ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"394"> ce que c'est que la mort. Il s'informe qui sont ces personnes, l'ange lui répond que ce sont ses fils. C'est ainsi que l'ange met en action sous les yeux mêmes d'Adam, toutes les suites de son crime & les malheurs de sa postérité, dont le simple récit n'auroit pû être que très froid.

Quant aux êtres personnifiés, quoique Boileau semble dire qu'on peut les employer tous indifféremment dans l'épopée,

Là pour nous enchanter tout est mis en usage, Tout prend un corps, une ame, un esprit, un visage. il n'est pas moins certain qu'il y a dans cette seconde branche du merveilleux, une certaine discrétion à garder & des convenances à observer comme dans la premiere. Toutes les idées abstraites ne sont pas propres à cette métamorphose. Le péché par exemple, qui n'est qu'un être moral, fait un personnage un peu forcé entre la mort & le diable dans un épisode de Milton, admirable pour la justesse, & toutefois dégoutant pour les peintures de détail. Une regle qu'on pourroit proposer sur cet article, ce seroit de ne jamais entrelacer des êtres réels avec des êtres moraux ou métaphysiques; parce que de deux choses l'une, ou l'allégorie domine & fait prendre les êtres physiques pour des personnages imaginaires, ou elle se dément & devient un composé bisarre de figures & de réalités qui se détruisent mutuellement. En effet, si dans Milton la mort & le péché préposés à la garde des enfers & peints comme des monstres, faisoient une scene avec quelque être supposé de leur espece, la faute paroîtroit moins, ou peut - être n'y en auroit - il pas; mais on les fait parler, agir, se préparer au combat vis - à - vis de satan, que dans tout le cours du poëme, on regarde & avec fondement, comme un être physique & réel. L'esprit du secteur ne bouleverse pas si aisément les idées reçues, & ne se prête point au changement que le poëte imagine & veut introduire dans la nature des choses qu'il lui présente, sur - tout lorsqu'il apperçoit entre elles un contraste marqué: à quoi il faut ajouter qu'il en est de certaines passions comme de certaines fables, toutes ne sont pas propres à être allégoriées; il n'y a peut - être que les grandes passions, celles dont les mouvemens sont très - vifs & les effets bien marqués, qui puissent jouer un personnage avec succès.

2°. L'intervention des dieux étant une des grandes machines du merveilleux, les poëtes épiques n'ont pas manqué d'en faire usage, avec cette différence que les anciens n'ont fait agir dans leurs poésies que les divinités connues dans leur tems & dans leur pays, dont le culte étoit au - moins assez généralement établi dans le paganisme, & non des divinités inconnues ou étrangeres, ou qu'ils auroient regardé comme faussement honorées de ce titre: au - lieu que les modernes persuadés de l'absurdité du paganisme, n'ont pas laissé que d'en associer les dieux dans leurs poëmes, au vrai Dieu. Homere & Virgile ont admis Jupiter, Mats & Vénus, &c. Mais ils n'ont fait aucune mention d'Orus, d'Isis, & d'Osiris, dont le culte n'étoit point établi dans la Grece ni dans Rome, quoique leurs noms n'y fussent pas inconnus. N'est - il pas étonnant après cela de voir le Camouens faire rencontrer en même tems dans son poëme Jesus. Christ & Vénus, Bacchus & la Vierge Marie? saint Didier, dans son poëme de Clovis, ressusciter tous les noms des divinités du paganisme, leur faire exciter des tempêtes, & former mille autres obstacles à la conversion de ce prince? Le Tasse a eu de même l'inadvertance de donner aux diables, qui jouent un grand rôle dans la Jérusalem délivrée, les noms de Pluton & d'Alecton. « Il est étrange, dit à ce sujet M. de Voltaire dans son Essai sur la poésie épique, que la plûpart des poëtes modernes soient tombés dans cette faute. On diroit que nos diables & notre enfer chrétien auroient quelque chose de bas & de ridicule, qui demanderoit d'être ennobli par l'idée de l'enfer payen. Il est vrai que Pluton, Proserpine, Rhadamante, Tisiphone, sont des noms plus agréables que Belzebut & Astaroth: nous rions du mot de diable, nous respectons celui de furie».

On peut encore alleguer en faveur de ces auteurs, qu'accoûtumés à voir ces noms dans les anciens poëtes, ils ont insensiblement & sans y faire trop d'attention, contracté l'habitude de les employer comme des termes connus dans la fable, & plus harmonieux pour la versification que d'autres qu'on y pourroit substituer. Raison frivole, car les poëtes payens attachoient aux noms de leurs divinités quelque idée de puissance, de grandeur, de bonté relative aux besoins des hommes: or un poëte chrétien n'y pourroit attacher les mêmes idées sans impiété, il faut donc conclure que dans sa bouche le nom de Mars, d'Apollon, de Neptune ne signifient rien de réel & d'effectif. Or qu'y a - t - il de plus indigne d'un homme sensé que d'employer ainsi de vains sons, & souvent de les mêler à des termes par lesquels il exprime les objets les plus respectables de la religion? Personne n'a donné dans cet excès aussi ridiculement que Sannazar, qui dans son poëme de partu Virginis, laisse l'empire des enfers à Pluton, auquel il associe les Furies, les Gorgones & Cerbere, &c. Il compare les îles de Crete & de Delos, célebres dans la fable, l'une par la naissance de Jupiter, l'autre par celle d'Apollon & de Diane, avec Bethléem, & il invoque Apollon & les Muses dans un poëme destiné à célébrer la naissance de Jesus - Christ.

La décadence de la Mythologie entraine nécessairement l'exclusion de cette sorte de merveilleux dans les poëmes modernes. Mais à son defaut, demandet - on, n'est - il pas permis d'y introduire les anges, les saints, les démons, d'y mêler même certaines traditions ou fabuleuses ou suspectes, mais pourtant communément reçues?

Il est vrai que tout le poëme de Milton est plein de démons & d'anges; mais aussi son sujet est unique, & il paroit difficile d'assortir à d'autres le même merveilleux. « Les Italiens, dit M. de Voltaire, s'accommodent assez des saints, & les Anglois ont donné beaucoup de réputation au diable; mais des idées qui seroient sublimes pour eux ne nous paroîtroient qu'extravagantes. On se moqueroit également, ajoûte - t - il, d'un auteur qui emploieroit les dieux du paganisme, & de celui qui se serviroit de nos saints. Vénus & Junon doivent rester dans les anciens poëmes grecs & latins. Sainte Génevieve, saint Denis, saint Roch, & saint Christophle, ne doivent se trouver ailleurs que dans notre légende.

Quant aux anciennes traditions, il pense que nous permettrions à un auteur françois qui prendroit Clovis pour son héros, de parler de la sainte ampoule qu'un pigeon apporta du ciel dans la ville de Rheims pour oindre le Roi, & qui se conserve encore avec foi dans cette ville; & qu'un Anglois qui chanteroit le roi Arthur auroit la liberté de parler de l'enchanteur Merlin....... Après tout, ajoute - t - il, quelque excusable qu'on fût de mettre en oeuvre de pareilles histoires, je pense qu'il vaudroit mieux les rejetter entierement: un seul lecteur sensé que ces faits rebutent, méritant plus d'être ménagé qu'un vulgaire ignorant qui les croit ».

Ces idées, comme on voit, réduisent à très - peu de choses les privileges des poëtes modernes par rapport au merveilleux, & ne leur laissent plus, pour [p. 395] ainsi dire, que la liberté de ces fictions où l'on personnifie des êtres: aussi est - ce la route que M. de Voltaire a suivie dans sa Henriade, où il introduit à la vérité saint Louis comme le pere & le protecteur des Bourbons, mais rarement & de loin - à - loin; dureste ce sont la Discorde, la Politique, le Fanatisme, l'Amour, &c. personnifies qui agissent, interviennent, forment les obstacles, & c'est peut - être ce qui a donné lieu à quelques critiques, de dire que la Henriade étoit dénuée de fictions, & ressembloit plus à une histoire qu'à un poëme épique.

Le dernier commentateur de Boileau remarque, que la poésie est un art d'illusion qui nous présente des choses imaginées comme réelles: qulconque, ajoute - t - il, voudra réflechir sur sa propre expérience se convaincra sans peine que ces choses imaginées ne peuvent faire sur nous l'impression de la réalité, & que l'illusion ne peut être complette qu'autant que la poésie se renferme dans la créance commune & dans les opinions nationales: c'est ce qu'Homere a pensé; c'est pour cela qu'il a tiré du fond de la créance & des opinions répandues chez les Grecs, tout le merveilleux, tout le surnaturel, toutes les machines de ses poëmes. L'auteur du livre de Job, écrivant pour les Hébreux, prend ses machines dans le fond de leur créance: les Arabes; les Turcs, les Persans en usent de même dans leurs ouvrages de fiction, ils empruntent leurs - machines de la créance mahométane & des opinions communes aux différens peuples du levant. En conséquence on ne sautoit douter qu'il ne fallût puiser le merveilliux de nos poëmes dans le fond même de notre religion, s'il n'étoit pas incontestable que,

De la foi d'un chrétien les mysteres terribles D'ornemens égayés ne sont point susceptibles. Boileau, Art poét.

C'est la réflexion que le Tasse & tous ses imitateurs n'avoient pas faite. Et dans une autre remarque il dit que les merveilles que Dieu a faites dans tous les tems conviennent très - bien à la poësie la plus élevée, & cite en preuve les cantiques de l'Ecriture sainte & les pseaumes. Pour les fictions vraissemblables, ajoute - t - il, qu'on imagineroit à l'imitation des merveilles que la religion nous offre à croire, je doute que nous autres François nous en accommodions jamais: peut - être même n'aurons - nous jamais de poëme épique capable d'enlever tous nos suffrages, à - moins qu'on ne se borne à faire agir les différentes passions humaines. Quelque chose que l'on dise, le merveilleux n'est point fait pour nous, & nous n'en voudrons jamais que dans des sujets tirés de l'Ecriture - sainte, encore ne sera - ce qu'à condition qu'on ne nous donnera point d'autres merveilles que celles qu'elle décrit. En vain se fonderoit - t - on dans les sujets profanes sur le merveilleux admis dans nos opera: qu'on le dépouille de tout ce qui l'accompagne, j'ose répondre qu'il ne nous amusera pas une minute.

Ce n'est donc plus dans la poésie moderne qu'il faut chercher le merveilleux, il y seroit déplacé, & celui seul qu'on y peut admettre réduit aux passions humaines personnifiées, est plûtôt une allégorie qu'un merveilleux proprement dit. Princip. sur la lecture des Poëtes, tom. II. Voltaire, Essai sur la poésie épique, oeuvres de M. Boileau Despréaux, nouvelle édit. par M. de Saint - Marc, tom. II.

MERVEROND (Page 10:395)

MERVEROND, (Géog.) ville de Perse, située dans un très - bon terroir. Selon Tavernier, les géographes du pays la mettent à 88d. 40'. de long. & à 34d. 30'. de lat. (D. J.)

MERVILLE (Page 10:395)

MERVILLE, (Géog.) petite ville de la Flandres françoise, sur la Lys, à 3 lieues de Cassel. Elle ap<cb-> partient à la France depuis 1677. Long. 20. 18. lat. 50. 38.

MERUWE (Page 10:395)

MERUWE, (Géogr.) on nomme ainsi cette partie de la Meuse, qui coule depuis Goreum jusqu'à la mer, & qui passe devant Dordrecht, Rotterdam, Schiedam, & la Brille. On appelle vieille Meuse, le bras de cette rivere qui coule depuis. Dordrecht, entre l'ile d'Ysselmonde, celle de Beyerland, & celle de Putten, & se joint à l'autre un peu au - dessous de Vlaerdingen. (D.J.)

MERY - SUR - SEINE (Page 10:395)

MERY - SUR - SEINE, (Géog.) petite ville de France dans la Champagne, à 5 heues au - dessous de Troyes. Il y a un bailliage royal, & un prieuré de l'ordre de S. Benoit. Long. 21. 40. lot. 48. 15.

MERYCOLOGIE (Page 10:395)

MERYCOLOGIE, en Anatomie, traité des glandes conglomérées; ce mot est composé du grec MERUMA, peloton, & LOGIA, traité, parce que les glandes conglomérées ressemblent à des pelotons: nous avons un livre in - 4°. de Peyer, imprimé en 1685, sous le titre de Mirecologia.

MES - AIR (Page 10:395)

MES - AIR, (Maréchal.) air de manege qui tient du terre - à - terre & de la courbetre. Voyez Terre - à - terre & Courbette.

MESANGE, MESANGE - NONETTE (Page 10:395)

MESANGE, MESANGE - NONETTE, s. f. (Hist. nat. Ichtiolog.) fringillago, seu parus major, oiseau qui est presque de la grandeur du pinson, à peine pese t - il une once; il a six pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue: l'envergure est de huit pouces trois lignes; son bec est droit, noir, long d'un demi pouce, & de médiocre épaisseur; les deux parties du bec sont d'égale longueur; la langue est large & terminée par quatre filamens: les pattes sont de couleur livide ou bleue; le doigt extérieur tient par le bas au doigt du milieu; la tête & le menton sont noirs: il y a de chaque côté au - dessous des yeux une large bande ou une grande tache blanche qui s'étend en arriere & sur les machoires; cette tache blanche est entourée par une bande noire; il y a sur le derriere de la tête une autre tache blanche qui est au - dessous de la couleur noire de la tête, & au - dessus de la couleur jaune du cou: les épaules, le cou, & le milieu du dos sont verdâtres ou d'un verd jaunâtre; le croupion est de couleur bleuâtre; la poitrine & le ventre sont jaunes, & le bas - ventre est blanc. Il y a une bande ou un trait noir qui va depuis la gorge jusqu'à l'anus, en passant sur le milieu de la poitrine & du ventre. Les grandes plumes de l'aîle sont brunes, à l'exception des bords qui sont blancs, ou en partie blancs & en partie bleus. Les bords extérieurs des trois plumes les plus prochaines du corps sont de couleur verdâtre; le premier rang des petites plumes de l'aîle qui recouvrent les grandes & qui sont sur la partie de l'aîle qui correspond à notre avant - bras ont leurs extrémités blanches, ce qui forme une ligne transversale blanche sur l'aîle, les plumes des autres rangs sont bleuâtres. La queue a environ deux pouces & demi de longueur, elle est composée de douze plumes qui ont toutes, à l'exception des extérieures, les barbes externes de couleur cendrée ou bleue, & les barbes intérieures de couleur noitâtre, la ptume extérieure de chaque côté a les barbes externes & la pointe de couleur blanche, la queue ne paroît pas fourchue, même quand elle est pliée; il y a dix - huit grandes plumes dans chaque aile, outre la prémiere qui est fort courte. Willughby, voyez Oiseau.

Mesange bleue (Page 10:395)

Mesange bleue, parus coeruleus, oiseau qui a le dessus de la tête de couleur bleue; ce sommet bleu est entouré d'un petit cercle blanc fait en forme de guirlande; au - dessous de ce cercle on en voit un autre de différentes couleurs qui entoure la gorge & le derriere de la tête, il est bleu par derriere & noir par devant; il y a de chaque côté de la tête

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