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MINÉRALOGIE (Page 10:541)
MINÉRALOGIE, s. f. (Hist. nat.) La Minéralogie prise dans toute son étendue, est la partie de l'Histoire naturelle qui s'occupe de la connoissance des substances du regne minéral; c'est - à - dire, des terres, des pierres, des sels, des substances inflammables, des pétrifications, en un mot, des corps inanimés & non pouryus d'organes sensibles qui se trouvent dans le sein de la terre & à sa surface.
Dans un sens moins étendu, par Minéralogie l'on
entend la suite des travaux que l'on fait pour l'exploitation
des mines, & alors on comprend aussi sous
ce nom la Métallurgie. Voyez
Sous quelque point de vue que l'on envisage la Minéralogie, son objet est très - vaste, & ses branches très - étendues. Elle s'occupe des substances dont est composé le globe que nous habitons; elle considere les différentes révolutions qui lui sont arrivées; [p. 542]
Les eaux qui se trouvent à la surface de la terre
& dans son intérieur, sont aussi du ressort de la Minéralogie, en tant qu'elles contribuent à la formation
des pierres, par les particules qu'elles ont ou
dissoutes, ou détrempées, par les couches qu'elles
forment sur la terre, par les altérations continuelles
qu'elles operent, & par les transpositions qu'elles
font des corps qu'elles ont entraînées; en un mot,
la Minéralogie s'occupe des eaux, en tant qu'elles
sont les agens les plus universels dont la nature se
serve pour la production des substances minérales,
Voyez
Quelque vastes que soient ces objets, quelque grands que soient les phénomenes de la nature qu'elle considere, la Minéralogie ne dédaigne point les détails les plus minutieux en apparence, tous les faits deviennent précieux pour elle; elle les recueille avec soin, parce qu'elle sait que les plus petits détails peuvent quelquefois la mener à l'intelligence des plus grands mysteres de la nature; c'est toujours le flambeau de l'expérience qui la guide, & elle ne se permet des systemes que lorsqu'ils sont appuyés sur des observations constantes & réitérées, & alors ce sont des enchaînemens de vérités.
Par la grandeur & la multiplicité des objets qu'embrasse la Minéralogie, on sent qu'elle ne peut être que très - difficile à acquérir. Les spéculations tranquilles du cabinet, les connoissances acquises dans les livres ne peuvent point former un minéralogiste; c'est dans le grand livre de la nature qu'il doit lire; c'est en descendant dans les profondeurs de la terre pour épier ses travaux mystérieux; c'est en gravissant contre le sommet des montagnes escarpées; c'est en parcourant différentes contrées, qu'il parviendra à arracher à la nature quelques - uns des secrets qu'elle dérobe à nos regards. Mais pour atteindre à ces connoissances, il faut des yeux habitués & faits pour voir avec précision; il faut des notions préliminaires; il faut être dégagé des idées systématiques qui ne permettent d'appercevoir que ce qui favorise les préjugés qu'on s'est formés.
Pour reconnoître les différens objets dont s'occupe la Minéralogie, il est essentiel de s'être familiarisé avec les substances du regne minéral, il faut avoir accoutumé ses yeux à les distinguer & à reconnoître les signes extérieurs qui les caractérisent; cette connoissance devient difficile par la variété infinie des productions de la nature; elle se plaît sur - tout dans le regne minéral à éluder les regles qu'elle s'étoit imposée; il faut de plus avoir des idées générales de la maniere dont ces substances sont arrangées dans
Mais ce seroit en vain qu'on se flatteroit que le
coup d'oeil extérieur pût donner des connoissances
suffisantes en Minéralogie; l'on n'auroit que des notions
très - imparfaites des corps, si on n'en jugeoit
que par leur aspect & par leurs surfaces: aussi la
Minéralogie ne se contente - t - elle point de ces notions
superficielles, que Beccher a comparées à celles
que prennent les animaux, sicut asini & boves;
on ne peut donc point s'en rapporter à la simple vue,
& c'est très - légerement que quelques auteurs ont
avancé que les caracteres extérieurs des fossiles suffiroient
pour nous les faire connoître: ce sont les
analyses & les expériences de la Chimie qui seules
peuvent guider dans ce labyrinthe; c'est faute de l'avoir
appellée à leur secours, que les premiers naturalistes
ont confondu à tout moment des substances
très - différentes, leur ont donné des dénominations
impropres, & leur ont souvent assigné des caracteres
qui leur sont entierement étrangers. Comment se fera - t - on une idée de la formation des crystaux,
si la Chimie n'a point appris comment se fait
la crystallisation des sels, qui nous fait connoître par
analogie les crystallisations que la nature opere dans
son grand laboratoire? Comment concevoir clairement
ce qu'on entend par sucs lapidifiques, si l'on n'a
point des idées nettes de la dissolution des corps, &
si on ne la distingue point de leur division méchanique,
ou de leur détrempement dans les eaux? Estil possible sans la Chimie, de se faire des notions
distinctes de la minéralisation, c'est - à - dire de l'opération
par laquelle la nature masque les métaux sous
tant de formes différentes dans les mines? L'analyse
& la récomposition ne nous donnent - elles pas sur ce
point des lumieres auxquelles il est impossible de se
refuser? Voyez l'article
C'est sur - tout dans les travaux des mines que la Minéralogie a le plus grand besoin des lumieres de la Chimie; dans les autres objets dont elle s'occupe, elle peut errer plus impunément; mais dans cette partie l'on est exposé à donner inconsidérement dans des entreprises ruineuses, si l'on s'en tient à des connoissances superficielles, & si une étude profonde de la Chimie métallurgique ne met en état de s'assurer de ce qu'on peut attendre de ses travaux.
Cela n'est point encore suffisant. Il faut outre cela des connoissances dans la Géométrie souterrei<pb-> [p. 543]
C'est sur - tout en Allemagne & en Suede que la
Minéralogie a été cultivée avec le plus de soin. Ceux
qui se sont livrés à l'étude de cette science, ont bientôt
senti qu'une Physique systématique n'étoit propre
qu'à retarder ses progrès; dès - lors ils ont porté
leurs vues du côté de la Chimie, de qui seule ils
pouvoient attendre les lumieres dont ils avoient besoin.
Ils ne furent point trompés dans leurs espérances,
& ils ne tarderent point à recueillir les
fruits de leurs travaux. Agricola fut un des premiers
qui défricha un champ si vaste: le célebre Beccher,
dans sa Physique souterreine, répandit encore plus
de jour sur cette matiere. Henckel nous a donné,
dans sa Pyritologie, & dans plusieurs autres ouvrages,
des idées claires & distinctes de la Minérlogie;
il a prouvé que cette science avoit besoin à chaque
pas des secours de la Chimie. MM. Linnaeus, Wallesius, Woltersdorf, Cartheuser ont tâché de nos
jours de donner un ordre systématique aux substances
du regne minéral: leurs différentes méthodes
sont exposées à l'article
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