ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"240"> l'empreinte de tout ce qui est marqué dans le champ des médailles.

Têts. Côté de la médaille opposé aux revers. Chez les Romains, Jules Célar est le premier dont on ait osé mettre la tête sur la monnoie, de son vivant.

Volume. On entend par ce mot l'épaisseur, l'étendue, le relies d'une médaille, & la grosseur de la lête.

Le lecteur trouvera les articles de médailles qui suivent, rangés avec quelque ordre.

Toute médaille est antique ou moderne; nous commencerons par ces deux mots.

Ensuite nous viendrons aux métaux, parce qu'il y a des médailles d'or, d'argent, de billon, de bronze, de cuivre, d'étain, de fer, de plomb, de potin.

Une médaille peut être contrefaite, dentelée, éclatée, fausse, fourrée, frappée sur l'antique, non frappée, fruste, inanimés, incertaine, incuse, martalés, moulés, réparés, saucée, sans tête.

Parmi les médailles, il y en a de contorniattes, de contre marquées, de rares, de restitnées, d'uniques & de votives.

Il y a encore des médailles sur les allocutions, & d'autres qu'on nomme de consécration; nous en ferons aussi les articles.

Les médailles de colonies, les consulaires, les grecques, les impériales, les romaines, méritent surtout notre curiosité.

Cependant nous n'oublierons pas de parler des médailles arabes, égyptiennes, espagnoles, étrusques, gothiques, hébraiques, phéniciennes & samaritaines.

Enfin, les médailles d'Athenes, de Crotone, de Lacédémone & d'Olba, intéressent trop les curieux pour les passer sous filence.

Nous terminerons ce sujet par dire un mot des époques marquées sur les médailles.

Il est inutile d'avertir que les autres articles de l'art numismatique sont traités sous leurs lettres. (D.J.)

Médaille antiques (Page 10:240)

Médaille antiques. (Art numismat.) J'ai déja dit que ce sont toutes celles qui ont été frappées jusques vers le milieu du troisieme ou du neuvieme siecle de Jesus - Christ.

Depuis les progrès de la renaissance des Lettres, on a rassemblé les médailles antiques; on les a gravées, déchiffrées & distribuées par suites; on en a fait une science à part très - étendue. Il ne s'agit peut - être plus aujourd'hui que d'éclairer le zele de ceux qui l'étudient avec passion, & leur prouver qu'ils ne doivent pas donner une confiance aveugle à toutes les médailles qui sont antiques, de bon alloi, & frappées dans les monnoies publiques. Justifions ici cette vérité par les judicienses observations de M. l'abbé Geinoz, rapportées dans l'histoire de l'acad. des Inscriptions, tom. XII.

Il n'y a, dit - il, que trop de médailles antiques singulieres, & qui renferment des contradictions palpables avec la tradition historique la plus constante, & même avec les autres médailles.

La cause de ces singularités vient sans doute d'une confusion de coins, semblable à celle qu'on a remarquée sur les médailles fourrées. Il est arrivé plus d'une fois aux Monétaires même, sur - tout lorsqu'il y avoit plus d'un prince pour lequel on travailloit dans le même hôtel des monnoies: il leur est, dis je, arrivé plus d'une fois de joindre ensemble deux coins, qui n'étoient pas faits pour la même piece de métal. Il n'étoit pas difficile que deux ouvriers travaillant l'un près de l'autre, celui qui vouloit appliquer un revers à la tête de Vespafien, prît par mégarde le coin dont son voisin devoit se servir, pour en frapper un à celle de Titus: il n'étoit pas même impossible qu'un ancien coin oublié dans la salle, fût employé par inadvertance à former le revers de quelque médaille nouvelle par un ouvrier peu attentif. Cette confusion n'a rien qui répugne, & elle a été avouée par le Pere Pagi dont la bonne critique est assez connue, & par M. Liebe, un des célebres antiquaires de ces derniers tems. Les exemples en sont rares à la vérité, & les médailles qui nous les fournissent, sont ordinairement uniques: on va cependant en rapporter quelques - unes pour preuve de ce qu'on vient d'avancer.

Sur deux médailles d'argent d'Antonin Pic, on trouve au revers Augusta, avec des types qui montrent évidemment qu'on a joint à la tête de cet empereur des revers qui avoient été destinés aux médailles de Faustine sa femme. Deux autres médailles d'argent de Julia Domna ont à leurs revers, l'une Liberal. Augg. & l'autre Virtus Aug. Cos.... On voit bien que ces légendes ne peuvent convenir à cette princesse: aussi les a - t - on prises pour des médailles de Severe, où on les trouvera facilement. Une autre médaille d'argent d'Herennia Etruscilla, a pour revers un type connu parmi ceux de Trajan Dece, avec la légende Pannonioe. Au revers d'unc médaille de Faustine la jeune en grand bronze, on lit Primi Decennales Cos. III. S. C. Quelqu'un prétendroit - il qu'on faisoit des voeux décennaux pour les femmes des empereurs? non, car le silence de l'histoire & de tous les autres monumens nous prouve le contraire; mais si on consulte les médailles de M. Aurele, on verra que ce revers a été frappé avec un coin destiné à cet empereur. Une autre médaille en grand bronze de Didius Julianus, a sur le revers June Regina, légende qui ne lui peut appartenir, mais qu'on a empruntée d'un coin de Manlia Scantilla,

M. Liebe a fait graver dans son trésor de Saxe - Gotha une médaille d'argent d'Hardrien, où on lit d'un côté Hadrianus Augustus, & de l'autre S. P. Q. R. M. O. PRINC. Qui est - ce qui ne voit pas que le coin d'un des revers de Trajan a été employé par mégarde avec un coin d'Hadrien? le même antiquaire rapporte ensuite une médaille d'Antonin Pie, dans laquelle sa 15e. puissance tribunitienne setrouve également marquée autour de la tête & au revers. La cause de cette singularité est que le monétaire s'est servi de deux coins qui étoient bien de la même année, mais qui n'avoient pas été faits pour être unis ensemble.

Tous ces exemples paroissent prouver sans contestation, du - moins aux yeux des critiques impartiaux, que les Monétaires même ont fait des méprises; & si le pere Chamillard eût connu les médailles qu'on vient de citer, il n'auroit point cherché des moyens plaufibles de les concilier avec l'histoire, ou d'accorder ensemble les légendes des têtes & celles des revers. Tandis que le pere Hardouin rejette avec hauteur l'idée de ces méprises de Monétaires, il nous en fournit lui même plusieurs traits dans son histoire auguste. On y voit une médaille de grand bronze, qui joint le sixieme consulat de Vespasien avec le second de Titus; quelques - unes de Domitien avec la tête de Vespasien au revers; une de Trajan avec son cinquieme consulat, & au revers les têtes d'Hadrien &. de Plotine, avec la légende Hadrianus Aug. Les critiques sages aimeront toûjours mieux adopter dans ces médailles des erreurs de Monétaires, erreurs qui n'ont rien que de naturel & d'ordinaire, que d'en faire la base de quelque système entierement opposé à l'histoire de toute l'ansiquité.

Ne reconnoissons donc point pour des pieces anthentiques ces médailles singulieres, qui ne peuvent s'accorder ni avec les autres médailles reçues, ni avec l'histoire; & examinons si ce qui cause notre embarras, lorsque nous cherchons à en déméler le [p. 241] sens, ne vient pas de quelque méprise du monétaire. Nous pourrons facilement nous en appercevoir, en vérifiant si ces revers ne se trouvent pas joints sur d'autres médailles à des têtes auxquelles ils conviennent mieux; quand cela se rencontrera, nous avouerons que des coins mélés ou confondus sont la source de nos doutes, & nous verrons la difficulté disparoître.

Au reste, on voudroit en vain nous persuader qu'il regne quelquefois sur les médailles antiques des traits d'ironie & de plaisanterie, semblables à ceux qu'on voit assez souvent dans nos médailles modernes. On cite pour le prouver la médaille de Gallien que le roi possede, Galliena Augusta Pax Ubique: medaille frappée dans le tems que par la lâcheté & l'indolence de cet empereur l'Empire étoit déchiré par les trente tyrans. Ce qu'il y a de sûr, c'est que tout ce que M. Baudelot nous a ingénieusement expliqué des médailles qui se frappoient pour les plaisirs des saturnales, ne sert de rien pour appuyer ce sentiment. Iln'est pas mieux établi par une seule méd équivoque. Je conviens que la difficulté d'accommoder le nom d'une princesse à la tête d'un empereur est d'abord embarrassante; mais on peut la résoudre par l'inadvertance ou la précipitation du monétaire, & confirmer cette solution par les preuves que nous venons d'en donner tout - à - l'heure. Enfin, on adoptera bien moins un fait unique, que le desir qui nous anime de prêter aux anciens le caractere d'esprit de notre siecle. (D.J.)

Médaille moderne (Page 10:241)

Médaille moderne. (Art numism.) On appelle médailles modernes celles qui ont été frappées depuis environ trois siecles. En effet, il faut observer qu'on ne met point au rang des médailles modernes celles qu'on a fabriquées pendant la vie de Charlemagne, &, après lui, pendant cinq cens ans; parce qu'elles sont si grossieres, que les antiquaires regardent cet espace de tems comme un vilain entredeux de l'antique & du moderne. Mais quand les beaux Arts vinrent à renaître, ils se prêterent une main secourable pour procurer des médailles qui ne fussent plus frappées au coin de la barbarie. Voilà nos médailles modernes.

Leur curiosité, comme celle de la belle Peinture, eut sa premiere aurore au commencement du quinzieme siecle, après avoir été ensevelie l'espace de mille ans avec les tristes restes de la majesté romaine. Ce fut d'abord par les soins d'un Pisano, d'un Bolduci, & de quelques autres artistes, qu'on vit reparoître de nouvelles médailles avec du dessein & du relief. Le Pisano fit en plomb, en 1448, la médaille d'Alphonse, roi d'Arragon; &, dix ans auparavant, il avoit donné celle de Jean Paléologue, dernier empereur de Constantinople. Ensuite, on se mit à frapper des médailles en or; telle est celle du concile de Florence, & d'un consistoire public de Paul Il. qui sont les premieres ébauches des médailles modernes, perfectionnées dans le siecle suivant, & ensuite recherchées, pour la gravure, par quelques curieux.

Il est vrai que la plûpart de ces nouvelles médailles ont été faites avec grand soin, que les époques s'y trouvent toûjours marquées, que les types en sont choisis & l'explication facile, pour peu qu'on ait connoissance de l'histoire. On y voit des combats sur terre & sur mer, des sieges, des entrées, des sacres de rois, des pompes funebres, les alliances, les mariages, les familles, en un mot, les événemens les plus importans qui concernent la religion & la politique: cependant tout cela réuni ne nous touche point comme une seule médaille de Brutus, de Lacédémone, ou d'Athènes.

Je ne puis même deviner les raisons qui ont engagé le pere Jobert à décider que sur les médailles anti<cb-> ques on trouve, plus que sur les modernes, le faux mérite honoré. Il semble, au contraire, que cet inconvénient, qui est inévitable dans toute société humaine, est beaucoup plus à craindre dans les médailles modernes, qu'il ne l'étoit dans les monnoies antiques; car parmi nous les princes sont maîtres absolus de la fabrication de leurs monnoies, tandis qu'à Rome le sceau de l'autorité du sénat, quelque corrompu qu'on le suppose, y intervenoit encore.

D'un autre côté, les monnoies antiques ne se frappoient que pour le prince; & l'histoire nous a éclairé sur ses vertus ou sur ses vices. Mais aujourd'hui il n'est point de particulier qui ne puisse faire frapper des médailles en son honneur: combien de gens sans mérite, que la vanité a déja porté à essayer de se procurer une espece d'immortalité, en se faisant représenter sur des médailles!

Je ne détournerai néanmoins personne de donner dans la curiosité du moderne. On peut rassembler, si l'on veut, ces sortes de médailles, & former même des suites de papes, d'empereurs, de rois, de villes & de particuliers, avec le secours des monnoies & des jettons. La suite complette des papes peut se faire depuis Martin V. jusqu'à présent: mais la suite des empereurs d'Occident depuis Charlemagne ne pourroit s'exécuter qu'en y joignant les monnoies. Si l'on me dit qu'Octavius Strada a conduit cet ouvrage depuis Jules - César jusqu'à l'empereur Matthias, je réponds que c'est avec des médailles presque toutes fausses, inventées pour remplir les vuides, ou copiées sur celles que Maximilien Il. fit battre pour relever la grandeur de la maison d'Autriche.

Quant à la suite des rois de France, il faut se contenter des monnoies pour les deux premieres races: car il n'y a aucune médaille avec l'effigie du prince avant Charles VII. Toutes celles qu'on a frappées dans la France métallique jusqu'à Charlemagne, sont imaginaires; & la plûpart des postérieures, sont de l'invention de Jacques de Bie, & de Duval son associé. Il est vrai qu'il y a dans le cabinet de Louis XV. une suite de tous ses prédécesseurs jusqu'à Louis XIV. gravée très - proprement en relief sur de petites agates; mais on sait que c'est une suite de la même grandeur, d'une même main, & d'un ouvrage exquis, qu'on fit à plaisir sous le regne de Louis XIII.

Les médailles d'Espagne, de Portugal, & des couronnes du Nord, ne sont que du dernier siecle. En Italie, les plus anciennes, j'entends celles de Sicile, de Milan, de Florence, ne forment aucune suite, & ne se trouvent que moulées. Telles sont les médailles de René & d'Alphonse, rois de Sicile, de François de Sforce, duc de Milan, & du grand Côme de Médicis.

En un mot, la Hollande seule, par la quantité de médailles qu'elle a fait frapper, forme une histoire intéressante. Elle commence par la fameuse médaille de 1566, sur laquelle les confédérés des Pays - Bas qui secouerent la tyrannie du roi d'Espagne, firent graver une besace, à cause du sobriquet de gueux qu'on leur donna par mépris, & qu'ils affecterent de conserver.

Il ne faut donc pas s'étonner qu'il y ait peu de livres qui traitent des médailles modernes. Je ne connois que ceux du pere du Moulinet & de Bonanni pour les papes; de Luckius, de Trypotius, de la France métallique dont j'ai parlé; de l'abbé Bizot & de Van - Loon pour la Hollande. Voici les titres de ces sept ouvrages.

1°. Claudii du Moulinet historia summorum pontificum à Martino V. ad Innocentium XI. per eorum numismata; id est, ab anno 1417 ad an. 1678. Paris. 1679, fol.

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