ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"216"> & aux decrets du concile de Trente, qui commencent la discipline; ils peuvent dans ces pays déleguer des juges. Ils connoissoient même, avant le concile de Trente, en premiere instance des causes qui sont de la jurisdiction ecclésiastique; mais ce concile, sess. 24. c. xx. de reform. défend expressément aux légats & aux nonces de troubler les évêques dans l'exercice de leur jurisdiction dans les causes qui sont du sor ecclésiastique, & de procéder contre des cleres, & autres personnes ecelesiastiques, sans la requisition de leur évêque, ou excepté qu'il négligeât de les punir; ensorte que depuis la publication des decrets de ce concile, ils ne peuvent être juges que d'appel des jugemens rendus par les ordinaires des lieux compris dans l'étendue de leur nonciature: le concile de Toulouse, en 1590, paroît approuver cette discipline.

On entend quelquefois par nonciature, la fonction ou charge du nonce & le tems qu'il l'a exercée. On entend aussi par - là une certaine etendue de territoire soumise à la jurisdiction d'un nonce; le pape a divisé les pays soumis à sa puissance en plusieurs nonciatures, comme la nonciature d'Avignon.

L'usage où est la cour de Rome d'envoyer des nonces en France est fort ancien; mais les maximes des décrétales, & celles des conciles de Trente & de Toulouse par rapport à la jurisdiction des nonces, ne sont point reconnues parmi nous, étant contraires à l'usage & aux maximes du royaume.

En effet, les nonces n'ont en France aucun territoire, tribunal ni jurisdiction, soit volontaire ou contentieuse; ils n'y font, comme on l'a déja dit, d'autre fonction que celle d'ambassadeur; ils n'ont aucun emploi que proche la personne du roi, & n'ont aucune autre fonction dans le royaume, tellement qu'en 1647 le nonce du pape en France ayant pris dans un écrit la qualité de nonce dans tout le royaume de France, & un autre nonce ayant pris, en 1665, la qualité de nonce au parlement & au royaume, le parlement s'éleva contre ces nouveautés.

Cependant la cour de Rome, ou les nonces mêmes ont fait de - tems en - tems quelques entreprises contraires à nos maximes; mais dès qu'elles ont été connues, le ministere public s'y est opposé, & elles ont été réprimees par plusieurs ordonnances & arrêts du parlement.

Pour les informations des vies, moeurs & doctrine de ceux qui sont nommés aux bénéfices consistoriaux, que les évêques de France sont en possession de faire, le concile de Trente donne le même pouvoir aux légats & nonces; mais en France, les évêques se sont toujours maintenus dans le droit & possession de faire seuls ces informations devant le nonce; il ne paroît même pas qu'avant leregne d'Henri IV. la cour de Rome ait voulu troubler les évêques de France dans la possession de faire ces informations. Lorsque cette cour eut formé ce dessein, elle ne pensa, jusqu'au pontificat d'Urbain VIII. qu'à établir que ces informations pourroient être faites en France communément par les légats & les nonces, ou par les ordinaires: tel étoit le réglement de Clément VIII. & de Grégoire XIV. Sous le pape Urbain VIII. la cour de Rome alla jusqu'à prétendre qu'en France même les ordinaires ne pouvoient les faire qu'en l'absence des légats & des nonces.

Mais l'ordonnance de Blois, article 1. & 2. la résistance du roi Henri IV. à l'article qui lui fut proposé de réserver ces informations aux nonces, l'avis de l'assemblée des notables tenue à Rouen en 1596, les remontrances de l'assemblée du clergé, convoquée en 1605, l'ordonnance de 1606 dressée sur ces remontrances, celles de la chambre ecclesiastique des états de 1614; enfin, les arrêts de réglement de 1639 & de 1672 justifient l'attachement du clergé & de tous les corps du royaume à maintenir les ordinaires dans la possession de faire seuls ces informations.

Le nonce du pape en France, ne peut pareillement donner aucunes provisions pour les bénéfices; ni aucunes dispenses; il ne peut fulminer les bulles qui lui sont adressées; il ne peut même être délégué juge in partibus pour ouir & terminer les differends des sujets du roi, parce que ces sortes de juges deivent être regnicoles.

Il n'a pas non plus droit de visitation ni de correction sur les monasteres, exempts ou non exempts; c'est pourquoi l'artêt du par lement du 29 mars 1582, déclara abusif un reserit de Grégoire XIII. qui commettoit son nonce pour terminer un différend survenu entre le genéral des cordeliers, & les gardien & couvent des cordeliers de Paris au sujet d'un visiteur avec ample pouvoir d'ouir les parties. L'arrêt du 28 mais 1633, en ordonnant la verification des lettres patentes du roi qui permettoient l'établissement d'un monastere de religieuses de S. Augustin, mit cette modification, que le pape ne pouvoit exercer aucune jurisdiction, correction ni visitation dans ce monastere, conformément aux drolts & privileges de l'église gallicane.

Le nonce ne peut pareillement prendre connoissance des causes de mariage, par la raison qu'il n'a en France aucune jurisdiction; & s'il y a quelques exemples de causes de mariage, & autres pour lesquelles nos rois ont bien voulu que les nonces, autorises par lettres - patentes, ayant été commissaires avec d'autres prelats du royaume; ces exemples ne doivent point être tités à conséquence.

Voyez les libertés de l'église gallicane, les loix ecclésiastiques, les mémoires du clergé, le dictionnaire des arrêts, au mot nonce. (A)

Nonce (Page 11:216)

Nonce, est aussi un terme usité en Pologne, pour désigner les députés des Palatinats, ou des provinces aux dietes du royaume. Ils sont choisis parmi le corps de la noblesse, chargés d'instructions pour les délibérations de la diete, qu'ils peuvent arrêter & dissoudre par le refus de leur acquiescement ou de leur suffrage. C'est ce droit de contredire, jus contradicendi, ainsi qu'ils l'appellent, que les Polonois regardent comme l'ame de leur liberté, & qui dans le fond n'en est qu'un excès ou un abus. (G)

NONCHALANCE (Page 11:216)

NONCHALANCE, s. f. (Gramm.) paresse, négligence, indolence, mollesse, foibless d'organisation, ou mépris des choses, qui laisse l'homme en repos, dans les momens où les autres se meuvent, s'agitent & se tourmentent On devient paresseux, mais on naît nonchalant. La nonchalance ne se corrige point, surtout à un certain âge. Dans les enfans, l'accroissement fortifiant le corps, peut diminuer la nonchalance. La nonchalance qui introduit peu - à peu le desordre dans les affaires, a des suites les plus facheuses. La nonchalence est aussi accompagnée de la volupté. Elle ne répond guere au plaisir, mais elle l'accepte facilement. Les dieux d'Epicure sont des nonchalans, qui laissent aller le monde comme il peut. Il s'échappe des ouvrages de Montagne une nonchalance que le lecteur gagne sans s'en appercevoir, & qui le tranquilise sur beaucoup de choses importantes ou terribles au premier coup d'oeil. Il regne dans les poésies de Chaulieu, de Pavillon, de la Fare, une certaine nonchalance qui plaît à celui qui a quelque délicatesse d'esprit. On diroit que les choses les plus charmantes ne leur ont rien coûté, qu'ils n'y mettent aucun prix, & qu'ils souhaitent d'être lus avec la même nonchalance qu'ils écrivoient. Il faudroit prêcher aux turbulens la nonchalance, & la diligence aux nonchalans. C'est par un coup ou frappé ensens contraire, qu'on modere la chute d'un corps en mouvement, ou frap<pb-> [p. 217] pé dans la direction qu'il suit lentement, qu'on accélere sa vitesse: pour peu qu'on hâtât les uns, ou qu'on arrêtât les autres, ils auroient la vîtesse qui convient aux choses de la vie.

NONCIATION, nouvel oeuvre (Page 11:217)

NONCIATION, nouvel oeuvre, s. f. (Droit coutum.) c'est un acte par lequel on dénonce à celui qui fait élever un bâtiment, ou aux ouvriers qui y travaillent, qu'ils aient à cesser, jusqu'à ce qu'il en ait été ordonné par justice. Nous tenons cette coutume des Romains. Lorsque quelqu'un faisoit une entreprise, soit en élevant ou en démolissant sa maison, le voisin qui s'en trouvoit incommodé signifioit aux ouvriers qu'il y mettoit empêchement. Il ne falloit point pour cela avoir la permission du préteur; & l'exploit qui contenoit cette nonciacion étoit valable, pourvu qu'il fût donné dans le lieu même où les ouvriers travailloient, & à des personnes qui pussent en avertir le propriétaire. Si, malgré cette défense, il vouloit cominuer, il étoit oblige, apres cet acte, de donner une caution suffisante, qui repondoit pour le p oprietaite qu'on remettroit les choses en état, si la juitice l'ordonnoit ainsi: ce qui devoit se terminer dans tiois mois.

Mais si l'entreprise intéressoit le public, tous les citoyens indutinctement pouvoient user de la nonciation. En France, dans un pareil cas, on en donne avis au voyer. Voyez Voyer. (D. J.)

NONCIATURE (Page 11:217)

NONCIATURE, s. f. (Jurifpr.) signifie quelquefois le titie & la fonction du nonce du pape, ou le tems qu'un prélat a exercé cette fonction.

On appelle aussi nonciature un certain territoire dans lequel chaque nonce exerce sa jurudiction ecclesiastique, ce qui n'a lieu que dans les pays où les nonces exercent une telle jurisdiction, & non en France où ds n'en ont aucune. Voyez ci - devant Nonce. (A)

NON - CONFORMISTES (Page 11:217)

NON - CONFORMISTES, s. m. (Hist. mod.) nom d'une secte, ou plutot de plusieurs sectes en Angleterre. Voyez Séparatistes. Autrefois ce nom étoit restraint aux Puritains ou Calvinistes rigides; aujourd'hui il s'étend à tous ceux qui ne sont pas du sentiment de l'église anglicane dominante, excepté les Catholiques romains. Voyez Puritain, Presbytérien, Indépendant , &c.

On dit que ce mot a pris son origine dans une déclaration du roi Charles l. qui ordonna que toutes les églises d'Angleterre & d'Ecosse observassent les mêmes cérémonies & la même discipline; & c'est l'acquiescement ou l'opposition à cette ordonnance, qui a fait donner aux uns le nom de Conformistes, & aux autres celui de non Conformistes.

NONDINA (Page 11:217)

NONDINA, (Mythol.) S. Augustin est le seul qui dise que c'étoit une déesse qu'on invoquoit chez les Romains le neuvieme jour après la naissance; & c'est de ce neuvieme jour, nonus dies, qu'a été forge le mot barbare Nondina. (D. J.)

NONES (Page 11:217)

NONES, s. f. (Chronol.) c'étoit dans le calendrier romain le cinquieme jour des mois de Janvier, Fevrier, Avril, Juin, Août, Septembre, Novembre & Décembre; & le septieme des mois de Mars, Mai, Juillet & Octobre. Ces quatre derniers mois avoient six jours avant les nones, & les autres quatre seulement, suivant ces vers,

Sex Maius nonas, October, Julius & Mars Quatuor at reliqui. Voyez Calendes.

Ce mot est venu apparemment de ce que le jour des nones étoit le neuvieme avant les ides, comme qui diroit nono - idus. Voyez Ides.

Les mois de Mars, Mai, Juillet & Octobre avoient six jours avant les nones, parce que ces quatre mois étoient les seuls qui, dans l'année de Numa, eussent 31 jours, les autres n'en avoient que 29, & Février 30; mais quand César réforma le calendrier, & qu'il donna 31 jours à d'autres mois, il ne leur donna point 6 jours avant les nones. Voyez Calendrier, Année, Mois , &c.

On comptoit les jours depuis les nones en rétrogradant, comme depuis les calendes, de sorte que le premier jour après les calendes ou le second du mois s'appelloit sextus nonarum, pour les mois qui avoient six jours avant les nones, & quartus nonarum pour ceux qui n'en a voient que quatre. Chambers.

None, Nones (Page 11:217)

None, Nones, nonoe, (Hist. ancienne.) une des sept heures canoniales dans l'Eglise romaine. Voyez Heure.

Nones, ou la neuvieme heure est la derniere des petites heures que l'on dit avant vêpres, & celle qui répond à 3 heures après midi. Voyez Vêpres.

L'office simple & l'office pour les morts finissent à nones, laquelle heure, selon la remarque du P. Rosweyd, étoit anciennement celle où se séparoit la synaxe, c'est - à - dire l'assemblée ordinaire des premiers Chrétiens à l'église.

L'heure de nones étoit aussi le tems où l'on commençoit à manger les jours de jeûne, quoiqu'il y eût des fideles qui ne mangeoient point avant le soleil couché. Voyez Jeune.

Pour conserver quelques traces de cette ancienne coûtume, on dit encore nones a vant le dîner les jours de jeûne & pendant le carême. Voyez Carême.

Bingham observe que dans la primitive Eglise, none étoit regardée comme la derniere des heures ou prieres du jour, & qu'elle avoit été instituée principalement pour honorer la mémoire de l'heure à laquelle Jesus - Christ avoit expiré sur la croix. C'est aussi ce que dit la glose: Latus ejus nona bipertit. C'étoit chez les Juifs l'heure du sacrifice solemnel du soir, & on lit dans les Actes que S. Pierre & S. Jean se rendoient au temple à l'heure de nones, au horam orationis nonam. Les anciens ne disent rien de précis sur le nombre des pseaumes & autres prieres qu'on récitoit à nones. Cassien semble seulement insinuer qu'on n'y chantoit que trois pseaumes. Aujourd'hui dans l'Eglise latine, l'office de none est composé du Deus in adjutorium, d'une hymne, de trois pseaumes sous une seule antienne, puis d'un capitule, d'un répons bref & d'un verset, & enfin d'une oraison propre au tems on à la fête. Bingham, Orig. ecclés. t. V. l. XIII. c. ix. §. 13.

Nones (Page 11:217)

Nones, (Jurisp.) nona, quasi nona pars fructuum, c'étoit le neuvieme des fruits ou le neuvieme de leur valeur que l'on payoit par forme de redevance pour la jouissance de certains biens, de même que l'on appella dixme ou décime, une autre prestation qui dans son origine étoit par - tout du dixieme des fruits. Le concile de Meaux de l'an 845 demande que ceux qui doivent à l'Eglise les nones & les dixmes, à cause des héricages qu'ils possedent, soient excommuniés, s'ils ne les payent pour fournir aux réparations & à l'entretien des clercs: on voit parlà que les laïques qui tenoient des terres par concession de l'Eglise lui devoient double prestation, savoir d'abord la dixme ecclésiastique, & en outre une redevance du neuvieme des fruits comme rente seigneuriale ou emphytéotique. Voyez Dixme. (A)

NONNAT (Page 11:217)

NONNAT, voyez Aphye.

NON - NATURELLES, choses (Page 11:217)

NON - NATURELLES, choses, c'est un terme de Médecine assez impropre, mais reçu sur tout dans les écoles, qui demande toujours un commentaire pour être entendu: on appelle donc choses non - naturelles (d'après Galien qui paroît avoit le premier employé cette épithète singuliere) celles qui no

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.