RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"888">
La matiere de l'aurore boréale est de telle nature qu'elle peut s'enflammer, & répandre ensuite une lumiere foible. Cette matiere est alors si raréfiée, qu'on peut toûjours voir les étoiles à - travers; de sorte que non - seulement les colonnes, mais aussi la nuée blanche, & même la nuée noire, transmettent la lumiere de ces astres. On ne sauroit déterminer avec certitude la nature de cette matiere. La Chimie nous fournit aujourd'hui plusieurs matieres qui peuvent s'enflammer, brûler par la fermentation, & jetter de la lumiere comme le phosphore. Qu'on mêle du tartre avec le régule d'antimoine martial, & qu'on fasse rougir long - tems ce mêlange dans un creuset, on en retire une poudre qui s'enflamme, lorsqu'on l'expose à un air humide; & si elle vieillit un peu, elle devient fort brûlante. L'aurore boréale n'est pas une flamme comme celle de notre feu ordinaire: mais elle ressemble au phosphore, qui ne luit pas d'abord, & qui jette ensuite une lumiere foible. Les colonnes que darde la nuée lumineuse, sont comme la poudre du phosphore que l'on souffle dans l'air, ou qu'on y répand en la faisant sortir du cou d'une bouteille; de sorte que chaque parcelle jette à la vérité une lueur, mais elle ne donne pas de flamme ou de feu rassemblé; & la lumiere est si foible, qu'on ne peut la voir pendant le jour, ni lorsque nous avons en été le crépuscule du soir qui répand une trop grande clarté. Cette matiere approche donc de la nature du phosphore: mais quoique nous en connoissions peut - être plus de cinquante especes, nous n'oserions cependant assûrer que la nature ne renferme pas dans son sein un plus grand nombre d'especes de matieres semblables, puisque l'art nous en fait tous les jours découvrir de nouvelles. Mussch.
Il est vraissemblable, selon quelques physiciens, que cette matiere tire son origine de quelque région septentrionale de la terre, d'où elle s'éleve & s'évapore dans l'air. Il s'en est évaporé de nos jours une plus grande abondance qu'auparavant, parce que, disent - ils, cette matiere renfermée dans les entrailles de la terre, s'est détachée & s'est élevée après avoir été mise en mouvement; de sorte qu'elle peut à présent s'échapper librement par les pores de la terre, au lieu qu'elle étoit auparavant empêchée par les rochers, les voûtes pierreuses, ou par des croûtes de terres compactes & durcies, ou bien parce qu'elle étoit trop profondément enfoncée dans la terre. Ainsi nous ne manquerons point de voir des aurores boréales aussi long - tems que cette matiere se rassemblera, & qu'elle pourra s'élever dans l'air: mais dès qu'elle sera dissipée, ou qu'elle viendra à se recouvrir par quelque nouveau tremblement de terre, on ne verra plus ces aurores, & peut - être cesseront - elles même de paroître entierement pendant plusieurs siecles. On peut expliquer par - là pourquoi l'on n'avoit pas apperçû cette matiere avant l'an 1716, tems auquel on fut tout surpris de la voir subitement se manifester, comme si elle sortoit de la terre en grande quantité. Cette matiere se trouve peut - être répandue en plusieurs endroits de notre globe; & il y a tout lieu de croire que ces lumieres, dont les anciens Grecs & Romains font mention, & dont ils nous donnent eux<cb->
Comme les nuées qui forment l'aurore boréale paroissent au nord, il n'est pas difficile de comprendre qu'elles peuvent être poussées par un vent dans notre atmosphere vers l'est, le sud ou l'ouest, où nous pourrons les voir, de sorte que nous devrons alors leur donner le nom d'aurores méridionales. M. Musschenbroek croit avoir apperçû deux de ces lumieres méridionales en 1738. Le savant M. Weidler nous. a aussi donné la description d'une semblable lumiere qu'il avoit vûe lui - même entre l'ouest & le sud - ouest le soir du 9 Octobre de l'année 1730, entre 8 1/2 & 9 heu. 47'. Elle paroissoit comme un arc blanc & lumineux, élevé de onze degrés au - dessus de l'horison, & dont le diametre étoit de trois degrés. On trouve aussi deux semblables lumieres méridionales dans les Mémoires de l'Académie royale des sciences. Le phénomene que vit le pere Laval à Marseille en 1704, étoit apparemment une lumiere de cette nature; car il parut dans l'air une poutre lumineuse, poussée de l'est à l'ouest assez lentement: le vent étoit à l'est. > Montpellier on vit le même soir dans l'air deux poutres lumineuses poussées de la même maniere. Concluons toutes ces observations par celle - ci: c'est que cette lumiere ne produit dans notre atmosphere aucun changement dont on puisse être assuré, & qu'elle n'est cause d'aucune maladie, ni du froid qui survient, ni d'un rude hyver, comme quelques savans l'ont crû, puisqu'on a eu des hyvers doux après qu'elle avoit paru. Mussch.
La figure premiere
M. de Maupertuis, dans la relation de son voyage
au nord, décrit en cette sorte les aurores boréales qui
paroissent l'hyver en Laponie.
Le Même savant dont nous venons de citer ce passage, a donné dans les Mémoires de l'Académie de 1733, la solution très - élégante d'un problème géométrique sur l'aurore boréale.
M. le Monnier, dans ses Institutions astronomiques,
croit que la formation des aurores boréales est dûe à
une matiere qui s'exhale de notre terre, & qui s'éleve
dans l'atmosphere à une hauteur prodigieuse.
Il observe, comme M. de Maupertuis, que dans la
Suede il n'y a aucune nuir d'hyver où l'on n'apperçoive
parmi les constellations ces aurores, & cela,
dans toutes les regions du ciel; circonstance bien essentielle
pour apprétier les explications qu'on peut donner
de ce phénomene. Il croit que la matiere des aurores boréales est assez analogue à celle qui forme la
queue des cometes. Voyez
Presque tout cet article est de M. Formey. (O)
Aurore (Page 1:889)
Aurore (Page 1:889)
AURUM MUSICUM (Page 1:889)
* AURUM MUSICUM, (Chim.) c'est de l'étain qu'on a sublimé par le moyen du mercure, & auquel on a donné la couleur d'or par le simple degré de feu qui convient à cette opération. Nul autre méral ne se sublime de même, excepté le zinc qu'on peut substituer à l'étai>, ce qui a fait dire à M. Homberg, que le zinc contient de l'étain.
Pour avoir l'aurum musi>um, prenez, dit J. Kunckel de arte >itrari>, lib. III. parties égales d'étain, de vif - argent, de soufre, & de sel ammoniac; faites fondre l'étain sur le feu, & versez - y votre vif - argent, & laissez - les refroidir ensemble; faites fondre le soufre ensuite, & mêlez - y le sel ammoniac bien pulvérisé, & laissez refroidir de même; broyez - les ensuite avec soin; joignez - y l'etain & le vif - argent, que vous y mêlerez bien exactement, & les réduisez en une poudre déliée; mettez le tout dans un fort matras à long cou, que vous luterez bien par le bas. Observez que les trois quarts du matras doivent demeurer vuides: on bouche le haut avec un couvercle de fer - blanc, qu'on lutera pareillement, & qui doit avoir une ouverture de la grosseur d'un pois, pour pouvoir y faire entrer un clou, afin qu'il n'en sorte point de fumée. Mettez le matras au feu de sable ou sur les cendres chaudes; donnez d'abord un feu doux, que vous augmenterez jusqu'à ce que le matras rougisse; vous ôterez alors le clou pour voir s'il vient encore de la fumée; s'il n'en vient point, laissez le tout trois ou quatre heures dans une chaleur égale; vous aurez un très - bon aurum musicum, qui est très - propre à enluminer, à peindre les verres, & à faire du papier doré.
Autre maniere. Prenez une once d'étain bien pur que vous ferez fondre; mêlez - y deux gros de bismuth; broyez - bien le tout sur un porphyre. Prenez ensuite deux gros de soufre & autant de sel ammoniac, que vous broyerez de même; mettez le tout dans un matras; du reste observez le procédé indiqué ci - dessus, en prenant bien garde qu'il ne sorte point de fumée.
Maniere de faire l'argentum musicum. Prenez une
once & demie de bon étain, que vous ferez fondre
dans un creuset; lorsqu'il sera presque fondu, mettez - y une once & demie de bismuth; remuez le mê
lange avec un fil de fer, jusqu'à ce que le bismuth
soit entierement fondu; vous ôterez alors le creuset
du feu & laisserez refroidir; mettez une once & demie
de vif - argent dans le mêlange fondu, que vous
remuerez - bien; versez le tout sur une pierre polie,
afin que la matiere se fige. Quand on voudra en faire
usage, il faudra la delayer avec du blanc d'oeuf ou
du vernis blanc, de l'eau - de - vie où l'on aura fai>
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.