ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"60"> ment. On cherchera donc aux articles Fourneaux, Vaisseaux, Instrumens , & aux articles particuliers où il s'agit des divers vaisseaux, & des divers instrumens, les lois du manuel chimique, relatives à leur différent emploi.

C'est souvent des circonstances de manuel, & même d'une seule circonstance, de ce qu'on appelle en langage d'ouvrier, le tour de main, que dépend tout le succès d'une opération. Par exemple, la sublimation du sel sédatif, de donner un coup de feu lorsque ce sel retient encore dans sa crystallisation une certaine quantité d'eau qui en étant chassée par l'action d'un feu doux trop long - tems continué, le laisseroit dans un état incapable de volatilisation. Voyez Sel sédatif. La dissolution du fer dans l'alkali fixe, voyez Teinture alkaline de Mars de Stall, à l'article Mars, (Chimie pharmaceutique & Mat. méd.) dépend de la circonstance de verser la dissolution de fer par l'acide nitreux, dans une lescive d'alkali fixe. Car si c'est au contraire l'alkali qu'on verse dans la dissolution de fer, on précipite le fer sans le dissoudre, par l'alkali. Voyez Précipitation.

Mais l'importance de la science du manuel pour le vrai chimiste, est exposée d'une maniere plus générale, aussi bien que les sources où on doit la puiser, à l'article Chimie, p. 420. col. ij. & à l'article Feu, (Chimie.) p. 612. col. j. (b)

MANUELLE du Gouvernail (Page 10:60)

MANUELLE du Gouvernail, (Marine.) Voyez Manivelle.

Manuelles (Page 10:60)

Manuelles, ou Gatons, (Cordier.) sont des instrumens dont les Cordiers se servent pour aider à la manivelle du quarré à tordre & commettre les cordages qui sont fort longs. Cet instrument est simple ou double.

La manuelle simple ressemble à un fouet, & est composée d'un manche de bois & d'un bout de corde. Pour s'en servir, l'ouvrier entortille diligemment la corde autour du cordage qu'on commet, & en continuant à faire tourner le manche autour du cordage, il le tord.

Quand les cordages sont gros, on met deux hommes sur chacune de ces manuelles, & alors la corde est placée au milieu de deux bras de levier. Cette manuelle double est un bout de perche de trois piés de longueur estropée au milieu d'un bout de carentenier mol & flexible, qui a une demi - brasse de long. Voyez les figures & leur explication, Pl. de Corderie, & l'article Corderie.

MANUFACTURE (Page 10:60)

MANUFACTURE, s. f. lieu où plusieurs ouvriers occupent d'une même sorte d'ouvrage.

Manufacture, réunie, dispersée (Page 10:60)

Manufacture, réunie, dispersée. Tout le monde convient de la nécessité & de l'utilité des manufactures, & il n'a point été fait d'ouvrage ni de mémoire sur le commerce général du royaume, & sur celui qui est particulier à chaque province, sans que cette matiere ait été traitée; elle l'a été même si souvent & si amplement, qu'ainsi que les objets qui sont à la portée de tout le monde, cet article est toujours celui que l'on passe ou qu'on lit avec dégoût dans tous les écrits où il en est parlé. Il ne faut pas croire cependant que cette matiere soit épuisée, comme elle pourroit l'être, si elle n'avoit été traitée que par des gens qui auroient joint l'expérience à la théorie; mais les fabriquans écrivent peu, & ceux qui ne le sont pas n'ont ordinairement que des idées très - superficielles sur ce qui ne s'apprend que par l'expérience.

Par le mot manufacture, on entend communément un nombre considerable d'ouvriers, réunis dans le même lieu pour faire une sorte d'ouvrage sous les yeux d'un entrepreneur; il est vrai que comme il y en a plusieurs de cette espece, & que de grands atteliers sur - tout frappent la vûe & excitent la curiosi<cb-> té, il est naturel qu'on ait ainsi réduit cette idée; ce nom doit cependant être donné encore à une autre espece de fabrique; celle qui n'étant pas réunie dans une seule enceinte ou même dans une seule ville, est composée de tous ceux qui s'y emploient, & y concourent en leur particulier, sans y chercher d'autre intérêt que celui que chacun de ces particuliers en retire pour soi - même. De - là on peut distinguer deux sortes de manufactures, les unes réunies, & les autres dispersées. Celles du premier genre sont établies de toute nécessité pour les ouvrages qui ne peuvent s'exécuter que par un grand nombre de mains rassemblées, qui exigent, soit pour le premier établissement, soit pour la suite des opérations qui s'y font, des avances considérables, dans lesquelles les ouvrages reçoivent successivement différentes préparations, & telles qu'il est nécessaire qu'elles se suivent promptement; & enfin celles qui par leur nature sont assujetties à être placées dans un certain terrein. Telles sont les forges, les fenderies, les trifileries, les verreries, les manufactures de porcelaine, de tapisseries & autres pareilles. Il faut pour que celles de cette espece soient utiles aux entrepreneurs. 1°. Que les objets dont elles s'occupent ne soient point exposés au caprice de la mode, ou qu'ils ne le soient du - moins que pour des varietés dans les especes du même genre.

2°. Que le profit soit assez fixe & assez considérable pour compenser tous les inconvéniens aux quels elles sont exposées nécessairement, & dont il sera parlé ci - après.

3°. Qu'elles soient autant qu'il est possible établies dans les lieux mêmes, où se recueillent & se préparent les matieres premieres, où les ouvriers dont elles ont besoin puissent facilement se trouver, & où l'importation de ces premieres matieres & l'exportation des ouvrages, puissent se faire facilement & à peu de frais.

Enfin, il faut qu'elles soient protégées par le gouvernement. Cette protection doit avoir pour objet de faciliter la fabrication des ouvrages, en modérant les droits sur les matieres premieres qui s'y consomment, & en accordant quelques privileges & quelques exemptions aux ouvriers les plus nécessaires, & dont l'occupation exige des connoissances & des talens; mais aussi en les réduisant aux ouvriers de cette espece, une plus grande extension seroit inutile à la manufacture, & onéreuse au reste du public. Il ne seroit pas juste dans une manufacture de porcelaines, par exemple, d'accorder les mêmes distinctions à celui qui jette le bois dans le fourneau, qu'à celui qui peint & qui modele; & l'on dira ici par occasion, que si les exemptions sont utiles pour exciter l'émulation & faire sortir les talens, elles deviennent, si elles sont mal appliquées, très - nuisibles au reste de la société, en ce que retombant sur elles, elles dégoutent des autres professions, non moins utiles que celles qu'on veut favoriser. J'observerai encore ici ce que j'ai vû souvent arriver, que le dernier projet étant toujours celui dont on se veut faire honneur, on y sacrifie presque toujours les plus anciens: de - là le peuple, & notamment les laboureurs qui sont les premiers & les plus utiles manufacturiers de l'état, ont toujours été immolés aux autres ordres; & par la raison seule qu'ils étoient les plus anciens, ont été toujours les moins protégés. Un autre moyen de protéger les manufactures, est de diminuer les droits de sortie pour l'étranger, & ceux de traite & de détail dans l'intérieur de l'état.

C'est ici l'occasion de dire que la premiere, la plus générale & la plus importante maxime qu'il y ait à suivre sur l'établissement des manufactures, est de n'en permettre aucune (hors le cas d'absolue [p. 61] nécessité) dont l'objet soit d'employer les principales matieres premieres venant de l'etranger, si sur - tout on peut y suppléer par celles du pays, même en qualité inférieure.

L'autre espece de manufacture est de celles qu'on peut appeller dispersées, & telles doivent être toutes celles dont les objets ne sont pas assujettis aux nécessités indiquées dans l'article ci - dessus; ainsi tous les ouvrages qui peavent s'exécuter par chacun dans sa maison, dont chaque ouvrier peut se procurer par lui - même ou par autres, les matieres premieres qu'il peut fabriquer dans l'intérieur de sa famille, avec le secours de ses enfans, de ses domestiques, ou de ses compagnons, peut & doit faire l'objet de ces fabriques dispersées. Telles sont les fabriques de draps, de serges, de toiles, de veiours, petites étosses de laine & de soie ou autres pareilles. Une comparaison exacte des avantages & des inconvéniens de celles des deux especes le feront sentir facilement.

Une manufacture réunle ne peut être établie & se soutenir qu'avec de tres grands frais de batimens, d'entretien de ces bâtimens, de directeurs, de contre - maitres, de teneurs de livres, de caissiers, de préposés, valets & nutres gens pareils, & enfin qu'avec de grands approvisionnemens: il est necessaire que tous ces frais se répartissent sur les ouvrages qui s'y fabriquent, les marchandises qui en sortent ne peuvent cependant avoir que le prix que le public est accoutumé d'en donner, & qu'en exigent les petits fabriquans. De - là il arrive presque toujours que les grands établissemens de cette espece sont ruineux à ceux qui les entreprennent les premiers, & ne deviennent utiles qu'à ceux qui profitant à bon marché de la déroute des premiers, & réformant les abus, s'y conduisent avec simplicité & économie; plusieurs exemples qu'on pourroit citer ne prouvent que trop cette vérité.

Les fabriques dispersées ne sont point exposées à ces inconvéniens. Un tisserand en draps, par exemple, ou emploie la laine qu'il a recoltée, ou en achete à un prix médiocre, & quand il en trouve l'occasion, a un métier dans la maison ou il fait son drap, tout aussi - bien que dans un atelier bâti à grands frais; il est à lui - même, son directeur, son contremaitre, son teneur de livres, son caissier, &c. se fait aider par sa femme & ses enfans, ou par un ou plusieurs compagnons avec lesquels il vit; il peut par conséquent vendre son drap à beaucoup meilleur compte que l'entrepreneur d'une manufacture.

Outre les frais que celui - ci est obligé de faire, auxquels le petit fabriquant n'est pas exposé, il a encore le désavantage qu'il est beaucoup plus volé; avec tous les commis du monde, il ne peut veiller assez à de grandes distributions, de grandes & fréquentes pesées, & à de petits larcins multipliés, comme le petit fabriquant qui a tout sous la vûe & sous la main, & est maitre de son tems.

A la grande manufacture tout se fait au coup de cloche, les ouvriers sont plus contraints & plus gourmandés. Les commis accoutumés avec eux à un air de supériorité & de commandement, qui véritablement est nécessaire avec la multitude, les traitent durement & avec mépris; de - là il arrive que ces ouvriers ou sont plus chers, ou ne font que passer dans la manufacture & jusqu'à ce qu'ils ayent trouvé à se placer ailleurs.

Chez le petit fabriquant, le compagnon est le camarade du maitre, vit avec lui, comme avec son égal; a place au feu & à la chandelle, a plus de liberté, & préfere enfin de travailler chez lui. Cela se voit tous les jouis dans les lieux, où il y a des manufactures réunies & des fabriquans particuliers. Les manufactures n'y ont d'ouvriers, que ceux qui ne peuvent pas se placer chez les petits fabriquans, ou des coureurs qui s'engagent & quittent journellement, & le reste du tems battent la campagne, tant qu'ils ont de quoi dépenser. L'entrepreneur est obligé de les prendre comme il les trouve, il faut que sa besogne se fasse; le petit fabriquant qui est maitre de son tems, & qui n'a point de frais extraordinaire à payer pendant que son métier est vacant, choisit & attend l'occasion avec bien moins de désavantage. Le premier perd son tems & ses frais; & s'il a des fournitures à faire dans un tems marqué, & qu'il n'y satisfasse pas, son crédit se perd; le petit fabriquant ne perd que son tems tout au plus.

L'entrepreneur de manufacture est contraint de vendre, pour subvenir à la depense journaliere de son entreprise. Le petit fabriquant n'est pas dans le même besoin; comme il lui faut peu, il attend sa vente en vivant sur ses épargnes, ou en empruntant de petites sommes.

Lorsque l'entrepreneur fait les achats des matieres premieres, tout le pays en est informé, & se tient ferme sur le prix. Comme il ne peut guère acheter par petites parties, il achete presque toujours de la seconde main.

Le petit fabriquant achete une livre à la fois, prend son tems, va sans bruit & sans appareil audevant de la marchandise, & n'attend pas qu'on la lui apporte: la choisit avec plus d'attention, la marchande mieux, & la conserve avec plus de soin. Il en est de même de la vente; le gros fabriquant est obligé presque toujours d'avoir des entre pôts dans les sieux où il débite, & sur - tout dans les grandes villes où il a de plus des droits à payer. Le petit fabriquant vend sa marchandise dans le lieu même, ou la porte au marché & à la foire, & choisit pour son débit les endroits où il a le moins à payer & à dépenser.

Tous les avantages ci - dessus mentionnés ont un rapport plus direct à l'utilité personnelle, soit du manufacturier, soit du petit fabriquant, qu'au bien général de l'état: mais si l'on considere ce bien genéral, il n'y a presque plus de comparaison à faire entre ces deux sortes de fabrique. Il est certain, & il est convenu aussi par tous ceux qui out pensé & écrit sur les avantages du commerce, que le premier & le plus général est d'employer, le plus que faire se peut, le tems & les mains des sujets; que plus le goût du travail & de l'industrie est repandu, moins est cher le prix de la main - d'oeuvre; que plus ce prix est à bon marché, plus le debit de la marchandise est avantageux, en ce qu'elle fait subsister un plus grand nombre de gens; & en ce que le commerce de l'état pouvant fournir à l'étranger les marchandises à un prix plus bas, à qualité égale, la nation acquiert la préference sur celles où la maind'oeuvre est plus dispendieuse. Or la manufacture dispersée a cet avantage sur ce le qui est réunie. Un laboureur, un journalier, de campagne, ou autre homme de cette espece, a dans le cours de l'année un assez grand nombre de jours & d'heures où il ne peut s'occuper de la culture de la terre, ou de son travail ordinaire. Si cet homme a chez lui un métier à drap, à toile, ou à petites étosses, il y emploie un tems qui autrement seroit perdu pour lui & pour l'état. Comme ce travail n'est pas sa principale occupation, il ne le regarde pas comme l'objet d'un profit aussi fort que celui qui en fait son unique ressource. Ce travail même lui est une espece de délassement des travaux plus rudes de la culture de la terre; &, par ce moyen, il est en état & en habitude de se contenter d'un moindre profit. Ces petits profits multipliés sont des biens très réels. Ils aident à la subsistance de ceux qui se les procurent; ils soutiennent la main - d'oeuvre à un bas prix:

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