ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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messe par coeur. Ils font aussi des sacrifices comme
dans l'ancienne loi. La victime est conduite le matin
devant le prêtre, qui la bénit avec quelque cérémonie,
ensuite de quoi on la menc à la cuisine pour y
être égorgée. Cependant le prêtre dit la messes après
laquelle il se rend à la maison de celui qui a presenté
la victime, où l'on fait un festin. Le prêtre est assis
à une petite table particuliere, sur laquelle on sert
certaines parties de la victime qui lui sont destinées,
comme la poitrine, le dos, le foie & la rate. Tout
le reste de la victime, avec la tête & la peau, est
porté chez le prêtre, parce que c'est une viande de
sacrifice. Il n'y a point de peuples plus superstitleux
que les Mingréliens. Ils ne mangent point de viande
le lundi, parce qu'ils respectent ou craignent la lune:
le vendredi est pour eux une fête; & il y a apparence
qu'ayant reçu le Christianisme au tems de Constantin, ils ont pris de lui cette coutume; car cet empereur
ordonna que ses sujets célébrassent le vendredi
comme une fête en l'honneur de la passion de Jesus - Christ. L'habillement des prélats est superbe pour le
pays, car il est d'écarlate & de velours, & n'est
guere différent de celui des séculiers; ce qui les distingue
particulierement, c'est leur barbe longue,
leur bonnet noir, rond & haut, fait comme celui
des moines grecs. Ils portent des chaînes d'or au
col; ils vont à la chasse & même à la guerre, où ils
se mettent à la tête de leurs sujets, principalement
quand le roi va en personne, & ne combattent pas
moins que les gentilshommes. Il y a en Mingrélie
des religieux de l'ordre de saint Basile que l'on appelle
berres, qui vont habillés comme les moines
grecs, & qui observent leur façon de vivre. Un enfant
est fait religieux par son pere & sa mere, avant
même qu'il soit capable de faire un choix; ils l'engàgent
dans cet état dès l'enfance, en lui mettant un
bonnet noir sur la tête, lui laissant croître les cheveux,
l'empêchant de manger de la viande, & lui
disent pour toutes raisons qu'il est berre. Il y a aussi
des religieuses de cet ordre, qui observent le jeûne
& portent un voile noir; mais elles ne sont point enfermées
dans les couvens, ne font point de voeux,
& quittent le jeûne & le voile quand il leur plaît.
La plûpart des églises n'ont point de cloches, mais
on y appelle le peuple au son d'une planche de bois
que l'on frappe avec un bâton. Les églises cathédrales
sont assez propres & bien ornées d'images peintes,
& non pas en relief: ces images sont partie d'or
& de pierreries, mais celles des paroisses sont fort
négligées. Le peuple leur offre des cornes de cerf,
des défenses de sanglier, des aîles de faisant, & des
armes, afin d'obtenir un heureux succès à la chasse
& à la guerre, & leur rend un culte qui approche
de l'idolâtrie. Leur grand saint est S. Georges, ainsi
que chez les Géorgiens, les Moscovites & les Grecs.
On dit qu'ils ont beaucoup de saintes reliques, &
que les principales furent transportées dans la Mingrélie par des prélats qui s'y retirerent lorsque Constantinople fut prise par les Turcs, en l'année 1453.
Dom Joseph Zampy, préfet des Théatins en Mingrelie, assure que les religieux de cet ordre y ont
vu un morceau de la vraie croix long d'une palme
ou de huit pouces; une chemise de la Vierge brodée
à l'aiguille & semée de fleurs, & plusieurs autres
reliques que le prince de Mingrelie tient à sa
garde.
La messe des Mingréliens se dit à la grecque, mais
avec peu de cérémonies. Pendant le carême on ne
dit la messe que le samedi & le dimanche, parce
que tous les autres jours il faut jeûner, & que, selon
leur pensée, la communion rompt le jeûne. Ils ont
quatre carêmes; celui qui se fait avant Pâques, qui
est de 48 jours; celui qui précede la fête de Noël,
qui durc 40 jours; celui qui prend son nom de la fête
de saint Pierre, qui est d'environ un mois; & celui
que tous lès chrétiens orientaux sont en l'honneur
de la vierge, qui dure 15 jours. Ils font des sacrifices
comme faisoient les Juifs, & immolent des victimes
qu'ils mangent ensemble. Ils égorgent aussi des
bêtes & des oiseaux sur les sépulchres de leurs parens,
& y versent du vin & de l'huile, comme faisoient
les payens. Les prêtres peuvent non - seulement
se marier avant leur ordination, comme font les
Grecs, mais ils passent à de secondes noces, & en
sont quittes pour prendre de leur évêque une dispense
qui ne coûte qu'une pistole. Quand quelqu'un est
malade, il appelle un prêtre, qui ne lui parle point
de confession, mais qui se contente de feuilleter un
livre pour chercher la cause de la maladie, qu'il attribue
à la colere de quelqu'une de leurs images. Il
ordonne ensuite que le malade fera son offrande à
cette image pour l'appaiser, ce qui tourne au profit
du prêtre. Aussi - tôt qu'un enfant est venu au monde,
le prêtre l'oint du crême, en lui faisant une croix sur
le front, & differe son baptême jusqu'à ce qu'il ait
atteint l'âge environ de deux ans: alors on le baptise,
en le plongeant dans l'eau chaude, & en l'oignant
presque par toutes les parties du corps: enfin
on lui donne à manger du pain qui a été béni, & du
vin à boire. Quelquefois, pour rendre le baptême
plus solemnel, ils baptisent sans eau, avec du vin.
Ptolomée, lib. V. Lenoir, description d'Asie. Ortellius, Clunier, Daniti; dom Joseph Zampy théatin,
relation de la Mingrélie; le P. Lamberti, dans le recueil de Thevenot; le chevalier Chardin, & Jean - Baptiste Tavernier, voyage de Perse.
MINHO
(Page 10:548)
MINHO, (Géog.) en latin Minius, fleuve d'Espagne qui prend sa source dans la Galice, près de
Castro del rei, traverse le royaume de Galice, & se
jette dans l'Océan atlantique aux confins du Portugal. Il est fort poissonneux, & tire son nom du mimium ou vermillon qu'on trouve sur ses côtes.
MINIATO, Saint
(Page 10:548)
MINIATO, Saint, (Géogr.) ville de Toscane
en Italie, dans le Florentin, avec un évêché suffragant
de Florence. Elle est sur l'Arno, à 8 lieues S.
O. de Florence. Long. 28. 30. lat. 43. 40. (D.J.)
MINIATURE
(Page 10:548)
MINIATURE, s. f. (Peinture.) Quelques - uns font
dériver ce mot de minium, vermillon, parce que,
disent - ils, on se sert beaucoup de cette couleur en
miniature, ce qui souffre quelques difficultés; car
les plus habiles peintres s'en servent le moins qu'ils
peuvent, parce qu'elle noircit: d'ailleurs on peut
peindre en miniature des camaïeux (voyez Camaïeu)
ou toute autre tableau, sans le secours du vermillon.
Quoi qu'il en soit, l'usage fiançois semble tirer mïniature du vieux mot mignard, délicat, flatté, &c.
En effet, la miniature, par la petitesse des objets
qu'elle représente & leur grand fini, paroît flatter
ou embellir la nature en l'imitant; effet commun à
tout ce qui est réduit du grand au petit. Miniature
peut bien encore venir de MEXROS2, petit.
Le mot miniature est souvent pris pour les tableaux
même peints en ce genre: on dit une miniature pour dire un tableau peint en miniature; mais
c'est improprement que l'on nomme miniature un tableau
peint à l'huile, en émail, à gouache ou en détrempe,
seulement parce qu'il est peint en petit.
La miniature est l'art de peindre en petit sur une
matiere quelconque, qui soit blanche naturellement
& non blanchie; ensorte que toute partie qui a besoin
de blanc ou tout au - moins de grand clair, le tire
du blanc même de la matiere sur laquelle elle est
peinte; & que toutes les autres couleurs qui doivent
être très - legeres en tirent tout leur éclat. C'est
ainsi que la miniature a été pratiquée dans son commencement: on peignoit sur des os blanchis au soleil
& préparés, sur le marbre, l'alb âtre, sur la plupart
des pierres blanches & polies, enfin sur l'ivoire,
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car l'usage du vélin n'étoit point encore trouvé. Les
couleurs dont on se servoit étoient en petit nombre,
presque toutes ayant trop de corps, & ne pouvant
produire cette riche variété de teintes si essentielle
à la vigueur du coloris, ainsi qu'à l'harmonie. Voyez
Mélanges, Teintes, Ton
. Mais à mesure que
la Peinture a étendu ses découvertes, on a senti la
nécessité d'admettre le mélange du blanc dans les
couleurs, pour avoir des teintes de dégradation,
comme dans les autres peintures. Des artistes intelligens
ont travaillé à augmenter le nombre des couleurs
simples, & à les rendre plus légeres: enfin les plus
habiles se sont permis l'usage du blanc indifféremment
dans toutes les couleurs de fond, de draperies,
&c. qui en demandent, en exceptant cependant les
chairs & semblables parties délicates dans lesquelles,
pour mieux conserver la touche caractéristique de
l'objet, l'art défend d'employer le blanc dans les
mélanges. Cette seconde maniere de peindre associe
naturellement la miniature aux autres genres de
peinture, par la liberté & la facilité qu'elle a de
multiplier ses tons, si ce n'est, comme on l'a dit,
dans certaines parties que l'habile peintre doit sentir,
& dans lesquelles il ne faut pas moins qu'une
extrème pratique de l'art pour réussir, & que l'on
ne s'apperçoive pas de la grande disette où nous
sommes de couleurs legeres. On a presqu'entierement
abandonné la premiere maniere, du - moins peu
de peintres s'en servent aujourd'hui, & il ne lui est
resté que le nom de peinture à l'épargne, voyez Peinture a l'épargne; parce qu'en effet elle épargne
le blanc de la matiere sur laquelle on peint, pour en
former des blancs ou des grands clairs assoupis à la
vérite par les couleurs locales.
Van Dondre en Hollande, Torreutius & Hufnagel en Flandre, Volfak en Allemagne, ont été les
premiers à quitter cette maniere seche & peinée,
pour ne plus peindre que de pleine couleur, comme
à l'huile, excepté le nud.
La peinture en miniature florissoit depuis longtems
en Hollande, en Flandres, en Allemagne,
qu'elle n'étoit encore en France qu'une sorte d'enluminure: on ne faisoit guere que des portraits entierement
à l'épargne ou à gouache, & que l'on pointilloit
avec beaucoup de patience. Une fois enrichis
de la nouvelle découverte, les Carriera, les Harlo,
les Macé firent bientôt sentir dans leurs ouvrages
que la miniature peut avoir ses Rigauld ou ses Latour;
mais il lui manquoit encore la plus belle partie, c'est - à - dire des maîtres qui peignissent l'Histoire. L'académie royale de Peinture, toujours attentive à tout
ce qui peut contribuer à la gloire de la Peinture,
attendoit avec empressement ce second succès pour
se l'associer. On lui doit cette même justice, qu'ébranlée
sans doute par l'effort d'émulation de quelques
artistes de ce genre, elle a de nos jours encouragé
la miniature, en l'admettant au nombre de ses
chef - d'oeuvres. C'est reconnoître qu'elle est susceptible
de rendre en petit les plus grandes choses.
Elle peut donc briller par la belle composition (ce
qui feroit son principal mérite), par un coloris frais
& vigoureux, & par un bon goût de dessein? Il n'est
point d'amateur qui n'en accepte l'augure; & il y a
lieu d'espérer que la miniature aura ses Rubens ou
ses Vanloo.
Quant à ce qui concerne la pratique de cet art,
voyez Peinture en miniature, Palette, Pinceaux,
Pointillé, Touche, Vélin, à la fin de cet article.
De la palette. La palette qui sert à la miniature
est un morceau d'ivoire d'environ six pouces de long,
plus ou moins, & de trois ou quatre pouces de large;
l'épaisseur n'y fait rien, non plus que la forme,
qui est arbitraire: on en fait communément de car<cb->
rées ou d'ovales. D'autres ont jusqu'à quatre lignes
d'épaisseur, & portent sur leur superficie, tout autour
du bord, des petites fossettes creusées en forme
sphérique du diamettre, d'environ demi - pouce,
& espacées également. On met une couleur dans
chaque fossette; mais cette palette est moins propre
que la premiere. On applique les couleurs autour
de celle - ci & sur le bord, assez près les unes des autres;
& pour cela, si les couleurs qui sont dans les
coquilles sont seches, on y met un peu d'eau nette,
& on les détrempe avec le bout du doigt, ensuite
on porte ce doigt plein de couleur sur le bord de la
palette, appuyant un peu & retirant à soi. on fait
de même de chaque couleur. Ceux qui aiment l'ordre
dans leur palette, la chargent suivant la gradation
naturelle; c'est - à - dire, commençant par le noir,
les rouges foncés jusqu'aux plus clairs, de même
des jaunes; ensuite les verds, les bleus, les violets
& les laques, ces quatre dernieres commencent par
leurs plus claires. Le milieu de la palette reste pour
faire les mélanges & les teintes dont on a besoin,
soit avec le blanc que l'on met à portée, ou sans
blanc; par ce moyen on a toutes ses couleurs sous
sa main. On se sert encore de palettes de nacre ou
d'un morceau de glace, sous laquelle on colle un papier
blanc. Toutes les matieres poreuses en général
ne valent rien à cet usage; les palettes de marbre
blanc ou d'albâtre sont très - bonnes.
De la peinture en miniature. Quoique la miniature n'embrasse pas généralement tous les détails qui
se rencontrent dans les objets qu'elle imite, elle a
néanmoins des difficultés qui s'opposent à ses succès: telles sont la petitesse des objets, la précision
& la liberté dans leurs contours, le grand fini sans
perdre du côté de la vigueur. En outre, le choix
des matieres sur lesquelles on a dessein de peindre,
& qui ont quelquefois leurs inconvéniens, l'apprêt
& le choix des couleurs, & la touche, sans compter
qu'il est toujours très - difficile d'annoncer la grande
maniere, dans un tableau qui perd déja de son
effet à deux ou trois pas de distance.
On peint en miniature sur le vélin, l'ivoire, l'albâtre,
le marbre blanc, les coques d'oeufs; enfin,
sur toutes les matieres blanches naturellement, &
solides, ou du - moins qui ne se laissent point pénétrer
par les couleurs, & de plus qui n'ont aucun
grain: ces qualités ne se trouvent pas toutes dans
chacune des matieres ci - dessus, quelques - unes d'entr'elles demandent des préparations pour recevoir
mieux les couleurs.
On emploie plus ordinairement le vélin & l'ivoire,
à raison de leur peu d'épaisseur qui trouve place
dans les plus petits cadres, & de la grande douceur
de leur surface.
Le vélin pour être bon, exige plusieurs conditions,
voyez Vélin. L'ivoire doit être choisi très blanc,
sans veines apparentes, fort uni, sans être
poli, & en tablette très - mince, parce que plus il
est épais, plus son opacité le fait paroître roux.
Avant que de peindre dessus, il est nécessaire d'y
passer légerement un linge blanc, ou un peu de corton
imbibé de vinaigre blanc, ou d'eau d'alun de
roche, & de l'essuyer aussi - tôt: cette préparation
dégraisse l'ivoire, lui ôte son grand poli, s'il en a,
& la légere impression de sel qui reste encore dessus,
fait que les couleurs s'y attachent mieux, de l'eau
sallée pourroit suffire. On colle ensuite derriere l'ivoire
un papier blanc de la même grandeur seulement
aux quatre coins, ou tout autour, avec de la
gomme: la même préparation sert aussi pour le marbre
blanc, l'albâtre & les coques d'oeufs qu'il faut
amolir auparavant pour les redresser.
Les couleurs. Les couleurs propres à la miniature
ne sont pas toutes les mêmes que celles dont on se
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