ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"66"> fectent le noir pour les cuisses. Les femmes se percent les oreilles, & y pendent de petites boules de bois. Les hommes se percent les narines, ou la levre d'en bas, & y suspendent une pierre verte. L'arc & les fleches sont leurs seules armes.

MARAIS (Page 10:66)

MARAIS, s. m. (Géograph.) lieu plus bas que les lieux voisins, où les eaux s'assemblent & croupissent, parce qu'elles n'ont point de sortie; on appelle aussi marais certains lieux humides & bas, où l'eau vient quand on creuse un pié ou deux dans la terre.

Les Grecs ont deux mots pour exprimer un marais, savoir elos, qui répond assez à l'idée que nous avons du mot marais, c'est - à - dire une terre basse noyée d'eau; & limné, que les Latins rendent également par palus & par stagnum, un marais ou un étang, c'est à - dire un terrein couvert d'eau. Mais les Latins ont fort étendu le sens du mot palus, car ils l'emploient à signifier un lac; ainsi ils ont dit le Palus Méotide, pour désigner un grand lac, qui mérite bien le nom de mer, & qui est à l'embouchure du Don.

Les marais se forment de plusieurs manieres différentes.

Il y a des terres voisines des rivieres, le débordement arrivé, l'eau se répand sur ces terres, y fait un long séjour, & les affaisse. Pour lors ces terres deviennent des marais & restent telles, à moins que l'ardeur du soleil ne les desseche, ou que l'art ne fasse écouler ces eaux. On est parvenu à cet art pour ne pas perdre le terrein, en pratiquant des canaux par où l'eau s'écoule, & en coupant des fossés, dont la terre sert à relever les prairies & à ramasser les eaux auxquelles on ménage un cours, soit par des moulins, soit par quelqu'autre artifice semblable. On empêche de cette maniere que de grands terreins ne restent inondés. Les Hollandois ont desséché quantité de marais par cette invention, & c'est ce qu'ils nomment des polders.

Il arrive encore que dans un terrein inculte & dépeuplé, les plantes sauvages naissent confusément, & forment avec le tems, un bois, une forêt; les eaux s'assemblent dans un fond, & les arbres qui les couvrent en empêchent l'évaporation. Voilà un marais fait pour toujours. Il y a de tels marais à Surinam, qui ont commencé avec le monde, & qui ont des centaines de lieues d'étendue.

Les marais qui ne consistent qu'en une terre très humide, se corrigent par des saignées, & deviennent capables de culture, comme le prouvent un grand nombre de lieux des Pays - bas & des Provinces - unies.

L'art même vient à - bout de dessécher les terres que l'eau couvre entierement. Il n'a tenu qu'au gouvernement de Hollande de consentir que l'espace qu'occupe aujourd'hui la mer de Harlem, qui n'est proprement qu'un marais inondé, ne se changeât en un terrein couvert de maisons & de prairies. Cela seroit exécuté depuis longtems, si les avantages qu'on en tireroit avoient paru sans risque & supérieurs à ceux que cette mer procure au pays.

Il y a des marais qu'il ne seroit ni aisé ni utile de dessécher; ce sont ceux qui sont arrosés d'un nombre plus ou moins grand de fontaines, dont les eaux se rèunissant dans une issue commune, se frayent une route, & forment une riviere qui se grossissant de divers ruisseaux, fait souvent le bonheur de tout le pays qu'elle arrose.

On appelle à Paris improprement marais, des lieux marécageux, bonifiés & rehaussés par les boues de la ville qu'on y a apportées, & où à force de fumier, on fait d'excellens jardinages.

On appelle sur les côtes de France marais salans, des lieux entourés de digues, où dans le tems de la marée, on fait entrer l'eau de la mer qui s'y change en sel. (D. J.)

Marais (Page 10:66)

Marais, (Jardinage.) est une espece de légumier situé dans un lieu bas, tel qu'on en voit aux environs de Paris, de Londres, de Rome, de Venise, & des grandes villes.

Marais salans (Page 10:66)

Marais salans, voyez l'article Saline.

MARAKIAH (Page 10:66)

MARAKIAH, (Géogr.) pays maritime d'Asrique, entre la ville d'Aléxandrie & la Lybie. Ce pays, au jugement de d'Herbelot, pourroit être pris pour la Pentapole, ou s'il est compris dans l'Egypte, pour la Maréotide des anciens. (D. J.)

MARAMBA (Page 10:66)

MARAMBA, (Hist. mod. superstition.) fameuse idole ou fétiche adorée par les habitans du royaume de Loango en Afrique, & auquel ils sont tous consacrés des l'âge de douze ans. Lorsque le tems de faire cette cérémonie est venu, les candidats s'adressent aux devins ou prêtres appellés gangas, qui les enferment quelques tems dans un lieu obscur, où ils les font jeûner très rigoureusement; au sortir de - là il leur est défendu de parler à personne pendans quelque jour, sous quelque prétexte que ce soit; à ce défaut, ils seroient indignes d'être présentés au dieu Maramba. Après ce noviciat le prêtre leur fait sur les épaules deux incisions en forme de croissant, & le sang qui coule de la blessure est offert au dieu. On leur enjoint ensuite de s'abstenir de certaines viandes, de faire quelques pénitences, & de porter au col quelque relique de Maramba. On porte toujours cette idole devant le mani - hamma, ou gouverneur de province, par - tout où il va, & il offre à ce dieu les prémices de ce qu'on sert sur sa table. On le consulte pour connoître l'avenir, les bons ou les mauvais succès que l'on aura, & enfin pour découvrir ceux qui sont auteurs des enchantemens ou maléfices, auxquels ces peuples ont beaucoup de foi. Alors l'accusé embrasse l'idole, & lui dit: je viens faire l'épreuve devant toi, ô Maranba! les negres sont persuadés que si un homme est coupable, il tombera mort sur le champ; ceux à qui il n'arrive rien sont tenus pour innocens.

MARAN - ATHA (Page 10:66)

MARAN - ATHA, (Critique sacrée.) termes syriaques qui signifient le seigneur vient ou le seigneur est venu; ainsi que l'interpretent S. Jérôme, épitr. 137, & S. Ambroise, in. I. Cor.

C'étoit une menace ou une maniere d'anathème parmi les Juifs. S. Paul dit anathème, maran - atha, à tous ceux qui n'aiment point Jesus - Christ, I. Cor. xvj. 22. La plûpart des commentateurs, comme S. Jérôme, S. Chrysostome, Théodoret, Grotius, Drumius, &c. enseignent que maran - atha est le plus grand de tous les anathèmes chez les Juifs, & qu'il est équivalent à seham atha ou schem - atha, le nom vient, c'est - à - dire le seigneur vient: comme si l'on disoit: Soyez dévoué aux derniers malheurs & à toute la rigueur des jugemens de Dieu; que le seigneur vienne bientôt pour tirer vengeance de vos crimes. Mais Selden, de synedr. lib. I. cap. viij. & Ligfoot dans sa aissertation sur ce mot, soutiennent qu'on ne trouve pas maran - atha dans ce sens chez les rabbins. On peut cependant fort bien entendre ce terme dans S. Paul dans un sens absolu, que celui qui n'aime point notre seigneur Jesus - Christ, soit anathème, c'est à - dire le Seigneur a paru, le Messie est venu; malheur à quiconque ne le reçoit point: car le but de l'apôtre est de condamner l'incrédulité des Juifs. On peut voir sur cette matiere les dissertations d'Elie Veihemajerus de Paulino anathematismo ad I. Cor. xvj. 22. & de Jean Reunerus, dans le recueil des dissert. intitulé, Thesàurus theologico - philosophicus, part. II. p. 578. 582 & seq. Calmet, Dictionn. de la Bible, tome II. pag. 615 & 616.

Bingham doute que cette espece d'excommunication, qui répondoit au scham - atha des Juifs, ait jamais été en usage dans l'Eglise chrétienne quant à ses effets, qui étoient de condamner le coupable, & de [p. 67] le séparer de la société des fidéles sans aucun espoir de retour. Il ajoute que dans les anciennes formules d'excommunication usitées dans la primitive église, on ne trouve point le mot maran - atha, ni aucun autre qui en approche pour la forme; car enfin, dit - il, quelque criminels que fussent ceux que l'Eglise excommunioit, & quelque grieves que fussent les peines qu'elle leur infligeoit, ses sentences n'étoient point irrévocables si les enfans séparés revenoient à résipiscence, & même elle prioit Dieu de leur toucher le coeur. Et sur cela il se propose la question savoir si l'Eglise prononçoit quelquefois l'excommunication avec exécration ou dévouement à la mort temporelle. Grotius croit qu'elle en a usé quelquefois de la sorte contre les persécuteurs, & en particulier contre Julien l'apostat, que Didyme d'Alexandrie, & plusieurs autres, soit évêques, soit fidéles, prierent & jeunerent pour demander au ciel la perte de ce prince, qui menaçoit le christianisme d'une ruine totale; mais cet exemple particulier & quelques autres semblables, ne concluent rien pour toute l'Eglise; & S. Chrysostome dans son homélie 76, soutient une doctrine toute contraire, & suppose que les cas où l'on voudroit sévir de la sorte contre les hérétiques ou les persécuteurs, non - seulement sont très rares, mais encore impossibles, parce que Dieu n'abandonnera jamais totalement son Eglise à leur séduction ou à leurs fureurs. Bingham orig. eccles. tom. VII. lib. XVI. cap. xj. §. 16 & 17.

MARANDER (Page 10:67)

MARANDER, v. n. (Marine.) terme peu usité même parmi les matelots, pour dire gouverner.

Marander (Page 10:67)

Marander, terme de pêche, c'est mettre les filets à la mer, se tenir dessus & les relever. Ainsi les pêcheurs disent qu'ils vont marander leurs filets quand ils vont faire la pêche.

MARANES (Page 10:67)

MARANES, s. m. (Hist. mod.) nom que l'on donna aux Mores en Espagne. Quelques - uns croient que ce mot vient du syriaque maran - atha, qui signifie anathème, exécration. Mariana, Scaliger & Ducange en rapportent l'origine à l'usurpation que Marva fit de la dignité de calife sur les Abassides, ce qui le rendit odieux lui & ses partisans à tous ceux de la race de Mahammed, qui étoient auparavant en possession de cette charge.

Les Espagnols se servent encore aujourd'hui de ce nom pour designer ceux qui sont descendus de ces anciens maures, & qu'ils soupçonnent retenir dans le coeur la religion de leurs ancêtres: c'est en ce pays - là un terme odieux & une injure aussi atroce que l'honneur d'être descendu des anciens chrétiens est glorieux.

MARANON (Page 10:67)

MARANON, (Géogr.) prononcez Maragnon; c'est l'ancien nom de la riviere des Amazones, le plus grand fleuve du monde, & qui traverse tout le continent de l'Amérique méridionale d'occident en orient.

Le nom de Maranon a toujours été conservé à ce fleuve, depuis plus de deux siecles chez les Espagnols, dans tout son cours & dès sa source; il est vrai que les Portugais établis depuis 1616 au Para, ne connoissoient ce fleuve dans cet endroit - là que sous le nom de riviere des Amazones, & qu'ils n'appellent Maranon ou Maranhon dans leur idiome, qu'une province voisine de celle de Para; mais cela n'empêche point que la riviere des Amazones & le Maranon ne soient le même fleuve.

Il tire sa source dans le haut Pérou du lac Lauricocha, vers les onze degrés de latitude australe, se porte au nord dans l'étendue de 6 degrés, ensuite à l'est jusqu'au cap de Nord, où il entre dans l'Océan sous l'équateur même, après avoir couru depuis Jaën, où il commence à être navigable, 30 degrés en longueur, c'est - à - dire 750 lieues communes, évaluées par les détours à mille ou onze cent lieues. Voyez la carte du cours de ce fleuve, donnée par M. de la Condamine dans les mém. de l'acad. des Scienc. ann. 1745.

MARANT (Page 10:67)

MARANT, (Géog.) on écrit aussi Marand & Marante, petite ville de Perse dans l'Adirbetzan, dans un terrein agréable & fertile. Les Arméniens, dit Tavernier, croient par tradition que Noé a été enterré à Marant, & ils pensent que la montagne que l'on voit de cet endroit dans un tems serain, est celle où l'arche s'arrêta après le déluge. Longitude 81. 15. latit. 37. 30. suivant les observations des Persans. (D. J.)

MARANTE (Page 10:67)

MARANTE, s. f. maranta, (Botan.) genre de plante à fleur monopétale presqu'en forme d'entonnoir, découpée en six parties, dont il y en a trois grandes & trois petites, placées alternativement. La partie inférieure du calice devient dans la suite un fruit ovoïde qui n'a qu'une seule capsule & qui renferme une semence dure & ridée. Plumier, nova plant. amer. gen. Voyez Plante.

MARASA (Page 10:67)

MARASA, (Géogr.) ville d'Afrique en Nigritie, dans le royaume de Cassena ou de Ghana, entre une riviere qui vient de Canum, & les frontieres du royaume de Zeg - zeg, selon M. de Lisle. (D. J.)

MARASME (Page 10:67)

MARASME, s. m. (Medecine.) MARASMOS2. L'étymologie de ce nom vient du grec MARAINW, je flétris, je desseche, & cette maladie est en effet caractérisée par un desséchement génerai & un amaigrissement extrème de tout le corps; c'est le dernier période de la maigreur, de l'atrophie & de la consomption. Lorsque le marasme est décidé, les os ne sont plus recouverts que d'une peau rude & desséchée; le visage est hideux, décharné, représentant exactement la face qu'on appelle hypocratique, que cet illustre auteur a parfaitement peint dans ses coaques, cap. vj. n°. 2. Les yeux, dit - il, sont creux, enfoncés, le tour des paupieres est iivide, les narines sont seches & pointues; les tempes abatues; les oreilles froides & resserrées; les levres sont sans éclat, appliquées & comme collées aux gencives, dont elles iaissent entrevoir la blancheur affreuse; la peau est dure & raboteuse: ajoutez à cela une couleur pâle verdâtre ou tirant sur le noir; mais le reste du corps répond à l'état effroyable de cette partie. La tête ainsi défigurée est portée sur un col grêle, tortueux, allongé; le larynx avance en dehors, les clavicules forment sur la poitrine un arc bien marqué, & laissent à côté des creux profonds; les côtes paroissent à nud, & se comptent facilement: leurs intervalles sont enfoncés; leur articulation avec le sternum & les vertebres, sont très - apparens; les apophyses épineuses des vertebres sont très - saillantes: on observe aux deux côtés une espece de sillon considérable; les omoplates s'écartent, semblent se détacher du tronc & percer la peau; les hypocondres paroissent vuides, attachés aux vertebres; les os du bassin sont presqu'entierement découverts; les extrémités sont diminuées; la graisse & les muscles même qui environnent les os, semblent être fondus; les ongles sont livides, crochus, & enfin toutes les parties concourent à présenter le spectacle le plus effrayant & le plas désagréable. On peut ajouter à ce portrait celui qu'Ovide fait fort élégamment à sa coutume de la faim qu'il personnifie. Métamorphoses, liv. VIII.

Hirtus erat crinis, cava lumina, pallor in ore, Labra incana situ, scabri rubigine dentes; Dura cutis per quam spectari viscera possent; Ossa sub incurvis extabant avida lumbis; Ventris erat, pro ventre, locus; pendere putares Pectus, & à spinoe tantummodo crate teneri. Auxerat articulos macies, genuumque tumebat Orbis, & immodico prodibant tubere tali.

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