ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"94"> vention qui auroient pu être plus généraux, plus conséquens, plus faciles à saisir, mais enfin ils ne le sont pas, & il faut s'en tenir aux termes de la convention: irez - vous écrire kek abil ome ke vou soiïez, pour quelque habile homme que vous soyez? on ne saura ce que vous voulez dire, ou si on le devine, vous apprêterez à rire.

On repliquera qu'un néographe sage ne s'avisera point de fronder si généralement l'usage, & qu'il se contentera d'introduire quelque léger changement, qui étant suivi d'un autre quelque tems apres, amenera successivement la réforme entiere sans révolter personne. Mais en premier lieu, si l'on est bien persuadé de la vérité du principe sur lequel on établit son néographisme, je ne vois pas qu'il y ait plus de sagesse à n'en tirer qu'une conséquence qu'à en tirer mille; rien de raisonnable n'est contraire à la sagesse, & je ne tiendrai jamais M. Duclos pour moins sage que M. de Voltaire. J'ajoute que cette circonspection prétendue plus sage est un aveu qu'on n'a pas le droit d'innover contre l'usage reçu, & une imitation de cette espece de prudence qui fait que l'on cherche à surprendre un homme que l'on veut perdre, pour ne pas s'exposer aux risques que l'on pourroit courir en l'attaquant de front.

Au reste, c'est se faire illusion que de croire que l'honneur de notre langue soit intéressé au succès de toutes les réformes qu'on imagine. Il n'y en a peut - être pas une seule qui n'ait dans sa maniere d'ecrire quelques - unes de ces irregularités apparentes dont le néographisme fait un crime à la nôtre: les lettres quiescentes des Hébreux ne sont que des caracteres écrits dans l'orthographe, & muets dans la prononciation; les Grecs écrivoient A)/GGELOS2, A)/GXURA, & prononçoient comme nous ferions A)/NGELOS2, A)/NXURA; on n'a qu'à lire Priscien sur les lettres romaines, pour voir que l'orthographe latine avoit autant d'anomalies que la nôtre; l'italien & l'espagnol n'en ont pas moins, & en ont quelques - unes de communes avec nous; il y en a en allemand d'aussi choquantes pour ceux qui veulent par - tout la précision géométrique; & l'anglois qui est pourtant en quelque sorte la langue des Géometres, en a plus qu'aucune autre. Par quelle fatalité l'honneur de notre langue seroit - il plus compromis par les inconséquences de son orthographe, & plus intéressé au succès de tous les systèmes que l'on propose pour la réformer? Sa gloire n'est véritablement intéressée qu'au maintien de ses usages, parce que ses usages sont ses lois, ses richesses & ses beautés; semblable en cela à tous les autres idiomes, parce que chaque langue est la totalité des usages propres à la nation qui la parle, pour exprimer les pensées par la voix. Voyez Langue, (B. E. R. M.)

NÉOLOGIQUE (Page 11:94)

NÉOLOGIQUE, adj. qui est relatif au néologisme. Voyez Néologisme. Le célebre abbé Desfontaines publia en 1726 un Dictionnaire néologique, c'est - à - dire une liste alphabétique de mots nouveaux, d'expressions extraordinaires, de phrases insolites, qu'il avoit pris dans les ouvrages modernes les plus célebres publiés depuis quelques dix ans. Ce dictionnaire est suivi de l'éloge historique de Pantalon - Phébus, plaisanterie pleine d'art, où ce critique a fait usage de la plûpart des locutions nouvelles qui étoient l'objet de sa censure: le tour ingénieux qu'il donne à ses expressions, en fait mieux sentir le défaut, & le ridicule qu'il y attache en les accumulant, n'a pas peu contribué à tenir sur leurs gardes bien des écrivains, qui apparemment auroient suivi & imité ceux que cette contre - vérité a notés comme répréhensibles.

Il y auroit, je crois, quelque utilité à donner tous les cinquante ans le dictionnaire néologique du demi siecle. Cette censure périodique, en répri<cb-> mant l'audace des néologues, arrêteroit d'autant la corruption du langage qui est l'effet ordinaire d'un néologisme imperceptible dans ses progrès: d'ailleurs la suite de ces dictionnaires deviendroit comme le mémorial des révolutions de la langue, puisqu'on y verroit le tems où les locutions se seroient introduites, & celles qu'elles auroient remplacées. Car telle expression fut autrefois néologique, qui est aujourd'hui du bel usage: & il n'y a qu'à comparer l'usage présent de la langue, avec les remarques du P. Bouhours sur les écrits de P. R. (II. Entretien d'Arist. & d'Eug. pag. 168.) pour reconnoître que plusieurs des expressions risquées par ces auteurs ont reçu le sceau de l'autorité publique, & peuvent être employées aujourd'hui par les puristes les plus scrupuleux. (B. E. R. M.)

NÉOLOGISME (Page 11:94)

NÉOLOGISME, s. m. ce mot est tiré du grec, NE/OS2, nouveau, & LO/GOS2, parolè, discours, & l'on appelle ainsi l'affectation de certaines personnes à se servir d'expressions nouvelles & éloignées de celles que l'usage autorise. Le néologisme ne consiste pas seulement à introduire dans le langage des mots nouveaux qui y sont inutiles; c'est le tour affecté des phrases, c'est la jonction téméraire des mots, c'est la bisarrerie des figures qui caractérisent surtout le néologisme. Pour en prendre une idée convenable, on n'a qu'à lire le second entretien d'Ariste & d'Eugène sur la langue françoise (depuis la pag. 168. jusqu'à la pag. 185.) le pere Bouhours y releve avec beaucoup de justesse, quoique peut - être avec un peu trop d'affectation, le néologisme des écrivains de P. R. & il le montre dans un grand nomb e d'exemples, dont la plûpart sont tirés de la traduction de l'Imitation de Jesus - Christ, donnée par ces solitaires.

Un auteur qui connoît les droits & les décisions de l'usage ne se sert que des mots reçus, ou ne se résout à en introduire de nouveaux que quand il y est forcé par une disette absolue & un besoin indispensable: simple & sans affectation dans ses tours, il ne rejette point les expressions figurées qui s'adaptent naturellement à son sujet, mais il ne les recherche point, & n'a garde de se laisser éblouir par le faux éclat de certains traits plus hardis que solides, en un mot il connoît la maxime d'Horace (Art. poët. 309.), & il s'y conforme avec scrupule:

Scribendi rectè sapere est & principium & fons. Voyez Usage & Style.

Il ne faut pourtant pas inférer des reproches raisonnables que l'on peut faire au néologisme, qu'il ne faille rien oser dans le style. On risque quelquefois avec succès un terme nouveau, un tour extraordinaire, une figure inusitée; & le poëte des graces semble lui - même en donner le conseil, lorsqu'il dit, ib. 48.

Dixeris egregiè, notum si callida verbum Reddiderit junctura novum. Si fortè necesse est Indiciis monstrare recentibus abdita rerum; Fingere cinctutis non exaudita cethegis Continget, dabiturque licentia sumpta pudenter.

Mais en montrant une ressource au génie, Horace lui assigne tout - à - la fois comment il doit en user; c'est avec circonspection & avec retenue, licentia sumpta pudenter; & il faut y être comme forcé par un besoin réel, si fortè necesse est.

Dans ce cas, le néologisme change de nature; & au lieu d'être un vice du style, c'est un figure qui est en quelque maniere opposée à l'archaïsme.

L'archaisme est une imitation de la maniere de parler des anciens, soit que l'on en revivifie quelques termes qui ne sont plus usités, soit que l'on fasse usage de quelques tours qui leur étoient familiers [p. 95] & qu'on a depuis abandonnés: les pieces du grand Rousseau en style marotique sont pleines d'archaïsmes. Ce mot vient du grec A/RXAIO\S2, ancien, auquel en ajoutant la terminaison ISMOS2, qui est le symbole de l'imitation, on a ARXAISMOS2, qui veut dire antiquorum imitatio.

Le néologisme, envisagé comme le pendant de l'archaïsme, est une figure par laquelle on introduit un terme, un tour, ou une association de termes dont on n'a pas encore fait usage jusques - là; ce qui ne doit se faire que par un principe réel ou très - apparent de nécessité, & avec toute la retenue & la diserétion possibles. Rien ne seroit plus dangereux que de passer les bornes; la figure est sur les frontieres, pour ainsi dire, du vice, & ce vice même ne change pas de nom; il - n'y a que l'abus qui en fait la différence.

NÉOLOGUE (Page 11:95)

NÉOLOGUE, s. m. celui qui affecte un langage nouveau, des expressions bisarres, des tours recherchés, des figures extraordinaires. Voyez Néologique & Néologisme. (B. E. R. M.)

NÉOMAGUS (Page 11:95)

NÉOMAGUS, (Géog. anc.) ce mot hybride est composé du grec & du gaulois, & a été donné à diverses villes ou bourgs de France, des Pays - bas, d'Allemagne, même en Angleterre à la ville de Chichester, & à d'autres.

En effet, 1°. Néomagus, ou Noviomagus dans Ptolomée, est une ville des Regni, peuples de l'ile d'Albion. Cambden croit que c'est aujourd'hui Woodcôte, & diverses raisons appuyent ce sentiment, qui a le suffrage de M. Gale.

2°. Néomagus, ou Noviomagus Batavorum, est une ancienne ville de la seconde Germanie, sous la rive gauche du Wahal, à l'extrémité de la Gaule. On ne doute point que ce ne soit aujourd'hui Nimègue, capitale de la Gueldre hollandoise. (D. J.)

NÉOMÉNIASTE (Page 11:95)

NÉOMÉNIASTE, (Antiq. grecq.) *NEUMHNIAS2TOS2; on appelloir chez les Grecs néoméniastes, ceux qui célébroient la fête des néoménies, ou de chaque mois lunaire.

NÉOMÉNIE (Page 11:95)

NÉOMÉNIE, s. f. (Chronol.) c'est le jour de la nouvelle lune. Les néoménies sont d'un usage indispensable dans le calcul du calendrier des Juifs, qui leur donnent le nom de tolad.

NÉOMÉNIES (Page 11:95)

NÉOMÉNIES, (Antiq. & Litt.) en grec *NHOMHNIA, ou *NOUMH/NIA, c'est - à - dire nouvelle lune, de IEOS2, nouveau, & MHNH, lune, fête qui se célébroit chez les anciens à chaque nouvelle lune.

Le desir d'avoir des mois heureux, introduisit la fête des néoménies chez tous les peuples du monde. Les Egyptiens pratiquerent cet usage long - tems avant la promulgation de la loi de Moïse; il fut prescrit aux Hébreux; il passa de l'Orient chez les Grecs, chez les Romains, ensuite chez les premiers chrétiens avec les abus qui s'étoient glissés dans cette fête, ce qui la fit condamner par saint Paul, mais il en reste encore quelques vestiges parmi nous.

La néoménie étoit un jour solemnel chez les Juifs, buccinate in neomeniâ tubâ, Ps. Ixxx. V 4. Sonnez de la trompette au premier jour du mois. Les Hébreux avoient une vénération particuliere pour le premier de la lune. Ils le célébroient avec des sacrifices au nom de la nation, & chaque particulier en offroit aussi de dévotion. C'étoit au sanhédrin à déterminer le jour de la nouvelle lune, parce qu'il étoit de sa jurisdiction de fixer les jours de fête. Les juges de ce tribunal envoyoient ordinairement deux hommes pour découvrir la lune; & sur leur rapport ils faisoient publier que le mois étoit commencé ce jourlà. Cette publication se faisoit au son des trompettes, qui étoit accompagné du sacrifice solemnel; il n'étoit cependant pas défendu de travailler ou de vaquer à ses affaires, excepté à la néoménie du commencement de l'année civile au mois de Tizri, Ce jour étoit sacré & solemnel, & il n'étoit permis de faire aucune oeuvre servile. 2. Paral. ij. 4. judic. vij. 6. Os. ij. 11. Col. ij. 16.

Les Egyptiens célébroient aussi les néoménies avec beaucoup d'appareil; on sait que tous les mois de leur année étoient représentés par des symboles, & que le premier jour de chaque mois ils conduisoient les animaux qui répondoient aux signes célestes dans lesquels le soleil & la lune alloient entrer.

Les Grecs solemnisoient les néoménies au commencement de chaque mois lunaire en l'honneur de tous les dieux, mais particulierement d'Apollon, nomnié Néoménius, parce que tous les astres empruntent leur lumiere du soleil. On trouvera dans Potter, Archoeol. tom. I. pag. 416. les détails des cérémonies de cette fête.

Elle passa des Grecs chez les Romains avec l'idée du culte qui y étoit attaché. Ils appellerent calendes ce que les Grecs appelloient néoménies. Au commencement de chaque mois ils faisoient des prieres & des sacrifices aux dieux en reconnoissance de leurs bienfaits, & la religion obligeoit les femmes de se baigner; mais les calendes de Mars étoient les plus solemnelles, parce que ce mois ouvroit l'année des Romains. (D. J.)

NEON (Page 11:95)

NEON, (Géog. anc.) ville de Grece, dans la Phocide, auprès du Parnasse. Hérodote, Pausanias, & Etienne le géographe en parlent.

NÉONTICHOS (Page 11:95)

NÉONTICHOS, nom commun, 1°. à une ville de l'Eolide, selon Pline; 2°. à une ville de la Phocide selon Ortélius; 3°. à une ville de Thrace sur la Propontide; 4°. à une ville de la Carie.

NÉOPHYTES (Page 11:95)

NÉOPHYTES, s. m. pl. (Hist. eclesiast.) se disoit dans la primitive Eglise, des nouveaux chrétiens, ou des payens nouvellement convertis à la foi. Voyez Cathécumene.

Ce mot signifie nouvelle plante; il vient du grec NEOS2, nouveau, & FUW, je produis, comme qui diroit nouvellement né; le baptême que les Néophytes recevoient étoit regardé comme une nouvelle naissance. Voyez Baptême.

On ne découvroit point aux Néophytes les mysteres de la religion. Voyez Mystere.

Le mot de Néophytes s'applique aussi aux proselytes que font les missionnaires chez les infideles Les néophytes du Japon, sur la fin du xvj. & au commencement du xvij. siecle, ont montré, dit - on, un courage & une fermété de foi dignes des premiers siecles de l'Eglise.

Néophyte étoit aussi en usage autrefois pour signifier de nouveaux prétres, ou ceux qu'on admettoit aux ordres sacrés; comme aussi les novices dans les monasteres. Voyez Novice.

Saint Paul ne veut pas qu'on éleve les Néophytes aux ordres sacrés, de peur que l'orgueil n'ébranle leur vertu mal affermie. On a pourtant dans l'Histoire ecclesiastique quelques exemples du contraire, comme la promotion de saint Ambroise à l'épiscopat, mais ils sont rares.

NÉOPTOLÉMÉES (Page 11:95)

NÉOPTOLÉMÉES, s. f. (Antiq. greq.) *NEOPTOLEMEIA, fête annuelle célebrée par les habitans de Delphes avec beaucoup de pompe, en mémoire de Néoptolème fils d'Achille, qui périt dans son entreprise de piller le temple d'Apollon, à dessein de venger la mort de son pere, dont ce dieu avoit été cause au siege de Troye. Les Delphiens ayant tué Néoptolème dans le temple même, ils crurent devoir fonder une fête à sa gloire, & honorer ce prince comme un héros. Potter, Archoeol. groeq. tom. I pag. 417.

NÉORITIDE (Page 11:95)

NÉORITIDE, (Géog. anc.) pays d'Asie au - delà du Caucase, dans l'intérieur des terres. Alexandre, après avoir jetté sur les bords de l'Océan les fondemens d'une nouvelle Alexandrie, entra par diffé<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.