ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"546"> biens; de sorte que si son tuteur reçoit le remboursement d'une rente fonciere, ou d'une rente constituée dans les pays où ces rentes sont reputées immeubles, les deniers provenant du remboursement appartiendront à l'héritier qui auroit hérité de la rente.

Un mineur ne peut se marier sans le consentement de ses pere, mere, tuteur & curateur, avant l'âge de 25 ans; & s'il est sous la puissance d'un tuteur, autre que le pere ou la mere, ayeul ou ayeule, il faut un avis de parens.

Il n'est pas loisible au mineur de mettre tous ses biens en communauté, ni d'ameublir tous ses immeubles; il ne peut faire que ce que les parens assemblés jugent nécessaire & convenable: il ne doit pas faire plus d'avantage à sa future qu'elle ne lui en fait.

En général le mineur peut faire sa condition meilleure; mais il ne peut pas la faire plus mauvaise qu'elle n'étoit.

Le mineur qui se prétend lésé par les actes qu'il a passés en minorité, ou qui ont été passés par son tuteur ou curateur, peut se faire restituer, en obtenant en chancellerie des lettres de rescision dans les 10 ans, à compter de sa majorité, & en formant sa demande en enthérinement de ces lettres, aussi dans les 10 ans de sa majorité; après ce tems les majeurs ne sont plus recevables à réclamer contre les actes qu'ils ont passés en minorité, si ce n'est en Normandie, où les mineurs ont jusqu'à 35 ans pour se faire restituer, quoiqu'ils deviennent majeurs à 20 ans. Voyez Rescision & Restitution en entier.

Il ne suffit pourtant pas d'avoir été mineur pour être restitué en entier, il faut avoir été lésé; mais la moindre lésion, ou l'omission des formalités nécessaires, suffit pour faire enthériner les lettres de rescision. Voyez Lésion.

Il y a des mineurs qui sont reputés majeurs à certains égards; comme le bénéficier à l'égard de son bénéfice; l'officier pour le fait de sa charge; le marchand pour son commerce.

En matiere criminelle les mineurs sont aussi traités comme les majeurs, pourvû qu'ils eussent assez de connoissance pour sentir le délit qu'ils commettoient: il dépend cependant de la prudence du juge d'adoucir la peine.

Autrefois le mineur qui s'étoit dit majeur, étoit reputé indigne du bénéfice de minorité; mais présentement on n'a plus égard à ces déclarations de majorité, parce qu'elles étoient devenues de style: on a même défendu aux notaires de les insérer.

La prescription ne court pas contre les mineurs, quand même elle auroit commencé contre un majeur, elle dort pour ainsi - dire pendant la minorité; cependant l'an du retrait lignager, & la fin de nonrecevoir pour les arrérages de rente constituée, antérieurs aux cinq dernieres années, courent contre les mineurs comme contre les majeurs.

Dans les parlemens de Droit écrit, les prescriptions de 30 ans ne courent pas contre les mineurs: celles de 30 & 40 ans ne courent pas contre les pupilles; mais elles courent contre les mineurs puberes, sauf à eux à s'en faire relever par le moyen du bénéfice de restitution.

Lorsqu'il est intervenu quelque arrêt ou jugement en dernier ressort contre un mineur, il peut, quoiqu'il ait été assisté d'un tuteur ou curateur, revenir contre ce jugement, par requête civile, s'il n'a pas été défendu; c'est - à - dire, s'il a été condamné par défaut ou forclusion, ou s'il n'a pas été défendu valablement, comme si l'on a omis de produire une piece nécessaire, ou d'articuler un fait essentiel: car la seule omission des moyens de droit & d'équité ne seroit pas un moyen de requête civile, les juges étant présumés les suppléer.

On ne restitue point les mineurs contre le défaut d'acceptation des donations qui ont été faites à leur profit, par autres personnes que leurs pere & mere, ou leur tuteur; ils ne sont pas non - plus restitués contre le défaut d'insinuation, du moins à l'égard des créanciers qui ont contracté avec le donateur depuis la donation; mais si le tuteur a eu connoissance de la donation, & qu'il ne l'ait pas valablement acceptée ou fait insinuer, il en est responsable envers son mineur.

De même lorsque le tuteur ne s'est pas opposé, pour son mineur, au decret des biens qui lui sont hypothéqués, le mineur ne peut pas être relevé; il a seulement son recours contre le tuteur, s'il y a eu ce la négligence de sa part.

Il y a quelques personnes qui, sans être réellement mineures, jouissent néanmoins des mêmes droits que les mineurs, telles que l'Eglise; c'est pourquoi on dit qu'elle est toûjours mineure, ce qui s'entend pour ses biens qui ne peuvent être vendus ou aliénés sans nécessité ou utilité évidente, & sans formalités; mais la prescription de 40 ans court contre l'Eglise.

Les interdits, les hôpitaux & les communautés laïques & ecclésiastiques, jouissent aussi des privileges des mineurs, de la même maniere que l'Eglise.

Voyez au digeste les titres De minoribus, de his qui oetatis veniam impetraverunt, & au code le tit. x. in integrum restitutionibus; voyez aussi le Traité des tutelles de Gillet, celui des minorités de Meslé, & aux mots Curatelle, Curateur, Émancipation, Tutelle, Rescision, Restitution . (A)

Mineur (Page 10:546)

Mineur, s. m. (Gram.) ouvrier employé à l'exploitation des mines. Voyez l'article Mine & Mines, hist. nat.

Mineur (Page 10:546)

Mineur, (Art. milit.) ouvrier qui travaille à la mine, en prenant ce mot comme à l'article Mine, (Fortificat.) Voyez cet article.

Mineurs (Page 10:546)

Mineurs ou Freres mineurs, (Hist. eccléfiast.) religieux de l'ordre de saint François. C'est le nom que prennent les Cordeliers par humilité. Ils s'appellent fratres minores, c'est - à - dire moindres freres, & quelquefois minoritoe. Voyez Cordelier & Ordre.

Mineurs (Page 10:546)

Mineurs ou Clercs mineurs, (Hist. ecclés.) ordre des clercs réguliers qui doivent leur établissement à Jean - Augustin Adorne, gentilhomme génois, qui les institua en 1588 à Naples, avec Augustin & François Carraccioli. Le pape Paul V. approuva en 1605, leurs constitutions. Leur général réside dans la maison de saint Laurent à Rome, où ils ont un college à sainte Agnès de la place Navonne.

Mineur (Page 10:546)

Mineur, adj. (Musique.) est le nom qu'on donne, en Musique, à certains intervales, quand ils sont aussi petits qu'ils peuvent l'être sans devenir faux. Voyez Majeur. voyez aussi Mode. (S)

Mineur (Page 10:546)

Mineur, (Ecrivain.) se dit, dans l'écriture, de tous les caracteres qui sont inférieurs aux majuseules en volume, pour les distinguer les unes des autres.

MINGLE (Page 10:546)

MINGLE, s. f. (Comm.) mesure de Hollande pour les liquides. Les huiles d'olives se vendent à Amsterdam par livres de gros, le tonneau contenant 717 mingles ou bouteilles, mésure de cette ville, à raison du pot de France ou de deux pintes de Paris le mingle. Les bottes ou pipes d'huile, contiennent depuis 20 jusqu'à 15 steckans, de 16 mingles chaque steckan. La verge ou viertel, pour les eaux - de - vie, est de 6 mingles & demie. En général le mingle pese 2 livres 4 onces poids de marc, plus ou moins, suivant la pesanteur des liqueurs. Elle se divise en 2 pintes, en 4 demi - pintes, en 8 mussies & en 16 demi - mussies. Voyez Stekan, Viestel, Mussie &c. Dictionn, de Comm. [p. 547]

MINGOL (Page 10:547)

MINGOL, (Géog.) montagne de Perse sur une des routes de Constantinople à Ispahan; c'est de cette montagne que sortent les sources dont se forment l'Euphrate d'un côté, & la riviere de Kars de l'autre.

MINGRELA (Page 10:547)

MINGRELA, (Géogr.) fameux bourg des Indes dans le royaume de Visapour, à cinq lieues de Goa. Je n'en parle que parce que le cardamome ne croît que dans son district. Les Hollandois y ont un comptoir. Tous les vaisseaux qui viennent des Indes pour aller dans le golfe Persique, mouillent presque toujours à la rade de ce bourg.

MINGRÉLIE, la (Page 10:547)

MINGRÉLIE, la, (Géog.) c'est la Colchide des anciens; province d'Asie qui fait aujourd'hui partie de la Géorgie. Elle est bornée à l'ouest par la mer Noire; à l'est par le Caucase & l'Imirete; au sud par la Turcomanie; au nord par la Circassie.

C'est un pays couvert de bois, mal cultivé, & qui produit néanmoins du grain, blé ou millet, sufsisamment pour la nourriture des habitans. Il y a beaucoup de vignes, qui donnent d'excellent vin; elles croissent autour des arbres, & jettent des seps si gros, qu'un homme peut à peine les embrasser. On y trouve aussi d'admirables paturages qui nourrissent quantité de chevaux. Les pluies qui sont fréquentes pendant l'été reverdissent ces paturages, tandis qu'elles rendent la saison humide & mal - saine. Le gibier abonde dans les vallées, & les bêtes sauvages dans les montagnes. La viande des Mingréliens est le boeuf & le pourceau, qui sont à grand marché.

Le pays se divise en trois petits états, dont les princes indépendans les uns des autres, payent quelque tribut au grand - seigneur. Ils héritent tous du bien des gentilshommes, & ceux - ci du bien de leurs vassaux, lorsque les familles viennent à s'étcindre.

Leur religion a un grand rapport avec celle des Grecs, mais elle est melée de tant de superstitions, qu'on peut la regarder comme une espece d'idolâtrie. Les églises y tombent en ruine. & les prêtres qui les desservent croupissent dans l'ignorance.

Les Turcs font quelque commerce en Mingrélie; ils en tirent de la soie, du lin, des peaux de boeuf, de la cire, du miel, & quantité d'esclaves, parce que les gentilshommes ont le droit de vendre leurs sujets, & qu'ils se servent de ce droit toutes les fois qu'ils en peuvent tirer du profit.

Au reste, les esclaves n'y sont pas chers; les hommes depuis 25 jusqu'à 40 ans n'y valent qu'une vingtaine d'écus; les femmes une dixaine, les enfans moitié, & les belles filles depuis 13 jusqu'à 18 ans, trente écus piece.

Cependant les Mingréliens, au rapport des voyageurs, sont tout aussi beaux que les Géorgiens & les Circassiens: il semble que ces trois peuples ne fassent qu'une seule & même race. Il y a en Mingrélie, dit Chardin, des femmes merveilleusement bien faites, charmantes pour le visage, la taille & la beauté de leurs yeux. Les moins belles & les plus âgées se fardent beaucoup, mais les autres se contentent de peindre leurs sourcils en noir. Leur habit est semblable à celui des Persanes; elles portent un voile qui ne couvre que le dessus & le derriere de la tête; elles sont spirituelles & assectueuses, mais en même tems perfides & capables de toutes sortes de traits de coquette, d'astuce & de noirceur, pour se faire des amans, pour les conserver ou pour les perdre.

Les hommes ont aussi bien de mauvaises qualités; ils sont tous élevés au larcin, l'étudient, & en font leur plaisir. Le concubinage, la bigamie & l'inceste sont des actions autorisées en Mingrélis; l'on y enleve les femmes les uns des autres; on y époufe sans scrupule sa tante ou sa niece, & on entretient autant de concubines qu'on veut. La jalousie n'entre point dans la tête des maris; quand un homme surprend sa femme couchée avec son galant, il lui fait payer pour amande un cochon, qui se mange entre eux trois.

Le Caucase met les Mingréliens à couvert des courses des Circassiens par sa hauteur, & par des murailles qu'ils ont élevées dans les endroits les plus accessibles, & qu'ils font garder avec quelque soin. Ils n'ont point de villes, mais des bourgs & des villages, avec des maisons séparées les unes des autres. La chasse est leur occupation ordinaire; ils mettent leur félicité dans la possession d'un bon cheval, d'un bon chien, & d'un excellent faucon. Leur principal commerce consiste en esclaves; ils vendent leurs propres enfans, en les échangeant pour des hardes & pour des vivres.

Ces détails sur les Mingréliens sont ici suffisans; on peut en lire de plus étendus dans Chardin & la Motraye. Mais qui croiroit que l'article de la Mingrélie est oublié dans le dictionnaire de la Martiniere, & dans les contrefaçons faites en France de cet ouvrage? Après cela, oserons - nous prétendre de n'être point tombés quel quefois à notre tour dans de pareilles obmissions? Nous espérons l'avoir évité, mais il ne faut répondre de rien. (D. J.)

MINGRÉLIENS (Page 10:547)

MINGRÉLIENS, s. m. (Théolog.) Peuples d'Asie, considérés quant à la religion, ils ont à - peu - près la même que les Grecs. Quelques historiens ecclésiastiques disent qu'un esclave convertit à la foi de Jesus - Christ le roi & la reine, & les grands de la Colchide, sous le regne de Constantin le grand, qui leur envoya des prêtres & des docteurs pour les baptiser, & pour les instruire dans les mysteres de notre religion. D'autres disent que ces peuples doivent la connoissance du Christianisme à un Cyrille, que les Esclavons appellent en leur langue Chiusil, qui vivoit vers l'an 806. Les Mingréliens montrent sur le bord de la mer, proche du fleuve Corax, une grande église où ils assurent que saint André a prêché. Le primat de la Mingrélie y va une fois en sa vie faire l'huile sainte, que les Grecs appellent myron. Ces peuples reconncissoient autrefois le patriarche d'Antioche, maintenant ils obéissent à celui de Constantinople, & ont néanmoins deux primats de leur nation qu'ils appellent catholicos. Celui de la Géorgie a sous sa jurisdiction les provinces de Cartuli ou Cardulli, de Gaghetri, de Baratralu & de Samché: celui d'Odisci a les provinces d'Odisci, d'Imereti, de Guriel, des Abcasses & des Suans. Ce patriarche a presque autant de revenu que le prince de Mingrélie. Il y avoit autrefois douze évêchés dans le pays, mais il n'en reste maintenant que six, parce que les six autres ont été convertis en abbayes. Ces évêchés sont Dandars, Moquis, Bedias, Cïaïs, Scalingiers, où sont les sépultures des princes, & Scondidi: les abbayes sont Chiaggi, Grippurias, Copis, Obbugi, Sebastopoli, Anarghia. Les évêques de ce pays sont fort riches, & vivent ordinairement dans une grande dissolution; néanmoins parce qu'ils ne mangent point de viande & qu'ils jeûnent fort exactement le carême, ils croient être plus réguliers que les prélats de l'Eglise romaine. La symonie y est ordinaire. Les primats ne consacrent point d'évêque à moins de six cens écus. Ils ne célebrent point de messe des morts qu'on ne leur en donne cinq cens; & ils ne disent les autres messes que pour le prix de cent ecus chacune. Ils se font aussi payer des confessions: & l'on a vu un de ces primats qui fut foit mal satis fait d'une somme de cinquante écus qu'un viûr du prince de Mingrélie lui avoit donnée apres s'être confessé à lui dans une maladie. Les évêques vendent aussi l'ordination des prêtres. Tous les ecclésiastiques y font fort ignorans, & disent la messe avec beaucoup d'irrévérence. Plusieurs même ont appris une seule

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