ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"707">

MORAVIE, la (Page 10:707)

MORAVIE, la (Géog.) province annexée au toyaume de Boheme, avec titre de Marggraviat. Les Allemands l'appellent Mahren; elle est bornée au nord par la Boheme & la Silésie; à l'orient partie par la Silésie, partie par le mont Krapack; au midi par la Hongrie & par l'Autriche; au couchant par la Bohème. Son nom vient de la riviere de Morava, qui la traverse. C'est un pays hérissé de montagnes, & coupé par un grand nombre de rivieres & de ruisseaux. Il est fertile & très - peuplé. Olmutz en étoit autrèfois la capitale, & elle le mérite en effet, cependant Brinn l'est actuellement de nom. (D.J.)

MORAWA, la (Page 10:707)

MORAWA, la (Géog.) rivicre de la Turquie en Europe. Elle a sa source dans la Bulgarie, aux confins de la Servie, se partage en deux branches, dont la droite arrose la Bulgarie, & la gauche entre dans la Servie. Ces deux branches s'étant ensuite réunies, la riviere coule vers le nord, & se partage encore en deux branches, qui vont se perdre dans le Danube. (D.J.)

MORBEGNO (Page 10:707)

MORBEGNO, (Géog.) gros bourg de la Valteline, chef - lieu de la premiere communauté du cinquieme gouvernement de la Valteline, & la résidence du gouverneur & de la régence. Il est sur l'Adda, à 5 lieues S. E. de Chiavenne, 8 N. E. de Lecco. Long. 26. 58. lat. 46. 7. (D.J.)

MORBIDEZZA (Page 10:707)

MORBIDEZZA, (Peint.) terme de peinture, que nous avons emprunté des Italiens, pour désigner la délicatesse, la tendresse, les graces, le moëlleux des figures d'un tableau. Personne n'a réussi dans la morbidezza, comme le Corrège. Il suffiroit pour s'en convaincre, de voir dans le cabinet du roi, le beau tablean de Spotalise, dont le cardinal Antoine Barberin sit présent au cardinal Mazarin, ainsi qu'une Venus qui dort; & dans la galerie du palais royal, la Magdelaine joignant les mains, l'Amour qui travaille son arc, une petite Sainte - Famille, &c. (D.J.)

MORBIFIQUE (Page 10:707)

MORBIFIQUE, adj. (Gram. & Méd.) qui est la cause, le principe d'une maladie. On dis l'humeur morbifique, la matiere moriusique.

MORBIUM (Page 10:707)

MORBIUM, (Géogr. anc.) ville de la Grande - Bretagne, qui est vraissemblablement aujourd'hui Moresby, bourgade d'Angleterre dans le Cumberland, sur la côte orientale de cette province, environ à 3 milles S. de Werkinton. (D.J.)

MORCE (Page 10:707)

MORCE, s. f. en bâtiment, s'entend des pavés qui commencent un revers, & font des especes de harpes pour faire liaison avec les autrés pavés.

MORCEAU (Page 10:707)

MORCEAU, s. m. (Gram.) partie détachée d'un tout. On dit un morceau de pain, un morceau d'Horace, un morceau de prés, &c.

Morceau (Page 10:707)

Morceau, terme usité par métaphore dans l'Architecture, où il se prend ordinairement en bonne part, pour signifier un bel ouvrage d'architecture. On dit un beau morceau en parlant d'une belle église, d'un beau portail, d'un beau palais, &c.

MORCELER (Page 10:707)

MORCELER, v. act (Gram.) diviser en plusieurs parties, en plusieurs morceaux. On dit on a morcelé ce bloc de marbre. On a morcelé cette succession.

MORDACHE (Page 10:707)

MORDACHE, s. f. (Art méchan.) espece de tenaille composée de deux morceaux de bois élastiques, assemblés par une de leurs extrémités, & faites à l'autre en mâchoires d'étaux. Lorsqu'on travaille des ouvrages à moulures, & autres ornemens délicats, qui souffriroient des dents & de la pression des mâchoires de l'étau, si on les y serroit, on prend la mordache, on la met dans l'étau, & l'on met l'ouvrage dans la mordache, observant même quelquefois d'envelopper d'un linge, ou d'appliquer des morceaux de feutre aux endroirs où les mâchoires de la mordache touchent à l'ouvrage. Plus commu<cb-> nément encore ces mâchoires en sont garnies. Il y a des mordaches de toute grandeur.

MORDANT (Page 10:707)

MORDANT, s. m. (Art méchan.) composition dont on se sert pour attacher l'or en feuille, ou l'argent battu sur une surface quelconque.

La biere, le miel & la gomme arabique bouillis ensemble feront un mordant; la gomme arabique avec le sucre en feront un second. Le suc de l'ail, de l'oignon & de la jacinthe, ou la gomme arabique seule, attacheront la feuille d'or & d'argent. Vous mêlerez à ce dernier un peu de carmin, afin d'appercevoir les endroits que vous en aurez enduits. Vousappliquerez la feuille d'or sur le mordaill avec un petit tampon de coton. Vous laissez prendre la feuille. Puis avec le coton vous ôterez en frotant toute la surface les portions d'or qui n'auront pas été attachées.

Mordant (Page 10:707)

Mordant, en terme de Cloutier d'épingles, est une espece de pince courte & sans branches, dont les dents sont de bas en haut. C'est dans le mordant que l'on met le clou pour en faire la pointe. On le serre dans un étau pour le tenir plus ferme. Voyez les fig. Pl. du Cloutier d'épingles, où l'on a représenté un étau armé de son mordant, dans lequel est une pointe prête à être frappée avec le pannoir, sorte de marteau. Voyez Pannoir & la fig. qui le représente.

Mordant (Page 10:707)

Mordant, instrument dont le compositeur se sert dans la pratique de l'Imprimerie, est une petite tringle de bois à - peu - près quarrée, de dix à onze pouces de long, sur environ deux pouces & demi de circonférence, fendue & évuidée dans sa longueur de sept à buit pouces seulement. Un compositeur se sert ordinairement de deux mordans. Ils servent à arrêter & maintenir la copie, comme adossée sur le visorium, en embrassant transversalement la copie par devant par une de ses branches, & le visorium par derriere au moyen de sa seconde branche; le premier mordant, que l'on peut nommer supérieur, reste comme immobile, tandis que le second sert à indiquer au compositeur la ligne de la copie qu'il compose, en le plaçant immediatement au - dessus de cette même ligne, & ayant soin de le baisser, à mesure qu'il avance sa composition; s'il n'a pas cette attention, il est en danger de faire des bourdons. Voyez Bourdon. Voyez dans les fig. Pl. de l'Imprimerie, le visorium, son mordant & son usage.

Mordant (Page 10:707)

Mordant, on appelle mordant en Peinture, une composition qui sert à rehausser les ouvrages en détrempe; elle se fait avec une livre de térébenthins épaisse, une livre de poix résine, trois quarterons de cire jaune, une demi - livre de suif, un demi - sep. tier d'huile de lin, qu'on fait bouillir: on applique de l'or ou du cuivre sur le mordant, dès qu'il est posé sur l'ouvrage qu'on s'est proposé de faire. Il faut l'employer bien chaud. Voyez Rehauts, Rehausser.

MORDATE (Page 10:707)

MORDATE, s. m. (Terme de relation.) Les Turcs appellent mordates ceux qui de chrétiens se sont fait mahométans, qui depuis ont retourné au Christianisme, & qui cnfin, par une derniere inconstance, sont rentrés dans le Mahométisme. Les Turcs ont pour eux un souverain mépris, & ceux - ci en revanche affectent de paroître encore plus zélés mahométans que les musulmans même. Les personnes qui changent de religion par des vûes d'interêt, n'ont d'autres ressources que l'hypocrisie. (D.J.)

MORDEXIN (Page 10:707)

MORDEXIN, s. m. (Médecine.) c'est un mot chinois qui a passé en Médecine, par lequel on désigne une espece de cholera morbus qui est tréquente à la Chine, à Goa, & dans le Brésil, où on l'appelle mordechi. Cette maladie se déclare brusquement par des vomissemens continuels bilieux, par des diarrhées de même nature, auxquels le joignent une fie<pb-> [p. 708] vre aiguë, sois immodérée, délire, douleur de tête, inquiétudes, &c. Les urines sont, pendant tout le cours de la maladie, ardentes, rouges, limpides, le pouts fort roide & inégal. Il est à remarquer que ce caractere du pouls, tel que Dellon dit l'avoir observé (voyage dans les Indes orient. ann. 1689), est exactement le même que celui que l'auteur des recherches sur le pouls dit précéder, désigner & accompagner les excrétions ventrales, le vomissement & la diarrhée. Voyez Pouls. Et ce n'est pas la seule occasion, comme je crois l'avoir fait appercevoir ailleurs, où l'on voit des observations antérieures exactes & bien détaillées, quadrer parfaitement avec les classes établies par cet illustre médecin; & il ne manqueroit pas d'observations postérieures plus conformes encore à cette méthode, & plus propres à confirmer & à éclaircir un point aussi intéressant, si l'on vouloit voir sans préjugé & raconter sans politique.

Cette maladie est très - grave, toujours dangereuse, & quelquefois funeste: un heureux hasard a découvert depuis long tems à ces peuples un reme de que l'empirisme aveugle a employé, & dont un succès presque constant a démontré l'efficacité. Ce remede consiste dans l'application d'une verge de fer rougie au feu sous le talon, qui chez ces peuples accoutumés à marcher piés nuds, est très - dur, calleux & peu sensible: on l'y laisse jusqu'à ce que le malade ressente de la douleur; & alors pour empêcher qu'il ne s'y forme des cloches, on bat doucement la partie avec un soulier plat. Dès l'instant même que l'opération est achevée, on voit pour l'ordinaire diminuer les vomissemens, la douleur & la fievre, qui en est une suite. Ce remede agit, comme l'on voit, moins comme un cautere que comme irritant, & par l'impression doulourcuse qu'il fait sur les nerfs de cette partie. Cette méthode est fort analogue à celle qui se pratique à Java pour guérir la colique: on y applique de même un fer rouge indifféremment à la plante des piés, & on soulage tout - à - coup. Cette façon d'agir singuliere, inexplicable dans les théories vulgaires, est très - conforme aux lois bien déterminées de l'économie animale. Voyez ce mot. Dellon nous assure qu'il a éprouvé sur lui - même & sur une infinité d'autres personnes, les bons effets de ce remede: d'où il résulte que des remedes bien différens guérissent à - peu - près également les mêmes maladies, & l'on voit presque le même nombre de malades échapper ou mourir traités par des méthodes absolument contraires. Il y a lieu de présumer que ce remede souverain à la Chine, auroit les mêmes avantages en France; mais la délicatesse naturelle à ses habitans, la nouveauté de ce secours, la quantité d'autres plus doux, sont des préjugés très - forts contre son usage, & qui dans les cas ordinaires méritent d'être respectés. Mais quand on a épuisé tous les remedes inutilement, qu'on est réduit à cette affreuse nécessité de voir périr des malades sans savoir de quel côté se tourner pour les secourir, je serois d'avis qu'on eût recours à un remede qui quoique cruel, l'est bien moins qu'un désespoir fatal. Lorsqu'après l'application de ce remede les symptomes sont diminués, mais la fievre subsiste encore, ils font prendre au malade des crêmes de ris chargées de beaucoup de poivre; ils répandent aussi du poivre sur la tête; ils attendent pour le purger que la maladie soit bien calmée, & que la fievre soit passée: alors ils donnent quelques purgatifs très doux; & quelle que soit l'ardeur de la fievre dans les commencemens, elle ne leur paroît jamais exiger la saignée, dont ils s'abstiennent entierement. Voyez Dellon, voyages dans les Indes orientales, année 1689, & Sauvage, de medicin. sinens. dissertat. (m)

MORDEHI (Page 10:708)

MORDEHI, s. m. (Medecine.) Les Indiens appellent de ce nom une espece de langueur d'estomac qui leur est très - familiere; elle est principalement occasionnée par les grandes chaleurs qui provoquent des sueurs abondantes, sur - tout lorsquelles sont suivies de froid; & si dans ces circonstances les Indiens font le moindre excès dans le boire ou le manger, surtout le soir, leur estomac affoibli & relâché ne peut pas le digérer sans peine & parfaitement, & donne par - là lieu à des diarrhées fréquentes & très - opiniâtres. Les roborans toniques, les obissons acidules, sont les remedes qui paroissent les plus appropriés; & je crois que de l'eau bien fraîche sur - tout pourroit guérir & même prévenir ces diarrhées. Frédéric Hoffman, de qui nous tenons ce que nous avons dit sur la nature de cette maladie, dissert. de morb. certo regionib. & popul. propriis, n'a pas daigné ou n'a pas pu nous instruire des remedes que la nature, le seul medecin qu'ils aient, leur fournit, & des succès qu'ils ont. Le mordehi est peut - être le même malade que le mordexin.

MORDICANT (Page 10:708)

MORDICANT, (Gramm. Medec.) qui blesse, irrite, pique, mord légerement. On dit une humeur mordicante. Les parties de cette substance sont mordicantes.

MORDRE (Page 10:708)

MORDRE, (Physiol.) Mordre est l'action par laquelle les dents divisent les alimens durs en plusieurs particules.

Pour mordre, il faut 1°. que la mâchoire inférieure s'écarte de la supérieure vers la poitrine sur son condyle; 2°. il faut que cette mâchoire inférieure soit ensuite fortement pressée contre la mâchoire supérieure, afin que les alimens solides puissent être coupés par les dents incisives.

La premiere action se fait par la contraction des deux muscles digastriques; la seconde dépend de la contraction, 1°. des muscles crotaphites, 2°. des masseters, 3°. des ptérigoidiens externes, 4°. des ptérigoïdiens internes. Ces quatre muscles agissant ensemble élevent la mâchoire, au lieu que s'ils agissent séparément ils la tirent latétalement & en arriere; mais si les huit muscles qu'on vient de décrire agissent ensemble, la mâchoire inférieure est pressée avec une force incroyable contre la supérieure. Ainsi toutes les dents des deux mâchoires étant fort comprimées, on voit clairement que ce sont les huit dents incisives qui se présentant les unes aux autres & se frappant réciproquement avec violence, mordent, divisent les alimens, & commencent ainsi la mastication. Voyez donc Mastication.

Mordre (Page 10:708)

Mordre, (Marine.) se dit en parlant d'une ancre, lorsqu'elle est attachée par ses extrémités pointues & recourbées au fond de la mer; ces extrémités s'appellent bras. Voyez Ancre.

Mordre (Page 10:708)

Mordre, teinture, terme de Chapelier - Teinturier, qui signifie prendre la couleur plus ou moins vîte.

Il y a des étoffes ou feutres qui mordent facilement la teinture, & d'autres qui la mordent très - malaisément. Voyez Chapeau.

Mordre (Page 10:708)

Mordre, terme d'Imprimerie, se dit lorsque la frisquette ayant couvert quelqu'extrémité de la lettre d'une forme, il y a dans l'imprimé un vuide où il ne paroît qu'un simple foulage. Ce défaut vient de ce que l'ouvrier de la presse n'a pas coupé la frisquette en cet endroit; il peut venir aussi lorsque apres avoir collé un morceau de papier fort pour empêcher le barbouillage, ce même morceau de papier coule & empêche l'impression de venir. Voyez Frisquette.

MORDS (Page 10:708)

MORDS, en terme d'Eperonnier, est cette partie de la bride d'un cheval qui lui passe dans la bouche, dont les branches lui montent le long des joues, & sont jointes ensemble par une gourmette & des chaînettes qui prennent sous sa levre inférieure & son gosier. Voyez Branches, Gourmette & Chainettes

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.