ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"870"> kali, dont est composée la soude qui sert à former les glaces & les verres.

La murie animale, muria animalis, se tire de l'urine, des os & autres parties du corps des animaux, quoique ces animaux ne mangent jamais de sel; on en voit un exemple dans le sang de boeuf, & dans l'urine de cheval. (D. J.)

MURIER (Page 10:870)

MURIER, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en chaton. Il y a plusieurs étamines qui s'élevent du fond du calice. Ce calice est composé de quatre feuilles, & stérile. L'embryon naît séparément, & devient un fruit composé de plusieurs petits pelotons d'écailles pleines de suc, qui renferment une semence arrondie. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Murier (Page 10:870)

Murier, s. m. (Jardinage.) morus, arbre dont on connoît trois principales especes: le mûrier noir, qui s'est trouvé en Europe de toute ancienneté; le mûrier blanc, qui est originaire de l'Asie; & le mûrier rouge, qui nous est venu assez récemment de l'Amérique septentrionale. Ces arbres sont si différens, si utiles, si précieux, qu'on ne peut trop s'appliquer à rassembler tous les faits intéressans qui pourront servir à les élever & à les cultiver avec succès. Je traiterai donc de chacun séparément.

Le mûrier noir est un grand arbre dont la tige ordinairement tortueuse, prend une bonne grosseur, mais elle ne se dresse qu'à force de soins. Il jette beaucoup de racines qui n'ont presque point de chevelu, & qui s'étendent beaucoup plus qu'elles ne s'enfoncent. Elles sont fortes & actives; elles s'insinuent sous les pavés, elles pénetrent dans les murs. Son écorce est ridée, épaisse, souple & filamenteuse; ses feuilles sont grandes, dentelées, épaisses, rudes au toucher, lanugineuses en - dessous, & elles se terminent en pointe; la plûpart sont entieres, & quelques - unes diversement échancrées; elles sont d'un verd foncé: elles viennent tard au printems, & elles commencent à tomber dès la fin de l'été. Nulle fleur particuliere à cet arbre; le fruit paroît en même - tems que les feuilles, & il porte les étamines qui doivent le féconder. C'est une sorte de baie assez grosse, longue, grumeleuse, qui est d'abord verte & âcre, qui devient ensuite rouge & acide, & qui est molle, noire & très succulente dans sa maturité. C'est au mois d'Août qu'elle arrive à sa perfection.

Cet arbre est robuste & de longue durée; mais son accroissement est très - lent dans sa jeunesse; il ne se multiplie pas aisément, & il ne réussit pas volontiers à la transplantation, sur - tout lorsqu'il a été arraché depuis quelque tems.

Le mûrier noir aime les lieux tempérés, les plaines découvertes, les pays maritimes: il se plaît aussi sur la pente des monticules, à l'exposition du levant, dans les terres meubles & légeres, franches & sablonneuses, ni trop seches, ni trop humides, dans les potagers, dans les basse - cours, & sur - tout dans le voisinage des bâtimens où il puisse être à l'abri des vents d'ouest & de sud - ouest, qui font tomber son fruit; mais il se refuse au tuf, à l'argille, à la marne & à la craie, à l'humidité trop habituelle, au voisinage des grandes prairies & des eaux stagnantes; il ne réussit pas dans les terres fortes, dures, arides & trop superficielles; il dépérit dans un sol vague & inculte; il craint les lieux trop exposés au froid, l'ombre des grands bâtimens, le voisinage des autres arbres, & on ne le voit jamais prospérer sur la crête des montagnes.

On peut multiplier cet arbre de plusieurs façons; la plûpart fort longues, quelques - unes très incertaines, & d'autres d'une pratique peu aisée. D'abord de rejettons pris au pié des vieux arbres négligés; mais ils sont presque toujours si mal enracinés, qu'ils manquent souvent, ou languissent long - tems. De racines assez grosses, détachées de l'arbre & replantées; autre expédient sujet aux mêmes inconveniens, & encore plus incertain. De boutures qui, faites à l'ordinaire, réussissent en très - petit nombre, & sont huit ou neuf ans à s'élever de six piés. De semences qui sont le moyen le plus long & le plus minutieux; mais le plus convenable à qui veut se procurer un grand nombre de plants. Par la greffe que l'on peut faire de différentes façons, qui réussit difficilement, & qui ne donne pas de beaux arbres; & enfin, de branches couchées, qui sont la voie la plus courte, la plus facile, la plus sûre & la plus propre à donner promptement du fruit.

On peut coucher ces branches depuis le mois d'Octobre jusqu à celui d'Avril; le plutôt sera le meilleur. En couchant les branches du murier noir, il faudra les marcotter. Pour l'exactitude de l'operation, voyez Marcotte. Si la terre est bonne & que l'ouvrage soit bien exécuté, quelques - unes auront d'assez bonnes racines au bout d'un an; il sera pourtant plus sûr de ne les enlever qu'apres la seconde année: mars si l'on veut avoir des plants un peu forts & bien conditionnés, il faudra ne les transplanter qu'au bout de trois ans, & l'on sera bien dedommagé de l'attente par le progrès qui survra. Si l'on vouloit par cette même méthode se procurer un plus grand nombre de plants, il faudroit coucher en entier un mûrier de moyenne grandeur, marcotter toutes ses branches, & les couper à trois pouces au - dessous de terre; de cette façon on acceséreroit du double l'accroissement des plants, & ils seroient plus forts, plus grands, mieux dressés & mieux enracinés au bout d'un an, que les marcoites faites au pié de l'arbre ne le seroient après deux ou trois ans.

Pour faire des boutures de murier, on prend ordinairement des jeunes rejettons de cet aibre, que l'on coupe de six ou sept pouces de longueur que l'on plante droits, comme un poireau dans des platebandes à l'ombre, que l'on abrite contre le soleil, que l'on arrose fréquemment, & qui avec tous les soins possibles ne réussissent qu'en très - petit nombre; encore ces soibles productions sont elles deux ou trois ans à languir & à dépérir en partie: mais on peut faire ces boutures avec plus de succès. Il faut au mois d'Avril prendre sur un arbre vigoureux les plus forts rejettons de la derniere année, les couper avec deux ou trois pouces de vieux bois, choisir ceux qui pourront avoîr au moins deux à trois piés de longueur; on préparera, n'importe à quelle exposition, une planche de bonne terre de potager, meuble, légere, moëlleuse, qu'il faudra mêler de bon terreau & la bien cultiver jusqu'à deux piés de profondeur: la planche ainsi disposée, l'on commencera par faire à l'un des bouts une fosse de deux piés de largeur & de six à huit pouces de profondeur; on y couchera douze ou quinze branches auxquelles on fera faire le coude le plus qu'il sera possible sans les casser; on les arrangera de maniere qu'elles ne sortiront de terre que d'environ trois pouces, & qu'elles borderont l'extrémité de la planche: ensuite on couvrira ces boutures à peu - près de six ou huit pouces de terre en hauteur & en épaisseur du côté que les branches sont coudées; puis on élargira d'autant la fosse; on formera une autre rangée de branches couchées & relevées contre cette bute de terre; on les recouvrira de même, & on continuera de suite jusqu'à ce que toutes les branches soient couchées: nul abri contre le soleil, nul autre soin après cela que de faire arroser abondamment ces boutures une fois la semaine dans les grandes sécheresses. Il en manquera peu, elles pousseront même assez bien dès la premiere année, & elles feront plus de progrès en cinq ans, que les boutures faites de l'autre façon n'en feront en dix années. Il faudra les lever au bout de trois [p. 871] ans, retrancher le superflu de la racine tortueuse, & les mettre en pépiniere. On pourra même replanter ces morceaux de racines qui auront au moins un pié de longueur & qui formeront promptement de nouveaux plants. On trouve encore dans les anciens anteurs d'agriculture une autre méthode de faire des boutures, qui peut avoir son mérite; c'est de prendre une grosse branche de mûrier, de la scier en tronçons d'un pié de long, de les enfoncer tout entiers sur leur bout dans la terre, en scrte qu'ils n'en soient recouverts que d'environ trois doigts: le bas du tronçon fait racine, le dessus pousse plusieurs tiges; cette pratique est très - convenable pour former des meres.

Pour faire venir le mûrier de graine, l'on choisit les plus grosses mûres noires, & de la plus parfaite maturité, celles sur - tout qui tombent d'elles - mêmes: on dépose les mûres sur un grenier pendant quelques jours pour qu'elles achevent de s'y mûrir: on a soin de les remuer chaque jour pour empêcher la fermentation & la pourriture. Quand on croit la maturité à sa perfection, on met les mûres dans un baquet d'eau; on les frotte avec la main pour en séparer la graine en les écrasant & en délayant la pulpe: par ce moyen la bonne graine tombe au fond du baquet, dont on rejette tout ce qui surnage: on verse doucement l'eau en inclinant le baquet, on repasse la graine dans plusieurs eaux pour commencer de la nettoyer: on la fait sécher à l'ombre, ensuite on en ôte toute la malpropreté, & on la met dans un lieu sec pour ne la semer qu'au printems. Il est vrai qu'on pourroit le faire aussitôt aptès la récolte, & pour le plutôt, dans ce climat, au commencement d'Août; mais on s'exposeroit au double inconvenient de voir périr les jeunes plants ou par les chaleurs de la canicule, ou par les gelées de l'hiver subséquent; à moins que l'on n'eût pris les plus grandes précautions pour les garantir de ces deux extrèmes: encore n'en résulteroit - il aucune accélération dans l'accroissement. J'ai souvent éprouvé que les plants venus de graine semée au printems, surpassoient en hauteur & en beauté ceux qui avoient été semés l'été précédent. Le mois d'Avril du dix au vingt, est le tems le plus convenable pour cette opération: si on vouloit le faire plutôt, il faudroit semer sur couche: on les avance beaucoup par ce moyen, & les jeunes plants sont en état d'être mis en pépiniere au bout d'un an; mais ils exigent de cette façon beaucoup de soins & des arrosemens continuels. Cette méthode ne peut convenir que pour une petite quantité de graine: il faut préférer la pleine terre pour un semis un peu considérable. Il faut choisir à une bonne exposition une terre de potager qui soit meuble, légere, fraîche, en bonne culture & mêlée de fumier bien consommé, ou de terreau de couche. On la disposera en planches de quatre piés de largeur, sur chacune desquelles on formera en longueur quatre ou cinq rayons d'un bon pouce de profondeur, on y semera la graine aussi épais que pour la laitue: il faut une once de graine de mûrier pour semer une planche de trente piés de long, qui pourra produire quatre à cinq mille plants. Si la graine que l'on veut semer paroît desséchée, on fera bien de la laisser tremper pendant vingt - quatre heures, asin d'en avancer la germination. Pour recouvrir la graine, il faut se servir de terreau de couche bien consommé & passé dans un crible fin; on répandra ce terreau avec la main sur les rayons, en sorte que la graine ne soit recouverte au plus que d'un demi - pouce d'épaisseur: on observe sur - tout qu'il faut faire ce dernier ouvrage avec grande attention; car c'est le point essentiel de l'opération, & d'où dépendra principalement tout le succès: enfin, on laissera les planches en cet état sans les niveller en aucune façon. Il ne sera pasinutile, quoiqu'on puisse s'en dispenser, de prendre la précaution de garnir les planches d'un peu de paille longue, fort éparse pour ne laisser pénétrer l'air & le soleil qu'à demi, & pour empêcher que la terre ne soit battue par les arrosemens; mais il faudra les faire légerement & modérément, de deux ou trois jours l'un, à proportion que la sécheresse se fera sentir. La graine levera communément au bout de trois semaines. L'on continuera les arrosemens, toujours avec discrétion, selon le besoin, & l'on ôtera soigneusement les mauvaises herbes par de fréquens binages, avec d'autant moins d'inconveniens, que les rayons du semis seront plus espacés. Ce ne sera guere qu'au bout de trois ans que la plûpart des jeunes plants seront assez forts pour être mis en pépiniere; & il faudra cinq ou six autres années pour les mettre en état d'être transplantés à demeure.

La gresse n'est pas un moyen de grande ressource pour la multiplication du mûrier noir, parce qu'elle réussit difficilement, & qu'il n'en résulte aucune accélération d'accroissement. Le mûrier noir peut se greffer sur le mûrier blanc de toutes les façons usitées pour la greffe, si ce n'est que celle en fente réussit très - rarement. De toutes les méthodes, celles en écusson & en flûte sont les meilleures. La greffe en flûte se fait avec le plus de succès au commencement du mois de Juin; mais comme cette pratique est minutieuse, & qu'on ne peut l'appliquer qu'à des petits sujets, on préfere la greffe en écusson, qui est plus facile, plus expéditive & plus assurée. Cette greffe se fait dans les mêmes saisons que pour les arbres fruitiers; c'est - à - dire dans la premiere seve, ce qui s'appelle écussonner à la pousse; & durant la seconde seve, ce qui se nomme l'écusson à oeil dormant. Si l'on greffe dans le premier tems, les écussons ne poussant que foiblement, sont sujets à périr pendant l'hiver: il sera donc plus prudent de ne greffer qu'à oeil dormant à la sin de Juillet, ou dans le mois d'Août. Quoique ces écussons réussissent communément, & qu'on les voie pousser vigoureusement au printems suivant, il y a encore les plus grands risques à courir. Le peu de convenance qu'il y a entre le sujet & la greffe tourne à inconvenient. La seve surabondante du mûrier blanc ne trou vant pas la même souplesse dans les fibres, ni peut - être la même texture dans le bois du mûrier noir, s'embarrasse, se gonfle, s'extravase, & fait périr la greffe; c'est ce que j'ai vu souvent arriver.

Le mois d'Octobre est le tems le plus propre à la transplantation de cet arbre, lorsqu'il est d'une grosseur suffisante pour être placé à demeure. Maiss'il est question de mettre de jeunes plants en pépiniere, il ne faudra les y planter qu'au mois d'Avril. Il ne faut à cet arbre qu'une taille toute ordinaire. On aura seulement attention, lorsqu'on le transplante, de n'accourcir ses racines que le moins qu'il sera possible, parce que n'ayant presque point de chevelu, il leur faut plus de volume pour fournir les sucs nécessaires au soutien de l'arbre. Il faut beaucoup de culture au mûrier noir dans sa jeunesse seulement; mais j'ai remarqué qu'après qu'il est transplanté à demeure, qu'il est repris, bien établi & vigoureux, il faut cesser de le cultiver, & qu'il profite davantage, lorsqu'il est sous un terrein & sous une allée sablée surtout.

La feuille de mûrier noir est la moins propre à la nourriture des vers - à - soie, & on ne doit absolument s'en servir que quand on ne peut faire autrement, parce qu'elle ne produit qu'une soie grossiere, sorte, pesante & de bas prix; mais on peut la faire servir à la nourriture du bétail: elle lui profite & l'engraisse promptement. Jamais les feuilles du mûrier ne sont endommagées par les insectes, & on en peut faire un bon dépilatoire enles faisant tremper dans l'uri<pb->

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