ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"159"> émanation pure & simple de l'acide nitreux, mais une substance un peu diverse.

Les qualités spécifiques & essentielles, ou proprement chimiques de l'acide nitreux, sont ses affinités avec diverses substances, la génération des nouveaux êtres chimiques qui résultent de sa combinaison avec ces substances, & l'ordre ou le degré de ses affinités avec ces substances par rapport aux autres acides.

L'acide nitreux se combine avec le phlogistique, & forme avec, ce soufre éminemment inflammable qui est le vrai principe de la déflagration du nitre. Voyez l'article précédent.

Il dissout l'alkali fixe, tartareux ou nitreux, & forme avec, le nitre appellé régénéré, qui n'est autre chose que le vrai nitre parfait. Voyez l'article précéd.

Il produit par sa combinaison avec l'alkali fixe, de soude ou marin, le nitre quadrangulaire ou cubique dont il a été parlé aussi dans l'article précéd.

Il compose avec l'alkali volatil le sel ammoniacal nitreux. Voyez sous le mot Sel.

Avec les terres calcaires, un sel dont les propriétés sont rapportées à l'art. Chaux. Voyez cet article.

Il dissout l'argent, le cuivre, le fer, l'étain, le plomb, le mercure, l'antimoine, le zinc, le cobhalt, le bismuth, & l'arsenic en partie, en un mot, toutes les substances métalliques excepté l'or, & même ce dernier métal d'après une expérience véritablement exposée assez obscurément dans les Mém. de Suede, par M. Brandt. Nous ne parlons pas de la platine, à cause des justes soupçons de M. Margraf contre l'opinion qui fait regarder cette matiere métallique comme une nouvelle espece de métal. Voyez avec quelles circonstances l'acide nitreux agit sur chacune de ces matieres, & quels sont les produits de ces diverses combinaisons, aux art. partieuliers Argent, Cuivre, Fer, Étain, Plomb, Mercure, Bismuth, Zinc, Antimoine, Arsenic, Cobhalt ; voyez aussi Or & Platine.

L'acide nitreux concentré subit avec les huiles une effervescence violente, suivie de l'inflammation. Ce phénomene est rapporté & examiné à l'article Huile. Voyez cet article.

L'action de l'acide nitreux sur l'esprit - de - vin, la nature des principaux produits de cette réaction, savoir, une huile éthérée très - subtile, & l'esprit de nitre dulcifié, & la maniere d'obtenir ces produits sont exposés à l'article Ether nitreux. Voyez cet article.

L'acide nitreux dissout aussi le camphre, & produit avec cette substance, trop peu définie jusqu'àprésent, une liqueur singuliere connue des Chimistes sous le nom d'huile de camphre. Voyez Camphre.

L'acide nitreux foible épaissit singulierement les huiles par expression. C'est sur cette propriété qu'est fondée la préparation d'une assez puérile composition pharmaceutique, connue sous le nom de baume d'aiguilles, & qui n'est autre chose que de l'huile d'olive qu'on a fait nager sur de l'acide nitreux dissolvant actuellement quelques aiguilles, & qui a été épaissie en consistance de baume dans cette opération.

Enfin, le soufre commun, pénétré par des vapeurs d'acide nitreux, est singulierement altéré dans sa consistance; il devient mol, ductile, flexible comme du cuir mouillé.

L'acide nitreux ne dissout point les safrans & chaux métalliques vraies, telles que le safran de Mars, le colcothar, le safran de Vénus, l'antimoine diaphorétique, &c.

L'acide nitreux n'est point inflammable par lui - même. Sa prétendue spécification par le phlogistique n'est fondée sur rien que sur la couleur de cet acide, ce qui est encore un indice bien contestable; voyez Phlogistique. Car l'influence de l'acide nitreux dans la production des inflammations, déflagrations, détonnations, calcinations, &c. ne prouve rien pour la présence de ce principe. On explique tous ces phenomenes bien plus naturellement, plus simplement, d'après une exacte analogie, par la grande asfinité de l'acide nitreux avec le phlogistique. En effet l'acide vitriolique & l'acide du sel marin, dans lesquels on ne suppose point ce principe, n'en ont pas moins une affinité plus ou moins grande avec lui, & n'en sont pas moins propres à produire avec les substances phlogistiques des mixtes & des phénomenes, par lesquels ils ne différent qu'accidentellement, seulement quant au plus & au moins de l'acide nitreux.

Voici l'ordre d'affinité des différentes substances ci - dessus mentionnées avec l'acide nitreux. Le phlogistique, le soufre, l'arsenic, l'un & l'autre alkalifixe, l'alkali volatil, les terres absorbantes (ces deux dernieres substances se précipitent réciproquement dans diverses circonstances), le fer, le cuivre, le plomb, le mercure, l'argent. L'ordre des autres substances métalliques n'a pas été observé, du moins publié.

L'ordre d'affinité de l'acide nitreux & des autres acides à l'égard de diverses substances est celui - ci: il occupe le second rang eu égard aux sels alkalis, tant fixes que volatils, & aux terres absorbantes: l'acide vitrlolique a plus de rapport que l'acide nitreux avec tous ces corps; mais ce dernier acide en a davantage avec ces mêmes corps, que l'acide du sel marin, que l'acide végétal, & que l'acide animal. M. Margraf rapporte dans son Mémoire sar le sel microcosmique, une expérience qui semole prouver que l'acide microcosmique a plus de rapport avec l'alkali - fixe que l'acide nitreux; mais cette expérience n'est rien moins que decisive. Voyez Sel microcosmique.

L'acide nitreux a moins de rapport que l'acide du sel marin avec toutes les substances métalliques que l'un & l'autre de ces acides dissolvent. L'ordre de rapport de l'acide vitriolique & de l'acide nitreux avec les corps que l'un & l'autre attaquent, n'est bien constaté que sur un petit nombre de sujets; il l'est, par exemple, sur l'argent & sur le mercure, avec lesquels l'acide vitriolique a plus de rapport qu'avec l'acide nitreux. La table de Geoffroi peut pourtant subsister assez généralement en ce point particulier qui met l'acide nitreux après l'acide marin, & l'acide vitriolique dans l'ordre des rapports des acides minéraux avec les substances métalliques, & qui le place à cet égard avant l'acide du vinaigre. Voyez Rapport & Précipitation.

L'esprit de nitre differe à quelques égards selon l'intermede qu'on a employé à sa préparation. Selon Stahl, l'acide nitreux le plus fixe est celui qu'on retire par l'intermede du bol; celui qu'on retire avec l'alun l'est moins, mais cependant plus que celui à la distillation duquel on a employé le vitriol. Celui qu'on retire du nitre bien séché, par l'intermede de l'huile de vitriol bien concentrée, est le plus concentré, le plus pesant, le plus rutilant, le plus fumant qu'il est possible. L'acide nitreux de couleur bleue & singulierement volatil de Stahl, est préparé en distillant une demi livre de nitre pur, une livre de vitriol calciné au rouge, & trois onces de magnes arsenicalis. Voyez Vitriol & Magnes arsenicalis. L'acide nitreux, distillé avec les terres bolaires, s'appelle communément esprit - de - nitre, & celui qui est distillé avec le vitriol, eau - forte. Les acides obtenus par ces deux divers intermedes, peuvent différerréellement, selon diverses circonstances du manuel, & porter des différences dans plusieurs travaux; mais la différence prétendue essentielle, [p. 160] déduite du mélange estimé infaillible d'acide nitreux & d'acide vitriolique dans l'eau - forte, est fondée sur une théorie fausse, chimérique, sur l'ignorance de la doctrine des rapports, & de la volatilité respective de l'acide vitriolique adhérant à sa base, & de l'acide nitreux dégagé.

Les usages médicinaux internes de l'acide nitreux sont fort bornés; ou plutôt on n'emploie presque point l'acide nitreux intérieurement. Sylvius Deleboë vante pourtant l'acide nitreux, soit simple soit dulcifié, comme le plus efficace des remedes contre les vents. D'ailleurs il est assez généralement avoué qu'il ne possede que les qualités génériques des acides. On a donné la préférence, dans l'usage, aux deux autres acides minéraux, à cause de l'odeur desagréable du nitre, & plus encore à cause d'une qualité virulente que cette odeur y a fait soupçonner.

On s'en sert extérieurement avec succès & commodité pour ronger les verrues.

Il a plusieurs usages pharmaceutiques officinaux: outre cette ridicule préparation du baume d'aiguilles dont nous avons déja parlé, & de l'huile de camphre dont on a fait un remede, il concourt à la formation, & fournit même le principe vraiment médicamenteux de la pierre infernale, de l'eau mercurielle, du précipité rouge, &c. qui sont des bons corrosifs. L'onguent mercuriel citrin lui doit évidemment une bonne partie de son efficacité. Voyez Mercure, Mat. méd. On trouve dans la nouvelle Pharmacopée de Paris, sur l'esprit - de - nitre, la même inexactitude que nous avons déja relevée sur le nitre: il y est dit que l'acide nitreux entre dans le sublimé corrosif, dans le précipité blanc, &c. On aura de la peine à faire croire cela aux Apothicaires instruits à qui ce code est destiné. Voyez Mercure, Chimie, Précipitation & Rapport. (b)

NITRIE, le désert de (Page 11:160)

NITRIE, le désert de, (Géog.) fameuse solitude de la basse Egypte, au pié d'une montagne médiocre aussi nommée Nitrie; ce désert a environ 40 milles de longueur. Il est borné au N. par la Méditerranée, E. par le Nil, S. par le désert de Scété, & O. par ceux de Saint - Hilarion & des cellules; il prend son nom d'une grande quantité de nitre dont il abonde. On voyoit autrefois plusieurs monasteres dans ce désert, mais il n'en reste plus que trois ou quatre: vous en trouverez la description dans Coppin, Voyage d'Egypte. (D. J.)

Nitrie (Page 11:160)

Nitrie, le lac de, (Géog.) on appelle ainsi un lac qui se trouve dans le désert de Nitrie, parce qu'il s'y fait du nitre qu'on nomme natron en Egypte. Ce lac paroît comme un grand étang glacé. Quand le natron est dans sa perfection, le dessus du sel ressemble à un sel rougeâtre, & ce sel est de l'épaisseur de quelques pouces; au - dessous de ce premier couvert est un nitre noir dont on se sert pour faire la lessive. Quand on a enlevé ce nitre noir, on trouve le véritable nitre ou natron, qui est semblable à la glace de dessus, excepté qu'il est plus dur & plus solide. Voyez Natron. (D. J.)

NIVARIA (Page 11:160)

NIVARIA, (Géog.) une des îles Fortunées, selon Pline, liv. VI. chap. xxxij. où il dit qu'elle avoit pris ce nom de la neige qu'on y voyoit perpétuellement. Tous les manuscrits, selon le pere Hardouin, portent Ninguaria, mais cela revient au même: cette île doit être l'île de Ténériffe ou l'île d'Enfer, car dans les autres Canaries on ne voit point de neige.

NIVA - TOKA (Page 11:160)

NIVA - TOKA, (Hist. nat. Bot.) c'est le sureau commun du Japon, dont on distingue néanmoins plusieurs especes: 1°. le tadsu, qui est un sureau à grappes; 2°. le jama - toolimi, qui est le sureau aquatique à fleur simple: sa moëlle sert de meche pour les chandelles; 3°. le mitse ou jamma s'imira, autre sureau aquatique, dont les baies sont rouges, de figure conique, & un peu applatis.

NIUCHE (Page 11:160)

NIUCHE, (Géog.) royaume de la Tartarie orientale, ou chinoise. Le pere Martini dit que les habitans vivent sous des tentes, qu'ils n'ont presque aucune religion, & qu'ils brûlent les corps morts. La plus grande montagne qu'on trouve dans le pays est celle de Tin, d'où la riviere de Sunghoa prend sa source. (D. J.)

NIVE (Page 11:160)

NIVE, (Géog.) riviere du royaume de Navarre, appellée Errobi, dans la langue du pays. Elle descend des montagnes de la basse Navarre, se joint avec l'Adour dans les fossés de Bayonne, & va se jetter dans la mer à une lieue de cette ville. (D. J.)

NIVEAU (Page 11:160)

NIVEAU, s. m. (Arpent.) instrument propre à tirer une ligne parallele à l'horison, & à la continuer à volonté, ce qui sert à trouver la différence de hauteur de deux endroits, lorsqu'il s'agit de conduire de l'eau de l'un à l'autre, de dessécher des marais, &c. ce mot vient du latin libella, verge ou fléau d'une balance, laquelle pour être juste doit se tenir horisontalement.

On a imaginé des instrumens de plusieurs especes & de différentes matieres pour perfectionner le nivellement, ils peuvent tous, pour la pratique, se réduire à ceux qui suivent.

Le niveau d'air est celui qui montre la ligne de niveau par le moyen d'une bulle d'air enfermée avec quelque liqueur dans un tuyau de verre d'une longueur & d'une grosseur indéterminées, & dont les deux extrémités sont scellées hermétiquement, c'est - à - dire fermées par la matiere même du verre, qu'on a fait pour cela chauffer au feu d'une lampe. Lorsque la bulle d'air vient se placer à une certaine marque pratiquée au milieu du tuyau, elle fait connoître que le plan sur lequel la machine est posée est exactement de niveau; mais lorsque ce plan n'est point de niveau, la bulle d'air s'éleve vers l'une des extrémités. Ce tuyau de verre peut se placer dans un autre de cuivre, qui a dans son milieu une ouverture, au moyen de laquelle on observe la position & le mouvement de la bulle d'air; la liqueur, dont le tuyau est rempli, est ordinairement ou de l'huile de tartre, ou de l'eau seconde, aqua secunda, parce que ces deux liqueurs ne sont sujettes ni à se geler, comme l'eau ordinaire, ni à la raréfaction & à la condensation, comme l'esprit de vin.

On attribue l'invention de cet instrument à M. Thevenot.

Le niveau d'air avec pinules n'est autre chose que le niveau d'air perfectionné, auquel on a ajouté quelques pieces pour le rendre plus commode & plus exact: cet instrument est composé d'un niveau d'air (Pl. d'Arpent. fig. 4.) d'environ 8 pouces de long, & de 7 à 8 pouces de diametre; il est renfermé dans un tuyau de cuivre, avec une ouverture au milieu: les tuyaux sont placés dans un conducteur ou une espece de regle droite d'une matiere solide, & longue d'un pié, aux extrémités de laquelle il y a des pinules exactement perpendiculaires aux tuyaux & d'égale hauteur; elles sont percées chacune d'une ouverture quarrée, où sont deux filets de cuivre qui se croisent à angles droits, & au milieu desquels est pratiqué un très - petit trou, pour voir à travers le point auquel on veut viser. Le tuyau de cuivre est attaché au conducteur au moyen de deux vis, dont l'une sert à élever & à abaisser le tube à volonté pour le mettre de niveau. Le haut de la boule ou du bec est rivé à un petit conducteur qui saille en haut, dont un des bouts est attaché à vis au grand conducteur, & l'autre est garni d'une vis 5, qui sert à élever & à abaisser l'instrument. Cet instrument est pourtant moins commode qu'un autre dont nous allons parler, parce que, quelque petits

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