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MIXTE (Page 10:585)
MIXTE, adj. (Mathémat.) On dit qu'il y a raison
ou proportion mixte, lorsqu'on compare la raison
de l'antécédent & du conséquent à leur différence,
comme si [omission: formula; to see, consult fac-similé version] en ce cas, l'on aura
[omission: formula; to see, consult fac-similé version] Voyez
Mathématiques mixtes. Voyez
Mixte (Page 10:585)
Les Scholastiques définissent un corps mixte, un tout résultant de plusieurs ingrédiens altérés, ou modifiés par le mélange. Suivant ce principe, les différens ingrédiens ou composans, n'existent point actuellement dans le mixte, mais ils sont tous changés de façon qu'ils conspirent à la formation d'un nouveau corps, d'une espece différente de celles des ingrédiens.
L'objet de la Chimie est de résoudre les mixtes en
leurs parties composantes, ou principes. Voyez
Les Scholastiques distinguent les mixtes en parfaits
& imparfaits. Les mixtes parfaits sont des corps animés,
où les élémens sont transformés par un parfait
mélange: tels sont les plantes, les bêtes, les hommes.
Les mixtes imparfaits, sont des corps inanimés
dont la forme n'est pas différente de celle des élémens: tels sont les météores, les minéraux, les métaux.
Sur quoi tout cela est il fondé? Voyez
Mixte & Mixtion (Page 10:585)
Nous allons considérer les mixtes & la mixtion, sous ces deux points de vûe.
Il est clair que sous le premier, la mixtion est la
même chose que la syncrèse, que la combinaison,
que l'union chimique, que la liaison intime, la forte
cohésion de divers principes, opérée par l'exercice
de cette force, ou de ce principe universel que nous
avons considéré sous le nom de miscibilité, voyez
1°. Les mixtes ou corps chimiques composés, sont
formés par l'union de principes divers, d'eau &
d'air, de terre & de feu, d'acide & d'alcali, &c. ils
different essentiellement en cela des aggregés, aggregats,
ou molécules qui sont formées par l'union
de substances pareilles ou homogenes. Cette différence
est exposée avec beaucoup de détail dans la
partie dogmatique de l'article
2°. La mixtion ne se fait que par juxta - position, que par adhésion superficiaire de principes, comme l'aggrégation se fait par pure adhésion de parties intégrantes d'individus chimiques. On n'a plus heureusement besoin de combattre les entrelacemens, les introsusceptions, les crochets, les spyres & les autres chimeres des Physiciens & des Chimistes du dernier siecle.
3°. La mixtion n'est exercée, ou n'a lieu, qu'entre les parties solitaires, uniques, individuelles des principes, fit per minima: elle suppose, elle demande la destruction, ou du moins le très - grand relâchement de l'aggrégation, tel que celui qui est propre aux liquides, aux substances que les Chimistes appellent dissoutes ou résoutes, solutoe; & voilà d'où naît l'axiome chimique, corpora non agunt, c'est - à - dire, ne contractent point la mixtion chimique, nisi sint soluta.
4°. La mixtion est un acte naturel spontané; l'art
ne la produit point, n'ajoute rien à l'énergie du principe
naturel dont elle dépend, n'excite point la force
qui la produit; il ne fait que placer les corps miscibles
dans la sphere d'activité de cette force; sphere
qui est très - bornée, qui ne s'étend point à un espace
sensible. Ainsi, non seulement les mixtes naturels,
mais même les mixtes qui peuvent être appellés à
quelques égards artificiels, savoir, ceux qui sont dûs
à la dissolution chimique, ou à l'action menstruelle,
déterminée par des opérations artificielles, voyez
5°. L'acte de la mixtion est soudain & momentané: mixtio fit in instanti, dit Stahl, dans son specimen Becherianum, part. I. sect. 1. membre. 1. §. xij. Ceci est une suite nécessaire du dogme précédent; car non - seulement l'observation, les faits, établissent cette vérité; mais elle est susceptible, dans la considération abstraite, de la plus exacte démonstration. En effet, dès que la mixtion s'opere par une force inhérente, ou toûjours subsistante dans les corps; dès que des corps se trouvent placés dans la sphere d'activité de cette force (cette sphere étant sur - tout circonscrite dans les termes de la plus gran<cb->
6°. La cohésion mixtive est très - intime; le noeud
qui retient les principes des mixtes est très - fort: il
résiste à toutes les puissances méchaniques; nul coin,
nul lévier, nul choc, nulle direction de mouvement,
ne peut le rompre: & même le plus universel des
agens chimiques, le feu, & toute l'énergie connue
de son action dissociante, agit en vain sur la mixtion
la plus parfaite, sur un certain ordre de corps chimiques
composés, dont nous parlerons dans la suite
de cet article. A plus forte raison, le degré le plus
foible de cette action, savoir la raréfaction par sa
chaleur ne porte - t - elle point absolument sur la mixtion, même la plus imparfaite. Le moyen le plus
commun, le plus généralement efficace que la nature
& l'art employent pour surmonter cette force,
c'est un plus grand degré de cette même force. Certains corps combinés chimiquement, ne se séparent
parfaitement & absolument, que lorsque chacun
ou au - moins l'un d'entre eux, passe dans une nouvelle
combinaison. Cette nouvelle combinaison est
l'effet propre du phénomene que les Chimistes appellent
précipitation; & ce plus haut degré de force
mixtive existe entre deux substances, dont l'une
est nue ou libre, (voyez
Ce lien, ce noeud, cette cohésion mixtive, est
très - supérieure dans le plus grand nombre de cas à la
cohésion aggrégative, qui est l'attraction de cohésion
des Physiciens. Cette vérité est prouvée, & en
ce que l'action dissociante du feu se porte efficacement
sur tous les aggrégés chimiques; & en ce que
dans les cas les plus ordinaires & les plus nombreux,
les parties intégrantes individuelles des aggrégés
abandonnent, deserunt, leur association aggrégative,
pour se porter violemment, ruere, à la mixtion,
ou à l'association avec des principes divers, comme
cela arrive dans presque toures les dissolutions
(voyez
Il est tout commun aussi de voir dans les opérations
chimiques les agens chimiques très - énergiques,
& principalement le feu rompre l'aggrégation d'un
sujet chimique composé sans agir sur sa mixtion.
Toutes les opérations chimiques proprement dites,
que nous avons appellé disgrégatives, & toutes celles
que nous avons appellé mixtives ou combinantes,
sont dans ce cas. Voyez
Il arrive cependant quelquefois que certains
menstrues obéissent davantage à la force de cohésion
aggrégative, qu'à la force de miscibilité: par
exemple, l'esprit de nitre concentré à un certain
point, n'agit pas sur l'argent par cette raison; voyez
7°. Un caractere essentiel de la mixtion chimique, du - moins la plus parfaite, c'est que les propriétés particulieres de chaque principe qui concourt à la [p. 587]
8°. Un autre caractere essentiel de la mixtion,
caractere beaucoup plus général, puisqu'il est sans
exception, c'est que les principes qui concourent à
la formation d'un mixte, y concourent dans une certaine
proportion fixe, une certaine quantité numérique
de parties déterminées, qui constitue dans les
mixtes artificiels ce que les Chimistes appellent point
de saturation. Voyez
La premiere assertion est prouvée aussi par des
faits très - connus: tous les menstrues entrent en
mixtion réelle avec les corps qu'ils dissolvent; mais
l'énergie de tous les menstrues est bornée à la dissolution
d'une quantité déterminée du corps à dissoudre;
l'eau une fois saturée de sucre, (voyez
Il est évident, & les considérations précédentes
nous conduisent à cette vérité plus générale, que
toutes ces unions de divers liquides aqueux, sont de
vraies, de pures aggrégations. Une certaine quantité
déterminée d'eau s'unit par le lien d'une vraie
mixtion à une quantité déterminée de sel, & constitue
un liquide aqueux qui est un vrai mixte. Cela
est prouvé entre autres choses, en ce que des qu'on
soustrait une portion de cette eau, une portion du
mixte périt: on a au lieu du mixte aqueo - salin, appelle
lessive, lixivium, un corps concret, un crystal de
sel. Mais toute l'eau qu'on peut surajouter à cette lessive
proprement dite, ne contracte avec elle que l'aggrégation;
c'est de l'eau qui s'unit à de l'eau; & voilà
pourquoi ce mélange n'a point de termes, point de
proportions: une goutte de lessive se mêle parfaitement
à un océan d'eau pure: une goutte d'eau
pure se mêle parfaitement à un ocean de lessive.
Il en est absolument de même de l'esprit de vin,
du vin, du vinaigre, de toutes les liqueurs végétales
& animales aqueuses, des acides, des esprits
alkalis, aromatiques, &c. & de leurs mélanges
à de l'eau pure ou entre eux, toutes les fois qu'ils
ne contiendront pas des substances réciproquement
solubles, ou abstraction faite de l'événement qui
résultera de cette circonstance accidentelle, il est
clair que tous ces mélanges ne sont pas des mixtions:
premierement par les définitions, car ils ne sont
bornés par aucune proportion; secondement, par
la nature même des choses; car nous croyons avoir
prouve que dans tous ces cas, ce sont des corps non seulement
pareils, mais mêmes identiques de l'eau
& de l'eau qui s'unissent, ce qui constitue l'aggrégation.
Voyez l'article
Les différentes substances métalliques s'alliant aussi [p. 588]
Des mixtes & de la mixtion considérés dans la seconde acception. M. Becker distingue tous les sujers chimiques en mixtes, composés, surcomposés, decomposita, & ceux qu'il appelle super decomposita.
Il appelle mixtes les corps formés par l'union chimique
de deux ou de plusieurs élémens, premiers
principes, ou corps simples. Voyez
Les composés sont des corps formés par l'union chimique de deux ou de plusieurs mixtes; ces corps sont plus communs, soit dans la nature, soit dans l'art. Les métaux minéralisés avec le soufre, les sels métalliques, les résines, &c. sont des composés.
Les surcomposés sont des corps formés par l'union chimique de deux ou de plusieurs composés: les exemples des corps de cet ordre, ou du - moins qui soient strictement dans les termes de la définition, ne sont pas aisés à trouver. Sthal dans le specimen Becterianum, n'ose en proposer qu'avec la formule du doute. Cette difficulté vient d'un vice inhérant à la division même de Becker, qui n'a point fait d'ordre distinct pour les combinaisons qui se présentent le plus fréquemment tant dans les sujets naturels que dans les sujets artificiels; savoir les unions immédiates des élémens, des mixtes & des composés entre eux. En effet, il existe très - peu de corps très - composés dans le dernier ordre de composition, dans lesquels n'entre quelque mixte ou quelque élément. Il y a beaucoup de combinaisons de mixte & d'élémens, &c.
L'usage que fait Becker de sa superdécomposition
est aussi très - peu exact; il entend presque la même
chose que nous entendons par surabondance (voyez
Toute cette doctrine, ou plûtôt cette nomenclature
est inexacte & heureusement inutile: il importe
seulement en considérant & en traitant les sujets chimiques,
d'avoir le plus grand égard aux différens ordres
de leur composition, à les examiner successivement
en commençant par le plus prochain, le plus
immédiat, le dernier. Voyez pour exemple de cette
méthode, l'article
Mixte (Page 10:588)
Il y a des droits & actions qui sont mixtes, c'est - à - dire partie réels & partie personnels; de même les
servitudes mixtes sont celles qui sont tout - à - la - fois
destinées pour l'usage d'un fond & pour l'utilité de
quelque personne. Voyez
On appelle questions mixtes, celles où plusieurs
lois ou coutumes différentes se trouvent en opposition;
par exemple, lorsqu'il s'agit de savoir si c'est
la loi de la situation des biens, ou celle du domicile
du testateur, ou celle du lieu où le testament est fait
qui regle la forme & les dispositions du testament.
Voyez
Les statuts mixtes sont ceux qui ont en même tems
pour objet la personne & les biens. V.
Mixte (Page 10:588)
On appelloit modes mixtes ceux qui participoient
à plusieurs genres à fois. Voyez
Mixte (Page 10:588)
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