ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"86"> uns des autres l'ordre du général, & se conformer à ce qu'il leur est prescrit.

On marche quelquefois à colonnes renversées, c'est - à - dire, la droite faisant la gauche, ou la gauche faisant la droite; cette marche se fait suivant sa disposition où l'on est, ou le dessein qu'on a de se porter brusquement dans un camp pour faire tête, en y arrivant, aux colonnes de la droite de l'armée ennemie, qui peut en arrivant engagerune action. Nos troupes occupent d'abord le poste le plus avantageux, & donnent le tems aux autres colonnes d'arriver & de s'y mettre en bataille.

On peut quitter de jour son camp, quoiqu'à portée de l'ennemi, lorsque l'on connoit qu'il est de conséquence de changer le premier de situation: pour faire cette marche, on met toutes les troupes en bataille, aussi - tôt on fait marcher la premiere ligne par les intervalles de la seconde pour passer diligemment les défilés ou les ponts, elle s'étend pour soutenir la seconde qui passe ensuite par les intervalles de la premiere, & se met derriere en bataille. Il faut que cette disposition de marche soit bien exécutée, & qu'il y ait au flanc de la droite & de la gauche des troupes pour observer les ennemis: les offciers de chaque régiment doivent être attenrifs à contenir leur troupe. Si le terrein étoit trop désavantageux pour faire une semblable marche pendant le jour, il faudroit décamper à l'entrée de la nuit sur autant de colonnes que le terrein pourroit le permettre; on laisseroit des feux au camp à l'ordinaire avec des détachemens de tous côtés, dont les sentinelles ou vedetes seroient alertes pour empêcher l'ennemi de s'en approcher, & lui ôter la connoissance de cette marche: il faut la rendre plus facile par des ouvertures que l'on fait pour chaque colonne, & que des officiers - majors les reconnoissent, afin de ne point prendre le change, & que les colonnes ne s'embarrassent point.

Quand on veut décamper de jour & dérober ce mouvement aux ennemis, avant que de le faire, on envoie sur leur camp un gros corps de cavalerie avec les étendards, à destein de les intriguer, & les amuser assez de tems pour donner à l'armée celui de se porter au poste qu'elle veut occuper, avant qu'il se puisse mettre en marche.

Il y a des marches qu'il faut faire à l'entrée de la nuit pour empêcher que l'ennemi n'attaque notre arriere - garde dans ses défilés, & faciliter par ce moyen son arrivée dans un autre camp. Quoique l'on soit proche de l'ennemi, & qu'il n'y ait aucune riviere qui le sépare, un général qui connoît l'avantage de sa situation, & qui veut engager une affaire, peut reculer son armée des bords de cette riviere pour lui donner la tentation de la passer; mais lorsqu'on fait ce mouvement, il ne faut pas lui laisser prendre assez de terrein pour placer deux lignes en bataille: on doit au contraire le resserrer. & profiter du piege qu'on lui a tendu, ne lui laisser passer de tr - oupes qu'autant qu'on en peut combattre avec avantage, sans quoi il faudroit absolument garder les bords de la riviere ». Traité de la guerre par Vaultier.

Une marche de 3 ou 4 lieues est appellée marche ordinaire. Si l'on fait faire 6 ou 7 lieues à une armée, c'est - à - dire à peu près le double d'une marche ordinaire, on donne à cette marche le nom de marche forcée. Ces sortes de marches ne doivent se faire que dans des cas pressans, comme pour surprendre l'ennemi dans une position desavantageuse, ou pour gagner des postes où l'on puisse s'arrêter ou l'incommoder, ou enfin pour s'en éloigner ou pour s'en approcher, lorsqu'il a eu l'art de faire une marche se<cb-> crette, c'est - à - dire lorsqu'il a su souffler ou dérober une marche.

Les marches forcées ont l'inconvénient de fatiguer beaucoup l'armée, par cette raison on ne doit point en faire sans grande nécessité. Celles qui sont occasionnées par les marches que l'ennemi a dérobées, sont les plus desagréables pour le général, attendu que ce n'est qu'à son peu d'attention qu'on peut les attribuer; c'est pourquoi M. le chevalier de Folard prétend qu'il en est plus mortifié que de la perte d'une bataille, parce que rien ne prête plus à la glose des malins & des railleurs.

« Dans les marches vives & forcées, il faut faire trouver avec ordre & diligence, dans les lieux où passent les troupes, des vivres & toutes les choses nécessaires pour leur soulagement. Avec ces précautions, le général qui prévoit le dessein de son ennemi, est en état de le prévenir avec assez de forces dans les lieux qu'il veut occuper; cette diligence l'étonne, & les obstacles à son entreprise augmentant à mesure que les troupes arrivent, il l'abandonne & se retire ». même Traité que ci - dessus.

Nous renvoyons ceux qui voudront entrer dans tous les détails des marches, à l'Art de la guerre par M. le maréchal de Puysegur, & à nos Elémens de Tactique.

Marche (Page 10:86)

Marche, (Archit.) en latin gradus, degré sur lequel on pose le pié pour monter ou descendre, ce qui fait partie d'un elcalier.

Les anciens donnoient à leurs marches, & comme on disoit dans le dernier siecle, à leurs degrés, 10 pouces de hauteur de leur pié, qu'on appelle pié romain antique, ce qui revient environ à 9 pouces de notre pié de roi. Ils donnoient de giron à chaqne marche les trois quarts de leur hauteur, c'est - à dire un de nos piés de roi, ce qui faisoit des marches trop hautes, & pas assez larges.

Aujourd'hui on donne à chaque marche 6 ou 7 pouces de hauteur, & 13 ou 14 de giron. Dans les grands escaliers, cette proportion rend nos marches beaucoup plus commodes que celles des anciens. Leurs sieges des théâtres étoient en façon de marches, & chaque marche servant de siege avoit deux fois la hauteur des degrés qui servoient à monter & à descendre. Voyez les Notes de Me. Perrault sur Vitruve, liv. III. & V.

On fait des marches de pierre, de bois, de marbre, non - seulement on distingue les marches ou degrés par leur hauteur & leur giron ou largeur, mais encore par d'autres différences, que Daviler explique dans son Cours d'Architecture.

On appelle, dit - il, marche carrée, ou droite, celle dont le giron est contenu entre deux lignes paralleles; marche d'angle, celle qui est la plus longue d'un quartier tournant; marches de demi - angle, les deux plus proches de la marche d'angle; marches gironnées, celles des quartiers tournans des escaliers ronds ou ovales; marches délardées, celles qui sont démaigries en chanfrain par dessous, & portent leur délardement pour former une coquille d'etcalier; marches moulées, celles qui ont une moulure avec filets au bord du giron; marches courbes, celles qui sont ceintrées en dedans ou en arriere; marches rampantes, celles dont le giron fort large est en pente, & où peuvent monter les chevaux; on appelle marches de gason, celles qui forment des perrons de gason dans les jardins, & dont chacune est ordinairement retenue par une piece de bois qui en fait la hauteur. (D.J.)

Marches (Page 10:86)

Marches, les, (Rubaniers.) ce sont des morceaux de bois minces, étroits & longs, de 4 à 5 piés, au nombre de 24 ou 26: cependant un maître dudit métier nommé Destappe, a imaginé d'en mettre jusqu'à 36, qui au moyen de leur extrême délica<pb-> [p. 87] tesse n'occupent pas plus de place que 24, ce qui lui a parfaitement réussi. Ces marches sont percées & enfilées par un bout dans une broche ou boulon de fer, qui s'attache lui - même sous le pont du métier. Voyez Pont. Par l'autre bout elles portent les tirans des lames, & ces tirans servent à faire baisser les lames. Voyez Lames. Lorsqu'il y a 24, 26 ou plus de marches à un métier, il faut qu'il y ait autant de lames & de hautes - lisses qu'il y a de marches, puisque chaque marche tire sa lame, qui à son tour tire sa haute - lisse. Voyez Haute - lisse. On voit parfaitement tout ceci dans nos Pl. de Soirie & de Passementerie. Il faut, comme la figure le fait voir, que les marches soient d'inégale longueur, les plus longues au centre, comme devant tirer les lames les plus éloignées, cette longueur donnant la facilité d'atracher le tirant perpendiculairement à la lame que la marche doit faire agir; on sent par ce qui vient d'être dit pourquoi les marches des extrémités doivent être plus courtes; les marches ne doivent point être non plus suspendues à leurs tirans sur le même niveau, puisque l'on voit dans les figures que celles du centre pendent plus bas que les autres, & s'élevent petit - à - petit à mesure qu'elles approchent de l'extrémité, en voici la raison: lorsque l'ouvrier marche les marches des extrémites, il a les jambes fort écartées, ce qui doit indubitablement leur faire perdre de leur longueur, au lieu qu'en marchant celles du centre il les a dans toute leur longueur & dans toute leur force; il est donc nécessaire de donner ce plan aux marches, outre que l'ouvrier y trouve encore une facilité pour les marcher. Comme elles sont fort serrées les unes contre les autres, sur - tout quand elles y sont toutes, cette inclinaison lui est favorable pour trouver celles dont il a besoin.

Marches (Page 10:87)

Marches, (Bas au métier) est une partie de cette machine. Voyez l'article Bas au métier.

Marche (Page 10:87)

Marche, (Soirie.) partie du bois de métier d'étoffe de soie. La marche est un litteau de 2 pouces 1/2 à 3 pouces de largeur, sur 1 pouce d'épaisseur, il est de 5 piés 1/2 à 6 piés de long, & percé à un bout; ce trou est nécessaire pour y passer une broche de fer au travers pour les fixer & les rendre solides, lorsque l'ouvrier veut travailler.

Les marches servens à faire lever les lisses, tant de satin, gros - de - tours, que celles de poil.

Marche - basse (Page 10:87)

Marche - basse, (Tapissier.) les ouvriers appellent quelquefois ainsi cette espece de tapisserie, qu'on nomme plus ordinairement basse - lisse. Ils lui donnent ce nom, qui n'est d'usage que dans les manufactures, à cause de deux marches que l'ouvrier a sous ses piés, pour hausser ou baisser les lisses. Voyez Basse - lisse.

Marchis (Page 10:87)

Marchis, (Tisserand) partie inférieure du métier des Tisserands, Tissutiers, Rubaniers, &c. ce sont de simples tringles de bois, attachées par un beut à la traverse inférieure du métier, que l'ouvrier a sous ses piés, & suspendues par l'autre bout aux ficelles des lisses.

Les marches sont ainsi nommées parce que l'ouvrier met les piés dessus pour travailler. Les marches font hausser ou baisser les fils de la chaîne, à travers lesquels les fils de la trame doivent passer. Ainsi lorsque l'ouvrier met les piés sur une marche, tous les fils de la chaîne qui y répondent par le moyen des lisses se levent, & lorsqu'il ôte son pié ils retombent dans leur situation par le poids des plombs que les lisses ont à chaque extrémité.

Marche (Page 10:87)

Marche, terme de Toxrneur, c'est la piece de bois sur laquelle le tourneur pose son pié, pour donner à la piece qu'il travaille un mouvement circulaire. Cette marche n'est dans les tours communs qu'une tringle de bois soulevée par l'extrémité la plus éloignée de l'ouvrier, par une corde atrachée de l'autre bout à une perche qui pend du haut du plancher. Voyez Tour.

Marche du loup (Page 10:87)

Marche du loup, (Vénerie.) c'est ce qu'on appelle en vrais termes, piste ou voie, faux marché, la biche y est sujette dans le cours de douze à quinze pas.

Marche (Page 10:87)

Marche, terme de Blason. Le P. Menetrier dit qu'il est employé dans les anciens manuserits pour la corne du pié des vaches.

Marche (Page 10:87)

Marche, (Géog.) ce mot, dans la basse latinité, est exprimé par marca, marchia, & signifie limites, frontieres; c'est pourquoi M. de Marca a intitulé ses savantes recherches sur les frontieres de l'Espagne & de la France, marca hispanica. Le seigneur qui commandoit aux frontieres étoit nommé marcheus; de ce mot s'est formé celui de marchis, que nous disons aujourd'hui marquis, & que les Allemands expriment par margrave. Voyez Margrave.

Dans les auteurs de la basse latinité; marchani & marchiani, sont les habitans de la frontiere. On a aussi nommé marchiones, des soldats employés sur la frontiere, & avec le tems ce not a été affecté aux nobles, qui aprés avoir au un gouvernement sur la frontiere qui leur donnoit ce titre, l'ont rendu héréditaire, & ont transmis à leurs enfans mâles ce gouvernement avec le titre. Enfin la qualification de marquis a été prise dans ces derniers tems en France par de simples gentilshommes, & même par des roturiers ennoblis, qui n'ont rien de commun avec le service, ni avec les frontieres de l'état. Voyez Marquis. (D.J.)

Marche (Page 10:87)

Marche, la, (Géog.) Marchia gallica, province de France, avec le titre de comté. Elle est bornée au septentrion par le Berry, à l'orient par l'Auvergne, à l'occident par le Poitou & l'Angoumois, & au midi par le Limousin, dont elle a autrefois fait partie, étant même encore à présent du diocèse de Limoges.

Son nom de Marche lui vient de ce qu'elle est situee sur les confins ou marches du Poitou & du Berry. Elle a été réunie à la couronne par François I. l'an 1531.

La Marche a environ 22 lieues de longueur, sur 8 ou 10 de largeur. Elle donne du vin dans quelques endroits & du blé dans d'autres; son commerce consiste principal conent en bestiaux & en tapisseries que l'on fait à Aubusson, Felletin, & autres lieux.

Elle est arrosée par la Vienne, le Cher, la Creuse & la Cartempe.

On la divise en haute & basse, & on lui donne Guéret pour capitale. (D.J.)

Marche (Page 10:87)

Marche, (Géog.) petite ville, ou bourg de France, au duché de Bar, sur les consins de la Champagne, entre les sources de la Meuse & de la Saone, à 13 lieues de Toul. Long. 23. 26. lat. 48. 2. (D.J.)

Marche (Page 10:87)

Marche, (Géog.) petite ville des Pays - bas, au duché. de Luxembourg, aux confins du Liégeois, entre Dinant & la Roche, dans le petit pays de Famène. M. de Lisle ne devoit pas dire comme le peuple, Marche ou Famine. Long. 23. 15. lat. 50. 13. (D.J.)

Mar che Trévisane (Page 10:87)

Mar che Trévisane, la, (Géograph.) province d'ltalie, dans l'état de la république de Venise, bornêe E. par le Frioul, S. par le golfe le Dogat, & le Padouan, O. par le Vicentin, N. par le Feltrin & le Belunese. On appelle cette province Marche trévisane, parce que dans la division de ce pays - là, sous les Lombards, l'état de Venise étoit gouverné par un marquis dont la résidence ordinaire étoit à Trévise (Trevigio). La Marche avoit alors une plus grande étendue qu'aujourd'hui. Sa principale riviere est la Piave; mais elle est eutrecoupée d'un grand nombre de ruisseaux: ses deux seules villes sont Trévise & Ceneda. (D.J.)

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