ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"744"> nius. Outre le Fil du labytinthe, on a de lui un ouvrage intitulé, Fundamenta interpretationis & administrationis generalia ex mundo, mente & Seripturis jacta, ou Ostium vel atrium naturoc schnographicè delineatum. Il admet trois principes; la matiere, l'esprit & la lumiere. Il appelle la matiere la masse mosaïque; il la considere sous deux points de vue, l'un de premiere création, l'autre de seconde création. Elle ne dura qu'un jour dans son état de premiere création; il n'en reste plus rien. Le monde, tel qu'il est, nous la montre dans son état de seconde création. Pour passer de - là à la genese des choses, il pose pour principe que la masse unie à l'esprit & à la lumiere constitue le corps; que la masse étoit informe, discontinue, en vapeurs, poreuse & cohérente en quelque sorte; qu'il y a une nature fabricante, un esprit vital, un plasmatear mosaïque, des ouvriers externes, des ouvriers particuliers; que chaque espece a le sien, chaque individu; qu'il y en a de sclitaires & d'universaux; que les uns peuvent agir sans le concours des autres; que ceux - ci n'ont de pouvoir que celui qu'ils reçoivent, &c. Il déduit l'esprit vital de l'incubation de l'Esprit - saint; c'est l'esprit vital qui forme les corps selon les idées de l'incubateur; son action est ou médiate ou immédiate, ouinterne ou externe; il est intelligent & sage, actif & pénétrant; il arrange, il vivifie, il ordonne; il se divise en général & particulier, en naturel & accidentel, en terrestre & céleste, en sidéréal & élémentaire, substantifique, modifiant, &c. L'esprit vital commence, la fermentation acheve. A ces deux principes, il en ajoute un instrumental, c'est la lumiere; être moyen entre la masse ou la matiere & l'esprit; de - là naissent le mouvement, le froid, le chaud, & une infinité de mots vuides de sens, & de sottises que je n'ai pas le courage de rapporter, parce qu'on n'auroit pas la patience de les lire.

Il s'ensuit de ce qui précede, que tous ces auteurs plus instruits de la religion, que versés dans les secrets de la nature, n'ont servi presque de rien au progrès de la véritable philosophie.

Qu'ils n'ont point éclairci la religion, & qu'ils ont obscurci la raison.

Qu'il n'a pas dépendu d'eux qu'ils n'ayent deshonoré Moïse, en lui attribuant toutes leurs rêveries.

Qu'en voulant éviter un écueil, ils ont donné dans un autre; & qu'au lieu d'illustrer la révélation, ils ont par un mélange insensé, défiguré la philosophie.

Qu'ils ont oublié que les saintes Ecritures n'ont pas été données aux hommes pour les rendre physiciens, mais meilleurs.

Qu'il y a bien de la différence entre les vérités naturelles contenues dans les livres sacrés, & les vérités morales.

Que la révélation & la raison ont leurs limites, qu'il ne faut pas confondre.

Qu'il y a des circonstances où Dieu s'abaisse à notre façon de voir, & qu'alors il emprunte nos idées, nos expressions, nos comparaisons, nos préjugés - mêmes.

Que s'il en usoit autrement, souvent nous ne l'entendrions pas.

Qu'en voulant donner à tout une égale autorité, ils méconnoissoient toute certitude.

Qu'ils arrêteront les progrès de la philosophie, & qu'ils avanceront ceux de l'incrédulité.

Laissant donc de côté ces systemes, nous acheverons de leur donner tout le ridicule qu'ils méritent, si nous exposons l'hypothèse de Moïse telle que Comenius l'a introduite.

Il y a trois principes des choses, la matiere, l'esprit & la lumiere.

La matiere est une substance corporelle, brute, té<cb-> nebreuse & constitutive des corps.

Dieu en a créé une masse capable de remplir l'abysme créé.

Quoiqu'elle fût invisible, ténébreuse & informe, cependant élle étoit susceptible d'extension, de contraction, de division, d'union, & de toutes sortes de figures & de formes.

La durée en sera éternelle, en elle - même & sous ses formes; il n'en peut rien périr; les liens qui la lient sont indissolubles; on ne peut la séparer d'elle - même, de sorte qu'il reste une espece de vuide au milieu d'elle.

L'esprit est une substance déliée, vivante par elle - même, invisible, insensible, habitante des corps & végétante.

Cet esprit est infus dans toute la masse rude & informe; il est primitivement émané de l'incubation de l'Esprit Saint; il est destiné à l'habiter, à la pénétrer, à y regner, & à former par l'entremise de la lumiere, les corps particuliers, selon les idées qui leur sont assignées, à produire en eux leurs facultés, à coopérer à leur génération, & à les ordonner avec sagesse.

Cet esprit vital est plastique.

Il est ou universel ou particulier, selon les sujets dans lesquels il est diffus, & selon le rapport des corps auxquels il préside; naturel ou accidentel, perpétuel ou passager.

Considéré relativement à son origine, il est ou primordial, ou seminal, ou minéral, ou animal.

En qualité de primordial, il est au dessus du céleste, ou sideré, ou élémentaiaire; & partie substantifiant, partie modifiant.

Il est seminal, eu égard à sa concentration générale.

Il est minéral, eu égard à sa concentration spécifique d'or, ou de marbre.

Il se divise encore en vital, relativement à sa puissance & à ses fonctions; & il est total ou principal, & dominant ou partiel, & subordonné & allié.

Considéré dans sa condition, il est libre ou lié, assoupi ou fermentant, lancé ou retenu, &c.

Ses propriétés sont d'habiter la matiere, de la mouvoir, de l'égaler, de préserver les idées particulieres des choses, & de former les corps destinés à des opérations subséquentes.

La lumiere est une substance moyenne, visible par elle - même & mobile, brillante, pénétrant la matiere, la disposant à recevoir les aspects, & efformatrice des corps.

Dieu destina la matiere dans l'oeuvre de la création à être un instrument universel, à introduire dans la masse toutes les opérations de l'esprit, & à les signer chacune d'un caractere particulier, selon les usages divers de la nature.

La lumiere est ou universelle & primordiale, ou produite & caractérisée.

Sa partie principale s'est retirée dans les astres qui ont été répandus dans le ciel pour tous les usages différens de la nature.

Les autres corps n'en ont pris ou retenu que ce qu'il leur en falloit pour les usages à venir auxquels ils étoient préparés.

La lumiere remplit ses fonctions par son mouvement, son agitation & ses vibrations.

Ces vibrations se propagent du centre à la circonférence, ou sont renvoyées de la circonférence au centre.

Ce sont elles qui produisent la chaleur & le feu dans les corps sublunaires. Sa source éternelle est dans le soleil.

Si la lumiere se retire, ou revient en arriere, le froid est produit; la lune est la région du froid.

La lumiere vibrée & la lumiere retirée sont l'une [p. 745] & l'autre ou dispersées, ou réunies, ou libres & agissantes, ou retenues; c'est selon les corps où elles résident: elles sont aussi sous cet aspect, ou naturelles & originaires, ou adventices ou occasionnelles, ou permanentes & passageres, ou transitoires.

Ces trois principes different entr'eux, & voici leurs différences. La matiere est l'être premier, l'esprit l'être premier vivant, la lumiere l'être premier mobile; c'est la forme qui survient qui les spécifie.

La forme est une disposition, une caractérisation des trois premiers principes, en conséquence de laquelle la masse est configurée, l'esprit concentré, la lumiere tempérée; de maniere qu'il y a entr'eux une liaison, une pénétration réciproque & analogue à la fin que Dieu a prescrite à chaque corps.

Pour parvenir à cette fin, Dieu a imprimé aux individus des vestiges de sa sagesse, & des causes agissant extérieurement, les esprits reçoivent les idées, les formes, les simulacres des corps à engendrer, la connoissance de la vie, des procédés & des moyens, & les corps sont produits comme il l'a prévu de toute éternité dans sa volonté & son entendement.

Qu'est - ce que les: élémens, que des portions spécifiées de matiere terrestre, différentiées particulierement par leur densité & leur rareté.

Dieu a voulu que les premiers individus ou restassent dans leur premiere forme, ou qu'ils en engendrassent de semblables à eux, imprimant & propageant leurs idées & leurs autres qualités.

Il ne faut pas compter le feu au nombre des élémens, c'est un effet de la lumiere.

De ces trois principes naissent les principes des Chimistes.

Le mercure naît de la matiere jointe à l'esprit, c'est l'aqueux des corps.

De l'union de l'esprit avec la lumiere naît le sel, ou ce qui fait la consistance des corps.

De l'union de la matiere & du feu ou de la lumiere, naît le soufre.

Grande portion de matiere au premier; grande portion d'esprit au second; grande portion de lumiere au troisieme.

Trois choses entrent dans la composition de l'homme, le corps, l'esprit & l'ame.

Le corps vient des élémens.

L'esprit, de l'ame du monde.

L'ame, de Dieu.

Le corps est mortel, l'esprit dissipable, l'ame immortelle.

L'esprit est l'organe & la demeure de l'ame.

Le corps est l'organe & la demeure de l'esprit.

L'ame a été formée de l'ame du monde qui lui préexistoit, & cet espritintellectuel differe de l'esprit vital en degré de pureté & de perfection.

Voilà le tableau de la Physique mosaique de Comenius. Nous ne dirons de la Morale, qu'il désignoit aussi par l'épithete de mosaïque, qu'une chose; c'est qu'il réduisoit tous les devoirs de la vie aux préceptes du Décalogue.

Mosaique (Page 10:745)

Mosaique, s. f. (Art. méchaniq.) on entend par mosaïque non - seulement l'art de tailler & polir quantiré de marbres précieux de différentes couleurs, mais encore celui d'en faire un choix convenable, de les assembler par petites parties de différentes formes & grandeurs sur un fond de stuc, préparé à cet effet, pour en faire des tableaux représentant des portraits, figures, animaux, histoires & paysages, des fleurs, des fruits & toute sorte de desseins imitant la peinture.

On donnoit autrefois différens noms à la mosaïque, à cause de ses variétés; les uns l'appelloient musaique, du latin musivum, qui signifie en général un ouvrage délicat, ingénieux, & bien travaillé; &, selon Scaliger, du grec MOU=SON, parce que ces sortes d'ouvrages étoient fort polis: en effet, M=SON, E)/UMESON & M=SIKO\N se prennent en ce sens chez les Grecs; les autres l'appelloient musibum, comme on le voit encore dans quelques manuscrits, & sur - tout dans les inscriptions de Gruter; d'autres lui ont donné les noms de musaïcum, museacum & mosiacum, de museis, comme le rapporte Jean - Louis Vives, tib. XVI. S. Augustin, de civitate Dei; d'autres encore le font dériver du grec MSI=ON, musico cantu, ou d'un mot hébreu, qui veut dire mélange; mais Nebricensis & quelques autres croient, & ce qui paroît plus vraissemblable, qu'il dérive du grec MOU=SA, musi, parce que, dit - il, il falloit beaucoup d'art pour ces sortes de peintures, & que la plûpart servoient d'ornement aux muses.

L'usage de faire des ouvrages de mosaïque est, selon quelques auteurs, fort ancien. Plusieurs prétendent que son origine vient des Perses qui, fort curieux de ces sortes d'ouvrages, avoient excité les peuples voisins à en faire d'exactes recherches. Nous voyons même dans l'Ecriture sainte qu'Assuérus leur roi, fit construire de son tems un pavé de marbre si bien travaillé, qu'il imitoit la peinture. D'autres assurent que cet art prit naissance à Constantinople, fondés sur ce que cette ville étoit de leur tems la seule dont presque toutes les églises & les bâtimens particuliers en étoient décorés, & que delà il s'est répandu dans les autres province de l'Europe. En effet, on en transporta des confins de ce royaume chez les peuples voisins d'Assyrie, de - là en Grece, & enfin, selon Pline, du tems de Sylla, on en fit venir dans le Latium pour augmenter les décorations des plus beaux édifices. Ce qu'il y a de vrai, c'est qu'il commença à paroître vers le tems d'Auguste, sous le nom d'une nouvelle invention. C'étoit une façon de peindre des choses de conséquence avec des morceaux de verre qui demandoient une préparation particuliere. Cette préparation consistoit dans la façon de le fondre dans des creusets, dans celle de le couler sur des marbres polis, & dans celle de le tailler par petits morceaux, soit avec des tranchans, soit avec des scies faites exprès, & de les polir pour les assembler ensuite sur un fond de stuc. (On peut voir dans les ouvrages de Nerius un fort beau traité sur cette partie.) A ces morceaux de verre succéderent ceux de marbre, qui exigeoient alors beaucoup moins de difficultés pour la taille; enfin cet art négligé depuis plusieurs siecles, a été ensuite abandonné, sur - tout depuis que l'on a trouvé la maniere de peindre sur toutes sortes de métaux, qui est beaucoup plus durable, n'étant pas sujette, comme la premiere, à tomber par écailles après un long tems. On lui donnoit autrefois le nom de marqueterie en pierre, que l'on distinguoit de marqueterie en bois, ou ébénisterie; & sous ce nom l'on comprenoit non seulement l'art de faire des peintures par pierres de rapport, mais encore celui de faire des compartimens de pavé de différens desseins, comme l'on en voit dans plusieurs de nos églises ou maisonsroyales, ouvrage des marbriers. Ce sont maintenant ces ouvriers qui sont chargés de ces sortes d'ouvrages, comme travaillant en marbre de différente maniere.

La mosaïque se divise en trois parties principales; la premiere a pour objet la connoissance des différens marbres propres à ses ouvrages; la deuxieme est la maniere de préparer le mastic qui doit les recevoir, celle de l'appliquer sur les murs, pavés & autres lieux que l'on veut orner de ces sortes de peintures, pour y poser ensuite les différentes petites pieces de marbre; & la troisieme est l'art de joindre ensemble ces mêmes marbres, & de les polir avec propreté pour en faire des ouvrages qui imitent la peinture.

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