ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"278"> aversion des armes, des lettres & de l'estime des peuples. Prateole, hist. nudip. & spirit. Florimond de Raimond, lib. II. c. xvij. n. 9.

NUE PROPRIÉTÉ (Page 11:278)

NUE PROPRIÉTÉ, (Jurisprud.) est celle dont l'usufruit est séparé. Voyez Propriété. (A)

NUÉ (Page 11:278)

NUÉ, (Rubannier.) est la même chose que nuancé. Voyez Nuancé.

NUÉE (Page 11:278)

NUÉE, s. f. (Physiq.) n'est autre chose qu'un brouillard qui s'éleve fort haut dans l'athmosphere.

Les nuées s'élevent dans notre athmosphere à différentes hauteurs. On en voit quelquefois qui sont suspendues les unes au - dessus des autres, & qui paroissent fort distinctes, ce qui dépend sur - tout de la différence de leur pesanteur spécifique, qui les tient en équilibre avec un air plus ou moins dense. On connoît qu'elles sont suspendues les unes au - dessus des autres par les différentes routes qu'elles prennent, étant portées les unes plus haut, les autres plus bas, sans se mêler ensemble. Il paroît que les plus hautes nuées s'élevent rarement au - dessus de la hauteur du sommet des plus hautes montagnes; car on voit ordinairement de loin, que ces sommets s'élevent au - dessus des nuées. 2°. Nous apprenons de divers observateurs qui ont été sur les plus hautes montagnes, qu'ils ont toujours vu les nuées floter au - dessous d'eux, sans avoir jamais remarqué qu'elles se trouvassent au - dessus de leurs têtes. Riccioli a calculé que les plus hautes nuées ne s'élevent jamais à la hauteur de 5000 pas. Peut - être y a t - il cependant quelques exhalaisons subtiles qui montent beaucoup plus haut.

Les nuées changent continuellement de grandeur & de figure, car l'air dans lequel elles sont suspendues, n'est presque jamais calme. Elles different beaucoup en grandeur, car les unes sont petites, les autres. fort grosses; & on peut hardiment établir avec M. Mariotte, qu'il y en a qui ont un mille de longueur, & même un mille en quarré. Il s'en trouve qui ont beaucoup d'épaisseur, ou beaucoup de diametre en hauteur, comme on peut le conclure de la pluie qui en tombe. Il me souvient, dit M. Musschenbroch, d'avoir observé que dans un tems d'orage, il tomba en pluie d'une nuée, un pouce d'eau en hauteur dans l'espace d'une demi - heure, d'où l'on peut conclure que cette nuée avoit du moins 100 piés d'épaisseur; cependant toute la nuée ne tomba pas, mais il parut qu'il en étoit resté bien autant qu'il en étoit tombé en pluie.

Le vent fait quelquefois avancer les nuées avec une si grande rapidité, qu'elles font 2 à 3 lieues en une heure. Il arrive assez souvent qu'elles se mettent en pieces, & se dispersent de telle maniere qu'elles diparoissent entierement: de - là vient que le ciel est quelquefois serein & clair, lors même qu'il fait une violente tempête.

Les nuées se dissipent aussi, lorsque l'air dans lequel elles sont suspendues, devient plus pesant, car elles sont alors obligées de s'élever plus haut, pour être en équilibre avec un air plus raréfié, & alors à mesure qu'elles montent à - travers un air plus pur, qui en dissout quelques parties avec lesquelles il se mêle, elles diminuent & se dissipent insensiblement.

Les nuées paroissent de diverses couleurs, mais elles sont ordinairement blanches, lorsqu'elles refléchissent la lumiere telle qu'elle vient du soleil sans la séparer en ses couleurs. On voit aussi lorsqu'il tonne, des nuees brunes & obscures, qui absorbent la lumiere qu'elles reçoivent & n'en refléchissent presque rien. Les nuées paroissent rouges le matin lorsque le soleil se leve, & le soir lorsqu'il se couche; & celles qui se trouvent plus proches de l'horison, paroissent violettes, & deviennent bientôt après de couleur bleue. Ces couleurs dépendent de la lumiere, qui pénetre dans les globules de vapeur transpa<cb-> rentes, & qui venant à se refléchir, sort par un autre côté, & se sépare en ses couleurs, dont la rouge vient d'abord frapper notre vûe, ensuite la violette, puis la bleue, suivant la différente hauteur du soleil. Ces couleurs se forment à - peu - près de la même maniere que celles de l'arc en - ciel.

L'usage des nuées est fort considérable.

1°. Elles soutiennent & contiennent la matiere dont la pluie est formée. En effet, comme elles se forment le plus au - dessus de la mer, & qu'elles sont ensuite emportées par les vents en différentes contrées, elles peuvent alors servir à humecter la terre, à l'aide de la pluie qui en tombe, & dont elles fournistent elles - mêmes la matiere. Ce qui nous fait connoître la sagesse infinie du Créateur, qui a remedié par - là à un grand inconvénient; car si les rivieres & les lacs ne se débordoient pas, la terre ne manqueroit pas de se dessécher & de devenir stérile, sans le secours des nuées & de la pluie, qui rendent par - tout la terre fertile.

2°. Les nuées couvrent la terre en différens endroits, & la défendent contre la trop grande ardeur du soleil, qui pourroit la dessécher & la brûler. Parlà toutes les plantes ont le tems de préparer les sucs dont elles se nourrissent; au - lieu qu'autrement elles se seroient developpées beaucoup trop tôt par la chaleur du soleil, & plusieurs de leurs vaisseaux se seroient trop dilatés, ce qui les auroit mis hors d'état de pouvoir recevoir leur nourriture.

3°. Les nuées semblent être une des principales causes des vents libres qui souflent de toutes parts, & qui sont d'une très - grande utilité.

Cet article est tiré en entier de l'essai de Phyfique de M. Musschenbroch, pag. 749. & suiv.

Nuée, colonne de (Page 11:278)

Nuée, colonne de, (Critiq. sacrée) les Israëlites en sortant d'Egypte, furent toujours conduits dans le désert par une colonne de nuée pendant le jour, laquelle devenoit colonne de feu pendant la nuit. Cette colonne étoit d'ordinaire à la tête de l'armée des Israëlites; mais quand ils furent arrivés sur le bord de la mer Rouge, elle vint se placer entre le camp des Israëlites & celui des Egyptiens, quiles poursuivoient. Cette nuée continua toujours depuis à suivre le peuple dans le désert: l'ange du Seigneur gouvernoit les mouvemens de cette nuée; & elle servoit de signal pour camper & décamper, ensorte que le peuple s'arrêtoit dans l'endroit où elle se fixoit, & ne partoit que lorsqu'elle se levoit. Ce récit de la colonne de nuée & de feu, se trouve dans l'Éxode, ch. xiij. v. 20 & 21. ch. 40. v. 34 & 35. & plus au long dans les nombres, ch. ix. 15. 22.

Un critique moderne a fait un savant mémoire pour prouver que cette colonne de nuée & de feu ne doit pas être interprétée miraculeusement, & qu'elle ne désigne qu'un signal pour diriger la marche des Israëlites dans le désert. Comme la dissertation de ce critique est très rare, & écrite dans une langue étrangere, on sera peut - être bien - aise d'en trouver ici l'analyse.

Le critique anglois dont je parle, commence par observer - que le style de l'ancien Testament est extrèmement hyperbolique, non - seulement dans les livres poétiques, mais aussi dans ceux qui sont écrits en prose. Tout ce qui est beau en son genre, est attribué à Dieu. Un puissant prince ou un patriarche, comme Abraham, est nommé un patriarche de Dieu; Ninive est appellée une ville grande à Dieu; une armée nombreuse, l'armée de Dieu; de hautes montagnes, les montagnes de Dieu; un profond sommeil, un sommeil du Seigneur; une vive crainte, la crainte du Seigneur, &c. Ces préliminaires suffisent pour l'intelligence de quelques expressions qui se rencontrent dans le récit de Moïse sur la colonne de [p. 279] nuée & de feu, qui conduisit l'armée des Israëlites dans le désert.

Dans les pays peuplés, la route des armées est dirigée par des colomnes militaires, par des portes, des rivieres, collines, villes, villages, châteaux, &c. Mais dans des déserts, il est nécessaire qu'un guide général précéde le gros d'une armée pour qu'elle ne s'égare pas, & qu'elle puisse savoir quand il faut camper, décamper, ou faire halte. Le feu est un signal qui peut servir à indiquer ces choses en tout tems. Par le moyen de ce signal, l'armée des Israëlites pouvoit savoir parfaitement, s'il falloit qu'elle s'arrêtât ou non; & c'est ce signal qu'il faut entendre par la colomne de nuée & de seu, qui guidoit le peuple juif dans le désert.

Comme la flamme & la fumée montent en haut, on leur a donné le nom de colonne, non - seulement dans l'Ecriture, mais dans les auteurs profanes; il y en a de bonnes preuves dans Quinte Curce, lib. V. ch. xiij. Pline, lib. II. ch. xlx. Lucrèce, lib. VI. v. 425. & 432. Le prophete Ezéchiel, ch. viij. xj. ch. x. iv. parle d'une nuée de parsum; & pour citer encore un passage plus formel, on lit dans les Juges, ch. xx. xl. que la fumée commença à monter comme une colomne.

Lorsque les Israëlites sortirent d'Egypte, ils formoient une armée & marchoient en ordre de bataille, dit l'Exode en plusieurs endroits, ainsi que les nombr. ch. xxxiij. v. i. Leur premiere station fut à Ramefes; la seconde à Succoth, la troisieme à Etham: le pays ayant été jusques - là pratiquable, ils n'eurent besoin d'aucun signal pour diriger leurs marches. Mais le désert de la mer Rouge commencoit à Etham, comme le dit l'Exode, 13. 18. & de l'autre côté étoit encore un désert affreux; ainsi les Israëlites avoient alors un besoin indispensable d'un feu pour signal & pour guide. Ce reu étoit dans une machine élevée au haut d'une perche; un officier le portoit devant la premiere ligne de l'armée. Ce signal dirigeoit d'autres signaux semblables qu'on multiplioit, suivant les besoins & le nombre de troupes. Quand le tabernacle fut fait, on placa le principal signal de feu au haut de cette tente où Dieu etoit présent, par ses symboles & ses ministres.

Pendant que ce feu étoit au haut du tabernacle, les Israëlites continuoient de sejourner dans leur camp. Toutes les fois qu'on l'otoit, soit de nuit, soit de jour, ils décampoient & le suivoient. Ce signal étoit en usage parmi d'autres nations, particulierement chez les Perses. Aléxandre emprunta d'eux cette coutume: il y a un passage de Quinte - Curce, l. V. ch. ij. tout - à - fait semblable à celui de Moïse. Ce passage est trop curieux pour ne le pas rapporter ici. Tubacum castra movere vellet Alexander, signum dabat, cujus sonus pluriumque tu nultuantium fremitu, haud satis exaudiebatur, Ergo perticam (une perche) quoe undique conspici posset, supra proetorium statuit, ex quâ signum eminebat pariter, omnibus conspicuum; observabatur ignis noctu, sumus interdiu. Quinte - Curce, l. III. c. iij. décrit la marche de Darius contre Aléxandre; l'on y peut voir que la marche des Israelites & des Perses étoit fort semblable.

Clément d'Aléxandrie rapporte de Trasibule, que rappellant de Philas les exilés à Athènes, & ne voulant pas être découvert dans la marche, prit des chemins qui n'étoient pas battus. Comme il marchoit la nuit, & que le ciel étoit souvent couvert de nuages, une colomne de seu lui servoit de guide. Ce fut à la faveur de ce phénomene, qu'il conduisit sa troupe jusqu'à Munychia, où cette colonne cessa de paroître, & où l'on voit encore, dit Clément, l'autel du phosphore.

Ce pere de l'église allégue ce fait, pour rendre probable aux Grecs incrédules, ce que l'Ecriture dit de la colonne qui conduisit les Israëlites. Voilà done Clément d'Aléxandrie qui ne faisoit point un miracle de la colomne de nuée & de feu qui conduisoit les Israëlites dans le désert.

« Elle vint, dit l'Ecriture, entre le camp des Egyptiens & celui des Israëlites. Aux uns, elle étoit obscurité; & aux autres, elle éclairoit de nuit »; c'étoit un stratagème de marche pour tromper les Egyptiens; & ce stratagème a été mis en usage par d'autres peuples, ainsi qu'on peut le prouver par un exemple tout - à - fait semblable, tiré du 3e. l. de la Cyropédie de Xénophon. D'ailleurs, comme les Egyptiens ne furent point étonnes de cette nuée, il s'ensuit qu'ils ne la regarderent pas pour être un phénomene extraordinaire & miraculeux.

Il est vrai que l'Ecriture dit, Exod. xiij. 20. & le Seigneur marchoit devant eux; mais ces paroles signifient senlement, que Dieu marchoit devant les Israëlites par ses ministres. Les ordres de Moïse, d'Aaron, de Josué & autres, sont roujours attribués à Dieu, suprème monarque des Israëlites. Il est dit aux nomb. 10. 12. que les Israëlites partirent, suivant le commandement du Seigneur, déclaré par Moïse: ces paroles montrent bien que Moïse disposoit de la nuée.

Enfin, l'ange du Seigneur, dont il est ici parlé, étoit le guide de l'armée; il se nommoit Hobab beaufrere de Moïse, étoit né, avoit vécu dans le désert, & par conséquent en connoissoit toutes les routes. Aussi ses actions très - naturelles jussisient que ce n'étoit point un vrai ange. Le mot hébreu traduit par ange, n'a pas une signification moins étendue, que celle du mot grec A)HGE/LOI. Il est dit, par exemple, dans le second livre des Juges, 1. 5. qu'un ange du Seigneur monta de guilgal en bokim, &c. tous les interprétes conviennent que cet ange du Seigneur qui monta de guilgal en bokim, n'étoit qu'un homme, un prophere; mais il n'est pas besoin de nous étendre davantage sur ce sujet. Le chevalier de Jaucourt.

Nuée (Page 11:279)

Nuée, (Terme de Lapidaire.) il se dit des parties sombres qui se trouvent assez souvent dans les pierres précieuses, qui en diminuent la beauté & le prix.

NUEMENT (Page 11:279)

NUEMENT, adv. (Jurisprud.) signifie immédiatement & sans moyen, comme quand on dit, qu'un fief releve nuement du roi, ou que l'appel d'un tel juge se releve nuement au parlement. (A)

NUER ou NUANCER (Page 11:279)

NUER ou NUANCER, v. act. (Terme de Manuf.) c'est disposer les nuances d'une étosse, d'une tapisserie, d'un ouvrage de broderie. Ainsi nuancer en tapisserie, c'est meler dans une tapisserie les laines de différentes couleurs, de maniere qu'elles produisent une union agréable & qui fasse une maniere d'ombre. Les Perruquiers désignent aussi par le mot nuer ou nuancer, le mélange de cheveux de différentes & d'assortissantes couleurs. (D. J.)

Nuer (Page 11:279)

Nuer, v. act. (Soirie.) Nuer un dessein, c'est marquer sur les fleurs les couleurs que l'ouvrier doit employer.

Nuer (Page 11:279)

Nuer, (Géog.) petite riviere d'Irlande; elle a sa source dans le Quceus - County, baigne Kilkenny, & se joint à la riviere de Barrow, un peu au - dessus de Ross. (D. J.)

NUESSE (Page 11:279)

NUESSE, s. f. (Jurisprud.) dans quelques coutumes & provinces, siguifie droit direct & immédiat, c'est en ce sens que la coutume d'Anjou, art. 12. & celle du Maine, art. 13. appellent justice en nuesse, celles qui s'exercent nuement sur un sond. Nuesse se prend aussi quelquefois dans les mêmes coutumes pour district ou territoire soumis immédiatement au seigneur. Voyez Bodreau, sur l'art. 13. de la cout. du Maine, & le gloss. de Lauriere au mot nuesse. (A)

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