ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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MILO (Page 10:518)

MILO, (Géog. anc. & mod.) par Strabon *MH\LOS2, & dans Pline Milo; île de l'Archipel au nord de l'île de Candie, qu'elle regarde, & au sud - ouest [p. 519] de l'ile de l'Argentiere, dont elle est à 3 milles.

Cette île, si parfaitement décrite par Tournefort, est presque ronde, & a environ 60 milles de tour; elle est bien cultivée, & son port, qui est un des meilleurs & des plus grands de la Méditerranée, sert de retraite à tous les bâtimens qui vont au Levant ou qui en reviennent: car elle est située à l'entrée de l'Archipel, que les anciens connoissoient sous le nom de mer Egée.

Le Milo, comme dit Thucydide, quoique petite, fut très - considérable dans le tems des beaux jours de la Grece: elle jouissoit d'une entiere liberté 700 ans avant la fameuse guerre du Péloponnèse. Les Athéniens y tenterent inutilement deux descentes, & ce ne fut qu'à la troisieme qu'ils y firent ce massacre odieux dont parlent le même Thucydide, Diodore de Sicile & Strabon.

Cette île tomba, comme toutes les autres de l'Archipel, sous la domination des Romains, & ensuite sous celle des empereurs grecs. Marc Sanudo, premier duc de l'Archipel, joignit le Milo en 1207 au duché de Naxie; mais Barberousse, capitan bacha, la soumit, avec le duché de Naxie, à l'empire de Soliman II.

Cette île abonde en mines de fer, de soufre & d'alun; il faut la regarder comme un laboratoire naturel, où continuellement il se prépare de l'esprit de sel, de l'alun, du soufre par le moyen de l'eau de la mer & du fer des roches. Tout cela est mis en mouvement par des brasiers que le fer & le soufre y excitent jour & nuit.

Le rocher spongieux & caverneux qui sert de fondement à cette île, est comme une espece de poële qui en échauffe doucement la terre, & lui fait produire les meilleurs vins, les meilleures figues & les melons les plus délicieux de l'Archipel. La seve de cette terre est admirable; les champs ne s'y reposent jamais. La premiere année on y seme du froment, la seconde de l'orge, & la troisieme on y cultive le coton, les légumes & les melons; tout y vient pêlemêle.

La campagne est chargée de toutes sortes de biens & de gibier; on y fait bonne chere à peu de frais: le printems y offre un tapis admirable, parsemé d'anémones simples de toutes couleurs, & dont la graine a produit les plus belles especes qui se voient dans nos parterres. L'heureuse température du Milo & la bonté de ses paturages, contribuent beaucoup à l'excellence des bestiaux qu'on y nourrit. On y voit encore ces troupeaux de chevres dont les chevreaux ont été si vantés par Julius Pollux.

On ne lessive point le linge dans cette île, on le laisse tremper dans l'eau, puis on le savonne avec une terre blanche cimolée ou craie, que Dioscoride & Pline appellent la terre de Milo, parce que de leur tems la meilleure se trouvoit dans cette île.

Elle abonde en eaux chaudes minérales, en grottes & en cavernes, où l'on sent une chaleur dès qu'on y enfonce la tête. L'alun ordinaire & l'alun de plume se trouvent dans des mines qui sont à demi - lieue de la ville de Milo.

L'air de cette île est assez mal - sain; les eaux, surtout celles des bas - fonds, y sont mauvaises à boire, & les habitans y sont sujets à des maladies dangereuses. Les femmes s'y fardent avec le suc d'une plante marine, alcyonium durum, dont elles se frottent leurs joues pour les rougir; mais cette couleur passe promptement, & l'usage de cette poudre rouge gâte leur teint & détruit la surpeau.

Il n'y a que des grecs dans cette île, excepté le juge (cadi) qui est turc. Le vaivode est ordinairement un grec, qui exige la taille réelle & la capitation. Outre le vaivode, on élit tous les trois ans trois consuls qui s'appellent epitropi, c'est - à - dire adminif<cb-> trateurs, intendans, parce qu'ils ont l'administration des rentes qui se prennent sur la douane, les salines & les pierres de moulin. Tout cela ne s'afferme cependant qu'environ six mille livres de notre monnoie.

On prétend que l'île a pris son nom de mylos, qui signifie en grec littéral un moulin, du grand commerce qu'on y faisoit de moulins à bras; mais il y a plus d'apparence qu'elle a conservé son ancien nom de Mélos, dont on a fait Milo, & que Festus dérive d'un capitaine phénicien appellé Melos. Pour ce qui est du sel, on ne le vend pas dans cette île, car la mesure ordinaire, qui pese 70 livres, se donne pour 15 sols.

Il y a deux évêques dans le Milo, l'un grec & l'autre latin; le latin possede en tout 300 livres de rente, & n'a qu'un prêtre pour tout clergé. (D.J.)

Milo (Page 10:519)

Milo, (Géogr.) ancienne ville de Grece, capitale de l'île de ce nom, située dans la partie orientale. Elle contient, dit - on, quatre à cinq mille ames, est assez bien bâtie, mais d'une saleté insupportable, car les cochons y ont un appartement sous une arcade de chaque maison, à rez - de - chaussée, dont l'ouverture donne toujours sur la rue. Les ordures qui s'y amassent, les vapeurs des marais salans, & la disette des bonnes eaux, empoisonnent l'air de cette ville. Sa long. selon le P. Feuillée, est à 42. 31'. 30''. lat. 36. 41.

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