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C'est cette excrétion immodérée qui est la source d'une infinité de maladies: il n'est personne qui n'ait éprouvé combien, lors même qu'elle n'est pas poussée trop loin, elle affoiblit, & quelle langueur, quel dérangement, quel trouble suivent l'acte vénérien un peu trop réiteré: les nerfs sont les parties qui semblent principalement affectées, & les maladies nerveuses sont les suites les plus fréquentes de cette évacuation trop abondante. Si nous considérons la composition de la semence & le méchanisme de son excrétion, nous serons peu surpris de la voir devenir la source & la cause de cette infinité de maladies que les médecins observateurs nous ont transmis. Celles qui commencent les premieres à se développer, sont un abatement de forces, foiblesses, lassitudes spontanées, langueur d'estomac, engourdissement du corps & de l'esprit, maigreur, &c. Si le malade nullement effrayé par ces symptomes, persiste à en renouveller la cause, tous ces accidens augmentent; la phthisie dorsale survient; une fievre lente se déclare; le sommeil est court, interrompu, troublé par des songes effrayans; les digestions se dérangent totalement; la maigreur dégénere en marasme; la foiblesse devient extrème; tous les sens, & principalement la vûe, s'émoussent; les yeux s'enfoncent, s'obscurcissent, quelquefois même perdent tout - à - fait la clarté; le visage est couvert d'une pâleur mortelle; le front parsemé de boutons; la tête est tourmentée de douleurs affreuses; une goutte cruelle occupe les articulations; tout le corps quelquefois souffre d'un rhumatisme universel, & sur - tout le dos & les reins qui semblent moulus de coups de bâton. Les parties de la génération, instrumens des plaisirs & du crime, sont le plus souvent attaquées par un priapisme douloureux, par des tumeurs, par des ardeurs d'urine, strangurie, le plus souvent par une gonorrhée habituelle, ou par un flux de semence au moindre effort: ce qui acheve encore d'épuiser le malade.
J'ai vû une personne qui a à la suite des débauches outrées, étoit tombée dans une fievre lente; & toutes les nuits elle essuyoit deux ou trois pollutions nocturnes involontaires. Lorsque la semence sortoit, il lui sembloit qu'un trait de flamme lui dévoroit l'urethre. Tous ces dérangemens du corps influent aussi sur l'imagination, qui ayant eu la plus grande part au crime, est aussi cruellement punie par les remords, la crainte, le desespoir, & souvent elle s'appesantit. Les idées s'obscurcissent; la mémoire s'affoiblit: la perte ou la diminution de la mémoire est un accident des plus ordinaires. Je sens bien, écrivoit un mastuprateur pénitent à M. Tissot, que cette mauvaise manoeuvre m'a diminué la force des facultés, & sur - tout la mémoire. Quelquefois les malades tombent dans une heureuse stupidité: ils deviennent hébêtés, insensibles à tous les maux qui les accablent. D'autres fois au contraire, tout le corps est extraordinairement mobile, d'une sensibilité exquise; la moindre cause excite des dou<cb->
Toutes ces maladies dépendantes principalement de l'évacuation excessive de semence, regardent presqu'également le coït & la manustrupration; mais l'observation fait voir que les accidens qu'entraîne cette excrétion illégitime sont bien plus graves & plus prompts que ceux qui suivent les plaisirs trop réitérés d'un commerce naturel: à l'observation incontestable nous pouvons joindre les raisons suivantes.
1°. C'est un axiome de Sanctorius, confirmé par
l'expérience, que l'excrétion de la semence déterminée
par la nature, c'est - à - dire par la plénitude
& l'irritation locale des vésicules séminales, loin
d'affoiblir le corps, le rend plus agile, & qu'au contraire
2°. Le plaisir vif qu'on éprouve dans les embrassemens d'une femme qu'on aime, contribue à reparer les pertes qu'on a fait & à diminuer la foiblesse qui devroit en résulter. La joie est, comme personnen'i gnore, très - propre à réveiller, à ranimer les esprits animaux engourdis, à redonner du ton & de la for<pb-> [p. 53]
3°. La manustrupation étant devenue, comme il arrive ordinairement, passion ou fureur, tous les objets obscènes, voluptueux, qui peuvent l'entretenir & qui lui sont analogues, se présentent sans cesse à l'esprit qui s'absorbe tout entier dans cette idée, il s'en repaît jusque dans les affaires les plus sérieuses, & pendant les pratiques de religion; on ne sauroit croire à quel point cette attention à un seul objet énerve & affoiblit. D'ailleurs les mains obéissant aux impressions de l'esprit se portent habituellement aux parties génitales; ces deux causes rendent les érections presque continuelles; il n'est pas douteux que cet état des parties de la génération n'entraine la dissipation des esprits animaux; il est constant que ces érections continuelles, quand même elies ne seroient pas suivies de l'évacuation de semence, épuisent considérablement: j'ai connu un jeune homme qui ayant passé toute une nuit à côté d'une femme sans qu'elle voulût se prêter à ses desirs, resta pendant plusieurs jours extraordinairement affoibli des simples efforts qu'il avoit fait pour en venir à bout.
4°. On peut tirer encore une nouvelle raison de l'attitude & de la situation gênée des mastrupateurs dans le tems qu'ils assouvissent leur passion, qui ne contlibue pas peu à la foiblesse qui en résulte & qui peut même avoir d'autres inconvéniens, comme il paroit par une observation curieuse que. M. Tissot rapporte d'un jeune homme qui, donnant dans une débauche effrénée sans choix des personnes, des lieux & des postures, satisfaisoit ses desirs peu delicats souvent tout droit dans des carrefours, sut attaqué d'un rhumatisme cruel aux reins & d'une atrophie, & demi - paralysie aux cuisses & aux jambes, qui le mirent au tombeau dans quelques mois.
Pour donner un nouveau poids à toutes ces raisons, nous choisirons parnri une soule de faits celui que rapporte M. Tissot, comme plus frappant & pius propre à inspirer une crainte salutaire à ceux qui ont commencé de se livrer à cette infame passion. Un jeune artisan, robuste & vigoureux, contracta à l'âge de dix - sept ans ceue mauvaise habitude, qu'il poussa si loin qu'il y saerisioit deux ou trois fois par jour. Chaque éjaculation étoit précédée & accompagnée d'une légere convulsion de tout le corps, d'un obscurcissement dans la vûe, & en même tems la tête étoit retirée en artiere par un spasme violent des muscles postérieurs, pendant que le col se gonsloit considérablement sur le devant. Après environ un an passé de cette façon, une foiblesse extrème se joignit à ces accidens qui, moins forts que sa passion, ne purent encore le détourner de cette perpicieuse pratique; il y persista jusqu'à ce qu'enfin il tomba dans un tel anéantissement que craignant la mort qui lui sembloit prochaine, il mit fin à ses déréglemens. Mais il fut sage trop tard, la maladie avoit déja jetté de profondes racines. La continence la plus exacte ne pût en arrêter les plagrès. Les parties génitales étolent devenues si mobiles, que le moindre
Il est à remarquer que les accidens sont plus
prompts & plus fréquens dans les hommes que dans
les femmes; on a cependant quelques observations
rares des femmes qui sont devenues par - là hystériques,
qui ont été attaqués de convulsions, de douleurs
de reins, qui ont éprouvé en conséquence des
chûtes, des ulceres de la matrice, des dartres, des
allongemens incommodes du clitoris: quelques - unes
ont contracté la fureur utérine: une femme à Montpellier mourut d'une perte de sang pour avoir soutenu
pendant toute une nuit les caresses successives
de six soldats vigoureux. Quoique les hommes fournissent
plus de tristes exemples que les femmes, ce
n'est pas une preuve qu'elles soient moins coupables;
on peut assurer qu'en fait de libertinage les
femmes ne le cedent en rien aux hommes; mais répandant
moins de vraie semence dans l'éjaculation,
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