ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"954"> Grece dans cette petite île, pour y adorer le dieu Esculape. Ce culte qui la rendoit si fameuse, y avoit été apporté par ceux d'Epidaure. Ils partirent du territoire d'Argos, pour venir fonder une colonie en ce lieu, & ils lui donnerent le nom de leur ancienne habitation.

Les Latins s'étant emparés de Constantinople, accorderent l'île de Malvoisie ou l'Epidaure, à un seigneur françois nommé Guillaume. Peu de tems après, Michel Paléologue s'en empara; les Vénitiens la ravirent à Paléologue; Soliman la reprit sur les Vénitiens en 1540, mais ils s'en rendirent de nouveau maitres an 1690. La capitale de cette île se nomme aussi Malvasia, voyez - en l'article.

Malvazia (Page 9:954)

Malvazia, (Géogr.) ville capitale située dans l'île de ce nom. Elle est sur la mer au pié d'un rocher escarpé, au sommet duquel est une forteresse. Il ne faut pas confondre cette ville avec Epidaurus, Limera, qu'on appelle aujourd'hui Malvasia la vieille, & dont les ruines subsistent à une lieue de - là. Parmi les ruines de cette ancienne ville, on voit encore les débris du temple d'Esculape, où l'on venoit autrefois de toute la terre pour obtenir la guérison des maladies les plus désespérées.

Le port de la nouvelle Malvazia n'est pas si bon que celui de l'ancienne, & ne mérite pas comme elle le surnom de Limera, néanmoins cette ville est assez peuplée. Les Grecs y ont un archevêque.

Le savant Arsenius, ami particulier du pape Paul III. & qui fit sa soumission à l'église romaine, a été le plus illustre dans cette place, à ce que disent les Latins; mais sa mémoire est odieuse aux Grecs, qui prétendent qu'après sa mort, il devint broncolakas, c'est - à - dire que le démon anima son cadavre, & le fit errer dans tous les endroits où il avoit vécu. La nouvelle Malvazia est à 20 lieues S. E. de Misistra, & 30 S. O. d'Athènes. Soliman II. la prit sur les Vénitiens en 1540. Long. 41. 18. lat. 36. 59.

MALVEILLANCE, & MALVEILLANT (Page 9:954)

MALVEILLANCE, & MALVEILLANT, (Gram.) qui a la volonté de faire du mal, ou plus exactement peut - être, qui veut mal à quelqu'un, par le ressentiment du mal qu'il a fait. D'où il paroît que la malveillance est toujours fondée, au lieu qu'il n'en est pas ainsi de la mauvaise intention. Il est facile aux ministres de tomber dans la malveillance du peuple, sur - tout lorsque les tems sont difficiles.

MALVERSATION (Page 9:954)

MALVERSATION, s. f. (Jurisprudence.) signifie toute faute grave commise en l'exercice d'une charge, commission, ou maniement de deniers. (A)

MALUM (Page 9:954)

MALUM, (Anatomie.) os malum, voyez Pommette.

MALVOISIE (Page 9:954)

MALVOISIE, (Botan.) la malvoisie est un raisin de Grece d'une espece particuliere, dont on faisoit le vin clairet, auquel il a donné son nom. On cueilloit les grappes avec soin, on ne prenoit que celles qui étoient parfaitement mûres pour les porter au pressoir. Quand le vin avoit suffisamment fermenté, on le tiroit en futailles, & l'on y jettoit de la chaux vive, afin qu'il se conservât pour le transporter dans tous les climats du monde.

L'ancien vin de malvoisie croissoit à Malvasia, petite île de Grece dans la mer qui baigne la partie orientale de la Morée. Il étoit encore un des plus célebres dans le siecle passé. On fait qu'Edouard IV. roi d'Angleterre, ayant condamné son frere Georges, duc de Clarance, à la mort, & lui ayant permis de choisir celle qui lui sembleroit la plus douce, ce prince demanda d'être plongé dans un tonneau de malvoisie, & finit ainsi ses jours. Ce vin de malvoisie ne venoit pas seulement à Malvasia & sur la côte opposée, on en recueilloit encore sous ce nom en Candie, à Lesbos, & en plusieurs autres îles de l'Archipel. Aujourd'hui nous ne le goutons plus, la mode en est passée. Ce que nous nommons vin de malvoisie n'est point un vin de Grece, c'est un vin qui se recueille dans le royaume de Naples, ou une espece de vin muscat de Provence, qu'on cuit jusqu'à l'évaporation du tiers, & dont on fait peu de consommation.

Le vin de malvoisie des anciens Grecs n'est point celui que les Latins appelloient Arvisium vinum, comme le dit le dictionnaire de Trévoux; c'est le vin d'Arvis, montagne de l'île de Scio, qui portoit ce nom. (D. J.)

Malvoisie (Page 9:954)

Malvoisie, vinum malvaticum, (Diete & Mat. med.) espece de vin de liqueur souvent demandé dans les pharmacopées pour certaines compositions officinales, & que les Medecins prescrivent aussi spécialement quelquefois comme remede magistral.

Ce vin ne possede d'autre qualité réelle que les vertus communes des vins de liqueur. Voyez l'article Vin, Diete & Mat. med. (b)

MAMACUNAS (Page 9:954)

MAMACUNAS, (Hist. mod. culte.) c'est le nom que les Péruviens, sous le gouvernement des Incas, donnoient aux plus âgées des vierges consacrées au soleil; elles étoient chargées de gouverner les vierges les plus jeunes. Ces filles étoient consacrées au soleil dès l'âge de huit ans; on les renfermoit dans des cloitres, dont l'entrée étoit interdite aux hommes; il n'étoit point permis à ces vierges d'entrer dans les temples du soleil, leur fonction étoit de recevoir les offrandes du peuple. Dans la seule ville de Cusco on comptoit mille de ces vierges. Tous les vases qui leur servoient étoient d'or ou d'argent. Dans les intervalles que leur laissoient les exercices de la religion, elles s'occupoient à filer & à faire des ouvrages pour le roi & la reine. Le souverain choisissoit ordinairement ses concubines parmi ces vierges consacrées; elles sortoient de leur couvent lorsqu'il les faisoit appeller; celles qui avoient servi à ses plaisirs ne rentroient plus dans leur cloitre, elles passoient au service de la reine, & jamais elles ne pouvoient épouser personne; celles qui se laissoient corrompre étoient enterrées vives, & l'on condamnoit au feu ceux qui les avoient débauchées.

MAMADEBAD, ou MAMED - ABAD (Page 9:954)

MAMADEBAD, ou MAMED - ABAD, (Géogr.) petite ville d'Asie dans l'Indoustan, à cinq lieues de Nariad. Ses habitans sont Banians, & font un grand trafic en fil & coton. (D. J.)

MAMMAIRE (Page 9:954)

MAMMAIRE, adj. en Anatomie, se dit des parties relatives aux mammelles. Voyez Mammelles.

L'artere mammaire interne vient de la partie antérieure de la souclaviere, descend le long de la partie latérale interne du sternum, & va se perdre dans le muscle droit du bas - ventre; elle communique avec la mammaire externe, avec les arteres intercostales & l'artere épigastrique. Voyez Epigastrique, &c.

L'artere mammaire externe. V. Thorachique.

MAMANGA (Page 9:954)

MAMANGA, s. m. (Bot. exot.) arbrisseau fort commun au Brésil, décrit par Pison dans son histoire naturelle du pays. Sa feuille approche de celle du citronnier, mais elle est plus molle & un peu plus longue; ses fleurs sont jaunes, attachées à des queues, & pendantes. Il leur succede des siliques oblongues, vertes d'abord, noires ensuite, qui se pourrissent aisément. Elles sont remplies de semences. Ses fleurs passent pour être détersives & vulnéraires. On tire de ses gousses un suc huileux, propre à amollir & à faire résoudre les abscès. (D. J.)

MAMBRÉ ou MAMRÉ (Page 9:954)

MAMBRÉ ou MAMRÉ, (Hist. eccles.) c'est le nom d'une vallée très - fertile & fort agréable dans la Palestine, au voisinage d'Hébron, & à 31 milles environ de Jérusalem. M. Moréry, je ne sais sur quel fondement, en fait une ville: à la vérité, l'épithete de ville fertile prouve que c'est ou une faute d'impression, ou d'inadvertence de sa part; ce lieu est célebre dans l'Ecriture sainte, par le séjour que le patriarche Abraham y fit sous des tentes, après [p. 955] l'être séparé de son neveu Loth, & plus encore par la visite qu'il y reçut des trois anges ou messagers célestes, qui vinrent lui annoncer la miraculeuse naissance d'Isaac.

Le chêne, ou plutôt (comme le prétendent presque tous les commentateurs, on ne sait trop pourquoi) le térébinthe, sous lequel le patriarche reçut les anges, a été en grande vénération dans l'antiquité chez les Hébreux; S. Jérôme assûre qu'on voyoit encore de son tems, c'est - à dire sous l'empire de Constance le jeune, cet arbre respectable; &, si l'on en croit quelques voyageurs ou pélerins, quoique le térébinthe ait été détruit, il en a repoussé d'autres de sa souche qu'on montre, pour marquer l'endroit où il étoit. Les rabbins qui ont l'art, comme on le sait, de répandre du merveilleux sur tout ce qui a quelque rapport avec l'histoire de leur nation, & sur - tout à celle de leurs peres, ont prétendu que le térébinthe de Mambré étoit aussi ancien que le monde. Joseph de Bello, lib. V. cap. vij. Et bientôt après par un nouveau miracle, qui difficilement peut s'accorder avec ce prodige, les judicieux rabbins disent que cet arbre étoit le bâton d'un des trois anges, qui ayant été planté en terre, y prit racine & devint un grand arbre. Eustach. ab allatio edit. Honoré de la présence des anges & du Verbe éternel, il devoit participer à la gloire du buisson ardent d'Horeb. Jul. Afric. apud Syncell. Aussi les rabbins n'ont point manqué de dire que quand on mettoit le feu à ce térébinthe, tout - d'un - coup il paroissoit enflammé; mais qu'après avoir éteint le feu, l'arbre restoit sain & entier comme auparavant. Sanute (in sacret. fid. crucis. p. 228.) fait au térébinthe de Mamré le même honneur qu'au bois de la vraie croix, & assûre qu'on montroit de son tems le tronc de cet arbre, dont on arrachoit des morceaux, auxquels on attribuoit les plus grandes vertus. Au reste, Josephe, saint Jérôme, Eusebe, Sozomene, qui parlent tous de ce vénérable térébinthe, comme existant encore de leurs jours, le placent à des distances toutes différentes de la ville d'Hébron.

Mais ce qui est digne d'observations, c'est que le respect particulier qu'on avoit, soit pour le térébinthe, soit pour le lieu où il étoit, y attira un si grand concours du peuple, que les Juifs naturellement fort portés au commerce & trafic, en prirent occasion d'y établir une soire qui devint très fameuse dans la suite. Et saint Jétôme (Hier. in Jerem. XXXI. & in Zach. X.) assûre qu'après la guerre qu'Adrien fit aux Juifs, on vendit à la foire de Mambré grand nombre de captifs juifs, qu'on y donna à un prix très - vil; & ceux qui ne furent point vendus, furent transportés en Egypte, ou, pour la plûpart, ils périrent de maux & de misere.

Le juif, partagé entre la superstition & l'agiotage, sut accréditer les foires de Mambré, en y intéressant la dévotion, & les convertissant, en quelque sorte, en des fêtes religieuses, ce qui y attira non seulement les marchands & les dévots du pays, mais aussi ceux de Phénicie, d'Arabie, & des provinces voisines. La diversité de religion ne fut point un obstacle à la fréquentation d'un lieu où l'on pouvoit satisfaire tout - à - la - fois, sa piété, son goût pour les plaisirs, son amour pour le gain. La fête de Mambré se célébrant en été, le térébinthe d'Abraham devint le rendez - vous des Juifs, des Chrétiens, & même des Payens.

Les Juifs venoient y vénérer la mémoire de leur grand patriarche Abraham: les chrétiens orientaux persuadés que celui des trois anges qui avoit porté la parole, étoit le Verbe éternel, y alloient avec ce respect religieux qu'ils ont pour ce divin chef & consommateur de leur foi. Quant aux Payens, dont toute la Mythologie consistoit en des apparitions de divinités ou venues de Dieu sur la terre, pleins de vénération pour ces messagers célestes qu'ils regardoient comme des dieux ou des démons favorables, ils leur éleverent des autels, & leur consacrerent des idoles; ils les invoquoient, suivant leurs coutumes, au milieu des libations de vin, avec des danses, des chants d'allégresse & de triomphe, leur offroient de l'encens, &c. Quelques - uns immoloient à leur honneur un boeuf, un bouc; d'autres un mouton, un coq même, chacun suivant ses facultés, le caractere de sa dévotion & l'esprit de ses prieres. Sozomene, qui détaille dans le liv. II. chap. iv. de son histoire ce qui concerne la fête de Mambré, n'est point clair; & sur ces diverses pratiques religieuses & sur l'intention de ceux qui les remplissoient, il se contente de dire que ce lieu étoit chez les anciens dans la plus grande vénération; que tous ceux qui le fréquentoient étoient dans une appréhension religieuse de s'exposer à la vengeance divine en le profanant, qu'ils n'osoient y commettre aucune espece d'impureté, ni avoir de commerce avec les femmes; que celles - ci fréquentoient ces foires avec la plus grande liberté, mieux parées qu'elles ne l'étoient d'ordinaire dans les autres occasions publiques, où leur honneur n'avoit pas les mêmes sauvegardes que sous le sacré térébinthe.

Mais ces beaux témoignages que ces deux divers auteurs rendent à la prétendue sainteté des fêtes de Mambré, sont contredits, parce qu'ils ajoutent que les dévots qui les fréquentoient nourrissoient avec soin pendant toute l'année ce qu'ils avoient de meilleur pour s'en régaler avec leurs amis, & faire le festin de térébinthe; comment, au milieu de la joie de ces repas en quelque sorte publics, puisque les deux sexes y étoient admis; comment, dans un simple campement, sans aucun édifice, & où les hommes & les femmes campoient pêle - mêle, puisqu'il n'y avoit d'autres maisons que celle où l'on prétendoit qu'Abraham avoit logé; comment, dis - je, au milieu de ces plaisirs bruyans, & dans ces circonstances ceux qui assistoient à ces fêtes pouvoient - ils garder la décence ou la retenue qu'exigeoit la sainteté du lieu? C'est ce qui paroît peu croyable, surtout si l'on considere le concours de dévots de diverses religions; & que, comme le dit un auteur, (Sozom. suprà citat.) personne ne puisoit pendant la fête de l'eau du puits de Mambré, parce que les Payens en gâtoient l'eau, en y jettant, par superstition, du vin, des gâteaux, des pieces de monnoie, des parfums secs & liquides, & tenant, par dévotion, un grand nombre de lampes allumées sur ses bords.

Mais ce qui détruit entierement l'idée de sainteté de la fête de Mambré, ou qui prouve que du moins du tems de Constantin les choses avoient extrèmement dégénéré; c'est ce que rapportent plusieurs auteurs (Socrat. liv. I. c. xviij. Eusebe de vita Constant. l. III. c. lij. Soz. &c.) qu'Eutropia, syrienne de nation, mere de l'impératrice Fausta, s'étant rendue en Judée pour accomplir un voeu, & ayant passé par Mambré, témoin oculaire de toutes les superstitions de la fête, & de toutes les horreurs qui s'y passoient, en écrivit à l'empereur Constantin son gendre, qui ordonna tout de suite au comte Acace de faire brûler les idoles, de renverser les autels, & de châtier, selon l'exigence du cas, ceux qui, après sa défense, seroient assez hardis pour commettre encore sous le térébinthe quelques abominations ou impiétés; il ordonna même, ajoutent ces auteurs, qu'on y bâtît une église très - belle, & que les évêques veillassent de près à ce que toutes choses s'y passassent dans l'ordre. Eusebe (de vita Constantini, lib. III. cap. lij.) prétend que c'est à lui que la lettre de l'empereur

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