ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"476"> broyer de pierre dure: celles à aiguiser de pierre qui ne soit ni dure ni tendre. Pour tailler les premieres, on se sert d'un moyen bien simple: on va à la carriere, on coupe en rond la meule de l'épaisseur & du diametre qu'on veut lui donner, en sorte qu'elle soit toute formée, excepté qu'elle tient à la masse de pierre de la carriere par toute sa surface inférieure, qu'il s'agit de détacher, travail qui seroit infini si l'on n'eût trouvé le moyen de l'abréger, en formant tout - au - tour une petite excavation prise entre la meule même & le banc de la carriere, & en enfonçant à coups de masse dans cette excavation des petits coins de bois blanc; quand ces coins sont placés, on jette quelques seaux d'eau: l'eau va imbiber ces coins de bois; ils se renflent, & telle est la violence de leur renflement, que le seul effort suffit pour séparer la meule du banc auquel elle tient, malgré sa pesanteur, & malgré l'étendue & la force de son adhésion au banc. Les meules à aiguiser des Taillandiers & des Fourbisseurs sont les plus grandes qui s'emploient: plus un instrument à émoudre est large & doit être plat, plus la meule doit être grande; car plus elle est grande, plus le petit arc de sa circonférence sur lequel l'instrument est appliqué tandis qu'on l'aiguise, approche de la ligne droite. Il y a des meules à aiguiser de toutes grandeurs: elles sont de grès ni trop tendre ni trop dure; trop tendre, il prendroit trop facilement l'eau dans laquelle la meule trempe en tournant: la meule s'imbiberoit jusqu'à l'arbre sur lequel elle est montée, & la force centrifuge suffiroit pour la séparer en deux, accident où la perte de la meule est le moins à craindre: l'ouvrier peut en être tué. Si elle ne se fend pas, elle s'use fort vîte. Trop dure, & par conséquent d'un grain trop petit & trop serré, elle ne prend pas sur le corps dur & ne l'use point. Il est important que la meule sur laquelle on émout trempe dans l'eau par sa partie inférieure: sans cela le frottement de la piece sur elle échaufferoit la piece au point qu'elle bleuiroit & seroit détrempée. Les meules des Diamantaires sont de fer, &c.

Meule (Page 10:476)

Meule de moulin, (Antiq.) Les meules de moulin de l'antiquité que l'injure des tems à conservées, sont toutes petites & fort différentes de nos meules modernes. Thoresby rapporte qu'on en a trouvé deux ou trois en Angleterre parmi d'autres antiquités romaines, qui n'avoient que vingt pouces de long & autant de large. Il est très vraissemblable que les Egyptiens, les Juifs & les Romains ne se servoient point de chevaux, de vent ou d'eau, comme nous faisons, pour tourner leurs meules, mais qu'ils employoient à cet ouvrage pénible leurs esclaves & leurs prisonniers de guerre; car Samson étant prisonnier des Philistins, fut condamné dans sa prison à tourner la meule. Il est expressément défendu dans l'Ecriture de les mettre en gage. Les Juifs désignoient le grand poids de l'affliction d'un homme, par l'expression proverbiale d'une meule qu'il portoit à son col; ce qui ne peut guere convenir qu'à l'espece de petite meule que le hasard a fait découvrir dans ces derniers tems. (D. J.)

Meule (Page 10:476)

Meule, outil de Charron. Cette meule est à - peu - près semblable à celle des Taillandiers, est montée sur un chassis, & est mue par une barre de fer faite en manivelle. Elle sert aux Charrons pour donner le fil & le tranchant à leurs outils.

Meule (Page 10:476)

Meule, en terme de Cloutier d'épingle, est une roue d'acier trempé montée sur deux tampons, voyez Tampons, & mise en mouvement par une autre grande roue de bois tournée par toute la force d'un homme, & placée vis - à - vis la meule à quelque distance. Cette meule est couverte d'un chassis de planche des deux côtés & au - dessus, d'où pend un carreau de verre pour garantir l'ouvrier des parcelles de fer enflammées que la meule détache des clous qu'on y affine. Voyez Affiner. Voyez les fig. & les Pl. du Cloutier d'épingle.

Meule (Page 10:476)

Meule à l'usage des Couteliers. Voyez l'article Coutelier.

Meule (Page 10:476)

Meule, en terme d'Epinglier, est une roue de fer en plein tailladée sur les surfaces en dents plus ou moins vives, selon l'usage auquel on l'emploie. L'ébauchage exige qu'elles soient plus tranchantes, & l'affinage en demande de plus douces. Ces meules sont d'un fer bien trempé; quand elles sont trop usées, on les remet au feu; on lime ce qui reste de dents jusqu'à ce que la place soit bien égale, & on les refait ensuite avec un ciseau d'acier fort aigu, sur des traits qu'on marque au compas & à la regle. Les meules sont montées dans un billot percé à jour & en quarré sur des pivots où leur arbre joue; elles tournent à l'aide d'une espece de roue de rouet, dont la corde vient se rendre sur une noix de l'arbre de la meule. Le billot n'est point ouvert par en haut; il y a vis - à - vis du côté de la meule un établi ou maniere de sellette, plus haute derriere l'ouvrier que vers le billot: l'ouvrier y est assis les jambes croisées en - dessous à la maniere des Tailleurs. Voyez les figures & les Pl. de l'Epinglier, & la fig. de la meule en particulier, représentée parmi les Pl. du Cloutier d'épingles.

Meule (Page 10:476)

Meule, terme de Fondeur de cloches, est un massif de maçonnerie dans lequel ou assujettit un piquet de bois sur lequel tourne comme sur un pivot une des branches du compas de construction qui sert à construire le moule d'une cloche. Voyez les figures, Pl. de la fonderie des cloches, & l'article Fonte des cloches.

Meule (Page 10:476)

Meule de foin, (Jardinage.) est une grande élévation d'herbes que l'on arrange & que l'on tripe ou foule pour former une pyramide sur laquelle l'eau roule, & l'on dit que le foin est fanné quand il est ammeulé.

Meule (Page 10:476)

Meule. Les Miroitiers - Lunetiers ont des meules de grès qu'ils tirent de Lorraine, sur lesquelles ils arrondissent la circonsérence des verres des lunettes, & autres ouvrages d'optique. Voyez Grés.

Meules (Page 10:476)

Meules, s. f. (Verrerie.) morceaux de verre qui s'attachent aux cannes pendant qu'on s'en sert, & qui s'en détachent quand elles se refroidissent.

Meules (Page 10:476)

Meules, (Vénerie.) c'est le bas de la tête d'un cerf, d'un daim & d'un chevreuil, ce qui est le plus proche du massacre; c'est la fraise & les pierrures qui se forment. Les vieux cerfs ont le tour de la meule large & gros, bien pierré & près de la tête.

MEULIERE, moilon de (Page 10:476)

MEULIERE, moilon de (Architect.) se dit de tout moilon de roche mal fait, plein de trous, & fort dur. Ce moilon est fort recherché pour construire des murs en fondation & dans l'eau.

Meuliere (Page 10:476)

Meuliere, pierre de (Hist. nat. Minéral.) nom générique que l'on donne à des pierres fort dures, mais remplies de trous & d'inégalités, dont on se sert pour faire des meules de moulins. On sent que l'on peut employer des pierres de différentes especes pour cet usage, cependant il faut toujours qu'elles aient de la dureté & de la rudesse pour pouvoir mordre sur les grains. Dans quelques pays on fait des meules avec du granite; dans d'autres on prend une uspece de grais compacte & à gros grains. Wallerius donne le nom de pierres à meules à un quartz rempli de trous comme s'il étoit rongé des vers.

La pierre dont on se sert pour faire des meules aux environs de Paris se tire sur - tout de la Ferté - sur - Jouare; c'est une pierre de la nature du caillou ou du quartz; elle est opaque, très - dure, & remplie de petits trous; on la trouve par de grands blocs dans la terre. Quand on veut en faire des meules on commence par arrondir un bloc, & on lui donne le diametre convenable; on lui donne aussi telle épaisseur [p. 477] qu'on juge à propos, en enlevant la terre qui est au tour: pour lors à coups de ciseaux on forme une entaille qui regne tout - au - tour de la masse de pierre arrondie, & l'on y fait entrer des coins de bois, ensuite on remplit le creux avec de l'eau, qui en faisant gonfler les coins de bois qu'on a fait entrer dans l'entaille, font que la meule se fend & se sépare horisontalement. On continue de même à creuser pour ôter la terre, & à arrondir le bloc de pierre de meuliere, & l'on ne fait la même opération que pour la premiere meule.

On donne encore assez improprement le nom de pierre de meuliere à une pierre dure remplie de trous & comme rongée, qui se trouve en morceaux détachés dans quelques endroits des environs de Paris, à peu de profondeur en terre: cette pierre est très bonne pour bâtir, parce que les inégalités dont elle est remplie font qu'elle prend très - bien le mortier. ( - )

MEUM (Page 10:477)

MEUM, s. m. (Botan.) M. de Tournefort place cette plante parmi les fenouilles, & l'auroit appellée volontiers foeniculum alpinum, perenne, capillaceo folio, odore medicato, si le nom de meum n'étoit approuvé par le long usage. Les Anglois la nomment spignel.

Les racines du meum sont longues d'environ neuf pouces, partagées en plusieurs branches, plongées dans la terre obliquement & profondément; de leur sommet naissent des feuilles, dont les queues sont longues d'une coudée, & cannelées. Ces feuilles sont découpées jusqu'à la côte, en lanieres trèsétroites comme dans le fenouil, plus nombreuses, plus molles & plus courtes.

Du milieu de ces féuilles s'élevent des tiges semblables à celles du fenouil, cependant beaucoup plus petites, triées, creuses, branchues, & terminées par des bouquets de fleurs blanches, disposées en maniere de parasol. Elles sont composées de plusieurs petales en rose, portés sur un calice qui se change en un fruit à deux graines, oblongues, arrondies sur le dos, cannelées & applaties de l'autre côté: elles sont odorantes, ameres, & un peu âcres. Comme la racine du meum est de celles qui subsistent pendant l'hiver, elle reste garnie de fibres chevelues vers l'origine des tiges, & ces fibres sont les queues des feuilles desséchées.

Pline dit que le meum étoit de son tems étranger en Italie, & qu'il n'y avoit que des médecins en petit nombre qui le cultivoient; présentement il vient de lui - même en abondance, non - seulement en Italie, mais encore en Espagne, en France, en Allemagne & en Angleterre.

On ne se sert que de la racine dans les maladies, quoiqu'il soit vraissemblable que la graine ne manqueroit pas de vertus pour atténuer & diviser les humeurs visqueuses & ténaces. On nous apporte cette racine séchée des montagnes d'Auvergne, des Alpes & des Pyrénées. Elle est oblongue, de la grosseur du petit doigt, branchue, couverte d'une écorce de couleur de rouille de fer en - dehors, pâle en - dedans, & un peu gommeuse. La moëlle qu'elle renferme est blanchâtre, d'une odeur assez suave, approchante de celle du panais, mais plus aromatique; & d'un goût qui n'est pas desagréable, quoiqu'un peu âcre & amer.

Cette racine de meum n'étoit pas inconnue aux anciens Grecs; ils l'appelloient athamantique, peut - être parce qu'ils estimoient le plus celle qu'on trouvoit sur la montagne de Thessalie, qui se nommoit athamante. Elle entre encore d'après l'exemple des anciens, dans le mithridate & la thériaque de nos jours. On multiplie la plante qui fournit le meum, soit de graine, soit de racine, & cette derniere méthode est la plus prompte. (D. J.)

Meum (Page 10:477)

Meum, (Mat. méd.) méum athamantique est chez les Droguistes une racine oblongue de la grosseur du petit doigt, branchue, dont l'écorce est de couleur de rouille de fer en - dehors, pâle en - dedans, un peu gommeuse, renfermant une moëlle blanchâtre d'une odeur assez agréable, presque comme celle du panais, mais cependant plus aromatique; d'un goût qui n'est pas desagréable, quoiqu'il soit un peu âcre & amer. On nous l'apporte séchée des montagnes d'Auvergne, des Alpes & des Pyrénées.

Le meum n'étoit pas inconnu aux anciens Grecs; ils l'appellent oethamantique, ou parce qu'il a été inventé par Athamas, fils d'Eole & roi de Thebes, ou parce qu'on regardoit comme le plus excclient celui qui naissoit sur une montagne de Thesialie appellée athamante. Geoffroi, matiere médicale. Le meum est compté avec raison parmi les atténuans les plus actifs, les expectorans, les stomachiques, carminatifs, emmenagogues & diurétiques. On s'en sert fort peu cependant dans les prescriptions magistrales; il entre dans plusieurs compositions officinales, & surtout dans les anciennes, telles que le mithridate & la thériaque. On en retire une eau distillée simple, qui étant aromatique, doit être comptée parmi les eaux distillées utiles. Voyez Eau distillée. Cette racine est aussi un ingrédient utile de l'eau générale de la pharmacopée de Paris. (b)

MEUNIER (Page 10:477)

MEUNIER, TÉTARD, VILAIN, CHEVESNE, CHOUAN, s. m. capito, (Hist. nat.) poisson de riviere que l'on trouve communément près des moulins; il se plait aussi dans les endroits fangeux & remplis d'ordures. Il a deux nageoires au - dessous des ouies, deux autres au bas du ventre, à peu près sur le milieu de sa longueur, une derriere l'anus, & une sur le dos. La tête est grosse; la bouche dénuée de dents, & le palais charnu. La chair de ce poisson a un goût fade, elle est blanche & remplie d'arrêtes. Rondelet, hist. des poiss. de riviere, chap. xij. Voyez Poisson.

Meunier (Page 10:477)

Meunier, voyez Martin - fûcheur.

Meunier (Page 10:477)

Meunier, ou Blanc, s. m. (Jardinage.) est une maladie commune aux arbres, principalement aux pêchers, aux fleurs & aux herbes potageres, telles que le melon & le concombre; c'est une espece de sepre qui gagne peu après les feuilles, les bourgeons ou rameaux, les fruits, & les rend tout blancs & couverts d'une sorte de matiere cotoneuse, qui bouchant les pores, empêche leur transpiration, & par conséquent leur cause un grand préjudice. Quelques expériences que l'on ait faites, on n'a point encore pû y trouver du remede.

Meunier (Page 10:477)

Meunier, (Pêche.) est un poisson de riviere, espece de barbeau, qui a une grosse tête, les écailles luisantes, la chair blanche & molle, & qui est tout blanc, mais moins dessus le dos que sous le ventre: on lui donne plusieurs noms; les uns l'appellent têtard ou têtu, parce qu'il a une grosse tête; les autres meunier, parce qu'on le trouve le plus ordinairement autour des moulins, ou parce qu'il a la chair blanche; enfin on lui donne aussi les noms de mulet, majon, ou menge, du mot latin mugil; il a dans la tête un os entouré de pointes comme une chataigne: il se nourrit de bourbe, d'eau & d'insectes, qui nagent sur la superficie; on le prend à la ligne, & on appâte l'hameçon avec des grillots qu'on trouve par les champs, ou des grains de raisin, ou avec une espece de mouche qu'on trouve cachée en hiver le long des rivieres. Il y en a qui se servent de cervelle de boeuf: ce poisson ne va jamais seul, ce qui fait qu'on en prend beaucoup, soit à la ligne, soit aux filets.

Il y en a encore une autre espece, dont les écailles sont plus transparentes, un peu plus larges & plus déliées; elles approchent de la couleur de l'argent; ce poisson est long, épais & charnu: il est rusé & dif<pb->

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