ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"498"> tiellement quatre choses. Il faut observer 1°. quelle est l'opération qu'on doit faire; 2°. pourquoi on la fait; 3°. si elle est nécessaire & possible; 4°. enfin quelle est la maniere de la faire.

On saura, dit - on, quelle est l'opération qu'on doit faire, par les connoissances anatomiques de la partie malade; par les lumieres qu'on aura acquises en lisant les auteurs qui ont traité des opérations, & pour avoir vu pratiquer ces mêmes opérations par les maîtres de l'art, voyez Opérateur. La nature de la maladie, ses causes, ses symptomes & ses indications, doivent fournir les ra sons pourquoi on la fait: on jugera si elle est nécessaire & possible, en examinant la maladie, les forces du malade, son tempérament, les accidens qui compliquent sa maladie. Enfin la maniere de la faire est une quatrieme condition qu'on remplit par l'attention à suivre les regles que l'art prescrit pour chaque opération.

Quand on a eu égard à ces choses, & qu'on est déterminé à entreprendre une opération, il faut considerer ce qui doit se faire avant, pendant & après. Avant l'opération, toutes les choses nécessaires pour la bien exécuter seront disposées, voyez Appareil. Pendant qu'on la fait, on sera exact à mettre en pratique les differens préceptes qui concernent chaque opération; & après qu'on l'a saite, on appliquera méthodiquement l'appareil: le malade sera mis en situation, & l'on apportera tous les soins convenables pour le conduire à une parfaite guérison.

Toutes les opéraeions de chirurgie ne sont pas des secours urgens; il y en a qui toutes nécessaires qu'elles sont, peuvent être différées, & remises à une saison plus favorable, comme le printems & l'automne: l'hiver & l'été ne jouissent pas des mêmes avantages pour obtenir une heureuse guerison. L'opération de la taille, de la cataracte & autres; l'extirpation d'une loupe dont les progrès sont lents, &c. peuvent se remettre. Mais lorsqu'il y a des accidens qui peuvent mettre la vie du malade en danger, on n'a plus d'égards aux saisons: on est quelquefois obligé de faire l'opération de la taille pendant l'hiver, au plus fort du froid, comme on la fait aussi dans les chaleurs les plus excessives, lorsque les accidens pressent. Mais alors on doit avoir l'attention d'empêcher, par des précautions convenables, que les malades ne ressentent les effets de ces differentes dispositions de l'air.

Quoique l'pération soit le principal caractere de la Chirurgie, on n'est point chirurgien pour avoir acquis quelque facilité dans l'art d'opérer; ou plutôt quelque adresse qu'on ait, on ne possede jamais l'art d'opérer sans une infinité de connoissances que l'ignorance a voulu faire croire étrangeres à cet égard; & qui sont néanmoins les lumieres sans lesquelles les opérations ne se feront que par une routine, plus souvent meurtriere qu'utile. L'opération ne convient point dans toutes les maladies chirurgicales, c'est un moyen extrème qu'il ne faut mettre en usage que lorsqu'il n'est pas possible de guérir la maladie par des voies moins douloureuses. Lors même que les opérations ont lieu, elles ne sont qu'un point du traitement, & pendant toute sa durée, il faut que par une conduite intelligente & méthodique, on dispose le malade à l'opération; qu'on prévienne ou qu'on détruise les accidens qui pourroient en empêcher le succès; & enfin que par le concours de tous les moyens sagement administrés, on guérisse après l'opération, laquelle indépendamment de la cause fâcheuse, & souvent mortelle qui la prescrit, est souvent par elle même une maladie tres dangereuse. Voudroit on faire consister la capacité & le mérite d'un chirurgien à savoir mutiler avec hardiesse? Le succès des grandes opérations est à la vérité le triomphe des Chirurgiens; mais ce triom<cb-> phe même peut être la honte de la Chirurgie. L'opération est la premiere & l'unique ressource d'un prétendu chirurgien, qui n'est qu'opérateur. Toute sa gloire & son profit se trouvent dans les opérations qu'il fait; il cherche à les multiplier; il trouve qu'il n'en fait jamais assez; au contraire un vrai chirurgien, un homme savant & expérimenté cherche à ne compter ses succès que par les opérations qu'il a sçu prévenir, & par les membres qu'il a pu conserver. (Y)

Opération césarienne (Page 11:498)

Opération césarienne, opération de Chirurgie, par laquelle on incise le ventre & la matrice d'une femme pour en tirer l'enfant. Nous avons parlé de cette opération au mot Césarienne; nous allons ajouter ce qui manque dans l'article où nous renvoyons, à la doctrine nécessaire pour être instruit de tout ce qui regarde une matiere aussi importante.

Le second tome de l'Encyclopédie où se trouve notre premier article, a paru en 1751, & nous y avons fait mention d'un mémoire publié en 1743 dans le premier tome des Mémoires de l'académie royale de Chirurgie, sur l'opération césarienne, dans lequel on prouve son utilité & sa possibilité; cette académie n'a mis au jour le second volume de ses Mémoires qu'en 1753: il contient une dissertation fort étendue fur les cas qui exigent l'opération césarienne; car on ne peut se dissimuler que parmi les faits de pratique qui ont fourni les preuves de sa possibilite, il n'y en eût quelques - uns qui montroient qu'on s'étoit déterminé trop légerement & sans motif suffisant à entreprendre une opération aussi dangereuse sur la femme vivante. C'est donc rendre un important service à l'humanité que de discuter les cas où cette opération doit être pratiquée, je n'en ferai que l'énumération; on aura recours à la dissertation pour les détails. Ces cas sont, 1°. la mauvaise conformation des os du bassin de la mere, par l'applatissement des os pubis, le rapprochement des tubérosités des os ischion, enfin quand le passage est trop étroit pour laisser sortir l'enfant. S'il étoit mort & qu'on pût l'avoir par parties avec le crochet, il ne faudroit pas exposer la mere aux risques de l'opération césarienne; il n'est question d'operer sur la femme vivante que pour sauver la vie à la mere & à l'enfant. 2°. L'étroitesse du vagin par des tumeurs ou callosités. Il faut avant que d'en venir à l'opération être bien assuré que l'obstacle est absolument insurmontable; les observations de M. de la Motte montrent qu'on a incisé avec succès les parties molles qui resistoient au passage, & que les accouchemens se sont faits ensuite sans difficulté de cette part. 3°. Dans les efforts inefficaces de la femme en travail, la matrice se déchire quelquefois vers le ventre: ce déchirement & le passage de l'enfant dans le ventre exigent l'opération césarienne. 4°. Les conceptions ventrales dans certains cas assez rares: communément l'opération seroit plus dangereuse que profitable, par la difficulté de détacher l'enfant des adhérences qu'il a contractées aux différentes parties. 5°. L'opération césarienne est indiquée dans quelques cas de la hernie de la matrice par une éventration. Il est certain qu'on peut abuser de l'opération césarienne; en général le grand principe est de ne la pratiquer que dans les cas où il est nécessaire de terminer l'accouchement, & où il y a impossibilité physique de le pouvoir faire par les voies ordinaires: cette regle bien méditée fera juger de tous les cas.

En parlant du manuel de l'opération à l'article Césarienne, au second tome de ce Dictionnaire, nous avons dit qu'il falloit inciser avec précaution lorlqu'on coupe le péritoine, de crainte de blesser les intestins; on évitera cet inconvénient très - dange<pb-> [p. 499] reux si l'on fait l'opération suivant la méthode que je vais prescrire. La femme étant en situation, on fera l'incision dans le lit désigné, & l'on ne coupera d'abord que la peau & la graisse, ensuite on pénetrera dans le bas - ventre en incisant seulement dans le tiers inférieur de la premiere division, par ce moyen on ne rencontrera que la matrice, dont le fond soutient les intestins, l'on incise la matrice, & l'on étend son incision entre deux doigts de bas en haut, en achevant de couper ce qui reste des parties contenantes à diviser dans la longueur de la premiere incision, de dedans en dehors; par ce moyen la matrice est toujours soutenue, les intestins ne se présentent point dans la plaie, & ne sont point exposés à être blessés: cette méthode rend l'opération plus prompte, plus sure, & moins embarrassante. (Y)

Opérations chimiques (Page 11:499)

Opérations chimiques; elles sont définies dans l'article Chimie, pag. 417. col. 1. en ces termes: « nous appellons operations tous les moyens particuliers employés à faire subir aux sujets de l'art les deux grands changemens énoncés dans la définition de la Chimie, même page, même colonne, c'est - à - dire à effectuer des séparations & des unions.

Ces opérations, est - il dit tout - de - suite, ou sont fondamentales, & essentiellement chimiques, ou elles sont simplement préparatoires & méchaniques ».

Les opérations p oprement & essentiellement chimiques sont celles qui s'exécutent par les instrumens proprement & essentiellement chimiques, savoir la chaleur & les menstrues, & qui operent l'union ou la séparation des sujets proprement & essentiellement chimiques, savoir des corpuscules des parties primitives, & chimiquement constitutives des corps; & les opérations simplement préparatoires & méchaniques sont celles qui s'exécuteut à l'aide de divers instrumens méchan ques & qui n'agissant que sur l'aggrégation des corps, unissent ou séparent des molecules. Voyez Feu, Menstrues, Union, Séparation, Mixte, Principes , l'article Chimie, & la suite de cet article.

M. Cramer observe dans la premiere partie de sa Docimastique, qu'il est difficile de construire un système régulier & philosophique des opérations chimiques. Tous les auteurs d'institu ions chimiques, sans en excepter Juncker, qui est d'ailleurs tres - méthodique; tous ces auteurs, dis - je, ou conviennent expressément de cette difficulté, ou l'annoncent en ce qu'ils y ont evidemment succombé.

La division la plus naturelle, la plus simple & la plus réelle, est celle qu'on en fait en opérations divisantes ou diacritiques, & en opérations unissantes ou syncritiques; car tous les effets, toutes les actions, toutes les passions chimiques se ramenent à ces deux évenemens généraux, séparer & unir, diacrise & syncrise.

Mais ce qui a arrêté ou embarrassé les chimistes qui ont considéré le plus attentivement & le plus philosophiquement les divers changemens introduits dans les corps par les diverses opérations chimiques; c'est cette considération très - fondée & très grave en soi, qui est rapportée à l'article Chimie, pag. 417. col. 2. savoir, « qu'il est très - peu d'opérations chimiques qui appartiennent exactement à la diacrise ou à la syncrise: la plûpart au contraire sont mixtes, c'est - à - dire qu'elles produisent des séparations & des unions, qui sont entre elles dans un rapport de cause & d'effet ».

Mais cette considération n'empêche point qu'on ne puisse diviser très - exactement & très - utilement, & par conséquent qu'on ne doive diviser les opérations chimiques en unissantes & en séparantes; car premierement on ne peut douter qu'il ne soit essen<cb-> tiel à un art philosophique d'avoir un système régulier & scientifique d'instrumens ou de moyens d'action. Voyez l'article Art. 2°. Il est tout aussi évident que ces moyens doivent être co - ordonnés par leur identité d'effets. 3°. Il est clair que quelques opérations chimiques ne produisent que des séparations; ou des unions pures & simples; & que dans la plûpart de celles qui produisent les deux effets, il en est un si évidemment principal relativement à l'intention de l'ouvrier, que l'autre n'est absolument que secondaire ou purement instrumental. Or c'est uniquement à l'intention de l'artiste qu'on doit avoir égard en évaluant l'effet direct & externe d'une opération; la considération des effets intermédiaires & cachés appartient à la théorie de cette opération, mais est vraiement étrangere à la connoissance de cette opération considérée comme instrument de l'art, comme moyen d'action; car il est tout aussi indifférent au chimiste qui se propose de séparer l'acide nitreux de l'alkali fixe, par le moyen de l'acide vitriolique, que ce dernier acide agisse en s'unissant à l'alkali fixe, & que par conséquent la séparation d'un principe soit dûe dans ce cas à l'union qu'a contractée l'instrument employé, cet événement est aussi indifférent, dis - je, à l'effet principal & direct de l'opération, ou ce qui est la même chose, à l'objet unique de l'artiste, qu'il est indifférent à l'ouvrier qui a dessein de soulever une masse, à l'aide d'un levier, que cette machine reste après l'operation collée ou non à son point d'appui; ce n'est pas que l'artiste ne soit obligé de connoître ces événemens cachés & intermédiaires, & que lorsqu'il emploie, du - moins dans des vûes philosophiques, des agens qui sont également enclins, prompts à subir des unions & à operer de séparations, il ne doive prévoir & modifier les circonstances dans lesquelles ces agens se trouveront pendant le cours des opérations: mais on voit bien que cette connoissance qui constitue la theorie fondamentale & pratique de l'art, est d'un tout autre ordre que cette notion unique & positive, que ce point de vûe simple & distinct, d'après lequel on doit dresser la table ou le systeme des opérations.

D'après cette vûe nous divisons d'abord très géneralement les opérations chimiques, tant essentrelles que préparatoires, en unissantes, en divisantes ou séparantes, & en mixtes ou plutôt complexes.

Secondement, nous renvoyons à la fin de cet article la considération des opérations complexes & des opérations préparatoires, & nous subdivisons les opérations chimiques, tant unissantes que divisantes, en celles qui attaquent la seule aggrégation des corps & en celles qui portent jusques sur leurs mixtions. Cette subdivision nous fournit quatre chefs, savoir les opérations aggrégatives, les opérations disgrégatives, les opérations combinantes ou mixtives, & les opérations resolvantes.

Opérations aggrégatives. Ce sont celles qui rapprochent les particules des corps simplement rarefiés, ou qui ramassent en une seule masse des particules dispersées: on doit rapporter à cette classe,

1°. Le refroidissement des vapeurs, par lequel on les réduit en état de liqueur, qui fait une partie essentielle de la distillation. Voyez la suite de cet article, & l'article Distillation.

2°. La fusion par laquelle les régules, soit simples, soit composés, rapprochent les particules des corps simplement raréfiés (car l'union que contractent les différentes matieres métalliques dans lesrégules composés, & dans les alliages, doit être rapportée à l'aggrégation), où la limaille des métaux, ou même des masses considérables & distinctes, sont réduites par le secours d'un feu violent en une seule masse liquide qui devient consistante par le

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