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La connoissance exacte, sans être minutieuse, de la structure & de la situation des principaux viséeres, de la distribution des nerfs & des différens vaisseaux, le détail assez circonstancié, mais sur - tout la juste évaluation des phénomenes qui résultent de leur action & de leur mouvement; & enfin l'observation refléchie des changemens que produit dans ces effets l'action des causes mobifiques, sont les fon demens solides sur lesquels on doit établir la seience théorique de l'homme pour la conduire au plus haut point de certitude dont elle soit suseeptible; ce sont en même tems les différens points d'où doivent partir & auxquels doivent se rapporter les lois qu'on se propose d'établir. Ces notions préliminaires forment le sil nécessaire au médecin qui veut pénétrer dans le labvrinthe de l'oeconomie animale, & c'est en le suivant qu'il peut éviter de se perdre dans les routes détournées, remarquables par les égaremens des plus grands hommes. Il ne lui est pas moins essentiel & avantageux de connoître la source des erreurs de ceux qui l'ont précédé dans la recherche de l'oeconomie animale, c'est le moyen le plus assuré pour s'en garantir; on ne peut que louer le zèle de ceux qui ont entrepris un ouvrage si pénible, applaudir à leurs efforts, & leur avoir obligation du bien réel qu'ils ont apporté, en marquant par leur naufrage les écueils qu'il faut éviter; on parvient assez souvent à travers les erreurs, & après les avoir pour ainsi dire épuisées au sanctuaire de la vérité. Nous n'entrerons ici dans aucun détail anatomique, nous soupçonnons tous ces faits déja connus; ils sont d'ailleurs exposés aux articles particuliers d'Anatomie.
Il nous suffira de remarquer en général, que le corps humain est une machine de l'espece de celles qu'on appelle statico hydraulique, composée de solides & de fluides, dont les premiers élemens com<cb->
Dès que le souffle vivisiant de la divinité a animé cette machine, mis en jeu la sensibilité des différens organes, répandu le mouvement & le sentiment dans toutes les parties, ces deux propriétés diversement modifiées dans chaque viscere, se réproduisent sous un grand nombre de formes différentès, & donnent autant de vies particulieres dont l'ensemble, le concours, l'appui mutuel forment la vie générale de tout le corps; chaque partie annonce cet heureux changement par l'exercice de la fonction particuliere à laquelle elle est destinée; le coeur, les arteres & les veines, par une action singuliere, constante, jusqu'ici mal déterminée, produisent ce qu'on appelle la circulation du sang, entretiennent le mouvement progressif des humeurs, les présentent successivement à toutes les parties du corps; de - là suivent 1°. la natrition de ces parties par l'intus - susception des molécules analogues qui se moulent à leur type intérieur; 2°. la formation de la semence, extrait précieux du superflu des parties nutritives; 3°, les sécrétions des différentes humeurs que les organes appropriés sucent, extraient du sang, & per fectionnent dans les follicules par une action propre ou un simple sejour; 4°. de l'action spéciale, & encore inexpliquée de ces vaisseaux, mais constatée par bien des faits, viennent les circulations particulieres faites dans le foie, les voies hémorroïdales, la matrice dans certain tems, le poumon & le cerveau, & peut - être dans tous les autres visceres. Le mouvement alternatif de la poitrine & du poumon, attirant l'air dans les vésicules bronchiques, & l'en chassant successivement, fait la respiration, & contribue beaucoup au mouvement du cerveau suivant les observations de l'illustre de Lamure (mém. de l'acad. royale des Sc. annce 1739); l'action des nerfs appliquée aux museles de l'habitude du corps, donne lieu aux mouvemens nommés volontaires; les nerfs agissans aussi dans les organes des sens externes, l'oeil, l'oreille, le nez, la langue, la peau, excitent les sensations qu'on appelle vue, ouïe, odorat, goût, & toucher; le mouvement des fibres du cerveau (de concert avec l'opération de l'ame, & conséquemment aux loix de son union avec le corps), déterminent les sensations internes, les idées, l'imagination, le jugement & la mémoiie. Enfin, le sentiment produit dans chaque partie des appétits differens, plus ou moins marqués; l'estomac appete les alimens; le gosier, la boisson; les parties génitales, l'éjaculation de la semence; & enfin tous les vaisseaux sé<pb-> [p. 362]
On a divisé en trois classes toutes les fonctions du
corps humain: la premiere classe comprend les fonctions
appellées vitales, dont la nécessité, pour perpétuer
la vie, paroît telle, que la vie ne peut subsister
après leur cessation; elles en sont la cause la
plus évidente, & le signe le plus assure. De ce nombre
sont la circulation du sang, ou plutôt le mouvement
du coeur & des arteres, la respiration; &,
suivant quelques - uns, l'action inconnue & inapparente du cerveau. Les fonctions de la seconde classe
sont connues sous le nom de naturelles; leur principal
effet est la réparation des pertes que le corps a faites;
on y range la digestion, la sanguification, la nutrition
& les sécrétions, leur influence sur la vie
est moins sensible que celle des fonctions vitales; la
mort suit moins promptement la cessation de leur
exercice. Elle est précédée d'un état pathologique
plus ou moins long. Enfin, les fonctions animales
forment la troisieme classe; elles sont ainsi appellées,
parce qu'elles sont censées résulter du commerce
de l'ame avec le corps; elles ne peuvent pas
s'opérer (dans l'homme) sans l'opération commune
de ces deux agens; tels sont les mouvemens
nommés volontaires, les sensations externes & internes;
le dérangement & la cessation même entiere
de toutes les fonctions ne fait qu'altérer la santé,
sans affecter la vie. On peut ajouter à ces fonctions
celles qui sont particulieres à chaque sexe, & qui ne
sont pas plus essentielles à la vie, dont la privation
même n'est quelquefois pas contraire à la santé: dans
cette classe sont comprises l'excrétion de la semencc,
la génération, l'évacuation menstruelle, la
grossesse, l'accouchement, &c. Toutes ces fonctions
ne sont, comme nous l'avons dit, que des modifications
particulieres, que le mouvement & le sentiment
répandus dans toute la machine, ont éprouvées
dans chaque organe, par rapport à sa structure, ses
attaches & sa situation. L'ordre, le méchanisme,
les loix & les phénomenes de chaque fonction en
particulier, forment dans ce dictionnaire autant d'ar
ticles séparés. Voyez les mots
En remontant aux premiers siecles de la Médecine, tems où cette science encore dans son berceau,
étoit réduite à un aveugle empirisme, mêlé d'une
bisarre superstition, produit trop ordinaire de l'ignorance;
on ne voit aucune connoissance anatomique,
pas une observation constatée, rédigée, réfléchie,
aucune idée théorique sur l'homme; ce ne
fut qu'environ la quarantieme olympiade, c'est - à - dire, vers le commencement du trente cinquieme
siecle; que les Philosophes s'étant appliqués à la Médecine, ils y introduisirent le raisonnement, & établirent cette partie qu'on appelle physiologie, qui
traite particulierement du corps humain dans l'état
de santé, qui cherche à en expliquer les fonctions,
d'après les faits anatomiques & par les principes de
la Physique; mais ces deux sciences alors peu cultivées,
mal connues, ne purent produire que des
connoissances & des idées très - imparfaites & peu
exactes: aussi ne voit on dans tous les écrits de ces
anciens philosophes Médecins, que quelques idées
vagues, isolées, qui avoient pris naissance de quelques
faits particuliers mal évalués, mais qui n'avoient
d'ailleurs aucune liaison ensemble & avec
les découvertes anatomiques: Pythagore est, suivant
Celse, le plus ancien philosophe qui se soit
adonné à la théorie de la Médecine, dont il a en
même tems négligé la pratique; il appliqua au corps
humain les lois fameuses & obscures de l'harmonie,
suivant lesquelles il croyoit tout l'univers dirigé; il
prétendoit que la santé de même que la vettu, Dieu
même, & en général tout bien, consistoit dans l'harmonie, mot qu'il a souvent employé & qu'il n'a jamais
expliqué; peut être n'entendoit il autre chose
par là qu'un rapport exact ou une juste proportion
que toutes les parties & toutes les fonctions doivent
avoir ensemble; idée très - belle, très juste, dont la
vérité est aujourd'hui généralement reconnue; il est
cependant plus vrassemblable que ce mot avoit une
origine plus mystérieuse & fort analogue à sa doctrine
sur la vertu des différens nombres. La maladie
étoit, suivant lui, une suite naturelle d'un dé<pb->
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