ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"22"> par le nom qu'on lui donne dans le pays. Ses fleurs sont d'un blanc d'eau, & ont l'odeur du miel. On la recueille soigneusement, & on en fait une eau distillée pour les maux des yeux. (D. J.)

MANIAQUE (Page 10:22)

MANIAQUE, s. m. (Gram.) qui est attaqué de manie. Voyez l'article Manie.

MANIBELOUR (Page 10:22)

MANIBELOUR, (Hist. mod.) c'est le nom qu'on donne dans le royaume de Loango en Afrique au premier ministre du royaume, qui exerce un pouvoir absolu, & que les peuples ont droit d'élire sans le consentement du roi.

MANICA (Page 10:22)

MANICA, (Géog.) contrée d'Afrique dans la Cafrerie. Il y a royaume, riviere, ville & mines de ce nom. La riviere est la même que celle de Laurent Marquez. Elle a sa source dans les montagnes de Lupara, vers les 42. 30. de longit. & par le 20. de lat. méridionale; elle se perd dans un petit golfe, qui forme l'île d'Inhaqua. Le royaume s'étend à l'orient & au nord de cette riviere. Le roi du pays s'appelle Chicanga. Manica ou Magnica est sa ville capitale, & la seule qu'on connoît. Au midi de cette ville sont des mines d'or, connues sous le nom de mines de Manica. (D. J.)

MANICABO (Page 10:22)

MANICABO, (Géog.) ville des Indes, sur la côte occidentale de l'île de Sumatra, entre Priaman au nord, & Indrapoura au midi. Il croît aux environs beaucoup de poivre. Latit. méridion. 2. (D. J.)

MANICHÉISME (Page 10:22)

MANICHÉISME, s. m. (Hist. ecclés. Métaph.) Le Manichéisme est une secte d'hérétiques, fondée par un certain Manès, perse de nation, & de fort basse naissance. Il puisa la plûpart de ses dogmes dans les livres d'un arabe nommé Scythion. Cette secte commença au troisieme siecle, s'établit en plusieurs provinces, & subsista fort long - tems. Son foible ne consistoit pas tant dans le dogme des deux principes, l'un bon & l'autre méchant, que dans les explications particulieres qu'elle en donnoit, & dans les conséquences pratiques qu'elle en tiroit. Vous pourrez le voir dans l'histoire ecclésiastique de M. l'abbé Fleuri, & dans le dictionnaire de Bayle, l'article des Manichéens, & dans l'histoire des variations de M. de Meaux.

Le dogme des deuxprincipes est beaucoup plus ancien que Manès. Les Gnostiques, les Cerdoniens, les Marcionites & plusieurs autres sectaires le firent entrer dans le Christianisme, avant que Manès fît parler de lui. Ils n'en furent pas même les premiers auteurs; il faut remonter dans la plus haute antiquité du paganisme, pour en découvrir l'origine. Si l'on s'en rapporte à Plutarque, ce dogme étoit très - ancien. Il se communiqua bientot à toutes les nations du monde, & s'imprima dans les coeurs si profondément, que rien ne put l'en détacher. Prieres, sacrifices, cérémonies, détails publics & secrets de religion, tout fut marqué à ce coin parmi les barbares & les grecs. Il paroît que Plutarque lui donne trop d'étendue. Il est bien vrai queles payens ont reconnu & honoré des dieux malfaisans, mais ils enseignoient aussi que le même dieu qui répandoit quelquefois ses biens sur un peuple, l'affligeoit quelque tems après, pour se venger de quelque offense. Pour peu qu'on lise les auteurs grecs, on connoît cela manifestement. Disons la même chose de Rome. Lisez T. Live, Cicéron, & les autres écrivains latins, vous comprendrez clairement que le même Jupiter, à qui l'on offroit des sacrifices pour une victoire gagnée, étoit honoré en d'autres rencontres, afin qu'il cessât d'affliger le peuple romain. Tous les poëtes ne nous le représentent - ils pas armé de la foudre & tonnant du haut des cieux, pour intimider les foibles mortels? Plutarque se trompe aussi, lorsqu'il veut que les philosophes & les poétes se soient accordés dans la doctrine des deux principes. Ne se souvenoit - il pas d'Homere, le prince des poëtes, leur modele & leur source commune; d'Homere, dis - je, qui n'a proposé qu'un dieu avec deux tonneaux du bien & du mal? Ce pere des poëtes suppose que devant le palais de Jupiter sont deux tonneaux, où ce dieu puise continuellement & les biens & les maux qu'il verse sur le genre humain. Voilà son principal emploi. Encore s'il y puisoit également, & qu'il ne se méprît jamais, nous nous plaindrions moins de notre sort.

Zoroastre, que les Perses & les Chaldéens reconnoissent pour leur instituteur, n'avoit pas manqué de leur enseigner cette doctrine. Le principe bienfaisant, il le nommoit Oromase, & le malfaisant, Arimanius. Selon lui, le premier ressembloit à la lumiere, & le second aux ténebres.

Tous les partisans du système des deux principes, les croyoient incréés, contemporains, indépendans l'un de l'autre, avec une égale force & une égale puissance. Cependant quelques perses, au rapport de M. Hyde, qui l'a pris dans Plutarque, soutenoient que le mauvais principe avoit été produit par le bon, puisqu'un jour il devoit être anéanti. Les premiers ennemis du Christianisme, comme Celse, Cresconius, Porphire, se vantoient d'avoir découvert quelques traces de ce système dans l'Ecrituresainte, laquelle parle du démon & des embuches qu'il dressa au Fils de Dieu, & du soin qu'il prend de troubler son empire. Mais on répondit aisément à de tels reproches. On fit taire des hommes vains, qui pour décréditer ce qu'ils n'entendirent jamais, prenoient au pié de la lettre beaucoup de choses allégoriques.

Quelque terrein qu'ait occupé ce système des deux principes, il ne paroît pas, comme je l'ai observé, que les Grecs & les Romains se le soient approprié. Leur Pluton ne peut être regardé comme le mauvais principe. Il n'avoit point dans leur théologie d'autre emploi, que celui de présider à l'assemblée des morts, sans autorité sur ceux qui vivent. Les autres divinités infernales, malfaisantes, tristes, jalouses de notre repos, n'avoient rien aussi de commun avec le mauvais principe, puisque toutes ces divinités subordonnées à Jupiter, ne pouvoient faire de mal aux hommes, que celui qu'il leur permettoit de faire. Elles étoient dans le paganisme ce que sont nos démons dans le Christianisme.

Ce qui a donné naissance au dogme des deux principes, c'est la difficulté d'expliquer l'origine du mal moral & du mal physique. Il faut l'avouer, de toutes les questions qui se présentent à l'esprit, c'est la plus dure & la plus épineuse. On n'en sauroit trouver le dénoument que dans la foi qui nous apprend la chute volontaire du premier homme, d'où s'ensuivirent & sa perte, & celle de toute sa postérité. Mais les payens manquoient de secours surnaturel; ils se trouvoient par conséquent dans un passage très - étroit & très - gênant. Il falloit accorder la bonté & la sainteté de Dieu avec le péché & les différentes miseres de l'homme, il falloit justifier celui qui peut tout, de ce que pouvant empêcher le mal, il l'a préféré au bien même, & de ce qu'étant infiniment équitable, il punit des créatures qui semblent ne l'avoir point mérité, & qui voyent le jour plusieurs siecles après que leur condamnation a été prononcée. Pour sortir de ce labyrinthe, où leur raison ne faisoit que s'égarer, les philosophes grecs eurent recours à des hypothèses particulieres. Les uns supposerent la préexistence des ames, & soutinrent qu'elles ne venoient animer les corps que pour expier des fautes commises pendant le cours d'une autre vie. Platon attribue l'origine de cette hypothèse à Orphée, qui l'avoit lui - même puisée chez les Egyptiens. Les autres ravissoient à Dieu toute connoissance des affaires sublunaires, persuadés qu'elles sont trop mal assorties pour avoir été réglées par une main bienfaisante. [p. 23] De - là ils tiroient cette conclusion, qu'il faut renoncer à l'idée d'un être juste, pur, saint, ou convenir qu'il ne prend aucune part à tout ce qui se passe dans le monde. Les autres établissoient une succession d'événemens, une chaîne de biens & de maux que rien ne peut altérer ni rompre. Que sert de se plaindre, disoient - ils, que sert de murmurer? le destin entraîne tout, le destin manie tout en aveugle & sans retour. Le mal moral n'est pas moins indispensable que le physique; tous deux entrent de droit dans le plan de la nature. D'autres enfin ne goûtant point toutes ces diverses explications de l'origine du mal moral & du mal physique, en chercherent le dénoument dans le système des deux principes. Quand il est question d'expliquer les divers phénomenes de la nature corrompue, il a d'abord quelque chose de plausible; mais si on le considere en lui même, rien n'est plus monstrueux. En effet, il porte sur une supposition qui répugne à nos idées les plus claires, au lieu que le systeme des Chrétiens est appuyé sur ces notions - là. Par cette seule remarque la supériorité des Chrétiens sur les Manichéens est décidée; car tous ceux qui se connoissent en raisonnemens, demeurent d'accord qu'un système est beaucoup plus imparfait, lorsqu'il manque de conformité avec les premiers ptincipes, que lorsqu'il ne sauroit rendre raison des phénomenes de la nature. Si l'on bâtit sur une supposition absurde, embarrassée, peu vraissemblable, cela ne se répare point par l'explication heureuse des phénomenes; mais s'il ne les explique pas tous heureusement, cela est compensé par la netteté, par la vraissemblance & par la conformité qu'on lui trouve aux lois & aux idées de l'ordre; & ceux qui l'ont embrassé, à cause de cette perfection, n'ont pas coutume de se rebuter, sous prétexte qu'ils ne peuvent rendre raison de toutes les expériences. Ils imputent ce défaut aux bornes de leur esprit. On objectoit à Copernic, quand il proposa son systeme, que Mars & Vénus devroient en un tems paroître beaucoup plus grands parce qu'ils s'approchoient de la terre de plusieurs diametres. La conséquence étoit nécessaire, & cependant on ne voyoit rien de cela. Quoiqu'il ne sût que répondre, il ne cut pas pour cela devoir l'abandonner. Il disoit seulement que le tems le feroit connoître. L'on prenoit cette raison pour une défaite; & l'on avoit, ce semble, raison: mais les lunettes ayant été trouvées depuis, on a vu que cela même qu'on lui opposoit, comme une grande objection, étoit la confirmation de son système, & le renversement de celui de Ptolomée.

Voici quelques - unes des raisons qu'on peut proposer contre le Manichéisme. Je les tirerai de M. Bayle lui - même, qu'on sait avoir employé toute la force de son esprit pour donner à cette malheureuse hypothèse une couleur de vraissemblance.

1°. Cette opinion est tout - à - fait injurieuse au dieu qu'ils appellent bon; elle lui ôte pour le moins la moitié de sa puissance, & elle le fait timide, injuste, imprudent & ignorant. La crainte qu'il eut d'une irruption de son ennemi, disoient - ils, l'obligea à lui abandonner une partie des ames, afin de sauver le reste. Les ames étoient des portions & des membres de sa substance, & n'avoient commis aucun péché. Il y eut donc de sa part de l'injustice à les traiter de la sorte, vu principalement qu'elles devoient être tourmentées, & qu'en cas qu'elles contractassent quelques souillures, elles devoient demeurer éternellement au pouvoir du mal. Ainsi le bon principe n'avoit su ménager ses intérêts, il s'étoit exposé à une éternelle & irréparable mutilation. Joint à cela que sa crainte avoit été mal fondée; car, puisque de toute éternité, les états du mal étoient séparés des états du bien, il n'y avoit nul sujet de craindre que le mal fît une irruption sur les terres de son ennemi. D'ailleurs ils donnent moins de prévoyance & moins de puissance au bon principe qu'au mauvais. Le bon principe n'avoit point prévu l'infor tune des détachemens qu'il exposoit aux assauts de l'ennemi, mais le mauvais principe avoit fort bien su quels seroient les détachemens que l'on enverroit contre lui, & il avoit préparé les machines nécessaires pour les enlever. Le bon principe fut assez simple pour aimer mieux se mutiler, que de recevoir sur ses terres les détachemens de l'ennemi, qui par ce moyen eût perdu une partie de ses membres. Le mauvais principe avoit toujours été supérieur, il n'avoit rien per du, & il avoit fait des conquêtes qu'il avoit gardees; mais le bon principe avoit cédé volontairement beaucoup de choses par timidité, par injustice & par imprudence. Ainsi, en refusant de connoître que Dreu soit l'auteur du mal, on le fait mauvais en toutes manieres.

2°. Le dogme des Manichéens est l'éponge de toutes les religions, puisqu'en raisonnant conséquemment, ils ne peuvent rien attendre de leurs prieres, ni rien craindre de leur impiété. Ils doivent être perfuadés que quoi qu'ils fassent, le dieu bon leur sera toujours propice, & que le dieu mauvais leur sera toujours contraire. Ce sont deux dieux, dont l'un ne peut faire que du bien, & l'autre ne peut faire que du mal; ils sont determines à cela par leur naturel, & ils suivent, selon toute l'étendue de leurs forces, cette détermination.

3°. Si nous consultons les idées de l'ordre, nous verrons fort clairement que l'unité, le pouvoir infini & le bonheur appartiennent à l'auteur du monde. La nécessité de la nature a porté qu'il y eût des causes de tous les effets. Il a donc fallu nécessairement qu'il existât une force suffisante à la product on du monde. Or, il est bien plus selon l'ordre, que cette puissance soit réunie dans un seul sujet, que si elle étoit partagée à deux ou trois, ou à cent mille. Concluons donc qu'elle n'a pas été partagée, & qu'elle réside toute entiere dans une seule nature, & qu'ainsi il n'y a pas deux premers principes, mais un seul. Il y auroit autant de raiton d'en admettre une infinite, comme ont fait quelques - uns, que de n'en admettre que deux. S'il est contre l'ordre que la puissance de la nature soit partagée à deux sujets, combien seroit - il plus étrange que ces deux sujets fussent ennemis. Il ne pourroit naître de - là que toute sorte de confusion. Ce que l'un voudroit faire, l'autre voudroit le défaire, & ainsi rien ne se feroit; ou s'il se faisoit quelque chose, ce seroit un ouvrage de bisarrerie, & bien éloigné de la justesse de cet univers. Si le Manichéisme eût admis deux principes qui agissent de concert, il eût été exposé à de moindres inconvéniens; il auroit néanmoins choqué l'idée de l'ordre par rapport à la maxime, qu'il ne faut point multiplier les êtres sans nécessité: car, s'il y a deux premiers principes, ils ont chacun toute la force nécessaire pour la production de l'univers, ou ils ne l'ont pas; s'ils l'ont, l'un d'eux est superflu; s'ils ne l'ont pas, cette force a été partagée inutilement, & il eût bien mieux valu la réunir en un seul sujet, elle eût été plus active. Outre qu'il n'est pas aisé de comprendre qu'une cause qui existe par elle - même, n'ait qu'une portion de force. Qu'est - ce qui l'auroit bornée à tant ou à tant de degrés? Elle ne dépend de rien, elle tire tout de son fond. Mais sans trop insister sur cette raison, qui passe pour solide dans les écoles, je demande si le pouvoir de faire tout ce que l'on veut, n'est pas essentiellement renfermé dans l'idée de Dieu? La raison m'apprend que l'idée de Dieu ne renferme aucun attribut avec plus de netteté & d'évidence, que le pouvoir de faire ce que l'on veut. C'est en quoi consiste la béatitude. Or, dans l'opinion des Manichéens, Dieu n'auroit pas la

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.