ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"440"> & est reçu par degrés dans les boyaux, où il sert assez long - tems à le nourrir au lieu de lait.

Le soin que les oiseaux prennent de couver & ensuite d'élever leurs petits, est une chose admirable. Après avoir choisi un lieu secret & tranquille, ils font leur nid chacun selon leur espece, y déposent & y couvent leurs oeufs avec tant d'assiduité, qu'ils se donnent à peine le tems de manger eux - mêmes. Telle est leur ardeur à cet égard, qu'ils continuent de couver encore après qu'on leur a ôté leurs oeufs.

Quoique les oiseaux n'aient pas une connoissance exacte du nombre de ces oeufs, ils ne laissent pas de distinguer un grand nombre d'avec un petit, & de connoître qu'ils approchent d'un certain nombre, puisqu'alors ils cessent de pondre & commencent à couver, quoiqu'ils puissent encore pondre davantage. Qu'on ne touche point, par exemple, aux oeufs des poules, on trouvera qu'elles cesseront de pondre & se mettront à couver aussi - tôt qu'elles en auront quatorze ou quinze: au contraire qu'on leur ôte tous les jours leurs oeufs, elles continueront de pondre jusqu'à ce qu'elles en aient produit quatre ou cinq fois autant. Peut - être que les oiseaux qui vivent long - tems ont une quantité suffisante d'oeufs dès le commencement, pour leur servir pendant plusieurs années, & pour fournir à un certain nombre de couvées, tandis que les insectes produisent tous leurs oeufs à - la - sois. Il n'est pas nécessaire d'en dire davantage; je m'imagine qu'on a traité tous les mysteres de l'incubation sous ce mot même. (D. J.)

Oiseaux (Page 11:440)

Oiseaux, gésier des, (Anat. comparée.) poche musculeuse, forte & compacte. La structure de cette poche ne laisse aucun lieu de douter qu'elle ne soit destinée à exercer une très - forte action sur les corps qui y sont renfermés: on est bientôt confirmé dans cette opinion, lorsqu'on observe les rugosités & les plis qui sont dans son intérieur, & on en demeure entierement convaincu, si on examine le gésier d'une espece de pigeon sauvage assez commun aux Indes, & sur - tout dans l'île de Nicobar. M. Lemarié, chirurgien major de la compagnie des Indes à Pondichery, a observé dans le gésier de cet animal deux meules, non de pierre, comme les habitans du pays le prétendent, mais d'une corne très - dure & cassante. L'usage de ces meules intérieures n'étoit pas équivoque, & elles ne pouvoient servir qu'a broyer plus puissamment les grains que l'animal avoit avalés.

Ce que les pigeons de l'Inde operent par le moyen de leurs meules, la plûpart de nos oiseaux le font avec une quantité de grains de sable qu'ils avalent, & dont on leur trouve le gésier rempli: il semble au premier coup - d'oeil que l'intérieur du gésier devroit avoir pour le moins autant à craindre de l'action de ces petites pierres, que les matieres qui peuvent y être contenues; cette difficulté a même paru si considérable à Vallisnieri, qu'il aime mieux supposer dans le gésier des oiseaux un dissolvant capable de dissoudre le verre, que de croire qu'il y ait été réduit en poudre impalpable par l'action seule de ce viscere.

Il est certain que les oiseaux avalent de petites pierres rudes & inégales, qu'ils rejettent ensuite aprés qu'elles sont devenues polies par le broyement. Mais pour éclaircir cette question, Redi a fait le premier plusieurs expériences curieuses avec des boules creuses de verre & de métal. Enfin M. de Réaumur a répété & diversifié les mêmes expériences avec plus d'exactitude encore, comme on peut le voir dans l'hist. de l'acad. des Sciences, année 1752. Cependant c'est assez pour nous de remarquer qu'il semble résulter des expériences de l'académicien de Paris, que la digestion se fait par trituration dans les oiseaux qui ont un gésier, & qu'elle est opérée par un dissolvant dans ceux qui ont, comme la buse, un estomac membraneux. Une seconde consé quence est qu'il est très - vraissemblable que les oiseaux dont l'estomac est en partie membraneux & en partie musculeux, & ceux dans lesquels il est d'une consistance moyenne, mettent en usage l'une & l'autre maniere de digérer; c'est ce qui pourra être vérifié par les expériences. Il est encore naturel d'inférer des expériences de M. de Réaumur, que les animaux qui ont comme les oiseaux de proie un estomac membraneux, digerent aussi comme eux à l'aide d'un dissolvant. (D. J.)

Oiseaux de passage (Page 11:440)

Oiseaux de passage, (Ornithologie.) On appelle ainsi tous les oiseaux qui à certaines saisons reglées de l'année se retirent de certains pays, & dans d'autres saisons fixes y retournent encore, en traversant de vastes contrées.

Qui peut raconter combien de transmigrations diverses se font annuellement sur notre hémisphere par différentes especes d'oiseaux? Combien de nations volantes vont & viennent sans cesse? combien de nuages aîlés s'élevent au - dessus des nuages de l'air au printems, en été, en automne, & même dans la saison des frimats?

« Aux lieux où le Rhin perd sa source majestueuse, dans les plaines Belgiques arrachées à l'abîme furieux par une industrie étonnante & par la main invincible de la liberté, les cigognes s'attroupent pendant plusieurs jours; elles consultent ensemble, & semblent hésiter à entreprendre leur pénible voyage à - travers le firmament liquide; elles se déterminent enfin à partir, & se choisissent leurs conducteurs. Leurs bandes étant formées & leurs aîles vigoureuses nettoyées, la troupe s'essaie, vole en cercle, & retourne sur elle - même; elle s'éleve enfin en un vol figuré, & cette haute caravane se déployant dans la vague de l'air, se mêle avec les nuages.

Quand l'automne répand dans nos climats ses derniers rayons qui annoncent les approches de l'hiver, les hirondelles planent dans l'air, volent en rasant les eaux, s'assemblent & se rejoignent, non pas pour aller se cacher dans des creux éboulés sous les eaux, ni pour se pendre par pelotons dans des cavernes à l'abri de la gelée, mais pour se transporter dans des climats plus chauds avec des autres oiseaux de passage, où elles gazouilleront gaiment, jusqu'à ce que le printems les invitant à revenir, nous ramenent cette multitude à aîle legere.

Dans ces plages, où l'Océan septentrional bouillonne en de vastes tourbillons autour des îles éloignées, tristes & solitaires de Thulé, ainsi qu'aux lieux où les flots atlantiques se brisent contre les orageuses Orcades, l'air est obscurci par l'arrivée d'une multitude de nouveaux hôtes qui viennent y aborder: la rive retentit du bruit sauvage que produit l'ensemble de leurs cris. Là des habitans simples & innocens soignent sur la verdure touffuë leurs jeunes troupeaux, entourés & gardés par les mers. L'oiseau qui s'y rend, vêtu d'un habit d'hermine & chaussé de brodequins noirs, n'y craint rien pour sa couvée: son unique soin est de chercher à la faire subsister; il n'hésite point à s'attacher aux plus âpres rochers de la Caly donie, pour être en état de découvrir sa pâture; d'autres fois il épie le poisson qui s'approche du rivage, & l'attrape avec autant d'adresse que de célérité. Enfin il ramasse tantôt les flocons de laine blanche, & tantôt les duvets de plumes éparses sur le bord de la mer, trésor & luxe de son nid »!

Mais reprenons le ton simple, qui est absolument nécessaire aux discussions de Physique, car c'en est une bien curieuse que de rechercher les causes qui obligent tant d'oiseaux à passer régulierement en cer<pb-> [p. 441] taines saisons de l'année d'un pays froid dans un plus chaud, & ce qui est plus singulier, d'un pays chaud dans un froid. Il est vrai que c'est pour trouver & la subsistance & la temperature que demande leur constitution; c'est donc par cet instinct qu'ils sont dirigés dans leurs transmigrations à se rendre aux mêmes endroits. Les oies sauvages, solandgoose, passent la mer & viennent annuellement dans la même saison à la petite île de Bais dans le détroit d'Edimbourg en Ecosse. Les cailles passent d'Italie en Afrique, & s'arrêtent quelquefois de fatigue sur les vaisleaux qu'elles rencontrent. Le moteur de la nature leur a donné l'instinct puissant dont nous parlons; mais quelle est la patrie de ces divers oiseaux de passage que nous connoisions? quel est le lieu où se terminent leurs courses? Traversent - ils l'Océan ou seulement les golfes les plus étroits? Vont - ils du midi au nord, ou du nord au midi? Comme on ne peut résoudre définitivement toutes ces questions, nous nous bornerons à de simples réflexions générales qui pourront peut - être conduire à la solution de quelques - unes en établissant des faits.

La plus grande partie des oiseaux qui passent l'hiver dans nos climats, ont des becs forts, & peuvent subsister de la pâture que le hasard leur fournit dans cette saison. Les oiseaux au contraire qui nous quittent en automne, ont des becs fins, délicats, & vivent d'insectes ailes qui, disparoissant aux approches de l'hiver, obligent ces oiseaux d'en aller chercher ailieurs Comme la nature leur a donné communément de grandes & bonnes ailes, ils attrapent leur pâture en volant & en faisant route, ce qui les met en état de continuer long - tems leur course sans se reposer.

Quoique nous ignorions, faute du témoignage des yeux, quelles sont les contrées ou se retirent ces oiseaux, il est neanmoins vraislemblable que ces contrées doivent être dans la même latitude néridionale que les endroits d'où ils sont venus, ensorte que dans le retour des saisons ils retrouvent la même température d'air & la même subsistance qui leur conviennent.

Comme les hirondelles nous viennent piûtard & nous quittent avant les rossignols & autres oiseaux de passage qui trouvent encore à vivre de végétaux ou de vers, lorsque les cousins & les mouches ne volent plus dans l'air, il est apparent que les hirondelles passent au tropique du cancer platôt qu'à celui du capricorne, mais l'endroit nous est inconnu.

Les oiseaux de passage qui n'ont pas la même célérité & la même constance de vol que d'autres, peuvent cependant arriver à leur commun séjour à - peu - près en même tems. Par exemple, les oiseaux à aîle courte, comme la rouge - gorge. volent moins vîte & moins constamment que les hirondelles; mais d'un autre côté, ces dernieres n'ont aucun besoin de se hâter, parce que chaque jour de leur voyage leur procure une continuation de vivres qui leur permet de faire de longues stations en route.

Plusieurs oiseaux de passage sont encore instruits par leur instinct à connoitre les plus courts trajets, les lieux de relais, & à ne voyager que de nuit, pour éviter les oiseaux de proie: c'est une observation de M. Catesby. Etant un soir sur le tillac d'un bâtiment qui faisoit voile au nord de Cuba, lui & sa compagnie entendirent successivement pendant trois nuits des vols d'oiseaux qu'ils reconnurent à leur cri, & qui passerent par - dessus leurs têtes, prenant le droit chemin du continent méridional d'Amérique, d'où ils se rendent à la Caroline quand le blé commence à murir, & de - là s'en retournent dans les parties méridionales pour s'en engraisser au tems de la récolte.

Il semble que les oiseaux à courte queue soient peu propres à de longs vols; mais quoique la caille, qui est de ce genre, ne vole pas long tems dans nos climats, il n'en faut pas conclure qu'elle ne le puisse. Belon en a vû des troupes passer & repasser la mer Méditerranée. Le même instinct qui porte les oiseaux de passage à se retirer dans des contrées éloignées, les dirige aussi à prendre le plus court chemin, & les envoie aux côtes les plus étroites, au lieu de leur faire traverser le vaste Océan.

Entre les oiseaux de passage, il y en a quelques - uns qui nous arrivent en automne, tels sont la bécasse & la bécassine, qui se retirent ensuite aux parties plus septentrionales du continent, où ils sejournent l'été, & y font des petits.

On n'entend pas trop bien les raisons de la transmigration des oiseaux qui nous quittent en hiver pour se rendre en Suede & autres lieux septentrionaux de même latitude; s'ils trouvent nos pays trop froids, comment peuvent - ils mieux subsister dans ceux du Nord? mais ils voyagent graduellement en prolongeant leur passage par les contrées tempérées de l'Allemagne & de la Pologne: par ce moyen ils n'arrivent que fort tard aux lieux septentrionaux où ils doivent passer leur été, & où ils font des petits. C'est donc là que ces oiseaux prennent la naissance, & leur voyage chez nous n'étant fait que pour jouir quelque tems d'un climat qui leur fournit une abondante pâture, il n'est pas étonnant qu'ils retournent chez eux lorsqu'ils y doivent retrouver les mêmes faveurs.

Il semble encore que les oiseaux ont des tempéramens qui se sont aux différens degrés de chaud & de froid qui leur sont les plus agréables, au moyen de quoi ils peuvent voyager de lieux en lieux; ils vivent pendant l'hiver du fruit de l'aubépine en Angleterre, & cependant dans les lieux où ils pondent comme en Suede, il n'y a point d'aubépine, ni dans la plûpart des pays qu'ils traversent pour se rendre dans leur patrie.

Outre les oiseaux de passage qui séjournent tout un hiver, ou tout un été en divers pays, il y en a d'autres qui ne se montrent annuellement que dans cerfains lieux particuliers au tems de la maturité de certains grains de leur goût, & que leur pays natal ne produit pas; tels sont les grives, les becfigues, dans les pays vignobles de l'Europe; l'ailebleue & l'oiseaude - blé a la Catoline. Ces oiseaux semblables aux hommes, cherchent leur sensualité jusques dans les pays les plus éloignés; & quand ils ont découvert quelque nourriture agréable, ils se joignent en essaims nombreux, & font des voyages annuels pour se régaler d'un mets étranger.

Depuis la decouverte de l'Amérique, les Européens ont cultivé dans cette partie du monde diverses plantes qui y étoient inconnues, & qui pendant long - tems n'ont été ni goûtées ni recherchées par aucun oiseau de passage, mais qui aujourd'hui sont pour eux une nourrirure friande. Il y a une espece charmante de ces oiseaux qui seulement depuis peu d'annees se rendent dans la Virginie au tems de la maturité du bié; elle y revient alors annuellement en grande troupe, & les habitans les nomment par cette raison oiseaux - de - blé, wheat - birds. Philosop. transact. n°. 483. Le Chevalier de Jaucourt.

Oiseaux de proie (Page 11:441)

Oiseaux de proie, (Ornithol.) leurs marques caractéristiques sont d'avoir 1° le bec & les talons crochus, forts, terminés en pointe, propres à la rapine & à dépecer les chairs; 2° des serres, pour déchirer & pour porter leur proie; 3° des cuisses robustes, pour la serrer avec violence; 4° une vûe perçante & subtile pour l'épier de loin.

Les oiseaux de proie sont solitaires, ne s'attroupent point, multiplient peu, & ne produisent guere

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