ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"226"> vement qu'avoit le corps avant la rencontre de l'obstacle, en deux autres mouvemens, tels que l'obstacle ne nuise point à l'un, & qu'il anéantisse l'autre. Par - là, on peut non - seulement démontrer les lois du mouvement changé par des obstacles insurmontables, les seules qu'on ait trouvées jusqu'à présent par cette méthode; on peut encore déterminer dans quel cas le mouvement est détruit par ces mêmes obstacles. A l'égard des lois du mouvement changé par des obstacles qui ne sont pas insurmontables en eux - mêmes, il est clair par la même raison, qu'en général il ne faut point déterminer ces lois, qu'après avoir bien constaté celles de l'équilibre. Voyez Équilibre.

Le principe de l'équilibre joint à ceux de la force d'inertie & du mouvement composé, nous conduit donc à la solution de tous les problèmes où l'on considere le mouvement d'un corps, en tant qu'il peut être altéré par un obstacle impénétrable & mobile, c'est - à - dire en général par un autre corps à qui il doit nécessairement communiquer du mouvement pour conserver au moins une partie du sien. De ces principes combinés, on peut donc aisément déduire les lois du mouvement des corps qui se choquent d'une maniere quelconque, ou qui se tirent par le moyen de quelque corps interposé entr'eux, & auquel ils sont attachés: lois aussi certaines & de vérité aussi nécessaire, que celles du mouvement des corps altéré par des obstacles insurmontables, puisque les unes & les autres se déterminent par les mêmes méthodes.

Si les principes de la force d'inertie, du mouvement composé, & de l'équilibre, sont essentiellement différens l'un de l'autre, comme on ne peut s'empêcher d'en convenir; & si d'un autre côté, ces trois principes suffisent à la Méchanique, c'est avoir réduit cette science au plus petit nombre de principes possibles, que d'avoir établi sur ces trois principes toutes les lois du mouvement des corps dans des circonstances quelconques, comme j'ai tâché de le faire dans mon traité.

A l'égard des démonstrations de ces principes en eux - mêmes, le plan que l'on doit suivre pour leur donner toute la clarté & la simplicité dont elles sont susceptibles, a été de les déduire toujours de la considération seule du mouvement, envisagé de la maniere la plus simple & la plus claire. Tout ce que nous voyons bien distinctement dans le mouvement d'un corps, c'est qu'il parcourt un certain espace, & qu'il emploie un certain tems à le parcourir. C'est donc de cette seule idée qu'on doit tirer tous les principes de la Méchanique, quand on veut les démontrer d'une maniere nette & précise; en conséquence de cette réfléxion, le philosophe doit pour ainsi dire, détourner la vûe de dessus les causes motrices, pour n'envisager uniquement que le mouvement qu'elles produisent; il doit entierement proscrire les forces inhérentes au corps en mouvement, êtres obscurs & métaphysiques, qui ne sont capables que de répandre les ténebres sur une science claire par elle - même. Voyez Force.

Les anciens, comme nous l'avons déja insinué plus haut, d'après M. Newton, n'ont cultivé la Méchanique que par rapport à la statique; & parmi eux Archimede s'est distingué sur ce sujet par ses deux traités de aquiponderantilus, &c. incidemibus humido. Il étoit réservé aux modernes, non - seulement d'ajouter aux découvertes des anciens touchant la statique, voyez Statique; mais encore de créer une science nouvelle sous le titre de Méchanique proprement dite, ou de la science des corps & mouvement. On doit à Stevin, mathématicien du prince d'Orange, le principe de la composition des forces que M. Varignon a depuis heureusement appliqué à l'équilibre des machines; à Galilée, la théorie de l'accélération, voyez Accéleration & Descente; à MM. Huyghens, Wren & Wallis, les lois de la percussion, voyez Percussion & Communication du Mouvement ; à M. Huyghens les lois des forces centrales dans le cercle; à M. Newton, l'extension de ces lois aux autres courbes & au système du monde, voyez Centrale & Force; enfin aux géometres de ce siecle la théorie de la dynamique. Voyez Dynamique & Hydrodynamique. (O)

MÉCHANISME (Page 10:226)

MÉCHANISME, s. m. (Phys.) se dit de la maniere dont quelque cause méchanique produit son effet; ainsi on dit le méchanisme d'une montre, le méchanisme du corps humain.

MECHE (Page 10:226)

MECHE, s. f. (Gram.) matiere combustible qu'on place dans une lampe, au centre d'une chandelle ou d'un flambeau qu'on allume, qui brûle & qui éclaire, abreuvée de l'huile, de la cire ou du suif qui l'environne. La meche se fait ou de coton, ou de filasse, ou d'alun de plume ou même d'amiante, &c.

Meche de mat (Page 10:226)

Meche de mat, (Marine) cela se dit du tronc de chaque piece de bois, depuis son pié jusqu'à la hune.

Meche de gouvernail (Page 10:226)

Meche de gouvernail, (Mar.) c'est la premiere piece de bois qui en fait le corps.

Meche d'une corde (Page 10:226)

Meche d'une corde, (Mar.) c'est le touron de fil de carret qu'on met au milieu des autres tourons pour rendre la corde ronde.

Meche (Page 10:226)

Meche, (Art milit.) c'est un bout de corde allumée qui sert pour mettre le feu au canon, aux artifices, &c. on s'en sert aussi pour mettre le feu aux brulots. La meche se fait de vieux cordages battus, que l'on fait bouillir avec du soufre & du salpêtre, & qu'on remet en corde grossiere après l'avoir fait sécher.

On compte 50 livres de meche par mois pour l'entretien des meches & bâtons à meche dans un vaisseau, & on compte que chaque livre de meche doit brûler trois fois vingt - quatre heures.

Meche (Page 10:226)

Meche, s. f. (Art milit.) c'est dans l'art militaire une maniere de corde, faite d'étoupes de lin ou d'étoupes de chanvre, filée à trois cordons, chaque cordon recouvert de pur chanvre séparément. Son usage est, quand est elle une fois allumée, d'entretrenir long - tems le feu pour le communiquer ou aux canons ou aux mortiers par l'amorce de poudre qui se met à la lumiere ou au bassinet d'un mousquet.

Meche (Page 10:226)

Meche, outil d'Arquebusier. C'est une baguette de fer ronde de la grosseur d'un demi - pouce, longue de quatre piés & demi, & faite en gouge par enbas, & tranchante des deux côtés. Le haut est quarré & un peu plus gros pour mettre dans le villebrequin; les Arquebusiers s'en servent pour percer le trou qui est en - dessous & dedans la crosse du fusil, où s'enfonce le bout de la baguette par en bas; ils se servent aussi de meches plus courtes, mais faites de la même façon. Voyez les I l.

Meche (Page 10:226)

Meche, terme de corderie; ce sont des brins de chanvre qui se trouvent au centre d'un fil, qui ne sont presque point tortillés, & autour desquels les autres se roulent. C'est un défaut considérable dans un fil que d'avoir une meche.

Meche d'une corde (Page 10:226)

Meche d'une corde, (Corderie.) est un toron que l'on met dans l'axe des cordes qui ont plus de trois torons, & autour duquel les autres se roulent.

Les Cordiers n'ont point de regle certaine pour déterminer la grosseur que doit avoir la meche qu'ils placent dans l'axe de leurs cordages; ils suivent pour l'ordinaire l'ancien usage qu'ils tiennent de leurs maîtres. M. Duhamel enseigne dans son Traité de la corderie, que dans les auffieres à quatre to<pb-> [p. 227] rons la meche doit être la sixieme partie d'un toron; & que dans celles de six torons la meche doit être égale à un toron entier.

Il ne suffit pas de savoir la grosseur qu'on doit donner aux meches, il faut encore savoir placer la meche. Pour cela, on fait passer cette meche par un trou de tarriere, qui traverse l'axe du toupin, & on l'arrête seulement par un de ses bouts à l'extrémité de la grande manivelle du quarré, de façon qu'elle soit placée entre les torons qui doivent l'envelopper. Moyennant cette précaution, la meche se place toujours dans l'axe de l'aussiere, & à mesure que le toupin avance vers le chantier, elle coule dans le trou qui le traverse, comme les torons coulent dans les rainures qui sont à la circonférence du toupin.

Il y a des cordiers qui, pour mieux rassembler les fils des meches les commettent, & en sont une véritable aussiere à deux ou trois torons. Mais M. Duhamel prétend, dans son art de la corderie, qu'il est beaucoup mieux de ne point commettre les meches, & qu'il suffit de les tordre en même tems, & dans le même sens que les torons. Voyez l'article Corderie.

Meche (Page 10:227)

Meche, terme de perruquier; c'est ainsi que ces ouvriers appellent une petite pincée de cheveux qu'ils prennent à la fois lorsqu'ils font une coupe de cheveux. On coupe les cheveux par meches, afin qu'ils soient plus égaux par la tête, & qu'ainsi il y ait moins de déchet. Voyez Cheveux.

Meche (Page 10:227)

Meche, (Vénerie.) on fait sortir les renards de leurs terriers avec des meches, & voici comme on s'y prend; on prend des bouts de meche de coton, grosse comme le petit doigt, qu'on trempe, & qu'on laisse imbiber dans de l'huile de soufre, & qu'on roule ensuite dans du soufre fondu, où l'on a mélé du verre pilé, qui en rougissant fait brûler mieux le soufre; avant qu'ils soient refroidis, on les roule dans l'orpin en poudre, autrement dit arsenic jaune, puis on fait une pâte liquide de vinaigre très fort avec de la poudre à canon, on trempe les meches dedans pour y faire un enduit de cette composition, ensuite on met tremper des vieux linges pendant un jour dans de l'urine d'hommes, gardée depuis long - tems, on en enveloppe chaque meche; quand on veut s'en servir on l'allume, & on l'enfonce dans les terriers, & la composition & le linge tout se brûle ensemble; on laisse les trous du terrier sur lesquels le vent srappe débouchés, pour que le vent refoule dans les terriers la fumée que la meche produit; on bouche tous les trous au - dessous du vent, à l'exception de celui par où on met la meche, qui doit être aussi au - dessous du vent; il n'y a rien dans le terrier qui résiste à cette meche, & les renards sortent, & on les prend avec des panneaux, lorsqu'on veut les chasser avec des chiens courans, on fait fumer les terriers la veille; car ils ne rentrent pas de long - tems dans les terriers fumés.

MECHED (Page 10:227)

MECHED, (Géog.) autrement METCHED, ou MESZAT, ville de Perse dans le Korassan; Scha - Abas y bâtit une superbe mosquée, & fit publier en habile politique, qu'il s'y faisoit de grands miracles: son but étoit par - là de décréditer le pélerinage de la Meque. (D. J.)

MÉCHOACAN, le (Page 10:227)

MÉCHOACAN, le (Botan.) racine d'une espece de liseron d'Amérique. Elle est nommée bryonia, mechoacana, alba, dans C. B. P. 297. Jetuca Maregr. 41. & Pison 253.

C'est une racine blanche, coupée par tranches, couverte d'une écorce ridée; elle est d'une substance où l'on distingue à peine quelques fibres, d'un goût douçâtre, avec une certaine acreté qui ne se fait pas sentir d'abord, & qui excite quelquefois le vomissement.

Cette racine a des bandes circulaires comme la brione, mais elle en differe en ce qu'elle est plus visqueuse, plus pesante, & qu'elle n'est pas fongueuse ni roussâtre, ni amere, ni puante. On l'appelle méchoacan, du nom de la province de l'Amérique méridionale, où les Espagnols l'ont d'abord trouvée au commencement du xvj. siecle; mais on nous en apporte aujourd'hui de plusieurs autres contrées de cette même Amérique méridionale, comme de Nicaragua, de Quito, du Brésil, & d'autres endroits.

Cette racine étoit inconnue aux Grecs & aux Arabes; c'est sur - tout Nicolas Monard qui l'a mise en usage au commencement du xvi. siecle, & nous savons de Maregrave, témoin oculaire, que c'est la racine d'un liseron d'Amérique, dont voici la description.

Il pousse en terre une fort grosse racine d'un pié de long, partagée le plus souvent en deux, d'un gris foncé, ou brun en - dehors, blanche en - dedans, laiteuse, & résineuse. Il jette des tiges sarmenteuses, grimpantes, anguleuses, laiteuses, garnies de feuilles alternes, tendres, d'un verd toncé, sans odeur, de la figure d'un coeur, tantôt avec des oreillettes, tantôt sans oreillettes, longues d'un, de deux, de trois, ou de quatre pouces, ayant à leur partie inférieure une côte, & des nervures élevées. Les fleurs sont d'une seule piece en cloche, de couleur de chair pâle, purpurines intérieurement. Le pistil se change en une capsule qui contient des graines noirâtres, de la grosseur d'un pois, triangulaires & applaties.

Les habitans du Brésil cueillent les racines au printems, les coupent tantôt en tranches circulaires, tantôt en tranches oblongues, les ensi ent, & les font sécher. Ils tirent aussi de cette racine une sécule blanche, qu'ils nomment lait, ou fécule du méchoacan; mais cette fécule reste dans le pays, les Européens n'en sont point curieux. Ils emploient la seule racine, qui purge modérement. On accuse même sa lenteur à agir, & la grande dose qu'il en faut donner; d'ailleurs, il s'agit d'avoir le méchoacan récent; car sa vertu ne se conserve pas trois années.

Ainsi la racine du mechoacanica, qu'Hernandez a décrit sous le nom de tacnache, differe du méchoacan de nos boutiques; 1°. parce que sa racine brûle la gorge, & que notre méchoacan est presque insipide; 2°. parce que la plante qu'il décrit sous le nom de mechoacanica, est différente du convolvolus americanus, ou liseron d'Amérique de Maregrave. (D. J.)

Méchoacan (Page 10:227)

Méchoacan, (Mat. méd.) On trouve sous ce nom dans les boutiques une racine appellée aussi quelquefois rhubarbe blanche, coupée par tranches, d'une substance peu compacte, couverte d'une écorce ridée, marquée de quelques bandes circulaires, d'un goût un peu acre & brûlant lorsqu'on la roule long - tems dans la bouche, grise à l'extérieur, & blanche, ou d'un jaune pâle à l'intérieur. On nous l'apporte dans cet état de l'Amérique méridionale, & principalement de l'île de Méchoacan qui lui a donné son nom.

Il faut choisir le méchoacan récent, aussi compacte qu'il est possible, d'un blanc jaunâtre; & rejetter celui qui est trop blanchâtre, léger, carié, mollasse, & mêlé de morceaux de racine de brione, avec laquelle on le trouve assez souvent falsifié. Cette derniere racine est facile à distinguer, à son goût amer, & à son odeur puante & nauséeuse.

Le méchoacan contient, selon l'analyse de Cartheuser, une portion considérable d'une terre subtile blanchâtre & comme farineuse, (c'est - à - dire d'une fécule farineuse, analogue à celle de brione, & de quelques autres racines, voyez Fecule), très - peu

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