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C'est souvent des circonstances de manuel, &
même d'une seule circonstance, de ce qu'on appelle
en langage d'ouvrier, le tour de main, que dépend
tout le succès d'une opération. Par exemple, la sublimation
du sel sédatif, de donner un coup de feu
lorsque ce sel retient encore dans sa crystallisation
une certaine quantité d'eau qui en étant chassée par
l'action d'un feu doux trop long - tems continué, le
laisseroit dans un état incapable de volatilisation.
Voyez
Mais l'importance de la science du manuel pour
le vrai chimiste, est exposée d'une maniere plus
générale, aussi bien que les sources où on doit la
puiser, à l'article
MANUELLE du Gouvernail (Page 10:60)
MANUELLE
Manuelles (Page 10:60)
La manuelle simple ressemble à un fouet, & est composée d'un manche de bois & d'un bout de corde. Pour s'en servir, l'ouvrier entortille diligemment la corde autour du cordage qu'on commet, & en continuant à faire tourner le manche autour du cordage, il le tord.
Quand les cordages sont gros, on met deux hommes
sur chacune de ces manuelles, & alors la corde
est placée au milieu de deux bras de levier. Cette
manuelle double est un bout de perche de trois piés
de longueur estropée au milieu d'un bout de carentenier
mol & flexible, qui a une demi - brasse de long.
Voyez les figures & leur explication,
MANUFACTURE (Page 10:60)
MANUFACTURE, s. f. lieu où plusieurs ouvriers >occupent d'une même sorte d'ouvrage.
Manufacture, réunie, dispersée (Page 10:60)
Par le mot manufacture, on entend communément un nombre considerable d'ouvriers, réunis dans le même lieu pour faire une sorte d'ouvrage sous les yeux d'un entrepreneur; il est vrai que comme il y en a plusieurs de cette espece, & que de grands atteliers sur - tout frappent la vûe & excitent la curiosi<cb->
2°. Que le profit soit assez fixe & assez considérable pour compenser tous les inconvéniens aux quels elles sont exposées nécessairement, & dont il sera parlé ci - après.
3°. Qu'elles soient autant qu'il est possible établies dans les lieux mêmes, où se recueillent & se préparent les matieres premieres, où les ouvriers dont elles ont besoin puissent facilement se trouver, & où l'importation de ces premieres matieres & l'exportation des ouvrages, puissent se faire facilement & à peu de frais.
Enfin, il faut qu'elles soient protégées par le gouvernement. Cette protection doit avoir pour objet de faciliter la fabrication des ouvrages, en modérant les droits sur les matieres premieres qui s'y consomment, & en accordant quelques privileges & quelques exemptions aux ouvriers les plus nécessaires, & dont l'occupation exige des connoissances & des talens; mais aussi en les réduisant aux ouvriers de cette espece, une plus grande extension seroit inutile à la manufacture, & onéreuse au reste du public. Il ne seroit pas juste dans une manufacture de porcelaines, par exemple, d'accorder les mêmes distinctions à celui qui jette le bois dans le fourneau, qu'à celui qui peint & qui modele; & l'on dira ici par occasion, que si les exemptions sont utiles pour exciter l'émulation & faire sortir les talens, elles deviennent, si elles sont mal appliquées, très - nuisibles au reste de la société, en ce que retombant sur elles, elles dégoutent des autres professions, non moins utiles que celles qu'on veut favoriser. J'observerai encore ici ce que j'ai vû souvent arriver, que le dernier projet étant toujours celui dont on se veut faire honneur, on y sacrifie presque toujours les plus anciens: de - là le peuple, & notamment les laboureurs qui sont les premiers & les plus utiles manufacturiers de l'état, ont toujours été immolés aux autres ordres; & par la raison seule qu'ils étoient les plus anciens, ont été toujours les moins protégés. Un autre moyen de protéger les manufactures, est de diminuer les droits de sortie pour l'étranger, & ceux de traite & de détail dans l'intérieur de l'état.
C'est ici l'occasion de dire que la premiere, la plus générale & la plus importante maxime qu'il y ait à suivre sur l'établissement des manufactures, est de n'en permettre aucune (hors le cas d'absolue [p. 61]
L'autre espece de manufacture est de celles qu'on peut appeller dispersées, & telles doivent être toutes celles dont les objets ne sont pas assujettis aux nécessités indiquées dans l'article ci - dessus; ainsi tous les ouvrages qui peavent s'exécuter par chacun dans sa maison, dont chaque ouvrier peut se procurer par lui - même ou par autres, les matieres premieres qu'il peut fabriquer dans l'intérieur de sa famille, avec le secours de ses enfans, de ses domestiques, ou de ses compagnons, peut & doit faire l'objet de ces fabriques dispersées. Telles sont les fabriques de draps, de serges, de toiles, de veiours, petites étosses de laine & de soie ou autres pareilles. Une comparaison exacte des avantages & des inconvéniens de celles des deux especes le feront sentir facilement.
Une manufacture réunle ne peut être établie & se soutenir qu'avec de tres grands frais de batimens, d'entretien de ces bâtimens, de directeurs, de contre - maitres, de teneurs de livres, de caissiers, de préposés, valets & nutres gens pareils, & enfin qu'avec de grands approvisionnemens: il est necessaire que tous ces frais se répartissent sur les ouvrages qui s'y fabriquent, les marchandises qui en sortent ne peuvent cependant avoir que le prix que le public est accoutumé d'en donner, & qu'en exigent les petits fabriquans. De - là il arrive presque toujours que les grands établissemens de cette espece sont ruineux à ceux qui les entreprennent les premiers, & ne deviennent utiles qu'à ceux qui profitant à bon marché de la déroute des premiers, & réformant les abus, s'y conduisent avec simplicité & économie; plusieurs exemples qu'on pourroit citer ne prouvent que trop cette vérité.
Les fabriques dispersées ne sont point exposées à ces inconvéniens. Un tisserand en draps, par exemple, ou emploie la laine qu'il a recoltée, ou en achete à un prix médiocre, & quand il en trouve l'occasion, a un métier dans la maison ou il fait son drap, tout aussi - bien que dans un atelier bâti à grands frais; il est à lui - même, son directeur, son contremaitre, son teneur de livres, son caissier, &c. se fait aider par sa femme & ses enfans, ou par un ou plusieurs compagnons avec lesquels il vit; il peut par conséquent vendre son drap à beaucoup meilleur compte que l'entrepreneur d'une manufacture.
Outre les frais que celui - ci est obligé de faire, auxquels le petit fabriquant n'est pas exposé, il a encore le désavantage qu'il est beaucoup plus volé; avec tous les commis du monde, il ne peut veiller assez à de grandes distributions, de grandes & fréquentes pesées, & à de petits larcins multipliés, comme le petit fabriquant qui a tout sous la vûe & sous la main, & est maitre de son tems.
A la grande manufacture tout se fait au coup de cloche, les ouvriers sont plus contraints & plus gourmandés. Les commis accoutumés avec eux à un air de supériorité & de commandement, qui véritablement est nécessaire avec la multitude, les traitent durement & avec mépris; de - là il arrive que ces ouvriers ou sont plus chers, ou ne font que passer dans la manufacture & jusqu'à ce qu'ils ayent trouvé à se placer ailleurs.
Chez le petit fabriquant, le compagnon est le camarade du maitre, vit avec lui, comme avec son égal; a place au feu & à la chandelle, a plus de liberté, & préfere enfin de travailler chez lui. Cela se voit tous les jouis dans les lieux, où il y a des manufactures réunies & des fabriquans particuliers. Les manufactures n'y ont d'ouvriers, que ceux qui
L'entrepreneur de manufacture est contraint de vendre, pour subvenir à la depense journaliere de son entreprise. Le petit fabriquant n'est pas dans le même besoin; comme il lui faut peu, il attend sa vente en vivant sur ses épargnes, ou en empruntant de petites sommes.
Lorsque l'entrepreneur fait les achats des matieres premieres, tout le pays en est informé, & se tient ferme sur le prix. Comme il ne peut guère acheter par petites parties, il achete presque toujours de la seconde main.
Le petit fabriquant achete une livre à la fois, prend son tems, va sans bruit & sans appareil audevant de la marchandise, & n'attend pas qu'on la lui apporte: la choisit avec plus d'attention, la marchande mieux, & la conserve avec plus de soin. Il en est de même de la vente; le gros fabriquant est obligé presque toujours d'avoir des entre pôts dans les sieux où il débite, & sur - tout dans les grandes villes où il a de plus des droits à payer. Le petit fabriquant vend sa marchandise dans le lieu même, ou la porte au marché & à la foire, & choisit pour son débit les endroits où il a le moins à payer & à dépenser.
Tous les avantages ci - dessus mentionnés ont un
rapport plus direct à l'utilité personnelle, soit du manufacturier,
soit du petit fabriquant, qu'au bien général
de l'état: mais si l'on considere ce bien genéral,
il n'y a presque plus de comparaison à faire entre
ces deux sortes de fabrique. Il est certain, & il est
convenu aussi par tous ceux qui out pensé & écrit
sur les avantages du commerce, que le premier &
le plus général est d'employer, le plus que faire se
peut, le tems & les mains des sujets; que plus le
goût du travail & de l'industrie est repandu, moins
est cher le prix de la main - d'oeuvre; que plus ce
prix est à bon marché, plus le debit de la marchandise
est avantageux, en ce qu'elle fait subsister un
plus grand nombre de gens; & en ce que le commerce
de l'état pouvant fournir à l'étranger les marchandises
à un prix plus bas, à qualité égale, la nation
acquiert la préference sur celles où la maind'oeuvre est plus dispendieuse. Or la manufacture
dispersée a cet avantage sur ce le qui est réunie. Un
laboureur, un journalier, de campagne, ou autre
homme de cette espece, a dans le cours de l'année
un assez grand nombre de jours & d'heures où il ne
peut s'occuper de la culture de la terre, ou de son
travail ordinaire. Si cet homme a chez lui un métier
à drap, à toile, ou à petites étosses, il y emploie
un tems qui autrement seroit perdu pour lui
& pour l'état. Comme ce travail n'est pas sa principale
occupation, il ne le regarde pas comme l'objet
d'un profit aussi fort que celui qui en fait son
unique ressource. Ce travail même lui est une espece
de délassement des travaux plus rudes de la
culture de la terre; &, par ce moyen, il est en état
& en habitude de se contenter d'un moindre profit.
Ces petits profits multipliés sont des biens très réels.
Ils aident à la subsistance de ceux qui se les procurent;
ils soutiennent la main - d'oeuvre à un bas prix:
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