ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"128"> Ses tiges sont hautes depuis six jusqu'à dix pouces, grêles, ligneuses, le plus souvent quarrées, un peu velues, & un peu rougeâtres, partagées en plusieurs rameaux; autour des rameaux poussent des feuilles opposées, de la figure de celles de l'origan vulgaire, mais plus petites, couvertes d'un duvet blanc, d'une odeur pénétrante, d'une saveur un peu âcre, un peu amere, aromatique & agréable.

Il naît autour du sommet de la tige des épics, ou petites têtes écailleuses, plus arrondies que dans l'origan, plus serrées & plus courtes, composées de quatre rangs de feuilles placées en maniere d'écailles, & velus. D'entre ces feuilles sortent de très petites fleurs blanchâtres, d'une seule piece, en gueule, dont la levre supérieure est redressée, arrondie, échancrée, & l'intérieure divisée en trois segmens.

Il s'éleve du calice un pistil attaché à la partie postérieure de la fleur, en maniere de clou, & comme accompagnée de quatre embryons, qui se changent ensuite en autant de petites graines arrondies, rousses, cachées dans une capsule, qui servoit de calice à la fleur.

Cette plante vient en Espagne, en Italie, & dans les parties méridionales de la France. On la cultive beaucoup dans les jardins. On l'emploie en médecine & dans les alimens pour les rendre plus agréables. Enfin, les Chimistes tirent par la distilation de la marjolaine desséchée une huile essentielle, d'une odeur très - vive, utile dans les maladies des nerfs. Hoffman a remarqué, que si on rectifie cette huile par une nouvelle distillation, elle laisse encore après elle beaucoup de lie résineuse. (D. J.)

Marjolaine (Page 10:128)

Marjolaine, (Pharmacie & Mat. méd.) on se sert indifféremment dans les boutiques de deux sortes de marjolaine; savoir, la grande ou vulgaire, & la marjolaine à petites feuilles.

Les feuilles & les sommités fleuries de ces plantes, l'eau aromatique, & l'huile essentielle qu'on en retire par la distillation, sont d'usage en médecine.

La marjolaine a toutes les propriétés communes aux plantes aromatiques de la classe des labiées de Tournefort; elle est stomachique, cordiale, diaphorétique, emménagogue, nervine, tonique, apéritive, bechique, &c.

Celle - ci a été particulierement recommandée dans l'enchiffrenement & dans la perte de l'odorat. Artman prétend que cette plante a une vertu secrette contre cette derniere maladie. On a vanté encore la poudre des feuilles de marjolaine comme un excellent sternutatoire. On a attribué la même vertu à l'eau distillée, aussi - bien qu'à la décoction des feuilles. Cette eau est mise d'ailleurs au nombre des eaux céphaliques & nervines. On peut assurer avec autant de fondement, qu'elle possede la plupart des autres qualités que nous avons attribuées à la plante même, c'est - à - dire, à l'infusion des feuilles, ou des sommités.

L'huile essentielle de marjolaine a une odeur très vive & très - pénétrante; elle a été fort louée comme très - bonne dans la paralysie & dans les maladies des nerfs, soit prise intérieurement à la dose de deux ou trois gouttes, sous la forme d'oleo - saccharum, soit en en frotant la nuque du cou, & l'épine du dos. Cette huile entre dans la composition de la plupart des baumes apoplectiques, qui sont recommandés par différens auteurs.

Les fleurs & les sommités fleuries de marjolaine entrent dans un grand nombre de compositions officinales, dont les vertus sont analogues à celles que nous avons accordées à cette plante, & dont elle fait par conséquent un ingrédient utile.

L'huile d'olive, dans laquelle on fait infuser des sommités fleuries de marjolaine, se charge réelle<cb-> ment des parties véritablement actives de cette plante; savoir, de son huile essentielle, & de sa partie aromatique; mais si l'on vient à cuire jusqu'à consommation de l'humidité, selon l'art, ces principes volatils & actifs se dissipent au moins en très grande partie; & la matiere qui reste ne possede plus gueres que les vertus de l'huile d'olive altérée par la coction. Voyez Huile. (b)

MARIONNETTE (Page 10:128)

MARIONNETTE, s. f. (Méchan.) les marionnettes sont des petites figures mobiles de carton, de bois, de métal, d'os, d'ivoire, dont se servent les batteleurs pour amuser le peuple, & quelquefois aussi ce qu'on appelle les honnêtes gens.

Leur invention est bien ancienne. Hérodote les connoissoit déja, & les nomme des statues mobiles par des nerfs. Dans les banquets de Xénophon, Socrate demande à un charlatan, comment il pouvoit être si gai dans une profession si triste? Moi, répond celui - ci, je vis agréablement de la folie des hommes dont je tire bien de l'argent, avec quelques morceux de bois que je fais remuer. Aristote n'a pas dédaigné de parler de ces figures humaines, tendues, dit - il, avec des fils, qui leur font mouvoir les mains, les jambes, & la tête. On trouve dans le premier livre de Platon sur les loix, un beau passage à ce sujet: c'est un Athénien qui dit que les passions produisent dans nos corps, ce que les petites cordes exécutent sur les figures de bois; elles remuent tous nos membres, continue - t - il, & les jettent dans des mouvemens contraires, selon qu'elles sont opposées entre elles.

L'usage de ces figures à ressort ne passa - t - il pas, avec le luxe de l'Asie, & la corruption de la Grece, chez les Romains, vainqueurs de ces peuples ingénieux? Rien n'est plus vrai; car il en est quelquefois question dans les auteurs latins. Horace parlant d'un prince ou d'un grand, qui se laisse conduire au caprice d'une femme ou d'un favori, le compare à ces jouets dont les ressorts vont au gré de la main qui tient le fil. « Vous, dit - il, n'êtes - vous pas l'esclave d'un autre? Idole des bois, c'est un bras étranger qui met en jeu tous vos ressorts »!

Tu mihi qui imperitas, aliis servis miser atque Duceris, ut nervis alienis mobile lignum. Sat. 7. liv. II. 81.

Ecoutons l'arbitre des plaisirs de Néron. « Tandis que nous étions à boire, dit Pétrone au festin de Trimalcion, un esclave apporte un squelete d'argent, dont les muscles & les vertebres avoient une flexibilité merveilleuse. On le mit deux fois sur la table; & cette statue ayant fait d'elle - même des mouvemens & des grimaces singulieres, Trimalcion s'écria: Voilà donc ce que nous serons tous, quand la mort nous aura plongé dans la tombe? Sans doute que le squelete de Pétrone étoit mu par des poids, des roues, des ressorts intérieurs, comme les automates de nos artistes.

L'empereur Marc Antonnin parle deux ou trois fois dans ses ouvrages de ces sortes de statues mobiles à ressort, & s'en sert de comparaison pour des préceptes de morale. Semblablement Favorinus, si vanté par Aulu - Gelle, voulant prouver la liberté de l'homme, & son indépendance des astres, dit que les hommes ne seroient que de pures machines à faire jouer, s'ils n'agissoient pas de leur propre mouvement, & s'ils étoient soumis à l'influence de ces astres.

En un mot, toutes les expressions dont les Grecs & les Romains se servent, indiquent qu'ils connoissoient, aussi - bien que les modernes, ces figures mobiles que nous appellons marionnettes. Les neurosplesta d'Hérodote, de Xénophon & autres, c'est - à - dire, des machines à nerfs & à ressort; les mobilia [p. 129] ligna nervis alienis d'Horace; les catenationes mobiles de Petrone; les ligncoloe hominum figuroe d'Apulée, rendent parfaitement ce que les Italiens entendent par gelli buratini, les Anglois par the puppets, & les François par marionnettes.

Ce spectacle semble fait pour notre nation. Jean Brioché, arracheur de dents, nous le rendit agréable dans le milieu du dernier siecle. Il est vrai que dans le même tems un anglois trouva le secret de faire mouvoir les marionnettes par des ressorts, & tans employer des cordes; mais nous préférâmes les marionnettes de Brioché, à cause des plaisanteries qu'il leur faisoit dire. Enfin Fanchon, ou François Brioché, immortalisé par Despréaux, se rendit encore plus célébre que son pere dans ce noble métier. (D. J.)

Marionnettes (Page 10:129)

Marionnettes, en terme de Cardeur, sont deux montans de bois plantés à la tête du rouet sur chaque bord du banc, & garnis de deux fraseaux de jonc ou de paille qui se traversent parallelement à la position de la roue. Voyez les Pl. de Draperie.

Marionnette (Page 10:129)

Marionnette, s. f. (Art. d'ourdis.) piece de bois mobile à laquelle sont attachés les fraseaux de tous les rouets. Voyez Fraseaux.

MARIPENDAM (Page 10:129)

MARIPENDAM, (Bot. exot.) arbrisseaux de la nouvelle Espagne, qui s'éleve à la hauteur de six à sept pieds: sa tige est cendrée; ses feuilles sont vertes, & portées sur des longs pédicules rougeâtres; son fruit croît en grappes; on en recueillie les boutous, on en exprime le jus, on le fait épaissir, & on s'en sert pour déterger les ulceres. (D. J.)

MARIQUES les (Page 10:129)

MARIQUES les, (Géog. anc.) peuple d'Italie. Voyez Marici. (D. J.)

MARIQUITES (Page 10:129)

MARIQUITES, (Géog.) peuples errans, sauvages & barbares de l'Amerique méridionale au Brésil. M. de Lisle le met à l'orient de Fernambuc, & au nord de la riviere de S. François. (D. J.)

MARITAL (Page 10:129)

MARITAL, adj. (Jurisprud.) se dit de quelque chose qui a rapport au mari, comme la puissance maritale. Voyez Puissance.

MARITIMA Colonia (Page 10:129)

MARITIMA Colonia, (Géog. anc.) ville de la Gaule Narbonoise. On prétend que c'est aujourd'hui Martegue. (D. J.)

MARITIME (Page 10:129)

MARITIME, adj. (Marine.) épithete qu'on donne aux choses qui regardent la marine. Ainti, on dit une place maritime, des forces maritimes, &c.

MARISA (Page 10:129)

MARISA, (Géogr.) riviere de la Romanie. Elle a sa source au pié du mont Hémus, & finit par se jetter dans le golfe de Mégarisse, vis - à - vis de l'île Samandrachi. On la dit navigable depuis son embouchure jusqu'à Philippopoli. Cette riviere est l'Ebrus des anciens. (D. J.)

MARIZAN (Page 10:129)

MARIZAN, (Géogr.) montagne d'Afrique dans la province de Gutz, au royaume de Fez. Elle est fort haute & fort froide; ses habitans sont béréberes. Ils vivent dans des huttes faites de branches d'arbres, ou sous de nattes de joncs plantées sur des pieux. Ce sont de vrais sauvages, errans dans leurs montagnes, & ne payant de tributs à personne.

MALBOROUGH (Page 10:129)

MALBOROUGH, (Géogr.) c'est le Cunetio des anciens, petite ville à marché d'Angleterre en Wiltshire, avec titre de duché, qu'elle a donné à un des plus grands héros du dernier siecle Elle envoie deux députés au parlement, & est sur le Kennet, à 60 milles S. O. de Londres. Long. 16. 10. lat. 51. 24. (D. J.)

MARLE (Page 10:129)

MARLE, (Géogr.) petite ville de France en Picardie, avec titre de comté, sur la Serre, dans la Thiérache, à trois lieues de Guise, 37 N. E. de Paris. Long. 21d 26'. 16". lat. 49d 44'. 24". (D. J.)

MARLIE ou MARLI (Page 10:129)

MARLIE ou MARLI, s. m. (Art d'ourdiss. & soirie.) le marli quoique fabriqué sur un métier, tel que ceux qui servent à faire l'étoffe unie, néanmoins est un ouvrage de mode ou d'ajustement, qui dérive de la gaze unie. On distingue deux sortes de marlis; savoir, le marli simple & le marli double, auquel on donne le nom de marli d'Angleterre.

Le marli simple est monté comme la gaze, & se travaille de même, avec cette différence néanmoins qu'on laisse plus ou moins de dents vuides au peigne, pour qu'il soit à jour.

Le marli le plus grossier est composé de 16 fils chaque pouce; ce qui fait 352 fils qui ne sont point passés dans les porles, & pareille quantité qui y sont passés deux fois, en supposant l'ouvrage en demi-aune de large.

Le marli fin est composé de 20 fils par pouce; ce qui fait 440 fils passés en perle, & pareille quantité qui ne le sont pas. Une chaine ourdie pour un marli sin, doit contenir 880 fils seulement roulés sur une même ensuple; & le marli le plus grossier, 704 de même.

Chaque dent du peigne contient un fil passé en perle, & un fil qui ne l'est pas, quant à celles qui sont remplies, parce qu'on laisse des dents vuides pour qu'il soit à jour.

Suivant cette disposition, le marli grossier contient 9 points de ligne de distance d'un fil à l'autre, & le marli fin, 7 points à peu près.

Lorsque l'ouvrier travaille le marli, il passe deux coups de navette qui se joignent, & laisse une distance d'une ligne & demie pour les deux autres coups qui suivent de même, & successivement continue l'ouvrage de deux coups & en deux coups; de façon qu'il représente un quarré long ainsi qu'il est représenté par la figure du marli grossier. Le marli plus fin est de 13 points environ, ce qui revient à - peu - près à une hauteur qui forme le double de la largeur. Il semble que l'ouvrage auroit plus de grace, si le quarré étoit parfait, mais aussi il reviendroit plus cher parce qu'il prendroit plus de trame.

La soie destinée pour cet usage n'est point montée, c'est - à - dire qu'elle est grese, ou telle qu'elle sort du cocon. Elle est teinte en crud pour les marlis de couleur; & pour ceux qui sont en blanc, on n'emploie que de la soie grese, qui est naturellement blanche. On ne pourroit travailler ni le marli, ni la gaze, si la soie étoit cuite ou préparée comme celle qui est employée dans les étoffes de soie.

Le marli croisé, ou façon d'Angleterre, est bien différent du marli simple. Il est composé d'une chaîne qui contient la même quantité de fils du marli grossier; c'est - à - dire 704 environ, qui sont passés sur quatre lisses, comme le taffetas, dont deux fils par dents de celles qui sont remplies, & à même distance de neuf points de ligne au moins chaque dent. Cette chaîne doit être tendue pendant le cours de la fabrication de l'ouvrage, autant que sa qualité peut le permettre; elle est roulée sur une ensuple.

Indépendamment de cette chaîne, il faut un poil contenant la moitié de la quantité des fils de la chatne, qui doit être roulé sur une ensuple séparée.

Le poil contient 352 fils; cette quantité doit faire 704 perles, parce que les fils y sont passés deux fois. En les passant au peigne, il faut une dent de deux fils de chaîne simplement, sans aucun fil de poil, de façon que le poil ourdi ne compose que la moitié de la chaîne.

La façon de passer les fils de poil dans les perles est si singuliere, qu'il seroit très - difficile d'en donner une explication sans la démontrer.

Le poil de cet ouvrage doit être extraordinairement lâche, ou aussi peu tendu que le poil d'un velours, afin que le fil puisse se prêter à tous les mouvemens qu'il est obligé de faire pour former la croisure; de sorte que le poids qui le tient tendu, & qui est très - léger, doit être passé de façon qu'il puisse monter au fur & à mesure qu'il s'emploie.

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