ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"510"> ce moyen il passe librement à - travers les pores & les autres interstices des autres milieux, & se répand dans tous les corps. Cet auteur pense que c'est par l'intervention de ce milieu que sont produits la plupart des grands phénomenes de la nature.

Il paroît avoir recours à ce milieu, comme au premier ressort de l'univers & à la premiere de toutes les forces. Il imagine que ses vibrations sont la cause qui répand la chaleur des corps lumineux, qui conserve & qui accroît dans les corps chauds l'intensité de la chaleur, & qui la communique des corps chauds aux corps froids. Voyez Chaleur.

Il le regarde aussi comme la cause de la réflexion, de la réfraction & de la diffraction de la lumiere; & il lui donne des accès de facile réflexion & de facile transmission, effet qu'il attribue à l'attraction: ce philosophe paroît même insinuer que ce milieu pourroit être la source & la cause de l'attraction elle - même. Sur quoi voyez Éther, Lumiere, Réflexion, Diffraction, Attraction, Gravité , &c.

Il regarde aussi la vision comme un effet des vibrations de ce même milieu excitées au fond de l'oeil par les rayons de lumiere & portées de - là au sensorium à - travers les filamens des nerfs optiques. Voyez Vision.

L'ouie dépendroit de même des vibrations de ce milieu, ou de quelques autres excitées par les vibrations de l'air dans les nerfs qui servent à cette sensation & portées au sensorium à - travers les filamens de ces nerfs, & ainsi des autres sens, &c.

M. Newton conçoit de plus que les vibrations de ce même milieu, excitées dans le cerveau au gré de la volonté & portées de - là dans les muscles à - travers les filamens des nerfs, contractent & dilatent les muscles, & peuvent par - là être la cause du mouvement musculaire. Voyez Muscle & Musculaire.

Ce milieu, ajoute M. Newton, n'est - il pas plus propre aux mouvemens célestes que celui des Cartésiens qui remplit exactement tout l'espace, & qui étant beaucoup plus dense que l'or, doit résister davantage? Voyez Matiere subtile.

Si quelqu'un, continue - t il, demandoit comment ce milieu peut être si rare, je le prierois, de mon côté, de me dire comment dans les régions supérieures de l'athmosphere, l'air peut être plus que 100000 fois plus rare que l'or; comment un corps électrique peut, au moyen d'une simple friction, envoyer hors de lui une matiere si rare & si subtile, & cependant si puissante, que quoique son émission n'altere point sensiblement le poids du corps, elle se répande cependant dans une sphere de deux piés de diametre, & qu'elle souleve des feuilles ou paillettes de cuivre ou d'or placées à la distance d'un pié du corps électrique; comment les émissions de l'aimant peuvent être assez subtiles pour passer à - travers un carreau de verre, sans éprouver de résistance & sans perdre de leur force, & en même tems assez puissante pour faire tourner l'aiguille magnétique par - delà le verre? Voyez Émanation, Électricité.

Il paroît que les cieux ne sont remplis d'aucune autre matiere que de ce milieu éthéré; c'est une chose que les phénomenes confirment. En effet, comment expliquer autrement la durée & la régularité des mouvemens des planetes & même des cometes dans leurs cours & dans leurs directions? Comment accorder ces deux choses avec la résistance que ce milieu dense & flurde dont les Carthésiens remplissent les cieux, doit faire sentir aux corps célestes? Voyez Tourbillon & Matiere subtile .

La résistance des milieux - fluides provient en partie de la cohésion des particules du milieu, & en partie de la force d'inertie de la mutiere. La premiere de ces causes considerée dans un corps sphérique est à peu - près en raison du diametre, toutes choses d'ailleurs égales, c'est à - dire en général, comme le produit du diametre & de la vîtesse du corps: la seconde est proportionnelle au quarré de ce produit.

La résistance qu'éprouvent les corps qui se meuvent dans un fluide ordinaire, dérive principalement de la force d'inertie. Car la partie de résistance qui proviendroit de la ténacité du milieu, peut être diminuée de plus en plus en divisant la matiere en de plus petites particules & en rendant ces particules plus polies & plus faciles à glisser; mais l'autre qui reste toujours proportionnelle à la densité de la matiere, ne peut diminuer que par la diminution de la matiere elle - même. Voyez Résistance.

La résistance des milieux fluides est donc à peu - près proportionnelle à leur densité. Ainsi l'air que nous respirons étant environ 900000 fois moins dense que l'eau, devra par cette raison, résister 900000 fois moins que l'eau, ce que le même auteur à vérifié en effet par le moyen des pendules. Les corps qui se meuvent dans le vis - argent, dans l'eau & dans l'air, ne paroissent éprouver d'autre résistance que celle qui provient de la densité & de la tenacité de ces fluides; ce qui doit être en effet, en supposant leurs pores remplis d'un fluide dense & subril.

On trouve que la chaleur diminue beaucoup la tenacité des corps; & cependant elle ne diminue pas sensiblement la resistance de l'eau. La résistance de l'eau provient donc principalement de sa force d'inertie; & par conséquent si les cieux étoient aussi denses que l'eau & le vif - argent, ils ne résisteroient pas beaucoup moins. S'ils étoient absolument denses sans aucun vuide, quand même leurs particules seroient fort subtiles & fort fluides, ils résisteroient beaucoup plus que le vif - argent. Un globe parfaitement solide, c'est - à - dire, sans pores, perdroit dans un tel milieu, la moitié de son mouvement dans le tems qu'il lui faudroit employer pour parcourir trois fois son propre diametre; & un corps qui ne seroit solide qu'imparfaitement, la perdroit en beaucoup moins de tems.

Il faut donc, pour que le mouvement des planetes & des cometes soit possible, que les cieux soient vuides de toute matiere, excepté peut être quelqu'émission très - subtile des atmopheres des planetes & des cometes, & quelque milieu éthéré, tel que celui que nous venons de décrire. Un fluide dense ne peut servir dans les cieux qu'à troubler les mouvemens célestes; & dans les pores des corps il ne peut qu'arrêter les mouvemens de vibrations de leurs parties, en quoi consiste leur chaleur & leur activité. Un tel milieu doit donc être rejetté, selon M. Newton, tant qu'on n'aura point de preuve évidente de son existance; & ce milieu étant une fois rejetté, le système qui fait consister la lumiere dans la pression d'un fluide subtil, tombe & s'anéantit de lui - même. Voyez Lumiere, Cartésianisme, &c. Chambers. (O)

MILIORATS (Page 10:510)

MILIORATS, s. m. plur. (Comm.) sorte de soie qui se tire d'Italie. Il y a des miliorats de Bologne & de Milan. Les premiers se vendent jusqu'à 54 sols de gros la livre, & les seconds jusqu'à 42 sols.

MILITAIRE (Page 10:510)

MILITAIRE, adj. & s. (Art milit.) On appelle ainsi tout officier servant à la guerre.

Ainsi un militaire exprime un officier ou toute autre personne dont le service concerne la guerre, comme ingénieur, artilleur, &c. [p. 511]

On donne aussi le nom de militaire à tout le corps en génétal des officiers. Ainsi l'on dit d'un onvrage, qu'il sera utile à l'instruction du militaire, pour exprimer l'utilité que les officiers peuvent en tirer. On dit de même la science militaire, pour la science de la guerre ou celle qui convient à tous les officiers pour agir par regles & principes.

Militaire (Page 10:511)

Militaire, discipline des Romains, (Art. milit.) La discipline mistaire consistoit principalement dans les services, les exercices, & les lois. Les services étoient différens devoirs dont il falloit s'acquitter, comme des garecs & des sentinelles pendant la nuit. Des qu'on étoit campé, les tribuns nommoient deux soldats principes, ou hastati, pour avoir soin de faire tenir propre la rue appellée principia, & ils en tiroient trois autres de chacune des compagnies, pour faire dresser les tentes, fournir de l'eau, du bois, des vivres, & autres choses de cette nature.

Il paroît que les tribuns avoient deux corps - degarde de quatre hommes chacun, soit pour honorer leur dignité, soit pour leur commodité particuliere. Le questeur & les lieutenans généraux avoient aussi les leurs. Pendant que les chevaliers étoient de garde, les triariens les servoient, & avoient soin de leurs chevaux. Saluste nous apprend que tous les jours une compagnie d'infanterie, & une de cavalerie, faisoient la garde près de la tente du général; c'étoit la même chose pour les alliés. Il y avoit à chaque porte une cohorte & une compagnie de cavalerie qui faisoit la garde; on la relevoit vers midi selon la regle établie par Paul Emile.

Le second service militaire étoit donc de faire la garde durant la nuit. Il y avoit, comme parmi nous, la sentinelle, la ronde, & le mot du guet, tessera. Sur dix compagnies, on choissoit tour - à - tour un soldat, appellé pour cet effet tesserarius, qui vers le coucher du soleil, se rendoit chez le tribun, qui étoit de jour, & recevoit de lui une petite tablette de bois, où par l'ordre du général étoient écrits un ou plusieurs mots; par exemple, à la bataille de Philippe, César & Antoine donnerent le nom d'Appollon pour mot du guet. On écrivoit encore sur ces mêmes tablettes quelques ordres pour l'armée. Celui qui avoit reçu le mot du guet, après avoir rejoint sa compagnie, le donnoit, en présence de témoins, au capitaine de la compagnie suivante. Celui - ci le donnoit à l'autre, & toujours de même, ensorte qu'avant le coucher du soleil toutes ces tablettes étoient apportées au tribun, lequel par une inscription particuliere qui marquoit tous les corps de l'armée, comme les piquiers, les princes, &c. pouvoient connoître celui qui n'avoit point rapporté sa tablette: sa faute ne pouvoit être niée, parce qu'on entendoit sur cela des témoins.

Toutes les - sentinelles étoient de quatre soldats, comme les corps - de - gardes, usage qui paroît avoir été toujours observé. Ceux qui la nuit faisoient la sentinelle auprès du généras & des tribuns, étoient en aussi grand nombre que ceux de la garde du jour. On posoit même une sentinelle à chaque compagnie. Il y en avoit trois chez le questeur, & deux chez les lieutenans généraux. Les vélites gardoient les dehors du camp. A chaque porte du camp on plaçoit une décurie, & l'on y joignoit quelques autres soldats. Ils faisoient la garde pendant la nuit, quand l'ennemi étoit campé près de l'armée. On divisoit la nuit en quatre parties qu'on appelloit veilles, & cette division se faisoit par le moyen des clepsydres: c'étoient deshorloges d'eau qui leur servoient à regler le tems. Il y avoit toujours un soldat qui veilloit pendant que les autres se reposoient à côté de lui, & ils veilloient tour - à - tour. On leur donnoit à tous une tablette différente, par laquelle on connoissoit à quelle veille tel soldat avoit fait la sentinelle, & de queile compagnie il étoit.

Enfin il y avoit la ronde, qui se faisoit ordinairement par quatre cavaliers, que toutes les compagnies fournissoient chacune à leur tour. Ces cavaliers tiroient leurs veilles au sort. Un centurion faisoit donner le signai avec la trompette, & partageoit le tems également par le moyen d'une clepsydre. Au commencement de chaque veille, lorsqu'on renvoyoit ceux qui veilloient à la tente du général, tous les instrumens donnoient le signal. Celui à qui étoit échu la premiere veille, & qui recevoit la tablette des autres qui étoient en sentinelle, s'il trouvoit quelqu'un dormant, ou qui eût quitté son poste, il prenoit à témoin ceux qui étcient avec lui & s'en alloit. Au point du jour chacun de ceux qui faisoient la ronde reportoit les tablettes au tribun qui commandoit ce jour là, & quand il en manquoit quelqu'une, on cherchoit le coupable que l'on punissoit de mort si on le découvroit. Tous les centurions, les décurions, & les tribuns alloient environ à la même heure saluer leur général, qui donnoit ses ordres aux tribuns, qui les faisoient savoir aux centurions, & ceux ci aux soldats. Le même ordre s'observoit parmi les alliés.

Les exercices militaires faisoient une autre partie de la discipline; aussi c'est du mot exercitium, exercice, que vient celui d'exercitus, armée, parce que plus des troupes sont exercées, plus elles sont aguerries. Les exercices regardoient les fardeaux qu'il falloit porter, les ouvrages qu'il falloit faire, & les armes qu'il falloit entretenir. Les fardeaux que les soldats étoient obligés de porter, étoient plus pesans qu'on ne se l'imagine, car ils devoient porter des vivres, des ustensiles, des pieux, & outre cela leurs armes. Ils portoient des vivres pour quinze jours & plus; ces vivres consistoient seulement en blé, qu'ils écrasoient avec des pierres quand ils en avoient besoin; mais dans la suite ils porterent du biscuie qui étoit fort léger; leurs ustensiles étoient une scie, une corbeille, une bèche, une hache, une faulx, pour aller au fourrage: une chaîne, une marmite pour faire cuire ce qu'ils mangeoient. Pour des pieux, ils en portoient trois ou quatre, & quelquefois davantage. Du reste, leurs armes n'étoient pas un fardeau pour eux, ils les regardoient en quelque sorte comme leurs propres membres.

Les fardeaux dont ils étoient chargés ne les empêchoient pas de faire un chemin très - long. On lit que dans cinq heures ils faisoient vingt mille pas. On conduisoit aussi quelques bêtes de charge, mais elles étoient en petit nombre. Il y en avoit de publiques, qui portotent les tentes, les meules, & autres ustensilés. Il y en avoit aussi qui appartenoient aux personnes considérables. On ne se servoit presque point de chariots, parce qu'ils étoient trop embarrassans. Il n'y avoit que les personnes d'un rang distingué qui eussent des valets.

Lorsque les troupes décampoient, elles marchoient en ordre au son de la trompette. Quand le premier coup du signal étoit donné, tous abattoient leurs tentes & faisoient leurs paquets; au second coup, ils les chargeoient sur des bêtes de somme; & au troisieme, ou faisoit défiler les premiers rangs. Ceux - là étoient suivis des alliés de l'aîle droite avec leurs bagages: après eux défiloient la premiere & la deuxieme légion, & ensuite les alliés de l'aîle gauche, tous avec leurs bagages; ensorte que la forme de la marche & celle du camp, étoient à - peu - près semblables. La marche de l'armée étoit une espece de camp ambulant: les cavaliers marchoient tantôt sur les aîles, & tantôt à l'arriere - garde. Lorsqu'il y avoit du danger, toute l'armée se se roit, & cela s'appelloit pilatum agmen; alors on faisoit marcher

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