ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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MALIGNE, Fievre
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MALIGNE, Fievre, (Medec.) fievre accompagnée
d'affections morbifiques tres - dangereuses, &
dont la cause est difficile à dompter par la coction,
ou à expulser par les excrétoires naturels, où à se
déposer par éruption.
Ainsi les fievres que les Medecins appellent malignes, sont celles dont la cause, les complications,
les accidens, s'opposent aux effets salubres que le
méchanisme propre de la fievre produiroit, si la
cause de la maladie n'avoit pas des qualités pernicieuses
qui la rendent funeste, ou du - moins indomptable;
ou si les complications, les accidens, les symptômes
étrangers à la fievre, ou le mauvais traitement
du medecin, ne troubloient pas les opérations par
lesquelles ce méchanisme pourroit procurer la guérison
de la maladie.
Ce n'est donc pas à la fievre même qu'on doit imputer
la malignité, ou les mauvais effets de la maladie,
puisque ce desordre n'en dépend pas; qu'il lui
est entierement étranger, & qu'il la dérange & la
trouble. Quelquefois même cette malignité ne paroît
pas accompagnée de fievre, car elle y est d'abord
fort peu remarquable. Ainsi, lorsque selon le
langage ordinaire, nous nous servons de l'expression
de fievre maligne, nous entendons une fievre qui n'est
pas salutaire, parce qu'elle ne peut pas vaincre la
cause de la maladie: alors cette cause & ses effets sont
fort redoutables, sur - tout dans les fievres continues,
épidémiques, où l'art ne peut suppléer à la nature,
pour expulser une cause pernicieuse qui n'a pas d'affinité
avec les excrétoires; c'est pourquoi on peut
regarder dans ce cas une maladie comme maligne,
par la seule raison que la nature ne peut pas se délivrer
de cette cause par la fievre, ou par des éruptions
extérieures, avant qu'elle fasse périr le malade.
Les fievres malignes sont caractérisées par les signes
fâcheux que l'on tire des symptômes qui les accompagnent,
& par les signes pr vatifs de coction. Le
medecin doit toujours envisager ensemble ces deux
classes de signes, pour reconnoître une fievre maligne, & pour établir son pronostic sur l'événement.
Encore faut - il qu'il prenne garde si les symptômes
redoutables de ces fievres ne dépendent point,
comme il arrive souvent, du spasme excité dans les
premieres voies, par des matieres vicieuses retenues
dans l'estomac ou dans les intestins; car alors
les mauvais présages peuvent disparoître en peu de
tems par l'évacuation de ces matieres. Mais quand
les desordres dépendent d'une cause pernicieuse qui
a passé dans les voies de la circulation; & qu'il n'y
a à l'égard de la coction ou de la dépuration des humeurs,
aucun signe favorable, on peut prévoir les
suites funestes de la maladie.
Les symptômes des fievres caractérisées malignes,
sont le spalme, les angoisses, la prostration des forces,
les colliquations, la dissolution putride, des
évacuations excessives, les assoupissemens léthargiques,
les inflammations, le délire & les gangrenes;
la fievre est ici le mal qui doit le moins occuper
le medecin; elle est même souvent ce qu'il y a de
plus favorable dans cet état. Les accidens dont
nous venons de parler, présentent seuls la conduite
qu'il faut remplir dans le traitement de ces maladies
compliquées. En général, le meilleur parti est de
corriger le vice des humeurs suivant leur caractere
d'acrimonie, de putridité, de colliquation; les évacuer doucement par des remedes convenables, &
soutenir les forces accablées de la nature. Consultez
le livre du docteur Pringle, on the discases of the arm y,
& le traité des fievres de M. Quesnay. (D. J.)
Malignité
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Malignité, s. f. (Gram.) malice secrette &
profonde, Voyez l'article Malice. Il se dit des choses
& des personnes. Sentez - vous toute la malignité de
ce propos? Il y a dans le coeur de l'homme une malignité qui lui fait adopter le blâme presque sans examen.
Telles sont la malignité & l'injustice, que jamais
l'apologie la plus nette, la plus autentique, ne
fait autant de sensation dans la société que l'accusation
la plus ridicule & la plus mal - fondée. On dit
avec chaleur; savez - vous l'horreur dont on l'accuse,
& froidement il s'est fort bien défendu. Qu'un
homme pervers fasse une satyre abominable des plus
honnêtes gens, la malignité naturelle la fera lire, rechercher
& clter. Les hommes rejettent leur mauvaise
conduite sur la malignité des astres qui ont présidé
à leur naissance. Le substantif malignité a une
toute autre force que son adjectif malin. On permet
aux enfans d'être malins. On ne leur passe la malignité en quoi que ce soit, parce que c'est l'etat d'une
ame qui a perdu l'instinct de la bienveillance, qui
desire le malheur de ses semblables, & souvent en
jouit. Il y a dans la malignité plus de suite, plus de
profondeur, plus de dissimulation, plus d'activité
que dans la malice. Aucun homme n'est né avec
ce caractere, mais plusieurs y sont conduits par l'envie,
par la cupidité mecontente, par la vengeance,
par le sentiment de l'injustice des hommes. La malignité n'est pas aussi dure & aussi atroce que la méchanceté;
elle fait verser des larmes, mais elle s'attendriroit
peut - être si elle les voyoit couler.
Malignité
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Malignité, s. f. (Médecine.) se dit dans les maladies,
lorsqu'elles ont quelque chose de singulier
& d'extraordinaire, soit dans les symptômes, soit
dans leur opiniâtreté à résister aux remedes; sur
quoi il faut remarquer que bien des gens, faute d'expérience,
trouvent de la malignité où il n'y en a point.
On ne peut pas donner de regles sûres de pratique
dans ces sortes de maladies; car souvent les remedes
rafraîchissans y conviennent, tandis que d'autres
fois ils sont très - contraires, & qu'il est besoin d'em<pb->
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ployer des remedes stimulans. On voit cela dans
la pratique ordinaire, où les fievres malignes se
combattent tantôt par les rafraîchissans, tantôt par
les évacuans, tantôt par les diaphorétiques; d'autres
fois par les apéritifs & les vésicatoires, & cependant
avec un succès égal selon les cas.
Cependant il faut avouer que la malignité est inconnue
aux praticiens, & que ses causes sont impénétrables.
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