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Pour faire breche dans un rempart taillé dans le roc, le même M. Goulon propose de mettre sur le bord du fossé 7 ou 8 pieces de canon en batterie, pour battre en breche depuis le haut du rocher, jusqu'au haut du revêtement qui peut être construit dessus, afin que les débris de ce revêtement, & de la terre qui est derriere, fassent une pente assez douce, pour que l'on puisse monter à l'assaut. Si l'on veut rendre la breche plus large & plus praticable, on peut faire entrer le mineur dans les débris faits par le canon, & le faire travailler à la construction de plusieurs fourneaux qui en sautant, augmenteront l'ouverture de la br>che.
De l'attaque des villes maritimes. Les villes maritimes qui ont un port, tombent assez dans le cas des autres villes, lorsque l'on peut bloquer leur port, & qu'on est maître de la mer, & en état d'empêcher que la place n'en soit secourue. Si la mer est libre, ou si l'on peut furtivement & à la dérobée faire entrer quelques vaisseaux dans le port, la place étant continuellement ravitaillée, sera en état de supporter un très - long siége. Ostende assiégée par les Espagnols, soûtint un siége de plus de trois ans; les secours qu'elle recevoit continuellement du côté de la mer, lui procurerent les moyens de faire cette longue résistance.
Ainsi on ne doit faire le siége de ces sortes de places, que lorsqu'on est en état d'empêcher que la mer n'apporte aucun secours à la ville.
Ce n'est pas assez pour y réussir d'avoir une nombreuse flotte devant le port, parce que pendant la nuit l'>nnemi peut trouver le moyen de faire passer entre les vaisseaux de la flotte, de petites barques pleines de munitions. Le moyen le plus efficace d'empêcher ces sortes de petits secours, seroit de faire, si la situation le permettoit, une digue ou estocade, comme le cardinal de Richelieu en fit faire une, pour boucher entierement le port de la Rochelle. Mais outre qu'il y a peu de situations qui permettent de faire un pareil ouvrage, l'exécution en est si longue & si difficile, qu'on ne peut pas proposer ce moyen, comme pouvant être pratiqué dans l'attaque de toutes les villes maritimes. Ce qu'on peut faire au lieu de ce grand & pénible ouvrage, c'est de veiller avec soin sur les vaisseaux, pour empêcher autant qu'il est possible, qu'il n'entre aucune barque ou vaisseau dans le port de la ville: ce qui étant bien observé, toutes les attaques se font sur terre comme à l'ordinaire; le voisinage de la mer n'y fait aucun changement; au contraire, on peut de dessus les vaisseaux, canoner différens ouvrages de la ville, & favoriser l'avancement & le progrès des attaques.
On bombarde quelquefois les villes maritimes, sans avoir le dessein d'en faire le siége, qui pourroit souffrir trop de difficultés. On en use ainsi pour punir des villes dont on a lieu de se plaindre; c'est
Ces bombardemens se font avec des galiottes construites exprès pour placer les mortiers, & que pour cet effet on appelle galiottes à bombes. M. le chevalier Renau les imagina en 1680 pour bombarder Alger. Jusqu'à lui, dit M. de Fontenelle dans son éloge, il n'étoit tombé dans l'esprit de personne que des mortiers pussent n'être pas placés à terre, & se passèr d'une assiette solide. Cependant M. Renau proposa les galiottes, & elles eurent tout le succès qu'il s'étoit proposé. Les bombes qu'on tira de dessus ces galiottes, firent de si grands ravages dans la ville, qu'elles obligerent les Algériens de demander la paix. Attaque des places par M. le Blond ».
Attaques (Page 1:834)
Quelque foibles que soient les murailles de ces
endroits, ce seroit s'exposer à une perte évidente
que d'aller en plein jour se présenter devant, &
chercher à les franchir, pour pénétrer dans la ville
ou dans le château.
Si ceux qui sont dedans sont gens de résolution
& de courage, ils sentiront bien toute la difficulté
qu'il y a d'ouvrir leurs murailles, & de passer dessus,
ou de rompre leurs portes, pour se procurer
une entrée dans la place.
Il faut donc pour attaquer ces petits endroits, être
en état de faire breche aux murailles; & pour cet
effet, il faut faire mener avec soi quelques petites
pieces de canon d'un transport facile, de même
que deux mortiers de 7 ou 8 pouces de diametre,
& s'arranger pour arriver à la fin du jour auprès des
lieux qu'on veut attaquer, & y faire pendant la nuit
une espece d'épaulement, pour couvrir les troupes,
& faire servir le canon à couvert, & les mortiers;
en faire usage dès la pointe du jour sur l'ennemi,
c'est le moyen de les reduire promptement,
& sans grande perte.
Mais si l'on n'est pas à portée d'avoir du canon,
le parti qui paroît le plus sûr & le plus facile, supposant
qu'on connoisse bien le lieu qu'on veut attaquer, c'est de s'en emparer par l'escalade. On peut
faire semblant d'attaquer d'un côté pour y attirer
l'attention des troupes, & appliquer des échelles
de l'autre, pour franchir la muraille, & pénétrer
dans la ville. Supposant que l'escalade ait réussi,
ceux qui sont entrés dans la ville, doivent d'abord
aller aux portes pour les ouvrir & faire entrer le
reste des troupes; après quoi, il faut aller charger
par derriere les soldats de la ville qui se défendent
contre la fausse attaque; se rendre maître de tout ce
qui peut assûrer la prise du lieu, & forcer ainsi ceux
qui le défendent à se rendre.
On peut dans ces sortes d'attaques se servir utilement
de pétard: il est encore d'un usage excellent
pour rompre les portes, & donner le moyen de pénétrer
dans les lieux dont on veut s'emparer. Il
faut autant qu'il est possible, user de surprise dans
ces attaques, pour les faire heureusement & avec
peu de perte. On trouve dans les mémoires de M.
de Feuquieres différens exemples de postes semblables
à ceux dont il s'agit ici, qu'il a forcés; on peut
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Il y a un moyen sûr de chasser l'ennemi des petits
postes qu'il ne veut pas abandonner, & où il
est difficile de le forcer; c'est d'y mettre le feu. Ce
moyen est un peu violent: mais la guerre le permet;
& on le doit employer lorsqu'on y trouve la
conservation des troupes que l'on a sous ses ordres.
Quelle que soit la nature des petits lieux que l'on
attaque, si l'on ne peut pas s'en emparer par surprise,
& que l'on soit obligé de les attaquer de vive
sorce, il faut disposer des fusiliers pour tirer continuellement
sur les lieux où l'ennemi est place, &
aux créneaux qu'il peut avoir pratiqués dans ses murailles;
faire rompre les portes par le petard, ou a
coups de haches; & pour la sûreté dé ceux qui font
cette dangereuse operation, faire le plus grand feu
par tout ou l'ennemi peut se montrer. La porte étant
rompue, s'il y a des barricades derriere, il faut les
forcer, en les attaquant brusquement, & sans donner
le tems à l'ennemi de se reconnoitre, & le prendre
prisonnier de guerre, lorsqu'il s'est defendu jusqu'à la derniere extrémité, & qu'il ne lui est plus
possible de prolonger sa defense. Attaque des places»,
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Pour donner encore plus de facilité à monter sur
la breche & la rendre plus praticable, on y fait aller
quelques mineurs, ou un sergent & quelques
grenadiers, qui, avec des crocs, applanissent la
breche. Le feu des logemens & des batteries, empêche
l'ennemi de se montrer sur ses défenses pour
tirer sur les travailleurs; ou du moins si l'ennemi
tire, il ne peut le faire qu'avec beaucoup de circonspection,
ce qui rend son feu bien moins dangereux.
Si l'ennemi a pratiqué des galeries le long de la
face de la demi - lune, & vis - à - vis les breches, les
mineurs peuvent aller à leur découverte pour les
boucher, ou couper, ou en chasser l'ennemi; s'ils
ne les trouvent point, ils peuvent faire sauter différens
petits fourneaux, qui étant répétés plusieurs
fois, ne manqueront pas de causer du desordre
dans les galeries de l'ennemi & dans ses fourneaux.
Tout étant prêt pour travailler au logement
de la demi - lune, c'est - à - dire, pour s'établir sur la
breche, les matériaux à portée d'y être transportés
aisement & promptement, les batteries & les
logemens du chemin couvert en état de faire grand
feu; on convient d'un signal avec les commandans
des batteries & ceux des logemens, pour les aver<cb->
On continue la même manoeuvre jusqu'à ce que
le logement soit en état de défense, c'est - à - dire, de
contenir des troupes en état d'en imposer à l'ennemi> & de résister aux attaques qu'il peut faire au
logement. L'ennemi, avant que de quitter totalement
la demi - lune, fait sauter les fourneaux qu'il y
a preparés. Apres qu'ils ont fait leur effet, on se loge
dans leur e>cavation, ou du moins on y pratique
de petits couverts pour y tenir quelques sappeurs,
& l'on se sert de ces couverts pour avancer
les logemens de l'intérieur de l'ouvrage.
Le logement de la pointe se fait en espece de petit
arc, dont la concavité est tournée du côté de la
place. De chacune de ses extrémités part un logement
qui regne le long des faces de la demi - lune sur
le terre - plein de son rempart, au pié de son parapet.
Ce logement est très - enfoncé dans les terres du
rempart, afin que les soldats y soient plus à couvert
du feu de la place; on y fait aussi pour le garantir
de l'enfilade, des traverses, comme dans le
logement du haut du glacis. On fait encore dans
l'interieur de la demi - lune, des logemens qui en traversent
toute la largeur. Ils servent à découvrir la
communication de la tenaille à la place, & par conséquent
à la rendre plus difficile, & à contenir des
troupes en nombre suffisant pour résister à l'ennemi,
s'il avoit dessein de revenir dans la demi - lune,
& de la reprendre.
Si la demi - lune n'étoit point révêtue, & qu'elle
fût simplement fraisée & palissadée, on en feroit
l'attaque de la même maniere que si elle l'étoit;
c'est - à - dire, qu'on disposeroit des batteries comme
on vient de l'enseigner; & pour ce qui concerne
la breche, il ne s'agiroit que de ruiner la fraise,
les palissades & la haie vive de la berme, s'il y en
a une vis - à - vis l'endroit par lequel on veut entrer
dans la demi - lune; s'y introduire ensuite, & faire
les logemens tout comme dans les demi - lunes revêtues.
Tout ce que l'on vient de marquer pour la prise
de la demi - lune, ne se fait que lorsqu'on veut s'en
emparer par la sappe, & avec la pelle & la pioche:
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