ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"180"> massif, pour marquer que les murs en sont trop épais; qu'un mur est massif, pour marquer que les jours & les ouvertures en sont trop petites à proportion du reste.

On appelle massif en Architecture toute batisse de moilon, de pierre, de brique, faite en fondation, sans qu'il y ait de cave, pour porter un ou plusieurs murs, colonnes, piliers, perron & autres.

Massif (Page 10:180)

Massif, s. m. (Hydraul.) s'entend d'un courroi de glaise ou d'une chemise de ciment qui sert à retenir les eaux dans les bassins. Voyez Construction des bassins.

Massifs (Page 10:180)

Massifs sont ordinairement des bandes de gason que l'on pratique de la largeur de deux ou trois piés, entourées des deux côtés d'un sentier ratissé d'un pié de large, & sablé de rouge. Ces massifs prennent naissance de la broderie d'un partere, où ils se contournent en volutes d'où sortent des palmettes, des nilles & des becs de corbin; quand ils se répetent, ils composent les compartimens des parterres.

MASSIN (Page 10:180)

MASSIN, (Hist. mod. Jurisprud.) c'est le nom que l'on donne dans l'île de Madagascar aux lois auxquelles tout le monde est obligé de se conformer: elles ne sont point écrites; mais étant fondées sur la loi naturelle, elles sont passées en usage, & il n'est permis à personne de s'en écarter. Ces lois sont de trois sortes: celles que l'on nomme massin - dili ou lois du commandement, sont celles qui sont faites par le souverain; c'est sa volonté fondée sur la droite raison, par laquelle il est obligé de rendre la justice, d'accommoder les différends, de distribuer des peines & des récompenses. Suivant ces lois, un voleur est obligé de rendre le quadruple de ce qu'il a pris; sans cela il est mis à mort, ou bien il devient l'esclave de celui qu'il a volé.

Massin - poch, sont les lois & usages que chacun est obligé de suivre dans la vie domestique, dans son commorce, dans sa famille.

Massin tane, sont les usages, les coutumes ou les lois civiles, & les réglemens pour l'agriculture, la guerre, les fêtes, &c. Il ne dépend point du souverain de changer les lois anciennes, & dans ce cas il rencontreroit la plus grande opposition de la part de ses sujets, qui tiennent plus qu'aucun autre peuple aux coutumes de leurs ancêtres. Cependant il regne parmi eux une coutume sujette à de grands inconvéniens, c'est qu'il est permis à chaque particulier de se faire justice à lui - même, & de tuer celui qui lui a fait tort.

MASSINGO (Page 10:180)

MASSINGO, (Hist. nat.) espece de graine assez semblable au millet, excepte qu'elle est plus grande & plus ferme, qui sert à la nourriture des habitans du royaume de Congo en afrique. On dit qu'elle est très - bonne au goût, mais elle produit des flatuosités & des coliques sur les européens, qui n'ont point l'estomac aussi fort que les negres.

MASSIQUE, Mont (Page 10:180)

MASSIQUE, Mont, Massicus mons (Géog. anc.) côteau ou monticule de la Campanie, aux environs de Sinuesse. Il s'y recueilloit beaucoup de vin & il étoit excellent. Martial en fait l'éloge épigr. 57. liv. XII. dans ce vers:

De Sinuessanis venerunt Massica proelis. Horace le vante aussi dans sa premiere ode, & dit que quand il est vieux il rappelle le goût du buveur.

Est qui nec veteris pocula Massici Spernit.

Le vin massique se nomme aujourd'hui massacano, & le côteau monte di Dracone. Ce côteau est dans la terre de Labour, qui fait partie de l'Italie méridionale.

MASSOLAC (Page 10:180)

MASSOLAC, massolacum, (Géogr.) un des anciens palais des rois de France. Ce fut dans ce palais que Clotaire II. fit comparoître devant lui en 613; le patrice Aléthée, & le fit condamner à périr par le glaive. Ce fut encore à Massolac qu'après la mort du roi Dagobert I. les seigneurs de Neustrie & de Bourgogne s'assemblerent pour proclamer roi son fils Clovis. Dom Germain & dom Ruinart ont laissé indécise la situation de ce palais; cependant bien des raisons portent à croire que l'endroit où il étoit bâti doit être Maslay, à une lieue de Sens, vers l'orient, sur la petite riviere de Vanne. On croit qu'il fut détruit par les Sarrasins; mais le nom un peu altéré Masiliacus pagus, pour Massolacus pagus, Maslay, est resté aux deux villages contigus, dont l'un s'appelle Maslay - le - roy, & l'autre Maslay - le - vicomte. (D. J.)

MASSUE (Page 10:180)

MASSUE, s. f. (Littér.) On sait que chez les anciens c'étoit une sorte d'arme lourde & grosse par un bout, hérissée de plusieurs pointes. Personne n'ignore encore que c'est le symbole ordinaire d'Hercule, parce que ce héros ne se servoit que d'une massue pour combattre les monstres & les tyrans. Après le combat qu'il soutint contre des géans, il consacra sa massue à Mercure: la fable ajoûte qu'elle étoit de bois d'olivier sauvage, qu'elle prit racine & devint un grand arbre. On donne aussi quelquefois la massue à Thésée. Euripide dans ses suppliantes appelle la massue de ce héros épidaurienne, parce qu'au rapport de Plutarque Thésée en dépouilla Périphétè, qu'il tua dans Epidaure, & il s'en servit dépuis, comme fit Hercule de la peau du lion de Neméc. (D. J.)

MASTIC, le (Page 10:180)

MASTIC, le, s. m. (Hist. des drog.) en latin mastiche, mastix, ou resina lentiscana.. Offic. PH=TIKH DXININH, KAI\ MASTI\KH. Dioscôr. mastech arab.

Résine seche, transparente, d'un jaune pâle, en larmes ou en grumeaux, de la grosseur d'un petit pois ou d'un grain de riz, fragile, qui se casse sous la dent, & s'amollit cependant par la chaleur comme de la cire, s'enflamme sur les charbons, répand une odeur agréable, & a un goût légerement aromatique, résineux & un peu astringent.

Cette gomme résineuse découle du lentisque des îles de l'Archipel par incision, & Bellon même assure que les lentisques ne donnent de résine que dans l'île de Scio. Cependant ceux d'Egypte en produisoient autrefois, puisque Galien recommande le mastic d'Egypte. Quelques - uns disent qu'il en découle aussi des lentisques d'ltalie; & Gassendi, dans la vie de Peirese, ouvrage excellent en son genre, où l'on trouve cent choses curieuses qu'on n'y attend point, remarque que du côté de Toulon il y a de ces arbres qui rendent quelques grains de mastic. Il est pourtant vrai que tout celui que l'on débite aujourd'hui ne vient que des îles de l'Archipel, & en partieulier de celle de Scio.

On croit communément que c'est la culture seule qui rend ces arbres propres à fournir du mastic, mais c'est une erreur, puisqu'il se trouve dans Scio même beaucoup de lentisques qui ne produisent presque rien, & qui néanmoins sont aussi beaux que les autres: il faut donc attribuer la raison de ce phénomene à une tissure particuliere des racines & des bois, qui varie considérablement dans les individus de même espece. On a beau tailler & cultiver les lentisques de Toulon, ils ne fournissent point de mastic. Combien y a - t - il de pins dans nos forêts qui ne donnent presque pas de résine, quoiqu'ils soient de même espece que ceux qui en fournissent beaucoup? Ne voit - on pas la même chose parmi ces sortes de cèdres, cedrus folio cupressi major, fructu flavescente, de C.B.P. dont on tire l'huile de cade?

L'expérience donc a fait connoître que c'étoit la seule qualité des especes de lentisque qui produisoit le mastic; & que la meilleure précaution que l'on [p. 181] pouvoit prendre pour en avoir beaucoup, étoit de conserver & de provigner les seuls lentisques qui naturellement en donnent beaucoup.

C'est pour cette raison que ces arbres ne sont pas alignés dans les champs, mais qu'ils sont disposés par pelotons ou bosquets, écartés fort inégalement les uns des autres. L'entretien de ces arbres ne demande aucun soin; il n'y a qu'à les bien choisir & les faire multiplier, en couchant en terre les jeunes tiges.

On émonde seulement quelquefois les lentisques dans le mois d'Octobre, ou pour mieux dire on décharge leurs troncs des nouveaux jets qui empêcheroient le succès des incisions. Du reste, on ne laboure pas la terre qui est au - dessous: on arrache seulement les plantes qui y naissent; on balaye proprement le terrein pour y recevoir le mastic, & il est nécessaire qu'il soit dur & bien applani.

Peut - être que si on suivoit la même méthode en Candie, en Italie, en Provence, on trouveroit plusieurs lentisques qui répandroient du mastic comme ceux de Scio.

On commence dans cette île les incisions des lentisques le premier jour du mois d'Août; on coupe en travers & en plusieurs endroits l'écorce des troncs avec de gros couteaux, sans toucher aux jeunes branches. Dès le lendemain de ces incisions, on voit distiller le suc nourricier par petites larmes, dont se forment peu - à peu les grains de mastic; ils se durcissent sur la terre, & composent souvent des plaques assez grosses: c'est pour cela que l'on balaye avec soin le dessous de ces arbres. Le fort de la récolte est vers la mi - Août, pourvu que le tems soit sec & serain; si la pluie détrempe la terre, elle enveloppe toutes ces larmes, & c'est autant de perdu: telle est la premiere récolte du mastic.

Vers la fin de Septembre les mêmes incisions en fournissent encore, mais en moindre quantité: on le passe au sas pour en séparer les ordures; & la poussiere qui en sort s'attache si fort au visage de ceux qui y travaillent, qu'ils sont obligés de se laver avce de l'huile.

Ils ne mériteroient pas d'être plaints pour ce leger accident, si du moins il leur revenoit quelque petite portion de leur récolte; mais on ne juge pas que cela soit équitable dans les pays soumis au grand - seigneur. Tout le produit des fonds lui appartient avec la propriété des fonds; si quelqu'un vend la terre, les arbres qui fournissent la résine de mastie sont reservés pour sa Hautesse, c'est - à - dire qu'on ne peut rien vendre. Quand un habitant est surpris portant du mastie de sa récolte dans quelque village, il est condamné aux galeres & dépouillé de tous ses biens. Nous en usons à - peu - près de même pour le sel.

On n'accorde aux habitans des lieux où l'on recueille cette résine, que la prérogative de porter la sesse blanche autour de leur turban, de même que les Turcs; prérogative peut - être consolante pour des peuples qui croient avoir quelque faveur quand le prince cesse de lever sa main pour les anéantir.

Les lentisques semblent faits pour la gloire du sultan, qui jouit des pays où ces arbres donnent le mastic sans culture. En effet, puisqu'il est propriétaire du fond de la terre, il en résulteroit infailliblement pour lui la perte du mastic s'il falloit cultiver les arbres; car dans ces lieux - là l'abandon des terres à cultiver est toujours certain: on ne répare point, on n'améliore point, on ne plante point, on tire tout de la terre, on ne lui rend rien.

La récolte entiere du mastic est destinée pour la capitale de l'empire, & par conséquent la plus grande partie pour le serrail. Le sultan ne voit, n'envisage que le palais où il est renfermé, & dont il se trouve pour ainsi dire le premier prisonnier; c'est à ce pa<cb-> lais qu'il rapporte ses inclinations, ses lois, sa politique, ses plaisirs: c'est - là qu'il tient ses sultanes & ses concubines, qui consomment presque tout le mastic de l'Archipel.

Elles en mâchent principalement le matin à jeun, pour s'amuser, pour affermir leurs gencives, pour prévenir le mal des dents, pour le guérir, ou pour rendre leur haleine plus agréable. On jette aussi des grains de mastic dans des cassolettes pour des parfums, ou dans le pain avant que de le mettre au four. On l'emploie encore pour le mal d'estomac, pour arrêter les pertes de sang; & on en délivre aux femmes du serrail à - proportion de leur crédit & de leur autorité.

C'est quelquefois un aga de Constantinopie qui se rend dans les îles de l'Archipel, pour recevoir le mastie dû au grand - seigneur, ou bien on charge de cette commission le cadi de Scio: alors le douanier va dans trois ou quatre des principaux villages, & fait avertir les habitans des autres de porter leur contingent. Tous ces villages ensemble doivent 286 caisses de mastic, lesquelles pesent cent mille vingt - cinq ocques, c'est - à - dire en total 300 mille 625 livres à 16 onces pour livre; car l'ocque ou ocos est un poids de turquie qui pese trois livres deux onces poids de Marseille.

Outre cela, comme les lois qui ôtent la propriété de fonds ne diminuent point la cupidité des grands, l'aga, le cadi de Scio, préposé pour recevoir le mastie, commet dans sa recette les vexations & les injustices dont il est capable, par la grande raison qu'il croit n'avoir rien en propre que ce qu'il vole.

Ordinairement il retire de droits pour sa portion trois caisses de mastic du poids de 80 ocques chacune; il revient aussi une caisse à l'écrivain qui tient les registres de ce que chaque particulier doit fournir de mastic: l'homme du douanier qui le pese en prend une poignée sur la part de chaque particulier; & un autre commis qui est encore au douanier, en prend autant pour la peine qu'il a de ressasser cetto part. Il me semble voir les manoeuvres des commis ambulans aux fermes & aux gabelles.

Les habitans qui ne recueillent pas assez de mastic pour payer leur contingent, en achetent ou en empruntent de leurs voisins qui ont eu plus de bonheur; finalement ceux qui en ont de reste, le gardent pour l'année suivante ou le vendent secrétement. Quelquefois ils s'en accommodent avec le douanier, qui le prend à une piastre l'ocque, & le vend deux à trois piastres.

C'est apparemment de la levée personnelle du cadi & des douaniers que nous revient par cascades le peu de mastic de Scio que nous avons en Europe; il est beaucoup plus gros & d'un goût plus balsamique que celui du Levant que l'on reçoit par la voie de Marseille. Cependant ce dernier est presque le seul que l'on apporte en France par la même voie de Marseille. On calcule qu'il nous en revient environ 70 à 80 quintaux chaque année, à raison de 70 sols la livre pesant, dont nous faisons la consommation ou le débit.

Il faut remarquer que les négocians du Levant qui l'envoient, mettent toujours le plus commun au fond, le médiocre au milieu, & le bon dessus. Ils ne veulent jamais le vendre l'un sans l'autre.

L'on peut acheter à Smyrne pour l'Europe tous les ans environ 300 caisses de mastic, pesant chaque caisse un quintal un tiers.

Il faut choisir le mastic en grosses larmes, blanc, pâle ou citrin, net, transparent, sec, fragile, odorant, craquant, & qui étant un peu mâché devienne sous la dent comme de la cire blanche: on l'appelle mastic en larmes. On ne fait aucun cas de celui qui est noir, verd, livide ou impur.

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