ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"846"> géométrie des infiniment petits à des notions claires. Voyez Limite, &c.

Au reste, il n'est question jusqu'ici que du point d'attouchement simple; car il y a des points d'attouchement qui équivalent à trois points d'intersection, comme dans l'attouchement au point d'inflexion; d'autres équivalent à quatre points d'intersection, comme dans l'attouchement au point de serpentement infiniment petit; & ainsi à l'infini; voyez Inflexion, Serpentement: ce qui, en réduisant la chose à des notions claires, signifie simplement que la valeur de la secante devenue touchante, a dans ce cas trois ou quatre, &c. racines égales dans l'équation de la courbe; je dis, de la sécante devenue touchante, car il y a des cas où une sécante a plusieurs racines égales, sans être touchante, comme dans les points doubles, & dans les points conjugués. Ce qui distingue ces points des points d'attouchement, c'est que si vous donnez une autre direction à la ligne qui étoit tangente, en la faisant toûjours passer par le point d'attouchement, alors elle ne coupe plus la courbe qu'en un point, & l'équation qui représente son intersection cesse d'avoir des racines égales; au lieu que dans les points multiples & conjugués, la sécante a toûjours plusieurs racines égales, quelque position qu'on lui donne, pourvû qu'elle passe toûjours par le point multiple ou conjugué. Voyez Racine, Intersection, Point multiple, Point conjugué , &c.

ATTRACTIF (Page 1:846)

ATTRACTIF, adj. m. se dit de ce qui a le pouvoir ou la propriété d'attirer. V. Attraction, &c.

Ainsi on dit force attractive, vis attractiva, &c.

La vertu attractive de l'aimant se communique au fer, en faisant toucher le fer à l'aimant. Voyez Aimant. (O)

Attractifs (Page 1:846)

Attractifs, adj. (Medecine.) remedes appliqués extérieurement, qui par leur activité pénetrent les pores, se mêlent avec les matieres qui causent l'obstruction, les raréfient, les disposent à s'évacuer plus facilement, en tenant la partie ouverte par la brûlure ou par l'incision, &c.

Les attractifs ne different point des remedes qui font mûrir & digérer. Voyez Mûrir, Digestion.

Les principaux simples de cette nature sont les différentes matieres grasses, la fiente de pigeon & celle des vaches, le son, le levain, le hareng, l'encens, la poix, la résine, l'huile, &c.

La matiere étant raréfiée par les remedes, & par conséquent devenue plus coulante, le sang qui circule sans cesse peut aisément l'entraîner dans son cours, la mêler ainsi avec la masse commune, & causer de grands desordres.

La raréfaction lui faisant occuper un espace plus considérable, il en résulte une extension des parties qui la contiennent; & le sentiment en est douloureux. Un plus grand concours des fluides, & par conséquent une augmentation de la tumeur, en sont d'autres fâcheux effets. Il faut donc administrer ce genre de médicamens avec une extrème circonspection. (N)

ATTRACTION (Page 1:846)

ATTRACTION, s. f. attractio ou tractio, composé de ad, & de traho, je tire; signifie, en Méchanique, l'action d'une force motrice, par laquelle un mobile est tiré ou rapproché de la puissance qui le meut. V. Puissance & Mouvement.

Comme la réaction est toûjours égale & contraire à l'action, il s'ensuit que dans toute attraction le moteur est attiré vers le mobile autant que le mobile vers le moteur. Voyez Action & Réaction.

Dans l'usage ordinaire on dit qu'un corps A est attiré vers un autre corps B, lorsque A est lié ou attaché avec B par le moyen d'une corde, d'une courroie, ou d'un bâton; c'est de cette maniere qu'un cheval tire un charriot ou une barque: & en général on dit qu'un corps en attire un autre, lorsqu'il communique du mouvement à cet autre par le moyen de quelque corps plácé entre eux, & que le corps moteur précede celui qui est mû.

De plus, lorsqu'on voit deux corps libres éloignés l'un de l'autre s'approcher mutuellement sans que l'on apperçoive de cause, on donne encore à ce phénomene le nom d'attraction; & c'est principalement dans ce dernier sens qu'il a été employé par les philosophes anciens & modernes. L'attraction prise dans le premier sens, se nomme plus communément traction. Voyez Traction.

Attraction ou force attractive, dans l'ancienne Physique, signifie une force naturelle qu'on suppose inhérente à certains corps, & en vertu de laquelle ils agissent sur d'autres corps éloignés, & les tirent à eux. Voyez Force.

Le mouvement que ces prétendues forces produisent, est appellé par les Péripatéticiens mouvement d'attraction, & en plusieurs occasions, suction; & ils rapportent différens exemples où, selon eux, ce mouvement se remarque: ainsi nous respirons l'air, disent-ils, par attraction ou suction; de même nous suçons par attraction une pipe de tabac: c'est encore par attraction qu'un enfant tete: c'est par attraction que le sang monte dans les ventouses, que l'eau s'éleve dans les pompes, & la fumée dans les cheminées; les vapeurs & les exhalaisons sont attirées par le soleil, le fer par l'aimant, les pailles & la poussiere par l'ambre & les autres corps électriques. Voyez Suction.

Si ces philosophes avoient fait un plus grand nombre d'expériences, ils auroient bientôt reconnu que ces différens phénomenes venoient de l'impulsion d'un fluide invisible. Aussi la plûpart des effets que les anciens attribuoient à l'attraction, sont aujourd'hui attribués à des causes plus naturelles & plus sensibles, principalement à la pression de l'air. Voyez Air & Pression.

C'est la pression de l'air, par exemple, qui produit les phénomenes de l'inspiration des ventouses, de la suction des pompes, des vapeurs, des exhalaisons, &c. Voyez Respiration, Suction, Pompe, Ventouse, Vapeur, Fumée, Exhalaison , &c.

Sur les phénomenes de l'attraction électrique & magnétique, voyez Aimant, Magnétisme & Electricité.

La puissance opposée à l'attraction est appellée répulsion; & on observe que la répulsion a lieu dans quelques effets naturels. Voyez Repulsion.

Attraction ou puissance attractive, se dit plus particulierement, dans la philosophie Newtonienne, d'une puissance ou principe, en vertu duquel toutes les parties, soit d'un même corps, soit de corps différens, tendent les unes vers les autres; ou pour parler plus exactement, l'attraction est l'effet d'une puissance, par laquelle chaque particule de matiere tend vers une autre particule. Voyez Matiere & Particule. Les lois & les phénomenes de l'attraction sont un des points principaux de la philosophie Newtonienne. Voyez Philosophie Newtonienne.

Quoique ce grand philosophe se serve du mot d'attraction, comme les philosophes de l'école, cependant, selon la plûpart de ses disciples, il y attache une idée bien différente. Nous disons selon la plûpart de ses disciples, car nous ne faisons que détailler ici ce qui a été dit sur l'attraction, nous réservant à exposer à la fin de cet article notre sentiment particulier.

L'attraction dans la Philosophie ancienne étoit, selon eux, une espece de qualité inhérente à certains corps, & qui résultoit de leurs formes particulieres & spécifiques; & l'idée que les anciens philosophes attachoient à ce mot de forme, étoit fort obscure. Voyez Qualité & Forme. [p. 847]

L'attraction Newtonienne, au contraire, est un principe indéfini, c'est - à - dire, par lequel on ne veut désigner ni aucune espece ou maniere d'action particuliere, ni aucune cause physique d'une pareille action, mais seulement une tendance en général, un conatus accedendi, ou effort pour s'approcher, quelle qu'en soit la cause physique ou métaphysique; c'est - à - dire, soit que la puissance qui le produit soit inhérente aux corps mêmes, soit qu'elle consiste dans l'impulsion d'un agent extérieur.

Aussi Newton dit - il expressément dans ses principes, qu'il se sert indifféremment des mots d'attraction, d'impulsion, & de propension; & avertit le lecteur de ne pas croire que par le mot d'attraction il veuille désigner une maniere d'action ou sa cause efficiente, & supposer qu'il y a réellement une force attractive dans des centres, qui ne sont que des points mathématiques. L. I. p. 5. Et dans un autre endroit il dit: qu'il considere les forces centripetes comme des attractions, quoique peut - être elles ne soient, physiquement parlant, que de véritables impulsions. Ib. pag. 147. Il dit aussi dans son optique, p. 322. que ce qu'il appelle attraction, est peut - être l'effet de quelque impulsion qui agit suivant des lois différentes de l'impulsion ordinaire; ou peut - être aussi l'effet de quelque cause qui nous est inconnue.

Si on considere l'attraction, continuent les Newtoniens, comme une qualité qui résulte des formes particulieres de certains corps, on doit la proscrire avec les sympathies, antipathies, & qualités occultes. Voyez Qualité occulte. Mais quand on a une fois écarté cette idée, on remarque dans la nature n grand nombre de phénomenes, entre autres la pesanteur des corps ou leur tendance vers un centre, qui semblent n'être point l'effet d'une impulsion, ou dans lesquels au moins l'impulsion n'est pas sensible: de plus, ajoûtent - ils, cette action paroît différer à quelques égards de l'impulsion que nous connoissons: car l'impulsion est toûjours proportionnelle à la surface des corps, au lieu que la gravité agit sur les parties solides & intérieures, & est toûjours proportionnelle à la masse, & par conséquent doit être l'effet d'une cause qui pénetre toute leur substance.

D'ailleurs, les observations nous ont appris qu'il y a divers cas où les corps s'approchent les uns des autres, quoiqu'on ne puisse découvrir en aucune maniere qu'il y ait quelque cause extérieure qui agisse pour les mettre en mouvement. Quiconque attribue ce mouvement à une impulsion extérieure, suppose donc un peu trop legerement cette cause. Ainsiquand on voit que deux corps éloigns s'approchent l'un de l'autre, on ne doit pas se presser de conclurre que ces corps sont poussés l'un vers l'autre par l'action d'un fluide ou d'un autre corps invisible, insqu'à ce que l'expérience l'ait démontré; comme il est arrivé dans les phénomenes que les anciens attribuoient à l'horreur du vuide, & qu'on a reconnu être l'effet de la pression de l'air. Encore moins doit - on attribuer ces phénomenes à l'impulsion, lorsqu'il paroît impossible, ou au moins très - difficile, de les expliquer par ce principe, comme il est prouvé à l'égard de la pesanteur. Mussch. Essay de Phys.

Le principe inconnu de l'attraction, c'est - à - dire inconnu par la cause (car les effets sont sous les yeux de tout le monde) est ce que l'on appelle attraction; & sous ce nom général, on comprend toutes les tendances mutuelles dans lesquelles l'impulsion ne se manifeste pas, & qui par conséquent ne peuvent s'expliquer par le secours d'aucunes lois connues de la nature.

C'est de là que sont venues les différentes sortes d'attractions; savoir la pesanteur, l'ascension des liqueurs dans les tuyaux capillaires, la rondeur des gouttes de fluide, &c. qui sont l'offet d'autant de dif<cb-> férens principes agissant par des lois différentes; attractions qui n'ont rien de commun, sinon qu'elles ne sont peut - être point l'effet d'une cause physique, & qu'elles paroissent résulter d'une force inhérente aux corps, par laquelle ils agissent sur des corps éloignés, quoique notre raison ait beaucoup de difficulté à admettre une pareille force.

L'attraction peut se diviser, eu égard aux lois qu'elle observe, en deux especes. La premiere s'étend à une distance sensible: telles sont l'attraction de la pesanteur qui s'observe dans tous les corps, & l'attraction du magnétisme, de l'électricité, &c. qui n'a lieu que dans certains corps particuliers. Voyez les lois de chacune de ces attractions aux mots Gravité, Aimant & Electricité.

L'attraction de la gravité, que les Mathématiciens appellent aussi force centripete, est un des plus grands principes & des plus universels de la nature. Nous la voyons & nous la sentons dans les corps qui sont proche de la surface de la terre, (Voyez Pesanteur.) & nous trouvons par observation que la même force, (c'est - à - dire cette force qui est toûjours proportionnelle à la quantité de matiere, & qui agit en raison inverse du quarré de la distance) que cette force, dis - je, s'étend jusqu'à la lune, & jusqu'aux autres planetes premieres & secondaires, aussi - bien que jusqu'aux cometes; & que c'est par elle que les corps célestes sont retenus dans leurs orbites. Or comme nous trouvons la pesanteur dans tous les corps qui font le sujet de nos observations, nous sommes en droit d'en conclurre par une des regles reçûes en Philosophie, qu'elle se trouve aussi dans tous les autres: de plus, comme nous remarquons qu'elle est proportionnelle à la quantité de matiere de chaque corps, elle doit exister dans chacune de leurs parties; & c'est par conséquent une loi de la nature, que chaque particule de matiere tende vers chaque autre particule. Voyez la preuve plus étendue de cette vérité, & l'application de ce principe aux mouvemens des corps célestes, sous les articles Philosophie Newtonienne, Soleil, Lune, Planete, Comete, Satellite, Centripete, Centrifuge .

C'est donc de l'attraction, suivant M. Newton, que proviennent la plûpart des mouvemens, & par conséquent des changemens qui se font dans l'univers: c'est par elle que les corps pesans descendent, & que les corps légers montent; c'est par elle que les projectiles sont dirigés dans leur course, que les vapeurs montent, & que la pluie tombe; c'est par elle que les fleuves coulent, que l'air presse, que l'Océan a un flux & reflux. V. Mouvement, Descente, Ascension, Projectile, Vapeur, Pluie, Fleuve, Flux & Reflux, Air, Atmosphere &c. Les mouvemens qui résultent de ce principe, sont l'objet de cette partie si étendue des Mathématiques, qu'on appelle Méchanique ou Statique, comme aussi de l'Hydrostatique, de l'Hydraulique, &c. qui en sont comme les branches & la suite, &c. V. Méchanique, Statique, Hydrostatique, Pneumatique ; voyez aussi Mathématique, Philosophie, &c.

La seconde espece d'attraction est celle qui ne s'étend qu'à des distances insensibles. Telle est l'attraction mutuelle qu'on remarque dans les petites parties dont les corps sont composés; car ces parties s'attirent les unes les autres au point de contact, ou extrèmement près de ce point, avec une force très supérieure à celle de la pesanteur, mais qui décroît ensuite à une très - petite distance, jusqu'à devenir beaucoup moindre que la pesanteur. Un auteur moderne a appellé cette force, attraction de cohésion, supposant que c'est elle qui unit les particules élémentaires des corps pour en faire des masses sensibles. Voyez Cohésion, Atome, Particule , &c.

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