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Zacutus Lusitanus assure que le même effet est produit par la suppression du flux hémorrhoïdal; une évacuation trop abondante de semence a été le principe de la manie dans un vieillard dont parle Henri de Heers, & dans un jeune homme dont Forestus fait mention, qui ayant épousé une jolie femme dans l'été, devint maniaque par le commerce ex<cb->
Toutes ces causes sont constatées par un grand nombre d'observations; mais l'on n'a pas encore pû découvrir quel est le vice, le dérangement intérieur qui est l'origine & la cause immediate des symptomes qui constituent cette maladie. En général l'étiologie de toutes les maladies de la téte, & sur - tout de celles où les opérations de l'esprit se trouvent compliquées, est extrèmement obscure; les observations anatomiques ne répandent aucun jour sur cette matiere; le cerveau de plusieurs maniaques ouvert n'a offert aux recherches les plus scrupuleuses aucun vice apparent: dans d'autres, il a paru inondé d'une sérosité jaunâtre. Baillou a vu dans quelques-uns les vaisseaux du cerveau dilatés, variqueux; ils étoient de même dans un maniaque dans lequel on trouva le plexus choroïde prodigieusement élargi, & embrassant presque toute la surface interne des ventricules, & parsemé de vaisseaux rouges, dilatés & engorgés. Miscellan. nat. curios. decad. 2. ann. 6. L'état le plus ordinaire du cerveau des personnes mortes maniaques, est la sécheresse, la dureté, & la friabilité de la substance corticale. Voyez à ce sujet Henri de Heers, objerv. 3. le lettere mediche del signor Martine Ghisi, pag. 26. le sepulchretum de Bonet, lib. & tom. I. sect. viij. pag. 203. les observations de Littre, insérées dans les mémoires de l'acad. royale des Scienc. ann. 1705. pag. 47. Antoine de Pozzis raconte qu'un maniaque fut guéri de sa maladie en rendant dans un violent éternument une chenille par le nez. Fernel dit avoir trouvé deux gros vers velus dans le nez d'une personne qui étoit tombée dans une manie mortelle à la suite de la suppression d'un écoulement fétide par le nez; & Riolan assure avoir vu un vers dans le cerveau d'un cheval devenu fou. Tous ces faits, comme l'on voit, ne contribuent en rien à éclaircir cette théorie; ainsi ne pouvant rien donner de certain, ou au moins de probable, nous ne nous y arrêterons pas; nous nous contenterons d'observer qu'il y a nécessairement un vice dans le cerveau idiopathique ou sympathique; les symptomes essentiels de la manie viennent de ce que les objets ne se présentent pas aux malades tels qu'ils sont en effet; on a attaché aux mouvemens particuliers & déterminés des fibres du cerveau, la formation des idées, l'apperception. Lorsque ces motitations sont excitées par les objets extérieurs, les idées y sont conformes; les raisonnemens déduits en conséquence sont justes; mais si le sang raréfié, les pulsations rapides ou desordonnées des arteres, ou quelqu'autre dérangement que ce soit, impriment le même mouvement aux fibres, elles représenteront comme présens des objets qui ne le sont pas, [p. 33]
On peut en examinant les signes que nous avons
détaillés au commencement de cet article, non - seulement s'assurer de la présence de la manie, mais
même la prédire lorsqu'elle est prochaine; elle ne
sauroit être confondue avec la phrénésie, qui est
une maladie aiguë toûjours accompagnée d'une fievre
inflammatoire. On la distingue de la mélancholie
par l'universalité du délire, par la sureur, l'audace,
&c. Voyez
La manie est une maladie longue, chronique, qui n'entraîne pour l'ordinaire aucun danger de la vie: au contraire ceux qui en sont attaqués, sont à l'abri des autres maladies; ils sont forts, robustes, à leur état près, bien portans; ils vivent assez long - tems; les convulsions & l'atrophie survenues dans la manie, sont des symptomes tres - tâcheux. Un signe aussi très - mauvais, & qui annonce l'accroissement & l'état desespéré de manie, c'est lorsque les malades passans d'un profond sommeil à un délire continuel, sont insensibles à la violence du froid, & à l'action des purgatifs les plus énergiques. La mort est prochaine si les forces sont épuisées par l'abstinence ou par les veilles, & que le malade tombe dans l'épilepsie ou dans quelqu'autre affection soporeuse. Quoique la manie ne soit pas dangereuse, elle est extrèmement difficile à guérir, sur - tout lorsqu'elle est invétérée: elle est incurable lorsqu'elle est héréditaire; on peut avoir quelque espérance si les paroxismes sont legers, si la manie est récente, & sur - tout si alors le malade observe exactement & sans peine les remedes qu'on lui prescrit; car ce qui rend encore la guérison des maniaques plus difficile, c'est qu'ils prennent en aversion leur medecin, & regardent comme des poisons les remedes qu'il leur ordonne. Lorsque la manie succede aux fievres intermittentes mal traitées, à quelque écoulement supprimé, à des ulceres fermés mal - à - propos, à des poisons narcotiques, on peut davantage se flatter de la guérison, parce que le rétablissement des excrétions arrêtées, la formation de nouveaux ulcerés, l'évacuation prompte des plantes vénéneuses, sont quelquefois suivies d'une parfaite santé. Hippocrate nous apprend que les varices ou les hémorrhoides survenues à un maniaque, le guérissent. lib. VI. aphor. 21. que la dysenterie, l'hydropisie, & une simple aliénation d'esprit dans la manie, étoient d'un très - bon augure; lib. VII. aphor. 5. que lorsqu'il y avoit des tumeurs dans les ulceres, les malades ne risquoient pas d'être maniaques; Aph. 56. liv. V. Il y a dans Forestus, Observ. 24. lib. X. une observation d'une fille folle, qui guérit de cette maladie par des ulceres qui se formerent à ses jambes. Les fievres intermittentes, fievres quartes, sont aussi, suivant Hippocrate, des puissans remedes pour opérer la guérison de la manie. Ceux qui guérissent de cette maladie restent pendant long tems tristes, abattus & languissans; ils conservent un fonds de mélancholie invincible, que le souvenir humiliant de leur état précédent entretient.
La manie est une de ces maladies où les plus habiles
medecins échouent ordinairement, tandis que
les charlatans, les gens à secret, réussiront très - souvent. La guérison qui s'opere par la nature, est la
plus simple & la plus sûre; la Medecine n'offre aucun
secours propre à corriger le vice du cerveau
qui constitue la manie, ou du moins qui produit constamment
cet effet: bien plus, tel remede qui a
guéri un maniaque, augmente le délire d'un autre.
L'opium, par exemple, que de grands praticiens défendent
absolument dans la manie, instruits par leurs
observations de ses mauvais effets; l'opium, dis - je,
a guéri plusieurs maniaques, pris à des doses considérables.
Nous lisons dans le journal des Savans du mois
de Juillet, ann. 1701. page 314, qu'une jeune fille
fut parfaitement guérie de la manie, après avoir avalé
un onguent dans lequel il y avoit un scrupule d'opium;
quelques medecins l'ont donné en assez grande
quantité avec succès. Wepfer, histor. apoplect.
pag. 687. Aëtius, Sydenham, n'en desapprouvent
pas l'usage; la terreur, affection de l'ame, très - propre à produire la manie, en a quelquefois été l'antidote;
Samuel Formius, Observat. 32. rapporte
qu'un jeune maniaque cessa de l'être après avoir été
châtré; des chûtes avec fracture du crâne, le trépan,
le cautere, ont été suivis de quelques heureux
succès: on a même vu la transfusion dissiper totalement
la manie; quelquefois cette opération n'a
fait qu'en diminuer les symptomes; ses effets pernicieux
ne sont rien moins que solidement constatés<->
Voyez là - dessus Dionis, cours d'opérations de Chirurgie,
demonstr. viij. pag. 498. & la bibliotheque medico - pratique de Manget, tom. III. lib. XI. pag. 344. &
sequent. It me paroît que pour la guérison de la manie, il faut troubler violemment & subitement tout
le corps, & opérer par - là quelque changement considérable;
c'est pourquoi les remedes qui ont beaucoup
d'activité, donnés par des empyriques aussi hardis
qu'ignorans, ont quelquefois réussi. Lorsque la
manie dépend de quelque excretion supprimée, il
faut tenter tous les secours pour les rappeller; rouvrir
les ulceres fermés, exciter des diarrhées, des
dysenteries artificielles; tâcher en un mot, dans l'administration
des remedes, d'imiter la nature & de
suivre ses traces. Dans les manies furieuses, les saignées
sont assez convenables; il est souvent nécessaire
ou utile de les réitérer; l'artériotomie peut
être employée avec succès. Fabrice Seldan rapporte
plusieurs observations qui en constatent l'efficacité.
Efficac. medic. part. II. pag. 45. & seq. On ne doit
pas nègliger l'application des sang - sues aux tempes,
aux vaisseaux hémorrhoïdaux, ni les ventouses;
quant aux vésicatoires, leur usage peut être très pernicieux;
les seules saignées copieuses ont quelquefois
guéri la manie. Felix Plater raconte avoir
vu un empyrique qui guérissoit tous les maniaques en
les saignant jusqu'à soixante & dix fois dans une semaine.
Observ. lib. I. pag. 86. Une foule de praticiens
célebres assurent qu'ils ne connoissent pas
dans la manie de remede plus efficace. Les purgatifs
émétiques & cathartiques sont aussi généralement
approuvés. Les anciens faisoient beaucoup d'usage
de l'hellébore pargatif violent; Horace conseille aux
fous de voyager à Anticyre, île fertile en hellébore.
Quelques modernes croient qu'il ne faut pas user des
purgatifs drastiques; ils pensent que l'hellébore des
anciens étoit châtré & adouci par quelque correctif
approprié; il faut cependant remarquer que ces malades
étant moins sensibles, moins impressionables
aux irritations, ont besoin d'être plus violemment
secoués, & exigent par - là qu'on leur donne des remedes
plus forts & à plus haute dose. Non - seulement l'évacuation opérée par l'émétique est utile,
mais en outre la secousse générale qui en résulte,
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