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NOURRISSANT (Page 11:261)
NOURRISSANT, (Chimie & Diete.) ou nutritif, corps nourrissant, matiere ou substance nutritive, ou alimenteuse, nourriture.
La matiere nutritive, ou l'aliment proprement dit, est tout corps qui étant mangé par les animaux, est altére chez eux; de maniere qu'etant uni & assimilé à leur substance, le corps animal prend de l'accroissement & est réparé.
Tous les corps naturels que les animaux peuvent avaler ne sont point propres à les nourrir. Cela est prouvé par une observation suivie, & par le choix constant de certaines substances particulieres qu'un instinct sûr & fidele suggere aux animaux. Les minéraux sont généralement & principalement exclus de la classe des corps nourrissans. Tout ce que les animaux mangent n'est pas aussi entierement alimenteux; car dans leur pature la plus commune se trouve une portion considerable de matiere essentiellement alimenteuse, comme nous le prouverons plus bas: &toute cette masse de matiere mangée, ingestorum, ne se change pas même en chyle, qui est la forme la plus grossiere & la plus éloignée sous laquelle la matiere nutritive se réduir pour passer par des élaborations ultérieures dans l'étatimmédiatément propre à s'assimiler à la subitance animale; d'où l'on voit combien sont inexactes & superficielles certaines théories de la digestion, qui ne roulent que sur la division, l'atténuation, le ramollissement, le paitrissement, sub actio, de toute la matiere mangee, considérée indistinctement in concreto; comme si le chyle n'étoit autre chose qu'une poudre ou une bouillie de toute cette masse étendue dans un liquide, & non pas un véritable extrait qui n'a besoin, apres une mastication convenable, que d'une application paisible des li queurs digestives d'un vaisseau & d'un degré de chaleur convenables. Voyez digest. oeconom. anim.
Un examen simple, facile, mais exact des phéno<pb-> [p. 262]
Il est observé encore que dans les matieres dont se nourrissent communément les animaux, & principalement les hommes, se trouvent certaines substances, soit naturellement, soit introduites par art, c'est - à - dire des assaisonnemens, qui étant portées avec le chyle dans la masse des humeurs, sont bientôt separées de l'aliment proprement dit par la voie des sécrétions; par exemple, une quantité considérable d'eau, qui fournit la base de l'urine, de la transpiration, de la plûpart des excrémens; le principe aromatique de certaines plantes & le sel marin qui sont chassés avec l'urine; les acides qui affectent principalement la double voie de la transpiration cutanée & pulmonaire; les matieres huileuses ou graisseuses qui sont employées à la composition de la graisse, de la bile, &c.
Il est connu d'ailleurs que la substance propre des
animaux, tant l'humeur vitale lymphatique, que
tous les organes, & même les plus solides, sont formés
d'une matiere particuliere dont l'essence est bien
déterminée, savoir du corps muqueux (voyez
Si donc la pâture ou mangeaille commune des animaux, contient une substance analogue à ce corps muqueux; que ce corps muqueux retiré d'un animal puisse fournir une nourriture très - propre aux autres animaux; & si une matiere parfaitement analogue à ce corps se trouve aussi abondamment répandue dans les substances végétales dont les animaux ont coutume de se nourrir; il est naturel de conclure que ce corps muqueux est la véritable matiere nutritive.
Or une pareille matiere peut être retirée des parties
charnues & même osseuses des animaux, soit
par art, c'est - à - dire par la simple décoction, moyen
que tout le monde connoît dans la préparation ordinaire
des bouillons, de la gelée de corne de cerf,
&c. ou des os même les plus durs, par le digesteur
de Papin (voyez
La plûpart des végétaux, peut - être tous, contiennent
aussi une substance très - analogue à la mucosité
animale, & qui ne s'éloigne de la parfaite identité
avec cette derniere substance, que par un passage insensible, tel que ceux qu'observe constamment
la nature. Cette matiere nutritive végétale est renfermée
dans les différentes especes de corps végétaux
muqueux. Voyez
Il est prouvé par une observation constante, que les substances animales qui sont éminemment muqueuses, sont aussi éminemment nourrissantes, beaucoup plus que les substances végétales quelconques, & que les végétaux sont d'autant plus nourrissans, qu'ils contiennent une plus grande quantité de corps muqueux, & de corps muqueux plus approchant de l'état de la mucosité animale. Le degré extrème d'abondance & d'analogie avec le mucus animal, se trouve dans les racines tendres & charnues des plantes cruciferes, comme les navets & les raves; & dans quelques autres parties de plantes de la même classe, comme les feuilles de choux, & sur tout de choux blanc, pommé, les têtes de choux - fleurs; viennent ensuite les farineux, comme semences céréales & légumineuses, châtaignes, glands, &c. les racines sucrées de panais, de bette, de chervi, &c. les fruits doux, comme figues, raisins, poires, pommes, &c. les semences émulfives d'amandes, de noix, de noisettes, de pignons, &c. & enfin, toutes les herbes & gousses non mûres des plantes gramiminées & légumineuses, qui, comme on sait, fournissent la pature la plus nourrissante aux animaux herbivores. L'extrème opposé, les substances végétales les moins nourrissantes, sont les plantes potageres aqueuses, insipides, ou acidules, telles que la laitue, les épinards, l'oseille, &c. & principalement les feuilles des arbres, qui, à l'exception de celles de quelques arbres à fruit légumineux, tel que l'acacia vulgaire, contiennent peu de matiere muqueuse, même dans leur état de maturité ou de vigueur, & par conséquent beaucoup moins encore, lorsqu'elles sont épuisées par la vieillesse, qu'elles sont prêtes à tomber; aussi voit - on que les animaux engraissent bientôt par l'usage des premiers de ces alimens végétaux, qu'ils mangent d'ailleurs avidement; au lieu qu'ils maigrissent bientôt, lorsqu'ils sont réduits à l'usage de ceux de la derniere classe, vers lesquels ils ne se portent que lorsqu'ils sont pressés par la faim.
La matiere nutritive considérée en soi, est réellement
dépouillée de toute qualité médicamenteuse.
Les anciens médecins qui l'ont bien connue, l'ont
même définie par cette absence de toutes qualités médicamenteuses,
par leur nihil eminens, nihil provitans,
nihil ladens, &c. en sorte que s'il se trouve quelque
ordre de corps naturels auxquels les Médecins aient
accordé quelques qualités médicamenteuses, & que
ces corps ne soient cependant que purement nourrissans, on peut assurer que l'action de ces corps sur
l'economie animale est mal estimée. Ce qu'on peut
avancer, par exemple, des prétendus incrassans<->
Voyez
On doit observer aussi que les lois de diete établies aux articles généraux alimens & régime, & dans tous les articles particuliers de die e répandus dans ce Dictionnaire, portent sur la variété des alimens déduite de cet alliage dont nous venons de parler; mais plus encore de la diversité du tissa du parenchyme, dans lequel la matiere nutritive est enfermee. Ainsi le mot aliment est pris dans tous ces articles in concreto, comme synonyme à chose mangée, & non pas dans un sens étroit, comme nous l'avons pris dans cet article. (b)
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