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Les mêmes législateurs eussent sans doute caractérisé par l'agrément tous les biens nécessaires à notre conservation, mais eussions - nous pu espérer d'eux qu'ils eussent été aussi ingénieux que l'est la nature, à ouvrir en faveur de la vûe, de l'ouïe & de l'esprit, des sources toujours fécondes de sentimens agréables dans la variété des objets, dans leur symmetrie, leur proportion & leur ressemblance avec des objets communs? Auroient - ils songé à marquer par une impression de plaisirs ces rapports secrets qui font les charmes de la musique, les graces du corps & de l'esprit, le spectacle enchanteur de la beauté dans les plantes, dans les animaux, dans l'homme, dans les pensées, dans les sentimens? Ne regrettons donc point la réforme que M. Bayle auroit voulu introduire dans les lois du sentiment. Reconnoissons plutôt que la bonté de Dieu est telle, qu'il semble avoir prodigué toutes les sortes de plaisirs & d'agrémens, qui ont pû être marqués du sceau de sa sagesse. Concluons donc, que puisque la distribution du plaisir & celle de la douleur entre également dans la même unité de dessein, elles n'annoncent point deux intelligences essentiellement ennemies.
Je sens qu'on peut m'objecter que Dieu auroit pu nous rendre heureux; il n'est donc pas l'Etre infiniment bon. Cette objection suppose que le bonheur des créatures raisonnables est le but unique de Dieu. Je conviens que si Dieu n'avoit regarde que l'homme dans le choix qu'il a fait d'un des mondes possibles, il auroit choisi une suite de possibles, d'où tous ces maux seroient exclus. Mais l'Etre infiniment sage se seroit manqué à lui - même, & il n'auroit pas suivi en rigueur le plus grand résultat de toutes ses tendances au bien. Le bonheur de l'homme a bien été une de ses vûes, mais il n'a pas été l'unique & le dernier terme de sa sagesse. Le reste de l'univers a mérité ses regards. Les peines qui arrivent à l'homme sont une suite de son assujettissement aux lois universelles, d'où sort une foule de biens dont nous n'avons qu'une connoissance imparfaite. Il est indubitable que Dieu ne peut faire souffrir sa créature pour la faire souffrir. Cette volonté impitoyable & barbare ne sauroit être dans celui qui n'est pas moins la bonté que la puissance. Mais quand le mal de l'humanité est la dépendance nécessaire du plus grand bien dans le tout, il faut que Dieu se laisse déterminer pour ce plus grand bien. Ne détachons point ce qui est lié par un noeud indissoluble. La puissance de Dieu est infinie, aussi bien que sa bonté, mais l'une & l'autre est tempérée par sa sagesse, qui n'est pas moins infinie, & qui tend toujours au plus grand bien. S'il y a du mal dans son ouvrage, ce n'est qu'à titre de condition, il n'y est même qu'à titre de nécessité qui le lie avec le plus parfait, il n'y est qu'en vertu de la limitation originale de la creature. Un monde où notre bon<cb->
Mais Dieu ne pouvoit - il pas se dispenser de nous assujettir à des corps, & nous soustraire par - là aux douleurs qui suivent cette union? Il ne le devoit pas, parce que des créatures faites comme nous, entroient nécessairement dans le plan du meilleur monde. Il est vrai qu'un monde où il n'y auroit eu que des intelligences, étoit possible, de même qu'un monde où il n'y auroit eu que des êtres corporels. Un troisieme monde, où les corps existant avec les esprits, ces substances diverses auroient été sans rapport entre elles, étoit également possible. Mais tous ces mondes sont moins parfaits que le nôtre, qui, outre les purs esprits du premier, les êtres corporels du second, les esprits & les corps du troisieme, contient une liaison, un concert entre les deux especes de substances créables. Un monde où il n'y auroit eu que des esprits, auroit été trop simple, trop uniforme. La sagesse doit varier davantage ses ouvrages: multiplier uniquement la même chose, quelque noble qu'elle puisse être, ce seroit une superfluité. Avoir mille Virgiles bien reliés dans sa bibliotheque, chanter toujours les mêmes airs d'un opéra, n'avoir que des boutons de diamans, ne manger que des faisans, ne boire que du vin de Champagne, appelleroit - on cela raison? Le second monde, je veux dire celui qui auroit été purement matériel, étant de sa nature insensible & inanimé, ne se seroit pas connu & auroit été incapable de rendre à Dieu les actions de graces qui lui sont dûes. Le troisieme monde auroit été comme un édifice imparfait, ou comme un palais où auroit regné la solitude, comme un état sans chef, sans roi, ou comme un temple sans sacrificateur. Mais, dans un monde où l'esprit est uni à la matiere, l'homme devient le centre de tout, il fait remonter jusqu'à Dieu tous les êtres corporels, dont il est le lien nécessaire. Il est l'ame de tout ce qui est inanimé, l'inteliigence de tout ce qui en est privé, l'interprete de tout ce qui n'a pas reçu la parole, le prêtre & le pontife de toute la nature. Qui ne voit qu'un tel monde, est beaucoup plus parfait que les autres?
Mais revenons au système des deux principes. M. Bayle convient lui - même que les idées les plus sûres & les plus claires de l'ordre nous apprennent qu'un être qui existe par lui - même, qui est nécessaire, qui est éternel, doit être unique, infini, toutpuissant, & doué de toutes sortes de perfections; qu'à consulter ces idées, on ne trouve rien de plus absurde que l'hypothese de deux principes éternels & indépendans l'un de l'autre. Cet aveu de M. Bayle me suffit, & je n'ai pas besoin de le suivre dans tous ses raisonnemens. Mais un système, pour être bon, ditil, a besoin de ces deux choses; l'une, que les idées en soient distinctes; l'autre, qu'il puisse rendre raison des phénomenes. J'en conviens: mais si les idées vous manquent pour expliquer les phénomenes, qui vous oblige de faire un système, qui explique toutes les contradictions que vous vous imaginez voir dans l'univers. Pour exécuter un si noble dessein, il vous manque des idées intermédiaires que Dieu n'a pas jugé à propos de vous donner: aussi - bien quelle nécessité pour la vérité du système que Dieu s'est prescrit, que vous le puissiez comprendre? Concluons qu'en supposant que le système de l'unité de principe ne suffit pas pour l'explication des phénomenes, vous n'êtes pas en droit d'admettre comme vrai celui des Manichéens. Il lui manque une condition essentielle, c'est de n'être pas fondé, comme vous en convenez, sur des idées claires & sûres, [p. 31]
MANICHOIRE (Page 10:31)
MANICHOIRE, s. m. (Cordonnerie.) est un merceau
de buis plat & mince en rondache par les deux
bouts, un bout plus large que l'autre; il sert à ranger
les points de derriere les sousiers. Voyez nos
MANICORDE ou CLARICORDE (Page 10:31)
MANICORDE ou CLARICORDE, s. m. (Lutherie.) instrument de musique en forme d'épinette.
Voyez
Il y a 49 ou 50 touches ou marches, & 70 cordes qui portent sur 5 chevalets, dont le premier est le plus haut; les autres vont en diminuant. Il a quelques rangs de cordes à l'unisson, parce qu'il y en a plus que de touches.
On y pratique plusieurs petites mortaises, pour faire passer les sauteraux armés de petits crampons d'airain qui touchent & haussent les cordes, au lieu de la plume de corbeau qu'ont ceux des clavessins & des épinettes. Mais ce qui le distingue encore plus, c'est que ses cordes sont couvertes depuis le clavier jusqu'aux mortaises, de morceaux de drap qui rendent le son plus doux, & l'étouffent tellement qu'on ne le peut entendre de loin.
Quelques personnes l'appellent par cette raison, épinette sourde; & c'est ce qui fait qu'il est particulierement en usage dans les couvens religieuses, où on s'en sert par préférence pour apprendre à jouer du clavessin dans la crainte de troubler le silence du dortoir.
Le claricorde est plus ancien que le clavessin & l'épinette, comme le témoigne Scaliger, qu'il ne
MANICORDION (Page 10:31)
MANICORDION, s. m. terme de Luth. c'est une soite de fil de fer ou de léton très - fin & très - délié, dont on fait les cordes des manicordions, épinettes, clavessins, psalterions & autres instrumens de musique semblables.
MANICOU (Page 10:31)
MANICOU, s. m. (Hist. nat.) quadrupede gros
à - peu - près comme un lievre; il est couvert d'un
poil assez rude, de couleur grise tirant sur le roussàtre;
sa tête approche de celle du renard, mais plus
allongée, ayant le museau pointu, les orcilles droites,
les yeux ronds paroissant sortir de la tête, la
gueule tres - fendue & garnie de dents fort aiguës;
ses pattes sont armées d'ongles assez forts; sa queue
est extremement longue, fort souple, & pelée comme
celle d'un rat; ce n'est pas la partie la moins
utile à l'animal; il s'en sert non - seulement pour s'accrocher
aux branches des arbres, mais encore pour
épouvanter & saisir les volailles dont il est extremement
avide. Il a sous le ventre entre les deux
cuisses une espece de poche ouverte en longueur
comme le jabot d'une chemise, dans laquelle la femelle
retire ses petits, soit pour les alaiter ou les
transporter plus commodément d'un lieu en un autre,
& par ce moyen les soustraire à la poursuite des
chiens & des chasseurs. Cet animal est si stupide,
qu'étant surpris il n'ose s'enfuir & se laisse tuer à
coups de bâton; sa chair peut s'accommoder à différentes
sauces, mais il faut avoir faim pour en manger;
car elle exhale une odeur qui répugne; les seuls
negres en sont usage. Le manicou se trouve très - communément dans les iles de la Grenade, des Grenadins, de Tabago, & autres îles qui avoisinent le
continent de l'Amerique. On le nomme quelquefois
opossum, coriguayra, maritacaca, & filander, selon les
différens pays ou il se rencontre. M.
MANIE (Page 10:31)
MANIE, s. f. (Medecine.)
La manie est ordinairement annoncée par quelques
signes qui en sont les avant - coureurs; tels sont
la mélancholie, des douleurs violentes dans la tête,
des veilles opiniâtres, des sommeils legers, inquiets,
troublés par des songes effrayans, des soucis, des
tristesses qu'on ne sauroit dissiper, des terreurs, des
coleres excitées par les causes les plus legeres. Lorsque la manie est sur le point de se décider, les yeux
sont frappés, éblouis de tems en tems par des traits
de lumieres, des especes d'éclairs; les oreilles sont
fatiguées par des bruits, des bourdonnemens presque
continuels; l'appétit vénérien devient immodéré,
les pollutions nocturnes plus fréquentes; les
malades fondent en pleurs, ou rient demesurément
contre leur coutume & sans raison apparente; ils
parlent beaucoup à - tort & à - travers, ou gardent
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