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MOQUETTE (Page 10:699)
MOQUETTE, s. f. (Comm.) étoffe de laine
qui se travaille comme les velours. Voyez l'article
MOQUISIE (Page 10:699)
MOQUISIE, s. f. (Hist. de l'Idolâtrie.) les habitans de Lovango, & autres peuples superstitieux de la basse Ethiopie, invoquent des démons domestiques & champêtres, auxquels ils attribuent tous les effets de la nature. Ils appellent moquisie, tout être en qui réside une vertu secrette, pour faire du bien ou du mal, & pour découvrir les choses passées & les sutures: leurs prêtres portent le nom de ganga moquisie, & on les distingue par un surnom pris du lieu, de l'autel, du temple, & de l'idole qu'ils servent.
La moquisie de Thirico est la plus vénérée; celle de Kikokoo préside à la mer, prévient les tempêtes, & fait alriver les navires à bon port: c'est une statue de bois représentant un homme assis. La moquisie de Malemba est la déesse de la santé: ce n'est pourtant qu'une natte d'un pié & demi en quarré, au haut de laquelle on attache une corroye pour y pendre des bouteilles, des plumes, des écailles, de petites cloches, des crecerelles, des os, le tout peint en rouge. La moquisie Mymie est une cabane de verdure, qui est sur le chemin ombragé d'arbres. La moquisie Cossi est un petit sac rempli de coquilles pour la divination. Pour la moquisie de Kimaye, ce sont des pieces de pots cassés, des formes de chapeaux & de vieux bonnets. La moquisie Injami, qui est à six lieues de Lovango, est une grande image dressée sur un pavillon. La moquisie de Moanzi, est un pot mis en terre dans un creux entre des albres sacrés: ses ministres portent des bracelets de cuivre rouge, voilà les idoles de tout le pays de Lovango, & c'en est assez pour justifier que c'est le peuple le plus stupide de l'univers.
MORA (Page 10:699)
MORA, s. f. (Hist. anc.) troupe de Spattiates, composée ou de 500, ou de 700, ou de 900 hommes. Les sentimens sont variés sur cette appréciation. Il y avoit six mora, chacune étoit commandée par un polémarque, quatre officiers sous le polémarque, huit sous ces premiers, & seize sous ceux - là. Donc si ces derniers avoient à leurs ordres 50 hommes, la mora étoit de 400, ce qui réduit toute la milice de Lacédémone à 2400: c'est peu de chose mais il s'agit des tems de Lycurgue. On ne recevoit dans cette milice que des hommes libres, entre 30 & 60 ans.
Mora (Page 10:699)
MORABA (Page 10:699)
MORABA, (Géog.) fleuve d'Afrique dans l'Abyssinie, selon M. de Lisle. M. Ludolf appelle ce fleuve Mareb. (D. J.)
MORABITES (Page 10:699)
MORABITES, s. f. (Hist. mod.) nom que donnent les Mahométans à ceux d'entre eux qui suivent
On donne aussi en Afrique le nom de Morabites aux mahométans qui font profession de science & de sainteté. Ils vivent à - peu - près comme les philosophes payens ou comme nos hermites: le peuple les révere extrèmement, & en a quelquefois tiré de leur solitude pour les mettre sur le trône. Marmol, de l'Afrique.
MORAILLE (Page 10:699)
MORAILLE, s. f. (Maréchal.) instrument que
les Maréchaux méttent au nez des chevaux pour
les faire tenir tranquilles pendant qu'on les ferre
ou qu'on les saigne, &c. Voyez nos
Moraille (Page 10:699)
MORAILLER (Page 10:699)
MORAILLER le verre, c'est l'alonger avec la
moraille. Voyez
MORAILLON (Page 10:699)
MORAILLON, s. m. (Serrurerie.) mordeau de fer plat, dont la longueur, la largeur, & l'épaisseur varient, selon les places auxquelles on le destine; il sert à fermer les cofres forts, les portes, &c. avec les cadenats. > une des extrémîtés est un oeil dans lequel passe un lasseret pour l'attacher; à l'autre bout il y a un trou oblong pour - recevoir la tête du crampon dans laquelle on place l'anse du cadenat.
MORAINE (Page 10:699)
MORAINE, f. f. (Mégisserie.) c'est la laine que les Mégissiers & les Chamoiseurs ont fait tomber avec la chaux de dessus les peaux de moutons & de brebis mortes de maladie: on appelle aussi cette laine mauris, morif, mortin, mortain, & plures.
Les laines moraines sont du nombre de celles que
l'article 11. du reglement du 30 Mars 1700, défend
aux ouvriers en bas au métier, de se servir dans
les ouvrages de leur profession. Voyez
MORALE (Page 10:699)
MORALE, s. f. (Science des moeurs) c'est la science qui nous prescrit une sage conduite, & les moyens d'y conformer nos actions.
S'il sied bien à des créatures raisonnables d'appliquer leurs facultés aux choses auxquelles elles sont destinées, la Morale est la propre science des hommes; parce que c'est une connoissance généralement proportionnée à leur capacité naturelle, & d'où dépend leur plus grand intérêt. Elle porte donc avec elle les preuves de son prix; & si quelqu'un a besoin qu'on raisonne beaucoup pour l'en convaincre, c'est un esprit trop gâté pour être ramené par le raisonnement.
J'avoue qu'on ne peut pas traiter la Morale par des argumens démonstratifs, & j'en sais deux ou trois raisons principales. 1°. le défaut de signes. Nous n'avons pas de marques sensibles, qui représentent aux yeux les idées morales; nous n'avons que des mots pour les exprimer: or quoique ces mots restent les mêmes quand ils sont écrits, cependant les idées qu'ils signifient, peuvent varier dans le même homme; & il est fort rare qu'elles ne soient pas différentes, en différentes personnes. 2°. les idées morales sont communément plus composées que celles des figures employées dans les mathématiques. Il arrive de - là que les noms des idées morales, ont une [p. 700]
La science des moeurs peut être acquise jusqu'à un certain degré d'évidence, par tous ceux qui veulent faire usage de leur raison, dans quelque état qu'ils se trouvent. L'expérience la plus commune de la vie, & un peu de réflexion sur soi - même & sur les objets qui nous environnent de toutes parts, suffisent pour fournir aux personnes les plus simples, les idées générales de certains devoirs, sans lesquels la société ne sauroit se maintenir. En effet, les gens les moins éclairés, montrent par leurs discours & par leur conduite, qu'ils ont des idées assez droites en matiere de morale, quoiqu'ils ne puissent pas toûjours les bien développer, ni exprimer nettement tout ce qu'ils sentent; mais ceux qui ont plus de pénétration, doivent être capables d'acquérir d'une maniere distincte, toutes les lumieres dont ils ont besoin pour se conduire.
Il n'est pas question dans la Morale de connoître l'essence réelle des substances, il ne faut que comparer avec soin certaines relations que l'on conçoit entre les actions humaines & une certaine regle. La vérité & la certitude des discours de morale, est considerée indépendamment de la vie des hommes, & de l'existence que les vertus dont ils traitent, ont actuellement dans le monde. Les Offices de Cicéron ne sont pas moins conformes à la vérité, quoiqu'il n'y ait presque personne qui en pratique exactement les maximes, & qui regle la vie sur le modele d'un homme de bien, tel que Cicéron nous l'a dépeint dans cet ouvrage. S'il est vrai dans la spéculation, que le meurtre mérite la mort, il le sera pareillement à l'égard de toute action réelle, conforme à cette idée de meurtre.
Les difficultés qui embarrassent quelquefois en matiere de morale, ne viennent pas tant de l'obscurité qu'on trouve dans les preceptes; que dans certaines circonstanoes particulieres, qui en rendent l'application difficile; mais ces circonstances particulieres ne prouvent pas plus l'incertitude du precepte, que la peine qu'on a d'appliquer une démonstration de mathématique, n'en diminue l'infaillibilité. D'ailleurs, ces difficultés ne regardent pas les principes généraux, ni les maximes qui en découlent immédiatement ou médiatement, mais seulement quelques conséquences éloignées. Pour peu qu'on fasse usage de son bon sens, on ne doutera pas le moins du monde de la certitude des regles suivantes: qu'il faut obéir aux lois de la Divinité, autant qu'elles nous sont connues: qu'il n'est pas permis de faire du mal à autrui: que si l'on a causé du dommage, on doit le réparer: qu'il est juste d'obéir aux lois d'un souverain légitime, tant qu'il ne prescrit rien de contraire aux maximes invariables du Droit naturel, ou à quelque loi divine clairement révelée, &c. Ces vérités, & plusieurs autres semblables, sont d'une telle évidence, qu'on ne sauroit y rien opposer de plausible.
Si la science des moeurs s'est trouvée de tout tems extrèmement négligée, il n'est pas difficile d'en découvrir les causes. Il est certain que les divers besoins de la vie, vrais ou imaginaires, les faux intérêts, les impressions de l'exemple & des coutumes, le torrent de la mode & des opinions reçues, les préjugés de l'enfance, les passions surtout, détour<cb->
Il est pourtant certain, malgré cette plaisanterie de M. de Fontenelle, que dans tous les tems, ce sont les laïques philosophes qui ont fait le meilleur accueil à la Morale; & c'est une vérité qu'on peut établir par tous les écrits des Sages de la Grece & de Rome. Socrate, le plus honnête homme de l'antiquité, fit une étude particuliere de la Morale, & la traita avec autant de grandeur, que d'exactitude; tout ce qu'il dit de la Providence en particulier, est digne des lumieres de l'Evangile. La Morale est aulli partout répandue dans les ouvrages de Platon. Aristote en fit un système méthodique, d'après les mêmes principes & la même économie de son maîne. La morale d'Epicure n'est pas moins belle, que droté dans ses fondemens. Je conviens que sa doctrine sur le bonheur, pouvoit être mal interpretée, & qu'il en résulta de fâcheux effets, qui décrierent la secte: mais au fond cette doctrine étoit assez raisonnable; & l'on ne sauroit nier, qu'en prenant le mot de bonheur dans le sens que lui donnoit Epicure, la félicité de l'homme ne consiste dans le sentiment du plaisir, ou en général dans le contentement de l'esprit.
Cependant Zénon contemporain d'Epicure, se
frayoit une route encore plus glorieuse, en fondant
la secte des Stoïciens. En effet il n'y a point en
de Philosophes qui aient parlé plus fortement de la
fatale nécessité des choses, ni plus magnifiquement
de la liberté de l'homme, que l'ont fait les Stoiciens. Rien n'est plus beau que leur morale,
considerée en elle - même; & à quelques - unes de
leurs maximes près, rien n'est plus conforme aux
lumieres de la droite raison. Leur grand principe,
c'est qu'il faut vivre conformément à la const tution
de la nature humaine, & que le souverain bien
de l'homme consiste dans la vertu; c'est - à - dire dans
les lumieres de la droite raison, qui nous font considérer
ce qui convient véritablement à notre état.
Ils regardoient le monde comme un royaume dont
Dieu est le prince, & comme un tout, à l'utilité duquel
chaque personne qui en fait partie, doit concourir
& rapporter toutes ses actions, sans préferer
jamais son avantage particulier à l'intérêt commun.
Ils croyoient qu'ils étoient nés, non chacun pour
soi, mais pour la société humaine; c'étoit là le caractere
distinctif de leur secte, & l'idée qu'ils donnoient
de la nature du juste & de l'honnête. Il n'y
a point de Philosophes qui aient si bien reconnu, &
si fort recommandé les devoirs indispensables où
sont tous les hommes les uns envers les autres, précisément
en - tant qu'Hommes. Selon eux, on est né
pour procurer du bien à tous les humains; exercer
la bénéficence envers tous; se contenter d'avoir
fait une bonne action, & l'oublier même en quelque
maniere, au - lieu de s'en proposer quelque récompense;
passer d'une bonne action à une bonne
action; se croire suffisamment payé, en ce que l'on
a eu occasion de rendre service aux autres, & ne
chercher par conséquent hors de soi, ni le profit ni
la louange. A l'égard de nous - mêmes, il faut, disent
les Stoïciens, n'avoir rien tant à coeur que la
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