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Quant aux êtres personnifiés, quoique Boileau semble dire qu'on peut les employer tous indifféremment dans l'épopée,
Là pour nous enchanter tout est mis en usage, Tout prend un corps, une ame, un esprit, un visage. il n'est pas moins certain qu'il y a dans cette seconde branche du merveilleux, une certaine discrétion à garder & des convenances à observer comme dans la premiere. Toutes les idées abstraites ne sont pas propres à cette métamorphose. Le péché par exemple, qui n'est qu'un être moral, fait un personnage un peu forcé entre la mort & le diable dans un épisode de Milton, admirable pour la justesse, & toutefois dégoutant pour les peintures de détail. Une regle qu'on pourroit proposer sur cet article, ce seroit de ne jamais entrelacer des êtres réels avec des êtres moraux ou métaphysiques; parce que de deux choses l'une, ou l'allégorie domine & fait prendre les êtres physiques pour des personnages imaginaires, ou elle se dément & devient un composé bisarre de figures & de réalités qui se détruisent mutuellement. En effet, si dans Milton la mort & le péché préposés à la garde des enfers & peints comme des monstres, faisoient une scene avec quelque être supposé de leur espece, la faute paroîtroit moins, ou peut - être n'y en auroit - il pas; mais on les fait parler, agir, se préparer au combat vis - à - vis de satan, que dans tout le cours du poëme, on regarde & avec fondement, comme un être physique & réel. L'esprit du secteur ne bouleverse pas si aisément les idées reçues, & ne se prête point au changement que le poëte imagine & veut introduire dans la nature des choses qu'il lui présente, sur - tout lorsqu'il apperçoit entre elles un contraste marqué: à quoi il faut ajouter qu'il en est de certaines passions comme de certaines fables, toutes ne sont pas propres à être allégoriées; il n'y a peut - être que les grandes passions, celles dont les mouvemens sont très - vifs & les effets bien marqués, qui puissent jouer un personnage avec succès.
2°. L'intervention des dieux étant une des grandes
machines du merveilleux, les poëtes épiques n'ont
pas manqué d'en faire usage, avec cette différence
que les anciens n'ont fait agir dans leurs poésies que
les divinités connues dans leur tems & dans leur
pays, dont le culte étoit au - moins assez généralement
établi dans le paganisme, & non des divinités inconnues
ou étrangeres, ou qu'ils auroient regardé
comme faussement honorées de ce titre: au - lieu que
les modernes persuadés de l'absurdité du paganisme,
n'ont pas laissé que d'en associer les dieux dans leurs
poëmes, au vrai Dieu. Homere & Virgile ont admis
Jupiter, Mats & Vénus, &c. Mais ils n'ont fait aucune
mention d'Orus, d'Isis, & d'Osiris, dont le culte
n'étoit point établi dans la Grece ni dans Rome,
quoique leurs noms n'y fussent pas inconnus. N'est - il pas étonnant après cela de voir le Camouens faire
rencontrer en même tems dans son poëme Jesus.
Christ & Vénus, Bacchus & la Vierge Marie? saint
Didier, dans son poëme de Clovis, ressusciter tous
les noms des divinités du paganisme, leur faire exciter
des tempêtes, & former mille autres obstacles à
la conversion de ce prince? Le Tasse a eu de même
l'inadvertance de donner aux diables, qui jouent un
grand rôle dans la Jérusalem délivrée, les noms de
Pluton & d'Alecton.
On peut encore alleguer en faveur de ces auteurs, qu'accoûtumés à voir ces noms dans les anciens poëtes, ils ont insensiblement & sans y faire trop d'attention, contracté l'habitude de les employer comme des termes connus dans la fable, & plus harmonieux pour la versification que d'autres qu'on y pourroit substituer. Raison frivole, car les poëtes payens attachoient aux noms de leurs divinités quelque idée de puissance, de grandeur, de bonté relative aux besoins des hommes: or un poëte chrétien n'y pourroit attacher les mêmes idées sans impiété, il faut donc conclure que dans sa bouche le nom de Mars, d'Apollon, de Neptune ne signifient rien de réel & d'effectif. Or qu'y a - t - il de plus indigne d'un homme sensé que d'employer ainsi de vains sons, & souvent de les mêler à des termes par lesquels il exprime les objets les plus respectables de la religion? Personne n'a donné dans cet excès aussi ridiculement que Sannazar, qui dans son poëme de partu Virginis, laisse l'empire des enfers à Pluton, auquel il associe les Furies, les Gorgones & Cerbere, &c. Il compare les îles de Crete & de Delos, célebres dans la fable, l'une par la naissance de Jupiter, l'autre par celle d'Apollon & de Diane, avec Bethléem, & il invoque Apollon & les Muses dans un poëme destiné à célébrer la naissance de Jesus - Christ.
La décadence de la Mythologie entraine nécessairement l'exclusion de cette sorte de merveilleux dans les poëmes modernes. Mais à son defaut, demandet - on, n'est - il pas permis d'y introduire les anges, les saints, les démons, d'y mêler même certaines traditions ou fabuleuses ou suspectes, mais pourtant communément reçues?
Il est vrai que tout le poëme de Milton est plein
de démons & d'anges; mais aussi son sujet est unique,
& il paroit difficile d'assortir à d'autres le même
merveilleux.
Quant aux anciennes traditions, il pense que
nous permettrions à un auteur françois qui prendroit
Clovis pour son héros, de parler de la sainte
ampoule qu'un pigeon apporta du ciel dans la ville
de Rheims pour oindre le Roi, & qui se conserve
encore avec foi dans cette ville; & qu'un Anglois
qui chanteroit le roi Arthur auroit la liberté de
parler de l'enchanteur Merlin....... Après tout,
ajoute - t - il, quelque excusable qu'on fût de mettre
en oeuvre de pareilles histoires, je pense qu'il vaudroit
mieux les rejetter entierement: un seul lecteur
sensé que ces faits rebutent, méritant plus
d'être ménagé qu'un vulgaire ignorant qui les
croit ».
Ces idées, comme on voit, réduisent à très - peu de choses les privileges des poëtes modernes par rapport au merveilleux, & ne leur laissent plus, pour [p. 395]
Le dernier commentateur de Boileau remarque, que la poésie est un art d'illusion qui nous présente des choses imaginées comme réelles: qulconque, ajoute - t - il, voudra réflechir sur sa propre expérience se convaincra sans peine que ces choses imaginées ne peuvent faire sur nous l'impression de la réalité, & que l'illusion ne peut être complette qu'autant que la poésie se renferme dans la créance commune & dans les opinions nationales: c'est ce qu'Homere a pensé; c'est pour cela qu'il a tiré du fond de la créance & des opinions répandues chez les Grecs, tout le merveilleux, tout le surnaturel, toutes les machines de ses poëmes. L'auteur du livre de Job, écrivant pour les Hébreux, prend ses machines dans le fond de leur créance: les Arabes; les Turcs, les Persans en usent de même dans leurs ouvrages de fiction, ils empruntent leurs - machines de la créance mahométane & des opinions communes aux différens peuples du levant. En conséquence on ne sautoit douter qu'il ne fallût puiser le merveilliux de nos poëmes dans le fond même de notre religion, s'il n'étoit pas incontestable que,
De la foi d'un chrétien les mysteres terribles D'ornemens égayés ne sont point susceptibles. Boileau, Art poét.
C'est la réflexion que le Tasse & tous ses imitateurs n'avoient pas faite. Et dans une autre remarque il dit que les merveilles que Dieu a faites dans tous les tems conviennent très - bien à la poësie la plus élevée, & cite en preuve les cantiques de l'Ecriture sainte & les pseaumes. Pour les fictions vraissemblables, ajoute - t - il, qu'on imagineroit à l'imitation des merveilles que la religion nous offre à croire, je doute que nous autres François nous en accommodions jamais: peut - être même n'aurons - nous jamais de poëme épique capable d'enlever tous nos suffrages, à - moins qu'on ne se borne à faire agir les différentes passions humaines. Quelque chose que l'on dise, le merveilleux n'est point fait pour nous, & nous n'en voudrons jamais que dans des sujets tirés de l'Ecriture - sainte, encore ne sera - ce qu'à condition qu'on ne nous donnera point d'autres merveilles que celles qu'elle décrit. En vain se fonderoit - t - on dans les sujets profanes sur le merveilleux admis dans nos opera: qu'on le dépouille de tout ce qui l'accompagne, j'ose répondre qu'il ne nous amusera pas une minute.
Ce n'est donc plus dans la poésie moderne qu'il faut chercher le merveilleux, il y seroit déplacé, & celui seul qu'on y peut admettre réduit aux passions humaines personnifiées, est plûtôt une allégorie qu'un merveilleux proprement dit. Princip. sur la lecture des Poëtes, tom. II. Voltaire, Essai sur la poésie épique, oeuvres de M. Boileau Despréaux, nouvelle édit. par M. de Saint - Marc, tom. II.
MERVEROND (Page 10:395)
MERVEROND, (Géog.) ville de Perse, située
dans un très - bon terroir. Selon Tavernier, les géographes
du pays la mettent à 88
MERVILLE (Page 10:395)
MERVILLE, (Géog.) petite ville de la Flandres françoise, sur la Lys, à 3 lieues de Cassel. Elle ap<cb->
MERUWE (Page 10:395)
MERUWE, (Géogr.) on nomme ainsi cette partie de la Meuse, qui coule depuis Goreum jusqu'à la mer, & qui passe devant Dordrecht, Rotterdam, Schiedam, & la Brille. On appelle vieille Meuse, le bras de cette rivere qui coule depuis. Dordrecht, entre l'ile d'Ysselmonde, celle de Beyerland, & celle de Putten, & se joint à l'autre un peu au - dessous de Vlaerdingen. (D.J.)
MERY - SUR - SEINE (Page 10:395)
MERY - SUR - SEINE, (Géog.) petite ville de France dans la Champagne, à 5 heues au - dessous de Troyes. Il y a un bailliage royal, & un prieuré de l'ordre de S. Benoit. Long. 21. 40. lot. 48. 15.
MERYCOLOGIE (Page 10:395)
MERYCOLOGIE, en Anatomie, traité des glandes
conglomérées; ce mot est composé du grec
MES - AIR (Page 10:395)
MES - AIR, (Maréchal.) air de manege qui tient
du terre - à - terre & de la courbetre. Voyez
MESANGE, MESANGE - NONETTE (Page 10:395)
MESANGE, MESANGE - NONETTE, s. f. (Hist.
nat. Ichtiolog.) fringillago, seu parus major, oiseau
qui est presque de la grandeur du pinson, à peine
pese t - il une once; il a six pouces & demi de longueur
depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de
la queue: l'envergure est de huit pouces trois lignes;
son bec est droit, noir, long d'un demi pouce, & de
médiocre épaisseur; les deux parties du bec sont
d'égale longueur; la langue est large & terminée par
quatre filamens: les pattes sont de couleur livide ou
bleue; le doigt extérieur tient par le bas au doigt
du milieu; la tête & le menton sont noirs: il y a de
chaque côté au - dessous des yeux une large bande
ou une grande tache blanche qui s'étend en arriere
& sur les machoires; cette tache blanche est entourée
par une bande noire; il y a sur le derriere de la
tête une autre tache blanche qui est au - dessous de
la couleur noire de la tête, & au - dessus de la couleur
jaune du cou: les épaules, le cou, & le milieu
du dos sont verdâtres ou d'un verd jaunâtre; le
croupion est de couleur bleuâtre; la poitrine & le
ventre sont jaunes, & le bas - ventre est blanc. Il y a
une bande ou un trait noir qui va depuis la gorge
jusqu'à l'anus, en passant sur le milieu de la poitrine
& du ventre. Les grandes plumes de l'aîle sont brunes,
à l'exception des bords qui sont blancs, ou en
partie blancs & en partie bleus. Les bords extérieurs
des trois plumes les plus prochaines du corps
sont de couleur verdâtre; le premier rang des petites
plumes de l'aîle qui recouvrent les grandes &
qui sont sur la partie de l'aîle qui correspond à notre
avant - bras ont leurs extrémités blanches, ce qui
forme une ligne transversale blanche sur l'aîle, les
plumes des autres rangs sont bleuâtres. La queue a
environ deux pouces & demi de longueur, elle est
composée de douze plumes qui ont toutes, à l'exception
des extérieures, les barbes externes de couleur
cendrée ou bleue, & les barbes intérieures de couleur
noitâtre, la ptume extérieure de chaque côté
a les barbes externes & la pointe de couleur blanche,
la queue ne paroît pas fourchue, même quand
elle est pliée; il y a dix - huit grandes plumes dans
chaque aile, outre la prémiere qui est fort courte.
Willughby, voyez
Mesange bleue (Page 10:395)
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