ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"584"> Bona en disent autant pour les Grecs modernes.

En Occident, quoique l'usage de la mitre ne fût pas commun aux évêques mêmes, on vint ensuite à l'accorder non - seulement aux évêques & aux cardinaux, mais encore aux abbés. Le pape Alexandre Il. l'accorda à l'abbé de Cantorberi & à d'autres. Urbain II. à ceux du mont Cassin & de Cluni. Les chanoines de l'église de Besançon portent le rochet comme les évêques, & la mitre lorsqu'ils officient. Le célébrant & les chantres portent aussi la mitre dans l'église de Mâcon; la même chose est pratiquée par le prieur & le chantre de Notre - Dame de Loches & par plusieurs autres. Il y a beaucoup d'abbés, soit réguliers soit séculiers en Europe, qui ont droit de mitre & de crosse. La forme de cet ornement n'a pas toûjours été, & n'est pas encore par - tout la même, comme le montre le pere Martenne tant dans l'ouvrage que nous avons cité, que dans son voyage littéraire. Celles qui sont représentées sur un tombeau d'évêques à saint Remi de Reims, ressemblent plutôt à une coëffe qu'à une mitre. La couronne du roi Dagobert sert de mitre aux abbés de Munster. Moréri.

Mitre (Page 10:584)

Mitre, en Architecture, c'est un terme d'ouvrier, pour marquer un angle qui est précisément de 45 degrés, ou la moitié d'un droit.

Si l'angle est le quart d'un droit, ils l'appellent demi - mitre. Voyez Angle. Ils ont pour décrire ces angles un instrument qu'ils nomment espece de mitre, avec lequel ils tirent des lignes de mitres sur les quartiers ou battans; &, pour aller plus vite, ils ont ce qu'ils appellent une boîte de mitre. Elle est composée de quatre pieces de bois, chacune d'un pouce d'épaisseur, clouées à plomb l'une sur le bord de l'autre. Sur la piece supérieure sont tracées les lignes de mitre des deux côtés, & on y pratique outre cela une coche pour diriger la scie, de façon qu'elle puisse couper proprement les membres de la mitre, en mettant seulement la piece de bois dans cette boîte. Voyez Beuveau.

On appelle aussi mitre une seconde fermeture de cheminée, qui se pose après coup pour en diminuer l'ouverture, & empêcher qu'il ne fume dans les appartemens.

MITRER (Page 10:584)

MITRER, (Jurisp.) M. Philippe Bornier, en sa conférence sur l'ordonnance du commerce, tit. xj. des faillites, art. 12. dit que ce qu'on appelle en France mitrer, est lorsqu'on met le cou ou les poignets entre deux ais, comme on voit encore les ais troués, au haut de la tour du pilory des halles, & à l'échelle du Temple à Paris; mais il paroît que dans l'origine, ce qu'on appelloit mitrer, étoit une autre sorte de peine ignominieuse, qui consistoit à mettre sur la tête du condamné une mitre de papier, à peu près comme on en mettoit sur la tête de l'évêque ou abbé des fous, lorsqu'on en faisoit la fête, qui n'a été totalement abolie que depuis environ 200 ans. En effet, il est dit dans Barthole, sur la loi eum qui, au digest. de injuriis; tu fuisti mitratus pro falso. Et dans le Memoriale de Pierre de Paul, année 1393, tit. de quisdam maleficiis, il est dit: Ubi unus dictorum sacerdotum S. Dermeoe mitratus fuit, & in eâdem mitriâ ductus fuit unà cum proedictis aliis clericis ligatus, &c. Sur quoi on peut voir aussi Julius Clarus, in sentent. p. 328. & le glossaire de Ducange, p. 328. La mitre, qui est ordinairement une marque d'honneur, est encore en certains cas une marque d'ignominie. Dans le pays de Vosges le bourreau en porte une, pour marque extérieure de son office. En Espagne, l'Inquisition fait mettre une mitre de carton sur la tête de ceux qu'elle condamne pour quelque crime d'hérésie. Voyez le Traité des signes des pensées, par Alphonse Costadaci, dauxieme édition, tom. IV. p. 198. (A)

MITTA (Page 10:584)

MITTA, s. f. (Hist. mod.) étoit anciennement une mesure de Saxe, qui tenoit 10 boisseaux.

MITTAU (Page 10:584)

MITTAU, (Géog.) petite ville du duché de Curlande, capitale de la Sémigalle & de la Curlande. Les Suédois la prirent en 1701, & les Moscovites en 1706. Elle est sur la riviere de Bodler, à 8 lieues S. O. de Riga, 96 N. de Varsovie. Long. 41. 45. lat. 56. (D. J.)

MITTENDARII (Page 10:584)

MITTENDARII, (Antiq. rom.) on appelloit ainsi les commissaires qui étoient envoyés dans les provinces, en certaines occasions importantes, pour avoir l'oeil sur la conduite des gouverneurs provinciaux, & en faire leur rapport au préfet du prétoire, qui seul avoit le droit d'y remédier. On appelloit aussi mettendarii ou mittendaires, des officiers que le préfet prétorien envoyoit dans les provinces, pour voir ce qu'il y avoit à faire, & ordonner des réparations. Les mittendarii faisoient leur rapport au préfet, qui prononçoit suivant l'exigence des cas. Ils avoient aussi quelquefois leur commission directement de l'empereur. Ils s'appellerent aussi missi, envoyés.

MITTENTES (Page 10:584)

MITTENTES, s. m. (Hist. eccles.) ceux que la crainte des supplices détermmoit à jetter de l'encens dans le feu allumé sur les autels du paganisme. L'Eglise les punissoit sévérement de cette apostasie. Elle les appelloit aussi turificati ou sacrificati; & ils étoient compris sous la dénomination générale de lapsi, tombés.

MITU (Page 10:584)

MITU, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) nom d'un oiseau du Bresil du genre des faisans, selon Marggrave, ou plutôt des paons, selon Ray; c'est un bel oiseau, plus gros qu'un coq, d'un noir de jais sur tout le corps, excepté sur le ventre, qui est d'un brun de pérdrix; il porte sur la tête une touffe de plumes, d'un noir luisant, qu'il éleve en maniere de crête; son bec est sarge à la base, étroit à la pointe, & d'un rouge éclatant; sa queue est très - longue, il peut l'élever & l'étendre en évantail comme les paons. Il aime à jucher sur les arbres; mais on l'apprivoise très - aisément. (D. J.)

MITYLENE (Page 10:584)

MITYLENE, (Géog. anc.) capitale de l'île de Lesbos. Il est étonnant que la plupart des livres grecs & latins écrivent Mitylene & Mitylenoe, tandis qu'on lit dans les anciences médailles MUTILHNH, MUTELH/NAI/WN, c'est - à - dire Mytilinoe, Mytilenoeon; & comme c'est là, selon toute apparence, la véritable orthographe, nous la suivrons dans cet ouvrage. Ainsi voyez Mytilene. (D. J.)

MIULNOY - DIWOR (Page 10:584)

MIULNOY - DIWOR, s. m. (Comm.) on nomme ainsi à Pétesbourg, le marché où se vendent les denrées & les meubles nécessaires dans les maisons, comme pois, lentilles, feves, lard, farine, vaisselle de bois, pots de terre, &c. C'est un grand bâtiment quarré, & dans les deux côtés qui donnent sur la rue, on vend toutes sortes de vivres & d'ustensiles de menage. Les magasins à la farine occupent les deux autres côtés, qui regardent la riviere. Ces maisons & magasins n'étant que de bois, & couverts de bois à la moscovite, sont sujets à de grands incendies, dont on a fréquemment des exemples. Dictionn. de Comm.

MIURE ou MYURE (Page 10:584)

MIURE ou MYURE, s. f. (Med. Semiot.) MEIOUROS2, ou MUOUROS2, nom que les anciens grecs ont donné à une espece de pouls inégal régulier, dont le caractere distinctif est d'aller toujours en diminuant, de façon que la seconde pulsation est moins élevée que la premiere, la troisieme que la seconde, & ainsi de suite, jusqu'à ce qu'elle soit parvenue à une extrème petitesse, ou qu'elle ait dégénéré en intermittence parfaite; alors, ou le pouls reste dant cet état d'affaissement, ou il remonte tout d'un coup, & passe brusquement d'un extrème à l'autre, ou enfin, les pulsations reprennent leur force & leur grandeur [p. 585] par degrés, & dans les mêmes proportions qu'elles les avoient perdus. Ces deux dernieres especes portent aussi le nom de pouls réciproques, accourcis, reciproci, decurtati; & l'on a appellé la premiere espece accourcis manquans, deficientes decurtati. Galen. de different. puls. lib. I. cap. xj. La ressemblance qu'on a trouvée ou imaginée de cette espece de pouls à la queue d'une souris qui va toûjours en diminuant, l'a fait appeller par plusieurs MUOUROS2, nom composé de MUS2, qui signifie rat, & de OU/ROS2, queue. Cette étymologie & cette ortographe, qui se trouvent dans quelques vieux cayers grecs, sont assez naturelles. Galien dit que les Médecins grecs nomment ces pouls MEION RIZONTAS2 & MEWROUS2, c'est - à - dire inutiles & comme accourcis, inutiles & quasi decurtatos, empruntant ce nom des figures qui se terminent en pointe. Suivant ce sentiment, il faut écrire ce mot en françois par un i, miure.

Galien, & ses commentateurs serviles, ont tous regardé ce caractere du pouls comme très mauvais, indiquant une foiblesse générale, un ralentissement mortel dans les forces du coeur & des arteres. Cependant il paroît par les observations exactes de M. de Bordeu, que ce pouls n'est pas un signe aussi fâcheux qu'on l'avoit cru jusqu'alors, & qu'au contraire, il annonce quelquefois une évacuation critique & salutaire par les urines. Il paroît, dit cet illustre & judicieux observateur, que dans cette inégalité même, il y a une sorte de réguiarite qui manque au pouls intestinal. Le pouls des urines a plusteurs pulsations moindres les unes que les autres, & qui vont ordinairement jusqu'à se perdre, pour ainsi dire, sous le doigt; c'est dans ce même ordre qu'elles reviennent de tems en tems, les pulsations qui se font dans ces intervales, sont plus aéveloppees, assez égales, & un peu sautillantes. Recherches sur le pouis, par rapport aux crises, chap. xv. obs. 83. 84. & 80, &c. Ces observations ont été confirmées par M. Michel, médécin de Montpellier. Nouvel. obs. jur le pouls, par rapport aux crises. Et nous avons vu nous - mêmes, dans un malade, le pouls miure préceder une excrétion abondante d'urine. Voyez Pouls.

MIXIS (Page 10:585)

MIXIS, s. f. MICIS2, mixtio, en Musicue, est une des parties de l'ancienne mélopée, par laquelle le compositeur apprend à bien combiner les intervales, & à bien distribuer les genres selon le caractere du chant qu'il s'est proposé de faire. Voyez Mélopée. (S)

MIXO - LYDIEN (Page 10:585)

MIXO - LYDIEN, adj. est le nom de l'un des modes de l'aneienne Musique, appellé autrement hyperdorien; parce que sa fondamentale ou tonique étoit une quarte au - dessus de celle du mode dorien. Voyez Hyperdorien.

Le mode mixo lydien étoit le plus aigu des sept, auxquels Ptolomée avoit reduit tous ceux de l'ancienne musique. Voyez Mode. On attribue à Sapho l'invention de ce mode.

MIOQUIXOCHI - COPALLI (Page 10:585)

MIOQUIXOCHI - COPALLI, (Hist. nat. Bot.) grand arbre du Mexique, dont le tronc est rayé de blanc, & dont la feuille ressemble à celle de l'oranger. Ses fleurs, qui sont fort petites, sont d'une couleur rougeâtre. Cet arbre donne une résine d'un rouge très - vif, très - aromatique, un peu astringente; & que l'on regarde comme un spécifique pour un grand nombre de maladies. On désigne aussi cet arbre sous le nom de xochicopal.

MIXTE (Page 10:585)

MIXTE, adj. (Mathémat.) On dit qu'il y a raison ou proportion mixte, lorsqu'on compare la raison de l'antécédent & du conséquent à leur différence, comme si [omission: formula; to see, consult fac-similé version] en ce cas, l'on aura [omission: formula; to see, consult fac-similé version] Voyez Raison & Proportion.

Mathématiques mixtes. Voyez Mathématiques.

Mixte (Page 10:585)

Mixte, (Phys.) un corps mixte en Philosophie, est celui qui est composé de divers étémens ou principes. En ce sens, mixte est opposé à simple ou élémentaire, qui se dit des corps qui ne sont composés que d'un principe seulement, comme les Chimistes supposent que sont le soufre, le sel, &c.

Les Scholastiques définissent un corps mixte, un tout résultant de plusieurs ingrédiens altérés, ou modifiés par le mélange. Suivant ce principe, les différens ingrédiens ou composans, n'existent point actuellement dans le mixte, mais ils sont tous changés de façon qu'ils conspirent à la formation d'un nouveau corps, d'une espece différente de celles des ingrédiens.

L'objet de la Chimie est de résoudre les mixtes en leurs parties composantes, ou principes. Voyez Chimie, &c.

Les Scholastiques distinguent les mixtes en parfaits & imparfaits. Les mixtes parfaits sont des corps animés, où les élémens sont transformés par un parfait mélange: tels sont les plantes, les bêtes, les hommes. Les mixtes imparfaits, sont des corps inanimés dont la forme n'est pas différente de celle des élémens: tels sont les météores, les minéraux, les métaux. Sur quoi tout cela est il fondé? Voyez Élémens. Chambers.

Mixte & Mixtion (Page 10:585)

Mixte & Mixtion, (Chimie.) les Chimistes prennent ces mots dans deux sens différens: premierement, dans un sens général & vague, ils appellent mixtes les corps chimiques, formés par l'union de divers principes quelconques; & mixtion, l'union, la combinaison de ces divers principes: c'estlà le sens le plus connu, & le plus ancien. Secondement, dans un sens moins général, plus resserré, ils appellent mixte le coprs formé par l'union de divers principes élementaires ou simples; & mixtion, l'union qui constitue cet ordre particulier de corps chimiques. Cette derniere acception est plus propre aux Chimistes modernes; elle a été principalement introduite dans la langue chimique, par Becher & par Stahl, qui n'ont cependant pas assez soigneusement évité d'employer ces expressions dans la premiere signification.

Nous allons considérer les mixtes & la mixtion, sous ces deux points de vûe.

Il est clair que sous le premier, la mixtion est la même chose que la syncrèse, que la combinaison, que l'union chimique, que la liaison intime, la forte cohésion de divers principes, opérée par l'exercice de cette force, ou de ce principe universel que nous avons considéré sous le nom de miscibilité, voyez Miscibilité, Chimie. On trouvera encore beaucoup de notions majeures sur la mixtion, répandues dans plusieurs autres articles de ce Dictionnaire, dans l'article Chimie, dans l'art. Menstrue, dans l'art. Rapport, dans l'art. Principes, Chimie, dans l'art. Union, &c. où ces notions ont concouru nécessairement à établir ou à éclaircir les différens points de doctrine chimique, dont on s'occupe dans ces articles. Nous allons en donner dans celui - ci, le resumé & le complément.

1°. Les mixtes ou corps chimiques composés, sont formés par l'union de principes divers, d'eau & d'air, de terre & de feu, d'acide & d'alcali, &c. ils different essentiellement en cela des aggregés, aggregats, ou molécules qui sont formées par l'union de substances pareilles ou homogenes. Cette différence est exposée avec beaucoup de détail dans la partie dogmatique de l'article Chimie, voyez cet article. Il suffit de rappeller ici, que c'est à cause de cette circonstance essentielle à la formation des mixtes, que ces corps ne peuvent être résous en leurs principes, qu'on n'en peut séparer un de leurs matériaux,

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