ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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sée on entend toute espece d'ouverture dans les
murs, faites pour procurer du jour dans l'intérieur
des appartemens; ce mot étoit beaucoup plus signicatif
autrefois que l'on faisoit des croisées en pierre,
dans le milieu de ces ouvertures, telles que l'on en
voit encore aux palais des Tuilleries, du Louvre,
du Luxembourg, & ailleurs; mais depuis ce tems
on a trouvé le moyen de substituer le bois à la pierre,
& on en a conservé le nom.
Une croisée est donc maintenant, non - seulement
l'ouverture faite dans le mur pour procurer le jour,
mais encore la réunion de tous les chassis de bois
qu'elle contient, & qui servent tant à la sureté du
lieu, qu'à empêcher l'air extérieur d'entrer dans
l'intérieur, & par conséquent y procurer plus de
chaleur.
La fig. 46 est l'élévation d'une croisée composéc
d'un chassis dormant BC, de deux chassis à verre
DEFG, & de deux volets brisés KLM; au dessous
de cette croisée est son plan, mais pour plus d'intelligence
la fig. 47 en est le plan en grand de la moitié,
& la fig. 49 le pro il; A, fig. 47 & 49, est le
trumeau, tableau, baie ou appui de la croisée,
BC est le chassis dormant, marqué aussi en BC fig.
46, qui entre dans la feuillure du tableau A, &
dont le bas C fig. 49 est en bec de corbin, afin que
l'eau ne puisse remonter & entrer par - là dans l'intérieur;
DEFG, sont les chassis à verre, dont le
haut F & le bas G fig. 49, terminé par une doussine
en bec de corbin, de peur que l'eau ne remonte,
entrent à feuillure dans le chassis dormant BC, D
en est le battant de derriere, dont un côté entre à
noix dans l'épaisseur du chassis dormant B, & l'autre
est orné d'une moulure en dedans & d'une feuillure
en dehors pour recevoir le verre, E en est le
battant de devant, qui d'un côté a aussi une moulure
& une feuillure pour recevoir le verre, & qui
avec celui qui lui est opposé, sont appellés à recouvrement
l'un sur l'autre, parce qu'ils se ferment l'un
après l'autre & l'un sur l'autre; mais depuis quelque
tems s'étant apperçu que l'air extérieur s'introduisoit
par le joint de ces deux battans E, & que, pour
le peu que le bois travailloit dans sa hauteur, non seulement
il produisoit beaucoup de froid pendant
l'hiver, mais encore étoit desagréable à la vûe, on
aimaginé de les faire à noix, fig. 48, c'est - à - dire
que celui A de cette figure entre dans une espece
de cannelure ou gorge pratiquée dans l'épaisseur de
celui B de la même figure, & qu'ainsi ces deux battans
sont toujours contraints dans leur hauteur, &
que la communication de l'air extérieur se trouve interrompue: ces chassis à verre DEFG se trouvant
trop larges pour contenir des verres de cette grandeur,
qui coûteroient beaucoup, tant pour leur
achat que pour leur entretien, on divise cet intervalle
de petits bois H sur la largeur & sur la hauteur,
composé du côté des dedans de moulures, &
par dehors, d'une feuillure de chaque côté, un peu
plus profonde que l'épaisseur du verre dans laquelle
il se trouve contenu.
Lorsque la croisée se trouve d'une trop grande
élévation, on place alors quatre chassis à verre,
deux au - dessus & deux au - dessous d'un linteau I,
fig. 49, orné en dehors d'une moulure en bec de
corbin, & de l'autre de feuillure dessus & dessous,
sur laquelle viennent battre les chassis; on donne
de hauteur aux premiers environ la moitié ou les
deux tiers de la largeur de la croisée.
Les volets servent à la sureté des dedans pendant
la nuit, à procurer un peu plus de chaleur pendant
le même tems, à éviter les vents coulis, & à supprimer
le grand jour du matin: pour empêcher que leur
trop grande saillie n'embarrasse dans les appartemens,
on les brise dans leur milieu sur leur hauteur
en K fig. 46 & 47, à moins que les murs ne se trouvent
d'une assez grande épaisseur pour qu'ils puissent
se loger dans leur embsasement; chaque partie brisée
est composée d'un chassis L, fig. 46, 47, & 49
qui ferme d'un côté à recouvrement sur les chassis
à verre, & de l'autre est assemblée à rainure & languette
en K, comme le fait voir la fig. 13; ils sont
chacun divisés de deux ou trois traverses M, ornés
comme le chassis de quadres ravallés N, & de panneaux;
OP fig. 47 & 49 est une partie du lambris
qui sert de revêtissement dans l'embrasement de la
même croisée.
La fig. 50 est aussi une croisée, mais plus proprement
appellée fenêtre, du latin fenestra ou fenestro,
ouvrir, quoique l'on confon de ces deux mots ensemble,
elle differe de la premiere en ce qu'elle s'ouvre
des deux côtés C à coulisle, & qu'elle ne descend
que jusqu'à deux piés & demi à trois piés hauteur
d'appui, au lieu que l'autre s'ouvre à deux vanteaux
comme une porte, & qu'elle descend jusqu'à environ
un pié de la superficie du plancher inférieur;
cette fenêtre est composée d'un chassis dormant A,
& de quatre autres chassis à verre BC, dont les deux
supérieurs B sont dormans, & les deux inférieurs C
s'ouvrent à coulisse par dessus les deux autres; cette
coulisse n'est autre chose qu'une rainure ou feuillure
pratiquée dans le chasiis dermant A fig. 51, &
une dans le chassis à verre C, & qui s'emboîtant
l'une dans l'autre forment une coulisse, chacun
d'eux sont divisés de petits bois B & C, comme dans
la fig. 40 servant aux mêmes usages; au - dessous de
cette fenêtre est son plan.
Des portes croisées, vitrées, &c. Il est encore des
portes ou croisées qui participent des unes & des
autres, & qui servent aux deux usages en même
tems, raison pour laquelle on leur donne le nom de
portes croisées. On les nomme portes parce qu'elles
servent à communiquer de l'intérieur des sallons,
galeries, & autres pieces semblables, dans les vestibules,
péristiles, jardins, &c. & on les nomme aussi
croisées parce qu'elles servent en même - tems à éclairer l'intérieur de ces mêmes pieces. On en fait comme
de toutes autres especes de portes, de quarrées, de
circulaires, de bombées, surbaissées, &c. elles s'ouvrent
comme les portes - cocheres, quelquefois depuis
le haut jusqu'en - bas, & quelquefois jusqu'au - dessous
du linteau A, fig. 52. & le chassis à verre,
de quelque forme qu'il soit, reste dormant.
La fig. 52. est une porte croisée, compesée d'un
chassis dormant B, qui, au - lieu de régner tout autour
comme celui de la croisée, fig. 46. se termine
seulement jusqu'en - bas, sans traverser la baie de la
croisée. CD sont deux vanteaux de porte croisée ou
chassis à verre ouvrant jusqu'au linteau A, composés
comme la croisée fig. 46. chacun d'un battant de
derriere C & d'un battant de devant D, dont l'intervalle
est divisé de petits bois E pour soutenir le
verre. Chacun de ces vanteaux differe encore de
ceux de la croisée, en ce que le bas F est divisé de
panneaux F & de quadres G jusqu'à environ deux
piés de hauteur, afin que là où le jour ne vient
point les verres ne soient pas si sujets à être cassés.
On peut y placer aussi, si on le juge à propos, des
volets de la même maniere que ceux de la croisée,
fig. 46.
La partie circulaire au - dessus du linteau étant dormante,
on la divise aussi de petits bois E qui suivent
la courbe de la porte, entrelacés d'autres petits
bois qui vont joindre le centre de cette courbe,
& qui ensemble forment l'évantail, ce qui lui en a
fait donner le nom.
Au - dessous de cette porte croisée est le plan de la
même figure.
La fig. 53. en est le plan détaillé d'une partie, B
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est se bâtis ou chassis dormant, C le battant de derrtere
du chassis à verre, & D le battant de devant,
qui, avec celui qui lui est opposé, ferment à recouvrement
l'un sur l'autre.
La fig. 54. est aussi un évantail fait d'une autre maniere
que le précédent.
Les portes vitrées, fig. 55. sont aussi des portes
qui servent d'entrée à des cabinets, garde - robes,
&c. & qui servent en même tems à leur donner du
jour. La différence de celle ci à la précédente, est
que l'une prend son jour de l'intérieur des pieces
pour le procurer dans celles de commodités, au - lieu
que l'autre le prend directement des dehors. Elle est
composée d'un chassis à verre A qui regne tout autour,
dont l'inter valle est divisé de petits bois B, &
la partie inférieure C, jusqu'a environ trois piés de
lauteur, est divisée dep mneaux C & de quadre D.
Des cloisons de menuiserie. Les cloisons de menuisert servent comme toutes les autres à séparer plusieurs
pleces les unes des autres, pour en faire des pieces
pure nent de commodités. Si ces cloisons ont l'avantage
de charger tres - peu les plauchers à cause
de leur légérete & de leur peu d'épaisseur, elles ont
aussi pour cette raison l'inconvément que d'une piece
à l'autre l'on entend tout ce qui s'y paise; c'est pourquoi
on prend quelquefois le parti d'y faire un bâtis
enduit de plâtre. Ces cloisons sont composées de
plusieurs planches A bien ou peu dressées, & corroyées
selon l'importance du lieu & la dépense que
l'on veut faire, posées l'une contre l'autre, ou assemblées
à rainure & languette, emboîtées dans une
coulisse B en haut & en bas, & sur laquelle on pose
de la tapisserie, lambris de menuiserie, &c.
Des jalousies. Les jalousies, fig. 57. servent de
fermeture aux croisées, contribuent à la sûreté des
dedans, à ne point ôter entierement le jour, & à
empécher d'être apperçu des dehors. On les fait à un
& à deux vanteaux, selon la largeur des croisées, &
elles sont composées chacune d'un chassis A assemblé
quarrément par des angles à tenon & à mortaile, d'une,
deux ou trois traverses B assemblées aussi de
même maniere, & de plusieurs planches C très - minces
& très - étroites qu'on appelle lattes ou voliches, posées
à trois ou quatre pouces de distance l'une de
l'autre, & inclinées à - peu - près selon l'angle de quarante - cinq degrés.
Depuis peu l'on a imaginé, par le moyen d'une
ferrure, d'incliner ces lattes ou voliches tant & si
peu que l'on vouloit, & c'est ce qui a donné lieu à
d'autres jalousies qui prennent toute l'épaisseur du
tableau de la croisée, & qui s'enlevent toutes entieres
jusqu'à son sommet. Ce n'est autre chose qu'une
certaine quantité de pareilles lattes ou voliches
dont la longueur est la largeur de la croisée, suspendues
de distance en distance sur des especes d'échelles
de forts rubans attachés par en - haut, sur des
planches qui touchent au sommet du tableau de la
croisée & qui y sont à dèmeure, sur lesquelles sont
placées des poulies qui renvoyent les cordes avec
lesquelles on les enleve. & de cette maniere on peut
donner à ces voliches tant & si peu d'inclinaison
qu'on le juge à - propos. Ces sortes de jalousies ne tieunent
pas directement à la menuiserie, parce qu'elles
sont composées de fer & de bois; aussi toutes les especes
d'ouvriers intelligens en font, & les font mieux
les uns que les autres.
Des fermetures de boutique. La fig. 58. est une sermeture
de boutique, composée de plusieurs planches
A assemblées à clé ou à rainure & languette,
avec une emboîture B par en - haut & par en - bas, &
qui se brisent en plusieurs endroits selon la commodité
des Commerçans. On les divise quelquefois
comme les lambris de quadre & de panneaux, selon
l'importance des maisons où elles sont placées.
Du parquet. La fig. 59. est un assemblage de menaiserie; appelle parquet, qui sert à paver ou, pour
parler plus exactement, couvrir le sol des appartemens.
Ce parquet est composé de plusieurs quarrés
A, environnés chacun de quatre bâtis B, assemblés
par leurs extrémités C, & à tenon & à mortaise.
Chacun de ces quarrés A est divisé de plusieurs autres
bâtis D croisés également, assemblés à tenon & à
mortoise par leurs extrémités, & dirigés vers les angles
du quarré. La distance de ces petits bâtis D se
trouve remplie d'un autre petit quarré E, assemblé
dans son périmetre avec les petits bâtis D à rainure
& languette.
Cette forme de parquet la plus commune se sait
erdinairement en bois de chêne, & est assez en trsage
en France pour rendre les appartemens plus secs &
par conséquent plus salubres. On peut encore en taire
de plusieurs autres manieres, & leur donner diverses
formes telles que des cercles poligones, ou autres
figures circonscrites ou inscrites autour, ou dans
d'autres quarrés, cercles ou poligones, divisés aussi
de bâtis de différentes formes. Ces sortes de parquets
se font en bois de chêne seulement ou recouvert de
marqueterie, c'est - à - dire, de bois précieux débité
par feuilles très - minces, ouvrage relatis à l'ébenisterie.
Pour rendre les appartemens plus secs & plus
sains, & eviter en même tems la depense du parquet,
on se sert de planches assemblées bout à - bout par
leurs extréraités, c'est - à - dire, posées l'une conire
l'autre, & à rainure & languette sur leurs longueurs,
ce qu'on appelle planchéter. Cette maniere qui ne
contribue pas moins que le parquet à la sa lubrité des
appartemens, n'est pas si propre à la verité, mais
ne monte pas à beaucoup près à une si grosse dépense.
Tous ces parquets ou planchers se posent & s'attachent,
avec des clous ou des broches (a), sur des
lambourdes (b) d'environ quinze à dix - huit pouces
de distance l'une de l'autre, dont l'intervalle se
remplit de poussier de charbon de cendre ou de mâcheter
(c), sur - tout dans les lieux humides, pour
empêcher que cette même humidité ne sasse déjetter
ces parquets ou planchers.
Observation sur les outils de Menuiserie. Il faut remarquer,
avant que de parler des outils propres à la
menuiserie, que dans tous les arts & prosessions les
ouvriers se servent le plus souvent, & même autant
qu'il est possible pour leurs outils, des matériaux
qu'ils ont chez eux & qui semblent leur coûter peu:
tels, par exemple, que ceux qui emploient le fer,
les sont de fer; ceux qui emploient le bois, comme
les Menuisiers & autres, les font de bois, ce qui
en effet leur coûte beaucoup moins & leur est aussi
utile.
Des outils propres à la menuiserie. La fig. 60. est
une équerre de bois, assemblée en A, à tenon & à
mortaise faite pour prendre des angles droits.
La fig. 61. est aussi une équerre de bois employée
aux mêmes usages, & appellée improprement par
les Menuisiers triangle quarré, mais qui plus commode
que la précédente, differe en ce que la branche
A est plus épaisse que la branche B, & que parlà
l'épaulement C posant le long d'une planche,
donne le moyen de tracer l'autre côté B d'equerre.
La fig. 62. est un instrument aussi de bois, appellé
faussé équerre ou sauterelle, fait pour prendre différentes
ouvertures d'angles.
(a) Des broches sont des especes de cloux ronds, longs
& sans tête.
(b) Des lambourdes sont des pieces de bois de charpente
de 4 pouces sur 6 pouces de grosseur.
(c) Le mâchefer est ce qui sort des sorges où l'on use du
charbon de terre.
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