent un peu moins larges.

Ces fleurs ne sont pas d'une certaine hauteur fixe, les unes fleurissant à deux piés, & d'autres à quatre piés de haut: ils fleurissent plus ou moins tôt, suivant les différentes saisons où on les a semés. Cependant le fort de leurs fleurs est en général vers le milieu de Juin; & c'est alors que les fleuristes en rassemblent beaucoup pour étaler leurs variétés, & donner des noms à leuis especes nouvelles.

Les fleurs doubles portent rarement de la graine, ou parce que les parties mâles ne sont pas parfaites chez elles, ou parce que la multitude des pétales les empêche de faire leurs fonctions, ou par d'autres raisons qui nous sont inconnues. Quoi qu'il en soit, les fleuristes curieux plantent de toutes les bonnes especes de leurs oeillets carnés doubles au milieu des carreaux sur une ligne; ils mettent de chaque côté au moins deux rangées des especes simples de couleurs choisies, & entre elles quelques piés d'oeillets de la Chine, qui possedent les différentes variétés de couleurs extraordinaires.

L'oeillet de la Chine est à fleur simple ou double: la premiere sorte est nommée par les Botanistes caryophillus sinensis, supinus, leucoii folio, flore vario; en anglois the variable china - pink: la seconde sorte est appellée caryophillus sinensis, supinus, leucoii folio, slore pleno; en anglois, the double china - pink.

Il y a une si grande variété de couleurs différentes dans les oeillets de la Chine, qu'on en voit à peine deux exactement semblables dans un très - grand parterre; & comme leurs couleurs sont en même tems de la derniere beauté, il faut avoir soin de n'employer les graines que des plus beaux; car ils sont fort sujets à dégénerer. Les graines de l'espece double produiront de nouveau quantité de fleurs dous bles, au lieu que les graines de l'espece simple ne donnent presque jamais de fleurs doubles On ne multiplie l'une & l'autre especes que de graines, & Miller vous enseignera mieux que personne la maniere d'y réussir.

Je n'ajoute qu'un mot sur les marcottes d'oeillet. Quand on les leve en automne, au lieu du printems, & qu'on les transporte dans des pots ou des plate - bandes ou elles doivent fleurir, on est plus assuré qu'elles produiront des fleurs plus fortes, & de meilleure heure, & outre cela les marcottes seront bientôt en état d'être marcottées elles - mêmes. Mais soit qu'on transplante les oeillets en automne ou au printems, il faut les tenir à l'ombre, les garantir du soleil pendant une quinzaine après les avoir plantés, & preparer toujours pour l'hiver des endroits propres à les abriter en cas qu'il survienne de fortes gelées. (D. J.)

OEillet (Page 11:399)

OEillet, (Pharmac. & Mat. méd.) ce n'est que la fleur de certe plante qui est en usage en Médecine, & même seulement dans les préparations officinales.

La plus usitée est le sirop simple d'oeillet, appellé communément dans les pharmacopées latines de tunica.

Ce sirop se prépare par infusion & par la dissolu<pb->

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