ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"424"> telligens dans le métier de la guerre; & ceux - ci pour mettre plus d'ordre dans les armées, ont distribué les troupes en différens corps, commandés par des chefs capables d'exécuter leurs ordres, & de les faire exécuter au reste des soldats.

Nous savons en général, que les Egyptiens avoient de nombreuses troupes sur pied, qu'elles alloient ordinairement à quatre cent mille hommes, & que l'armée de Sesostris étoit de seize cens mille combattans. Nous voyons les rois d'Egypte à la tête de leurs armées; mais autant il seroit absurde de dire qu'un seul prince, un seul homme commandoit seul en détail à cette multitude; autant est - il raisonnable de penser qu'il avoit sous lui des officiers généraux, & ceux - ci des subalternes distribués avec plus ou moins d'autorité dans tous les corps.

La milice des Hébreux, dans les premiers tems, ne nous est guère moins inconnue. Cependant on peut inférer de l'ordre que les tribus gardoient dans leurs campemens, chacune sous leur enseigne particuliere, qu'elles avoient aussi leurs officiers subordonnés à un général en chef, tel que fut Josué. Sous les rois des Juifs nous voyons ces princes commander eux - mêmes leurs armées, ou en confier la conduite à des généraux en chef, tels qu'Abner sous Saül, Joab sous David; & ce dernier avoit dans les troupes plusieurs braves, connus sous le nom de force d'Israël, hommes distingués par leurs exploits, & qui sans doute commandoient des corps particuliers: tels qu'un Banaias, chef de la légion des Pheletes & des Cerethes, & qui devint sous Salomon général en chef. Il est donc plus que probable, que sous les rois d'Israël, & sous ceux de Juda, jusqu'à la captivité de Babylone, les troupes Israélites furent divisées en petits corps commandés par des officiers, quoique l'Ecriture ne nous ait pas conservé le nom de leurs dignités, ni le détail de leurs fonctions. Sous les Machabées il est parlé clairement de tribuns, de pentacontarques & de centurions, que ces illustres guerriers établirent dans la milice juive; il y a apparence que les tribuns commandoient mille hommes, les pentacontarques cinq cens, & les centurions cent hommes.

Pour les tems héroïques de la Grece, nous voyons toujours des rois & des princes à la tête des troupes. Jason est le premier des argonantes; sept chefs sont ligués contre Thèbes pour venger Polynice; & dans Homere, les Grecs, confédérés pour détruire Troie, ont tous leurs chefs par chaque nation; mais Agamemnon est le généralissime, comme Hector l'est chez les Troyens, quoique différens princes commandent les Troyens même, & d'autres leurs alliés, comme Rhesus les Thraces, Sarpedon les Lyciens, &c.

Mais l'histoire en répandant plus de lumieres sur les tems postérieurs de la Grece, nous a conservé les titres & les fonctions de la plupart des officiers, tant des troupes de terre, que de celles de mer.

A Lacédemone les rois commandoient ordinairement les armées; qu'ils eussent sous eux des chefs, cela n'est pas douteux, puisque leurs troupes étoient divisées par bataillons, & ceux - ci en trois ou quatre compagnies chacun. Mais les historiens n'en donnent point le détail. Comme ils étoient puissans sur mer, ils avoient un amiral & des commandans sur chaque vaisseau; mais en quel nombre, avec quelle autorité, c'est encore sur quoi nous manquons des détails nécessaires. Il reste donc à juger des autres états de la Grece, par les Athéniens sur le militaire, desquels on est mieux instruit.

A Athènes, la république étant partagée en dix tribus, chacune fournissoit son chef choisi par le peuple, & cela chaque année. Mais ce qui n'est que trop ordinaire, la jalousie se mettoit entre ces généraux, & les affaires n'en alloient pas mieux. Ainsi voit - on que dans le tems de crise, les Athéniens furent attentifs à ne nommer qu'un général. Ainsi à la bataille de Marathon on déféra à Miltiade le commandement suprème; depuis Conon, Alcibiade, Thrasybule, Phocion, &c. commanderent en chef. Ordinairement le troisieme archonte, qu'on nommoit le polemarque ou l'archistrategue, étoit généralissime, & sous lui servoient divers officiers distingués par leurs noms & par leurs foncions. L'hipparque avoit le commandement de toute la cavalerie. On croit pourtant que comme elle étoit divisée en deux corps, composé chacun des cavaliers des cinq tribus, elle avoit deux hipparques. Sous ces officiers étoient des philarques, ou commandans de la cavalerie de chaque tribu. L'infanterie de chaque tribu avoit à sa tête un taxiarque, & chaque corps d'infanterie de mille hommes, un chiliarque; chaque compagnie de cent hommes étoit partagée en quatre escouades, & avoit un capitaine ou centurion. Sur mer il y avoit un amiral, ou généralissime appellé NAUARXOS2 ou STRA*TEGOS2, & sous lui les galeres ou les vaisseaux étoient commandés par des trierarques, citoyens choisis d'entre les plus riches qui étoient obligés d'armer des galeres en guerre, & de les équiper à leurs dépens. Mais comme le nombre de ces citoyens riches qui s'unissoient pour armer une galere ne fut pas toujours fixe, & que depuis deux il alla jusqu'à seize, il n'est pas facile de décider, si sur chaque galere il y avoit plusieurs trierarques, ou s'il n'y en avoit qu'un seul. Pour la manoeuvre chaque bâtiment avoit un pilote, NAUXLEROS2, qui commandoit aux matelots.

A Rome les armées furent d'abord commandées par les rois, & leur cavalerie par le préfet des celeres, proefectus celerum. Sous la république, le dictateur, les consuls, les proconsuls, les préteurs & les propréteurs, avoient la premiere autorité sur les troupes qui recevoient ensuite immédiatement les ordres des officiers appellés legati, qui tenoient le premier rang après le général en chef, & servoient sous lui, comme parmi nous les lieutenans - généraux servent sous le maréchal de France, ou sous le plus ancien lieutenant - général. Mais le dictateur se choisissoit un général de cavalerie, magister equitum, qui paroît avoir eu, après le dictateur, autorité sur toute l'armée. Les consuls nommoient ainsi quelquefois leurs lieutenans - généraux. Ils commandoient la légion, & avoient sous eux un préfet qui servoit de juge pour ce corps. Ensuite étoient les grands tribuns ou tribuns militaires, qui commandoient chacun deux cohortes, chaque cohorte avoit pour chef un petit tribun; chaque manipule ou compagnie, un capitaine, de deux cens hommes, ducentarius; sous celui - ci deux centurions, puis deux succenturions ou options, que Polybe appelle tergiducteurs, parce qu'ils étoient postés à la queue de la compagnie. Le centurion qu'on appelloit primipile, étoit le premier de toute la légion, conduisoit l'aigle, l'avoit en garde, la défendoit dans le combat, & la donnoit au porteenseigne; mais celui - ci, ni tous les autres, nommés vexillarii, n'étoient que de simples soldats, & n'avoient pas rang d'officier. Tous ces grades militaires furent conservés sous les empereurs, qui y ajouterent seulement le prefet du prétoire, commandant en chef la garde prétorienne; & en outre les consuls eurent des généraux qui commandoient sur les frontieres pendant tout le cours d'une guerre, tels que Corbulon en Arménie, Vespasien en Judée, &c. Dans la cavalerie, outre les généraux nommés magister equitum, & proefectus celerum, il y [p. 425] avoit des décurions, nom qu'il ne faut pas prendre à la lettre, selon Elien, pour des capitaines de dix hommes, mais pour des chefs de division de cinquante, ou cent hommes. Les troupes des alliés, tant d'infanterie que cavalerie, étoient commandés par des préfets, dont Tite - Live fait souvent mention sous le titre de proefecti sociorum. Dans la marine, outre le commandant général de la flotte, chaque vaisseau avoit le sien particulier, & dans une bataille, les différentes divisions ou escadres avoient leurs chefs comme à celle d'Actium. Voyez Marine.

Officier (Page 11:425)

Officier, en terme militaire, est un homme de guerre employé à la conduite des troupes, pour les commander & pour y maintenir l'ordre & la regle.

Des officiers des troupes de France. Le plus haut titre d'officier des troupes de France étoit autrefois celui de connètable; à présent c'est celui de maréchal de France. La fonction principale des maréchaux de France, c'est de commander les armées du roi.

Après les maréchaux de France sont les lieutenans généraux des armées du roi.

Ensuite les maré chaux de camp; les uns & les autres sont appellés officiers généraux, parce qu'ils ne sont réputés officiers d'aucune troupe en particulier, & que dans leurs fonctions ils commandent indifféremment à toutes sortes de troupes.

Les maréchaux de camp, lorsque le roi les éleve à ce grade, quittent le commandement des régimens qu'ils avoient, ou les charges qu'ils possédoient, à - moins que ce ne soit des régimens étrangers, ou des charges dans les corps destinés à la garde du roi.

Après les maréchaux de camp, le premier grade dans les armées est celui de commandant de la cavalerie. Cette sorte de troupe fait corps dans une armée, c'est - à - dire que tout ce qu'il y a de cavalerie dans cette armée, est unie ensemble sous les ordres d'un seul chef. Elle a trois chefs naturels, qui sont le colonel général, le mestre de camp général, & le commissaire général: en l'absence de ces trois officiers, c'est le plus ancien brigadier de la cavalerie qui la commande.

Les dragons font aussi corps dans l'armée. Ils ont un colonel général & un mestre de camp général; & en l'absence de ces deux officiers, le plus ancien brigadier des dragons les commande.

L'infanterie a eu autrefois un colonel général. Cette charge qui avoit été abolie sous Louis XIV. fut rétablie pendant la minorité de Louis XV. mais elle a été depuis supprimée en 1730 sur la démission volontaire de M. le duc d'Orléans, qui en étoit pourvû. Aucun officier particulier n'a jamais fait la fonction de cette charge, & l'infanterie n'a point ainsi de commandant particulier dans une armée.

Les brigadiers de cavalerie, d'infanterie & de dragons ont rang après les officiers qu'on vient de nommer. Ils sont attachés à la cavalerie, à l'infanterie & aux dragons. Ils conservent les emplois qu'ils avoient avant que d'être brigadiers, & ils en font les fonctions.

Après les brigadiers sont les colonels ou mestres de camp dans la cavalerie. Le colonel général retient pour lui seul le nom de colonel, & ceux qui commandent les régimens ont le titre de mestre de camp. Il en est aussi de même dans les dragons. L'usage en étoit aussi établi dans l'infanterie, lorsqu'il y avoit un colonel général, mais depuis la suppression de cet officier, les commandans des régimens d'infanterie portent le nom de colonel. Cependant, par les ordonnances, les colonels ou mestres de camp sont égaux en grade; & dans l'usage ordinaire, on se sert assez indifféremment de l'un & de l'autre terme pour la cavalerie & pour les dragons.

Outre les commandemens des régimens, les ca<cb-> pitaines des compagnies de la maison du roi, ou de la gendarmerie, & quelques autres officiers de ce corps, ont rang de mestre de camp; le roi donne aussi le brevet de mestre de camp à des officiers qu'il veut favoriser, & dont les emplois ne donnent pas ce rang. Les capitaines des gardes françoises & suisses ont aussi rang de colonel d'infanterie.

Après le colonel & mestre de camp est le lieutenant - colonel, lequel doit aider le colonel dans toutes ses fonctions & les remplacer en son absence.

Après les lieutenans - colonels sont les commandans de bataillon, dont le grade est au - dessous de ces officiers, & au - dessus de celui de capitaine. Ils font à l'armée le même service que les lieutenanscolonels.

Les capitaines sont ceux qui ont le commandement particulier d'une compagnie, & qui sont chargés de l'entretenir.

Le roi donne quelquefois le grade de capitaine à des officiers qui n'ont point de compagnie.

Le major d'un régiment est un officier qui est chargé de tous les détails qui ont rapport au régiment en général & à sa police. Il a rang de capitaine, & il n'a point de compagnie. Voyez Major.

Il a sous lui un aide - major; dans l'infanterie où les régimens sont plus nombreux, il y a plusieurs aides - majors. Le roi n'en entretient point dans les régimens ordinaires, & ceux qui en font les fonctions se nomment communément garçons - majors.

Dans toutes les compagnies il y a un lieutenant pour aider le capitaine dans ses fonctions, & le remplacer en son absence.

Dans la cavalerie & dans les dragons, il y a au - dessous du lieutenant un autre officier, appellé cornette, parce qu'une des principales fonctions est de porter l'étendart que l'on appelloit autrefois cornette, cet officier n'est pas toujours entretenu pendant la paix. Dans l'infanterie à la place du cornette, il y a un sous lieutenant ou enseigne qui n'est pas non plus entretenu pendant la paix.

Les lieutenans, sous - lieutenans, cornettes ou enseignes, sont nommés officiers subalternes. Ils ont néanmoins une lettre du roi pour être reçus officiers.

Après le cornette, dans la cavalerie & les dragons, est le maréchal de logis: il est chargé des détails de la compagnie, il est comme l'homme d'affaire du capitaine, il a sous lui un brigadier & un sous - brigadier. Ces deux derniers sont compris dans le nombre des cavaliers ou dragons. Ils ont cependant quelque commandement sur les autres.

Dans l'infanterie, après le sous - lieutenant ou enseigne, sont les sergens, dont les fonctions sont les mêmes que celles des maréchaux de logis de la cavalerie & des dragons. Ils ont sous eux des caporaux & anspessades, qui sont du nombre des soldats, mais qui ont cependant quelque commandement sur les autres soldats.

Les maréchaux de logis & les sergens sont nommés seulement suivant l'usage bas - officiers. Ils n'ont point de lettre du roi pour avoir leur emploi, ils ne le tiennent que de l'autorité du colonel & de leur capitaine.

Outre tous les officiers qu'on vient de détailler, le roi a des inspecteurs généraux de la cavalerie & de l'infanterie. Ils sont pris parmi les officiers généraux, brigadiers, ou au - moins colonels; leurs fonctions consistent à faire des recrues & à examiner si les troupes sont en bon état, si les officiers font bien leur devoir, particulierement pour ce qui concerne l'entretien des troupes.

Tous les officiers en général sont subordonnés les uns aux autres, ensorte que par - tout où il y a des troupes, le commandement se réduit toujours à un

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