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MALADIE (Page 9:929)
MALADIE, s. f. (Médc.)
Mais pour déterminer avec plus de précision la signification de ce terme, qui d'ailleurs est mieux entendu ou mieux senti de tout le monde qu'il n'est aisé d'en donner une définition bien claire & bien exacte, il convient d'établir ce que c'est que la vie, ce que c'est que la santé.
Quiconque paroît être en santé, est censé posséder toutes les conditions requises pour jouir actuellement, non - seulement de la vie, mais encore de l'état de vie dans la perfection plus ou moins complette, dont elle est susceptible.
Mais comme la vie, par elle - même, consiste essentiellement dans l'exercice continuel des fonctions particulieres, sans lesquelles l'animal seroit dans un état de mort décidé; il suffit donc que l'exercice de ses fonctions subsiste, ou du moins qu'il ne soit suspendu que de maniere à pouvoir encore être rétabli pour qu'on puisse dire que la vie existe: toutes les autres fonctions peuvent cesser ou être suspendues, ou être abolies sans qu'elle cesse.
Ainsi la vie est proprement cette disposition de l'économie animale, dans laquelle subsiste le mouvement des organes nécessaires pour la circulation du sang & pour la respiration, ou même seulement le mouvement du coeur, quelque imparfaitement qu'il se fasse.
La mort est la cessation entiere & constante de ce
mouvement, par conséquent de toutes les fonctions
du corps animal; la santé ou la vie saine qui est
l'état absolument opposé, consiste donc dans la disposition
de toutes ses parties, telle qu'elle soit propre
à l'exécution de toutes les fonctions dont il est
susceptible, relativement à toutes ses facultés & à
l'âge, au sexe, au tempérament de l'individu: ensorte
que toutes ces fonctions soient actuellement
en exercice, les unes ou les autres, selon les différens
besoins de l'économie animale, non toutes ensemble,
ce qui seroit un desordre dans cette économie, parce qu'elle exige à l'égard de la plûpart d'entre
elles, la succession d'exercice des unes par rapport
aux autres; mais il suffit qu'il y ait faculté
toujours subsistante, par laquelle elles puissent, lorsqu'il est nécessaire, être mises en action sans aucun
empêchement considérable. V.
La maladie peut être regardée comme un état moyen entre la vie & la mort: dans le premier de ces deux états, il y a toujours quelqu'une des fonctions qui subsiste, quelque imparfait que puisse en être l'exercice; au - moins la principale des fonctions auxquelles est attachée la vie, ce qui distingue toujours l'état de maladie de l'état de mort, tant que cet exercice est sensible ou qu'il reste susceptible de le devenir.
Mais comme celui de toutes les différentes fonctions ne se fait pas sans empêchement dans la maladie; qu'il est plus ou moins considérablement altéré par excès ou par défaut, & qu'il cesse même de pouvoir se faire à l'égard de quelqu'une ou de plusieurs ensemble, c'est ce qui distingue l'état de maladie de celui de santé.
On peut, par conséquent, définir la maladie une disposition vicieuse, un empêchement du corps ou de quelqu'un de ses organes, qui cause une lésion plus ou moins sensible, dans l'exercice d'une ou de plusieurs fonctions de la vie saine, ou même qui en fait cesser absolument quelqu'une, toutes même, excepté le mouvement du coeur.
Comme le corps humain n'est sujet à la maladie que parce qu'il est susceptible de plusieurs changemens qui alterent l'état de santé; quelques auteurs ont défini la maladie, un changement de l'état natu<cb->
Il en est ainsi de plusieurs définitions rapportées
par les anciens, telles que celle de Galien; savoir,
que la maladie est une affection, une disposition, une
constitution contre nature. On ne tire pas plus de
lumieres de quelques autres proposées par des modernes;
telles sont celles qui présentent la maladie,
comme un effort, une tendance vers la mort, un
concours de symptomes; tandis qu'il est bien reconnu
qu'il y a des maladies salutaires, & que l'expérience
apprend qu'un seul symptome peut faire
une maladie. Voyez
La définition que donne Sydenham n'est pas non plus sans défaut; elle consiste à établir que la maladie est un effort salutaire de la nature, un mouvement extraordinaire qu'elle opere pour emporter les obstacles qui se forment à l'exercice des fonctions, pour séparer, pour porter hors du corps ce qui nuit à l'économie animale.
Cette idée de la maladie peche d'abord par la
mention qu'elle fait de la nature sur laquelle on n'est
pas encore bien convenu: ensuite elle suppose toujours
un excès de mouvement dans l'état de maladie,
tandis qu'il dépend souvent d'un défaut de mouvement,
d'une diminution ou cessation d'action dans
les parties affectées: ainsi la définition ne renferme
pas tout ce qui en doit faire l'objet. D'ailleurs, en
admettant que les efforts extraordinaires de la nature
constituent la maladie, on ne peut pas toujours
les regarder comme salutaires, puisqu'ils sont souvent
plus nuisibles par eux - mêmes que la cause
morbifique qu'ils attaquent; que souvent même ils
sont cause de la mort ou du changement d'une maladie en une autre, qui est d'une nature plus funeste.
Ainsi la définition de Sydenham ne peut convenir
qu'à certaines circonstances que l'on observe dans
la plûpart des maladies, sur - tout dans celles qui sont
aiguës; telles sont la coction, la crise. Voyez
Le célebre Hoffman, après avoir établi de bonnes raisons pour rejetter les définitions de la maladie les plus connues, se détermine à en donner une très - détaillée, qu'il croit, comme cela se pratique, préférable à toute autre. Selon lui, la maladie doit être regardée comme un changement considérable, un trouble sensible dans la proportion & l'ordre des mouvemens qui doivent se faire dans les parties solides & fluides du corps humain, lorsqu'ils sont trop accélérés ou retardés dans quelques - unes de ses parties ou dans toutes; ce qui est suivi d'une lésion importante, dans les sécrétions, dans les excrétions, & dans les autres fonctions qui composent l'économie animale; ensorte que ce desordre tende ou à opérer une guérison, ou à causer la mort, ou à établir la disposition à une maladie différente & souvent plus pernicieuse à l'économie animale.
Mais cette définition est plûtôt une exposition raisonnée de ce en quoi consiste la maladie, de ses causes & de ses effets qu'une idée simple de sa nature, qui doit être présentée en peu de mots. Mais cette exposition paroît très - conforme à la physique du corps humain, & n'a rien de contraire à ce qui vient d'être ci - devant établi, que toute lésion de fonction considérable & plus ou moins constante, présente l'idée de la maladie, qui la distingue suffisamment de [p. 931]
L'homme ne jouit cependant jamais d'une santé
parfaite, à cause des différentes choses dont il a besoin
de faire usage, ou qui l'affectent inévitablement,
comme les alimens, l'air & ses différentes influences,
&c. mais il n'est pas aussi disposé qu'on pourroit
se l'imaginer à ce qui peut causer des troubles
dans l'économie animale, qui tendent à rompre
l'équilibre nécessaire entre les solides & les fluides
du corps humain, à augmenter ou à diminuer essentiellement
l'irritabilité & la sensibilité, qui, dans la
proportion convenable, déterminent & reglent l'action,
le jeu de tous les organes, puisqu'il est des
gens qui passent leur vie sans aucune maladie proprement
dite. Voyez
Ainsi, connoître la nature de la maladie, c'est savoir qu'il existe un défaut dans l'exercice des fonctions, & quel est l'empêchement présent, ou quelles sont les conditions qui manquent; d'où s'ensuit que telle ou telle fonction ne peut pas avoir lieu convenablement. Par conséquent, pour avoir une connoissance suffisante de ce qu'il y a de défectueux dans la fonction lésée, il faut connoitre parfaitement toutes les fonctions dont l'exercice peut se faire dans quelque partie que ce soit & les conditions requises pour cet exercice. Il faut donc aussi avoir une connoissance parfaite, autant que les sens le comportent, de la structure des parties qui sont les instrumens des fonctions quelconques. Car, comme dit Boerhaave (comm. in instit. med. pathol. §. 698.), il faut, par exemple, le concours & l'intégrité de mille conditions physiques pour que la vision se fasse bien, que toutes les fonctions de l'oeil puissent s'exercer convenablement, ayez une connoissance parfaite de toutes ces conditions, par conséquent de la disposition qui les établit, & vous saurez parfaitement en quoi consiste la fonction de la vision & toutes ses circonstances. Mais si de ces mille conditions il en manque une seule, vous comprendrez d'abord que cette fonction ne peut plus se faire entierement, & qu'il y a un défaut par rapport à cette millieme partie lésée, pendant que les autres 999 conditions physiques connues, avec les effets qui s'ensuivent restent telles qu'il faut, pour que les fonctions des parties nécessaires à la vision puissent être continuées.
La connoissance de la maladie dépend donc de la connoissance des actions, dont le vice est une maladie: il ne suffit pas d'en savoir le nom, il faut en connoître la cause prochaine: il est aisé de s'appercevoir qu'une personne est aveugle pour peu qu'on la considere; mais que s'ensuit - il de - là pour sa guérison si elle est possible? Il faut, à cet égard, savoir ce qui l'a privée de la vue, si la cause est externe ou interne, examiner si le vice est dans les enveloppes des organes de l'oeil, ou s'il est dans les humeurs & les corps naturellement transparens qui sont renfermés dans ces enveloppes, ou si c'est dans les nerfs de cette partie. Vous pourrez procurer la guérison de la maladie, si par hasard les conditions qui manquent pour l'exercice de la fonction vous sont connues: mais vous serez absolument aveugle vous<cb->
La Pathologie, qui a pour objet la considération
des maladies en général, & de tout ce qui est contraire
à l'économie animale dans l'état de santé,
est la partie théorique de l'art dans laquelle on trouve
l'exposition de tout ce qui a rapport à la nature
de la maladie, à ses différences, à ses causes & à ses
effets, voyez
On appelle cause de la maladie, dans les écoles, tout ce qui peut, de quelque maniere que ce soit, changer, altérer l'état sain des solides & des fluides du corps humain, conséquemment donner lieu à la lésion des fonctions, & disposer le corps à ce dérangement, soit par des moyens directs, immédiats, prochains, soit par des moyens indirects, éloignés, en établissant un empêchement à l'exercice des fonctions, ou en portant atteinte aux conditions nécessaires pour cet exercice.
On distingue plusieurs sortes de causes morbifiques,
dont la recherche fait l'objet de la partie de
la Pathologie, qu'on appelle aithiologie. Il suffit de
dire ici en général, comme il a déja été pressenti,
que tout ce qui peut porter atteinte, de quelque maniere
que ce soit, à l'équilibre nécessaire entre les
parties solides & fluides dans l'économie animale, &
à l'irritabilité, à la sensibilité des organes qui en sont
susceptibles, renferme l'idée de toutes les différentes
causes des maladies que l'on peut adapter à tous les
différens systèmes à cet égard, pour expliquer ce que
l'on y a trouvé de plus occulte jusqu'à présent, par
exemple les qualités, les intempéries des galénistes,
le resserrement & le relâchement des méthodistes,
les vices de la circulation des hydrauliques, l'excès
ou le défaut d'irritation & d'action des organiquesméchaniciens,
le principe actif, la nature des autocratiques,
des sthaaliens, &c. Voyez
Toute dépravation, dans l'économie animale, qui survient à quelque lésion de fonctions déja établie, est ce qu'on appelle symptome, qui est une addition à la maladie de laquelle il provient comme de sa cause physique. Dans la pleurésie, par exemple, la respiration génée est une addition à l'inflammation de la plêvre, c'est un effet qui en provient, quoique l'inflammation n'affecte pas toute la poitrine: le symptome est une maladie même, entant qu'il est une nouvelle lésion de fonction: mais c'est toujours une dépendance de la lésion qui a existé la premiere, d'où il découle comme de son principe.
La considération de tout ce qui concerne en général
les symptomes de la maladie, leur nature, leur
différence, est l'objet de la troisieme partie de la
Pathologie, qu'on appelle dans les écoles symptomatologie. Voyez
Ce sont les différens symptomes qui font toute la différence des maladies qui ne se manifestent que par leur existence sensible, par leur concours plus ou moins considérable. C'est pour déterminer le caractere propre à chaque genre de maladies, d'où on puisse dériver les especes, & fixer en quelque sorte leur variété infinie, que quelques auteurs sentant que la science des Medecins sera en défaut tant qu'il [p. 932]
On a proposé plusieurs moyens d'établir cette méthode; on en connoit trois principaux, savoir l'ordre alphabétique, l'aithiologique & l'anatomique. Le premier, tel qu'est celui qu'ont adopté Burnet, Manget, consiste à ranger les maladies suivant les lettres initiales de leurs noms grecs, latins ou autres, par conséquent à en former un dictionnaire: mais ces noms étant des signes arbitaires & variables, ne présentent aucune idée qui puisse fixer celle qu'il s'agit d'établir, de la nature, du caractere de chaque maladie.
L'ordre des causes prochaines ou éloignées de chaque maladie, suivi par Juncker, Boerrhaave & d'autres, est sujet à de grands inconveniens & suppose la connoissance du système de l'auteur: ainsi un moyen aussi hypothétique ne paroît pas propre à fixer la maniere de connoître les maladies.
La plus suivie de toutes est l'ordre anatomique,
qui range les maladies, suivant les différens siéges
qu'elles ont dans le corps humain: tel est l'ordre
suivi par Pison, par Sennert, Riviere, &c. dans lequel
on trouve l'exposition des maladies, tant externes
qu'internes, telles qu'elles peuvent affecter
en particulier les différentes parties du corps, comme
les inflammations, les douleurs de la tête, du
cou, de la poitrine, du bas - ventre, des extrémités,
& ensuite celles qui sont communes à toutes
les parties ensemble, telles que la fiévre, & la vérole,
le scorbut, &c. mais cette méthode ne paroît
pas mieux fondée que les autres, & ne souffre pas
moins d'inconvéniens, eu égard sur tout à la difficulté
qu'il y a dans bien des maladies, de fixer le
siége principal de la cause morbifique, dont les effets
s'étendent à plusieurs parties en même - tems,
comme la migraine, qui semble affecter autant l'estomac,
que la tête; le flux hépatique dans lequel
il est très - douteux si le foie est affecté, & qui, selon
bien des auteurs, paroît plutôt être une maladie
des intestins. Voyez
Il reste donc à donner la préférence à l'ordre symptomatique, qui est celui dans lequel on range les maladies, suivant leurs effets, leurs phénomenes essentiels, caractéristiques, les plus évidens & les plus constans; en formant des classes de tous les genres de maladies, dont les signes pathognomoniques ont un caractere commun entr'eux, & dont les différences qui les accompagnent constituent les différentes especes rangées sous chacun des genres, avec lequel elles ont le plus de rapport.
Suivant cette méthode, on doit distinguer en général
les maladies en internes ou médicinales, & en
externes ou chirurgicales; les médicinales sont ainsi
désignées, parce qu'elles intéressent essentiellement
l'oeconomie animale, dont la connoissance appartient
spécialement au médecin proprement dit; c'est - à - dire, à celui qui ayant fait une etude particuliere
de la Physique du corps humain, a acquis les connoissances
nécessaires pour prescrire les moyens
propres à procurer la conservation de la santé, &
la guérison des maladies. Voyez
Les maladies sont dites internes, lorsque la cause morbifique occupe un siége, qui ne tombe pas sous les sens, par opposition aux maladies externes, dont
Les maladies ont plusieurs rapports avec les plantes; c'est par cette considération, que Sydenham avec plusieurs autres auteurs célebres, desiroit une méthode pour la distribution des maladies, qui fût dirigée à l'imitation de celle que les botanistes employent pour les plantes: c'est ce qu'on se propose, en établissant l'ordre symptomatique, dans lequel la différence des symptomes qui peuvent être comparés aux différentes parties des plantes, d'où se tirent les différens caracteres de leurs familles, de leurs genres & de leurs especes, établit aussi les différences des classes, des genres & des especes des maladies.
Mais avant que de faire l'exposition de la méthode symptomatique, il est à - propos de faire connoître les distinctions générales des maladies, telles qu'on les présente communément dans les écoles & dans les traités ordinaires de pathologie.
Les différences principales des maladies sont essentielles, ou accidentelles: commençons par cellesci, qui n'ont rien de relatif à notre méthode en particulier, & dont on peut faire l'application à toute sorte de maladies dans quelqu'ordre que l'on les distribue: les différences essentielles dont il sera traité ensuite, nous rameneron t à celui que nous adopterons ici.
Les différences, qui ne dépendent que des circonstances accidentelles des maladies, quoiqu'elles ne puissent point servir à en faire connoître la nature, ne laissent pas d'être utiles à savoir dans la pratique de la Médecine, pour diriger dans le jugement qu'il convient d'en porter & dans la recherche des indications qui se présentent à remplir pour leur traitement.
Comme les circonstances accidentelles des maladies sont fort variées & sont en grand nombre, elles donnent lieu à ce que leurs différences soient variées & multipliées à proportion; on peut cependant, d'après M. Astruc, dans sa pathologie, cap. ij. de accidentalib. morbor. different. les réduire à huit sortes; savoir, par rapport au mouvement, à la durée, à l'intensité, au caractere, à l'événement, au sujet, à la cause & au lieu.
1°. On appelle mouvement de la maladie, la maniere
dont elle parcourt ses différens tems, qui sont le
principe ou commencement lorsque les symptomes
s'établissent; l'accroissement, lorsqu'ils augmentent
en nombre & en intensité; l'état, lorsqu'ils sont fixés;
le déclin, lorsque leur nombre & leur intensité
diminuent; & la fin, lorsqu'ils cessent; ce qui peut
arriver dans tous les tems de la maladie, lorsque
c'est par la mort. Voyez
2°. La durée de la maladie est différente par rapport à l'étendue, ou à la continuité. Ainsi, on distingue des maladies longues, chroniques, dont le mouvement se fait lentement, comme l'hydropisie; d'autres courtes, sans danger, comme la fiévre éphemere, ou avec danger, comme l'angine, l'apopléxie: celles - ci sont appellées aiguës, dont il n'a pas été fait mention dans l'ordre alphabétique de ce dictionnaire; elles sont encore de différente espece: celles qui font les progrès les plus prompts & les plus violens, avec le plus grand danger, morbi peracuti, se terminent le plus souvent par la mort [p. 933]
3°. L'intensité des maladies est déterminé, suivant que les lésions des fonctions qui les constituent, sont plus ou moins considérables; ce qui établit les maladies grandes, ou petites, violentes ou foibles, comme on le dit, de la douleur, d'une attaque de goutte, &c.
4°. Le caractere des maladies se tire de la différente
maniere dont les fonctions sont lésées: si les
lésions ne portent pas grande atteinte au principe de
la vie, que les forces ne soient pas fort abattues,
que les coctions & les crises s'operent librement;
elles forment des maladies bénignes. Si la disposi
tion manque à la coction, aux crises par le trop
grand abattement, par l'oppressior des forces; les
maladies sont dites malignes. Voyez
5°. Les maladies ne différent pas peu par l'événement;
car les unes se terminent, non - seulement sans
avoir causé aucun danger, mais encore de maniere
à avoir corrigé de mauvaises dispositions, ce qui
les fait regarder comme salutaires; telles sont pour
la plûpart les fiévres éphémeres qui guérissent des
rhumes, & même quelques fiévres quartes, qui ont
fait cesser des épilepsies habituelles. Les autres sont
toujours mortelles, telles que la phthisie, la fiévre
hectique confirmée. D'autres sont de nature à être
toujours regardées comme dangereuses, & par conséquent
douteuses, pour la maniere dont elles peuvent
se terminer; telles sont la pleurésie, la fiévre
maligne, &c. Voyez
6°. Les différences des maladies qui se tirent du sujet ou de l'individu qui en est affecté, consistent,
7°. Les maladies différent par rapport à leur cause, en ce que les unes sont simples, qui ne dépendent que d'une cause de lésion de fonctions; les autres composées qui dépendent de plusieurs, les unes sont produites par un vice antérieur à la génération du sujet, & qui en a infecté les principes, morbi congeniti; les autres sont contractées après la conception, pendant l'incubation utérine & avant la naissance, morbi connati; les unes & les autres sont établies lors de la naissance, comme la claudication, la gibbosité, qui viennent des parens ou de quelques accidens arrivés dans le sein maternel: les premieres sont héréditaires, les autres sont acquises ou adventices, telles que sont aussi toutes celles qui surviennent dans le cours de la vie. On distingue encore respectivement à la cause des maladies, les unes en vraies ou légitimes, qui sont celles qui ont réellement leur siége dans la partie qui paroît affectée; telle est la douleur de côté, qui provenant en effet d'une inflammation de la pleure, est appellée pleurésie; les autres en fausses ou bâtardes; telle est la douleur rhumatismale des muscles intercostaux externes, qui forme la fausse pleurésie avec bien des apparences de la vraie.
8°. Les maladies different enfin par rapport au lieu
où elles paroissent, lorsqu'elles affectent un grand
nombre de sujets en même tems, se répandent &
dominent avec le même caractere dans un pays plutôt
que dans un autre, avec un regne limité; elles
sont appellées maladies épidémiques, c'est - à - dire populaires;
telles sont la petite verole, la rougeole, la
dysenterie, les fievres pestilentielles, &c. Lorsqu'elles affectent sans discontinuer un grand nombre de
personnes dans un même pays, d'une maniere à - peu - près semblable, elles sont appellées endémiques; telles
sont les écrouelles en Espagne, la peste dans le
Levant, &c. Lorsqu'elles ne sont que vaguement répandues
en petit nombre, & sans avoir rien de commun
entr'elles, au - moins pour la plûpart, c'est ce
qu'on appelle maladies sporadiques; telles sont la pleurésie,
la fievre continue, la phthysie, l'hydropisie,
la rage, qui peuvent se trouver en même tems dans
un même espace de pays. Voyez
On peut ajoûter à toutes ces différences accidentelles des maladies, celles qui sont tirées des différentes saisons, où certaines maladies s'établissent, paroissent régner plutôt que d'autres; telles sont les fiévres intermittentes, dont les unes sont vernales, comme les tierces; les autres automnales, comme les quartes; distinction qui renferme toute l'année d'un solstice à l'autre, & qui est importante pour le prognostic & la curation. On ne laisse cependant pas de remarquer dans quelque cas, sur tout par rapport aux maladies aiguës, les maladies d'été & celles d'hiver.
Il y en a de propres aux différens âges, comme la dentition à l'égard des enfans, les croissans aux garçons de l'âge de puberté, les pâles - couleurs aux filles du même âge; les hémorrhoïdes aux personnes de [p. 934]
Enfin on distingue encore les maladies, selon les
Sthaaliens (qui sont aussi appellés animistes, naturistes), en actives & en passives. Les premieres sont
celles dont les symptômes dépendent de la nature,
c'est - à - dire de la puissance motrice, de la force vitale,
de l'action des organes, comme l'hémophtysie,
qui survient à la pléthore, & toutes les évacuations critiques. Voyez
On voit par tout ce qui vient d'être dit des différences accidentelles des maladies, qu'elles ont plusieurs choses communes avec les plantes, parce qu'elles prennent comme elles leur accroissement, plus ou moins vîte ou doucement; que les unes finissent en peu de jours, tandis que d'autres subsistent plusieurs mois, plusieurs années; il y a des maladies qui, comme les plantes, semblent avoir cessé d'exister, mais qui sont vivaces, & dont les causes, comme des racines cachées qui poussent de tems en tems des tiges, des branches, des feuilles, produisent aussi différens symptômes; telles sont les maladies récidivantes. De plus, comme il est des plantes parasites, il est des maladies secondaires entretenues par d'autres, avec lesquelles elles sont compliquées. Comme il est des plantes qui sont propres à certaines saisons, à certains climats, à certains pays, & y sont communes; d'autres que l'on voit par - tout repandues ça & là, sans affecter aucun terrein particulier; d'autres qui sont susceptibles d'être portées d'une contrée dans une autre, de les peupler de leur espece, & d'en disparoître ensuite; il en est aussi de même, comme il a été dit ci - devant, de plusieurs sortes de maladies.
Telle est en abrégé l'exposition des différences accidentelles des maladies: nous ne dirons qu'un mot des différences essentielles, qui seront suffisamment établies par la distribution méthodique des maladies mêmes qui nous restent à exposer.
Comme la maladie est une lésion des fonctions des
parties, il s'ensuit que l'on a cru pouvoir distinguer
les maladies en autant de genres différens, qu'il y en
a de parties qui entrent dans la composition du corps
humain, dont les vices constituent les maladies. Ainsi
comme il est composé en général de parties solides
& de parties fluides; il est assez généralement reçu
dans les écoles, & admis dans les traités de Pathologie qui leur sont destinés, de tirer de la considération
des vices de ces parties principales ou fondamentales,
les différences essentielles des maladies. On
en établit donc de deux sortes; les unes qui regardent
les vices des solides, les autres ceux des fluides
en général; sans avoir égard aux sentimens des
anciens, qui n'admettoient point de vices dans les
humeurs, & n'attribuoient toutes les maladies qu'aux
vices des solides, aux différentes intempéries. Voyez
On distingue les maladies des solides, selon la plupart des modernes, en admettant des maladies
Quant aux fluides, on leur attribue différentes maladies, selon la différence de leur quantité ou de leur qualité vicieuse.
Enfin on considere encore les maladies qui affectent en même tems les parties solides & les parties fluides.
Mais comme il est assez difficile de concevoir les deux premieres distinctions, en tant qu'elles ont pour objet les vices des solides, distingués de ceux des fluides, & qu'il ne paroît pas qu'il puisse y avoir réellement de pareille différence, parce que le vice d'un de ces genres de parties principales, ne peut pas exister sans être la cause ou l'effet du vice de l'autre; il s'ensuit qu'il est bien plus raisonnable & bien plus utile de considérer les maladies telles qu'elles se présentent, sous les sens que l'on peut les observer, que de subtiliser d'après l'imagination & par abstraction, en supposant des genres de maladies, tels que l'économie animale ne les comporte jamais chacun séparément.
Ainsi, d'après ce qui a été remarqué précédemment, par rapport aux inconvéniens que présentent les méthodes que l'on a suivies pour l'exposition des maladies, & eu égard aux avantages que l'on est porté consequemment à rechercher dans une méthode qui soit plus propre que celles qui sont le plus usitées à former le plan de l'histoire des maladies; il paroît que la connoissance des maladies tirée des signes ou symptômes évidens, & non pas de certaines causes hypothétiques, purement pathologiques, doit avoir la préférence à tous égards. Il suffira vraissemblablement de présenter la méthode symptomatique déja annoncée, pour justifier la préférence que l'on croit qu'elle peut mériter, à ne la considérer même que comme la moins imparfaite de toutes celles qui ont été proposées jusqu'à présent.
Elle consiste donc à former dix classes de toutes les maladies, dont les signes pathognomoniques, les effets essentiels ont quelque chose de commun entre eux bien sensiblement, & ne different que par les symptômes accidentels, qui servent à diviser chaque classe en différens genres, & ces genres en différentes especes.
Dans la méthode dont il s'agit, toutes les maladies étant distinguées, comme il a été dit, en internes & en externes, en aiguës & en chroniques, on les distingue encore en universelles & en particulieres. Les maladies ordinairement aiguës forment la premiere partie de la distribution; les maladies ordinairement chroniques forment la seconde, & les maladies chirurgicales forment la troisieme.
I. Classe. Maladies fébriles simples. Caractere. La
fréquence du poulx, avec lésion remarquable & constante
de différentes fonctions, selon les différens genres
& les différentes especes de fievres. Voyez
Les maladies de cette classe sont divisées en trois sections. La premiere est formée des fievres intermittentes, dont les principaux genres sont la fievre quotidienne, la tierce, la quarte, l'erratique (les [p. 935]
II. Classe. Maladies fébriles composées ou inflammatoires.
Caractere. La fievre avec redoublemens irréguliers,
accompagnée d'inflammation interne ou externe,
marquée dans le premier cas par la douleur de la
partie affectée, avec différens symptômes relatifs à la
disposition de cette partie; dans le second cas, par la
tumeur, la rougeur, la chaleur, qui sont le plus souvent
sensibles dans la partie enflammée, & par d'autres
symptômes absolus & relatifs, comme à l'égard
de l'inflammation interne. Voyez
Les maladies fébriles ou inflammatoires sont divisées en trois sections; savoir, 1°. les inflammations des visceres parenchymateux, comme le cerveau, les poumons, le foie. Les genres différens sont le sphacélisme ou l'inflammation du cerveau dans sa substance; la péripneumonie, l'hépatite ou l'inflammation du foie, celle de la rate, des reins, de la matrice. 2°. Les inflammations des visceres membraneux, comme les meninges, la plevre, le diaphragme, l'estomac, les intestins, la vessie, &c. Les genres sont l'esquinancie, la pleurésie la paraphrénésie, la gastrite ou l'inflammation du ventricule, l'enthérite ou l'inflammation des intestins, celles de la vessie. 3°. Les inflammations cutanées ou exantnemateuses, dont les genres sont la rougeole, la petite - vérole, la fievre milliaire, la fievre pourprée, la scarlatine, l'érésipelateuse, la fievre pestilentielle.
III. Classe. Maladies convulsives ou spasmodiques.
Caractere. La contraction musculaire, irréguliere,
constante, ou par intervalle, par secousses ou vibrations: le mouvement, la rigidité d'une partie
indépendamment de la volonté à l'égard des organes
qui y sont soumis. Voyez
Ces maladies sont distinguées en rois sections. 1°. Les maladies toniques, qui consistent dans une contraction, qui se soutient constamment, avec roideur, dans une partie musculeuse, ou dans tous les muscles du corps en même tems. Les genres de cette section sont, le spasme, auquel se rapportent le strabisme, le priapisme, &c. la contracture qui est la rigidité qui se fait insensiblement dans une partie, le tétane qui est la roideur convulsive, auquel se rapportent l'épisthotône, l'emprostotône, &c. le catoche, qui est la roideur spasmodique. 2°. Les maladies convulsives proprement dites, que l'on peut appeller cloniques, avec quelques praticiens, parce qu'elles consistent dans une irrégularité de vibrations musculaires de mouvemens involontaires, de tremblement dans les organes, qui en sont susceptibles, indépendamment d'aucune fievre inflammatoire. Les genres sont la convulsion proprement dite, qui est le mouvement convulsif d'une partie, sans perte de connoissance, le srisson, la convulsion hystérique, ou les vapeurs, l'hieranosos, ou la convulsion générale sans perte de sentiment, l'épilepsie, le tremblement sans agitation considérable des parties affectées, le scelotyrbe ou la danse de S. Wit, le bériberi des indiens, la palpitation. 3°. Les maladies dyspnoiques, c'est - à - dire, avec gêne, spasme, ou mouvement convulsif dans les organes de la respiration. Les genres sont l'éphialte ou cochemar, l'angine spasmodique ou convulsive, la courte ha<cb->
I V. Classe. Maladies paralytiques. Caractere. La privation du mouvement & du sentiment, ou au moins de l'un des deux.
Cette classe est partagée en trois sections, qui renferment les différens genres de maladies paralytiques. 1°. Les syncopales, qui consistent dans l'abattement, la privation des forces indépendamment de la sievre, &c. Les genres sont la syncope, proprement dite, la léypothymie ou défaillance, l'asphicie, l'asthémie. 2°. Les affections soporeuses, qui sont celles où il y a une abolition ou diminution très - considérable du sentiment & du mouvement dans tout le corps, avec une espece de sommeil profond & constant, sans cessation de l'exercice des mouvemens vitaux. Les genres sont l'apoplexie, le carus ou assoupissement contre nature, le cataphora ou subeth, qui est le coma somnolentum, la léthargie, la typhomanie, ou le sommeil simulé, involontaire, la catalepsie. 3°. Les paralysies externes ou des organes du mouvement & des sens. Les genres sont l'émiplégie, la paraplégie, la paralysie d'un membre, la cataracte, la goutte sereine, la vûe trouble, la surdité, la perte de l'odorat, la mutité, le dégoût, l'inappétence, l'adipsée ou l'abolition de la sensation de la soif, l'athecnie ou l'impuissance.
V. Classe. Maladies dolorifiques. Caractere. La douleur
plus ou moins considérable par son intensité,
par son étendue, & par sa durée, sans aucune agitation
convulsive, évidente, sans fievre inflammatoire,
& sans évacuation de conséquence; en sorte
que le sentiment douloureux est le symptôme dominant.
Voyez
On distingue ces maladies entre elles par les douleurs
vagues & par les douleurs fixes ou topiques;
ce qui forme deux sections principales. 1°. Les différens
genres de douleurs, qui affectent différentes
parties successivement, ou plusieurs en même tems;
telles sont la goutte & toutes les affections arthritiques,
le rhumatisme, la catarre, la démangeaison
douloureuse des parties externes, appellée prurit,
l'anxiété à laquelle se rapportent la jectigation, la
lassitude douloureuse. 2°. Les genres différens de
douleurs fixes, topiques, telles que la céphalalgie
ou le mal de tête sans tension, la cephalée ou le
mal de tête avec tension, la migraine, le clou,
qui est très - souvent un symptôme d'histéricité, l'ophtalgie
ou la douleur aux yeux, l'odontalgie ou le
mal aux dents, la douleur à l'oreille, le soda, vulgairement
cremoison, la gastrique ou douleur d'estomac,
la douleur au foie (voyez
V I. Classe. Maladies qui affectent l'esprit, qu'on peut appeller avec les anciens maladies paraphroniques. Caractere. L'altération ou l'aliénation de l'esprit, la dépravation considérable de la faculté de penser, en tant que l'exercice de cette faculté, sans cesser de s'en faire, souvent même rendu plus actif, n'est pas conforme à la droite raison, & peut en général être regardé comme un état de délire, sans fievre, [p. 936]
L'aliénation de l'esprit est susceptible de beaucoup de variété, soit pour son intensité, soit pour sa durée, soit pour ses objets; c'est ce qui fournit la division de cette classe en trois sections. 1°. Les maladies mélancholiques qui dépendent d'un exercice excessif & dépravé de la pensée, du jugement & de la raison. Les genres sont la démence, la folie, la mélancholie, proprement dite, la démonomanie, à laquelle se rapportent le délire des sorciers, celui des fanatiques, celui des wampires, des loups garoux, &c. la passion hypochondriaque, l'hystérique, le somnambulisme, la terreur panique. 2°. Les maladies de l'imagination affoiblie, dont l'exercice est comme engourdi. Les genres sont la perte de la mémoire, la stupidité, le vertige. 3°. Les maladies de l'esprit, qui sont une dépravation de la volonté, un déreglement des desirs par excès ou par défaut, esset du vice des organes de l'imagination ou de ceux des sens. Les genres sont la nostralgie ou maladie du pays, l'érotomanie, le satyriasis, la fureur utérine, la rage, les envies, c'est - à - dire les appétits déréglés, à l'égard des alimens, de la boisson, & autres choses extraordinaires, la faim canine, la soif excessive, le narautisme, qui consiste dans un desir insurmontable de sauter, de danser hors de propos, l'antipathie, l'hydrophobie.
VII. Classe. Maladies évacuatoires. Caractere. Pour
symptome principal, une évacuation extraordinaire,
primitive, constante, & considérable par sa
quantité ou par les efforts violens qu'elle occasionne.
Voyez
Cette classe est composée de trois sections, qui comprennent, 1°. les maladies évacuatoires, dont les écoulemens sont sanglans ou rougeâtres. Genres. L'hémorrhagie, le stomacace ou saignement des gencives, l'émophtysie, le vomissement de sang, la dysenterie sanglante, le flux hépatique, le pissement de sang, le flux hémorrhoidal, la perte de sang, la sueur sanglante. 2°. Les maladies évacuatoires à écoulement séreux ou blanchâtre, dont la matiere est ou la lymphe, ou l'urine, ou la sueur, ou la salive, le chyle, la semence, le lait utérin, &c. Genres. L'épiphora, ou l'écoulement des larmes contre nature, le flux des oreilles, le flux des narines, que Juncker désigne sous le nom de phlegmatorrhagie, le corya, le ptyalisme ou la salivation, la vomique, l'anacatharre, ou expectoration extraordinaire, le diabête, l'incontinence d'urine, les fleurs blanches, les lochies laiteuses ou séreuses, immodérées, la gonorrhée. 3°. Les maladies dans lesquelles la matiere des évacuations est de diverse couleur & consistence. Genres. Le vomissement, la diarrhée, la lienterie, la coeliaque, le choleramorbus, les ventosités.
VIII. Classe. Maladies cachectiques. Caractere. La
cachexie, c'est à - dire la dépravation générale ou
fort étendue de l'habitude du corps, qui consiste
dans le changement contre nature de ses qualités
extérieures; savoir, dans la figure, le volume, la
couleur, & tout ce qui est susceptible d'affecter les
sens, par l'effet d'un vice dépendant ordinairement
de celui de la masse des humeurs. Voyez
Cette classe est divisée en quatre sections, qui renferment 1°. les cachexies, avec diminution excessive du volume du corps. Genres. La consomption,
IX. Classe. Affections superficielles, la premiere
des deux classes des maladies chirurgicales. Caracteres.
Ce sont toutes les mauvaises dispositions topiques,
simples de la surface du corps, qui blessent l'intégrité,
la beauté, ou la bonne conformation des
parties externes par le vice de la couleur, du volume,
ou de la figure ou de la situation, sans causer
directement aucune autre lésion importante de fonctions;
ce qui distingue ces maladies des fievres inflammatoires
& exanthémateuses, & des affections
cachectiques. Voyez
Cette classe est divisée en deux sections, qui comprennent 1°. les affections externes sans prominence, ou toûjours sans fievre primitive & ordinairement dans la plûpart sans élévation considérable, comme les taches & les efflorescences. Genres. Le leucome, la lepre des Juifs, le hâle, les rousseurs, les bourgeons, le feu volage, les marques qu'on appelle envies, l'échimose, la meurtrissure, l'ébullition de sang, les élevûres, les boutons, les pustulles, les phlyctenes. 2°. Les affections des parties externes, avec prominence considérable. Genres. Les enflûres circonscrites, humorales, dolentes, telles que les tumeurs phlegmoneuses, érésypélateuses, chancreuses, osseuses, les bubons, les parotydes, les furoncles, le panaris, le charbon, le cancer, les aphtes sans fievre. 2°. Les enflûres circonserites, indolentes. Genres. Les excroissances dans les parties molles, telles que le sarcome, le polype, les verrues, les condylomes, les tumeurs enkistées, comme l'anévrysme, la varice, l'hydatide, le staphylome, l'abscès ou apostème, les loupes, l'athérome, le stéatome, le méliceris, le broncocele ou gouetre, les tumeurs dans les parties dures, comme l'exostose, le spina ventosa, la gibbosité, les tumeurs, les difformités rachitiques.
X. Classe. Maladies dialitiques, c'est la seconde
classe des maladies chirurgicales. Caractere. La séparation
contre nature accidentelle des parties du
corps entr'elles, avec solution de continuité ou de
contiguité. Voyez
Cette classe est divisée en deux sections, qui comprennent 1°. les maladies de séparation avec déperdition de substance. Genres. La plaie, avec enlevement de quelque partie du corps, l'ulcere, la carie. 2°. Les maladies de séparation, sans déperdition de substance. Genres. La plaie simple, la fracture, les luxations, tant des parties molles, que des parties dures, c'est - à - dire le déplacement de ces différentes [p. 937]
Tel est le plan d'une méthode générale, d'après laquelle on peut entreprendre, avec ordre, l'histoire des maladies, qui est susceptible de presqu'autant de précision, que la botanique. En effet, après avoir déterminé, comme on le fait pour les plantes, ce que les maladies ont de commun entr'elles, comme l'est la végétation à l'égard de celles - là, on recherche ce qui les distingue en général à raison ou de leur nature, pour en former des classes différentes qui rassemblent les maladies, qui ont le plus de rapport entr'elles, c'est - à - dire que chaque classe est formée des maladies en plus ou moins grand nombre, dont les symptomes principaux ont beaucoup de ressemblance. Mais comme il en est entr'eux de susceptibles d'être encore distingués plus en détail, & d'une maniere plus caractéristique de ressemblance; des maladies susceptibles de cette différence, il en a résulté la formation des genres; & ensuite, par la description des symptomes particuliers à chaque difrente maladie du même genre, s'est établie la diffésérence des especes, qui dépend de la variété des circonstances sensibles qui accompagnent le caractere de chaque genre de maladies.
La péripneumonie seche, par exemple, qui dépend d'une inflammation éresipélateuse, est bien différente par ses effets, & conséquemment par rapport au prognostic & à sa curation, de la péripneumonie phlegmoneuse, humide ou catarreuse. De même, l'asthme qui est produit par une goutte remontée, c'est - à - dire qui survient lorsque l'humeur de la goutre change de siege & se porte par métastase dans la substance des poumons; cet asthme donc a des symptomes spécifiques bien différens de ceux des autres sortes d'asthmes: on doit aussi se comporter bien différemment dans le jugement & le traitement de cette maladie: ainsi ce sont là des maladies qui, sous le même nom générique, nc laissent pas d'être distinguées d'une maniere bien marquée les unes des autres, ce qui forme la différence des espèces sous un même genre; comme sous le nom générique de chardon se trouve compris un grand nombre de plantes bien différentes entr'elles, qui forment autant d'especes de chardons, parce qu'elles ont toutes quelque chose de particulier, comme elles ont aussi quelque chose d'essentiellement commun entr'elles, c'est - à - dire un caractere dominant, un grand nombre de rapports, ce qui fait qu'on les range toutes sous un même genre.
Cette maniere de faire l'exposition des maladies, de les distribuer par classes, genres & especes, comme on le pratique pour les plantes, si différente de celle des Arabes, qui a dominé dans les écoles & dans les livres de Pathologie, a été présentée, desirée, proposée, approuvée par la plûpart des plus grands maîtres de l'art parmi les modernes, tels que Plater, Sydenham, Matgrave, Baglivi, Neuter, Boerhaave, comme la plus propre à former le plan d'une histoire des maladies. Cependant cette méthode sans doute, parce qu'elle demande trop de travail, n'a encore été employée & même seulement ébauchée que par M. de Sauvage, célebre professeur de Montpellier, grand botaniste, dans son livre des nouvelles classes des maladies, édition d'Avignon 1731, qu'il a retracée dans sa Pathalogie, Pathologia methodica, &c. Amstelod. 1752, & dont il fait espérer une nouvelle édition aussi complette qu'elle en est susceptible, qui ne pourra
Il contient le dénombrement des classes des maladies, de leurs genres, avec leurs caracteres particuliers & leurs especes indiquées par des qualifications distinctives, ce qu'on appelle des phrases à l'imitation de celles qui sont employées par les botanistes; ensorte que ces especes sont ainsi sommairement désignées telles qu'elles ont été observées en détail par les auteurs cités à la suite de ces qualifications.
C'est d'après cet essai de M. de Sauvage que vient d'être exposée ici en abrégé la méthode symptomatique de distribution des maladies par classes & par genres, à quoi il auroit été trop long d'ajouter les especes, comme a fait cet auteur, que l'on peut consulter, selon lui, dans la préface du livre dont il vient d'être fait mention: le nombre des especes des maladies est actuellement porté à environ trois mille bien caractérisées par des signes, qui paroissent constamment toutes les fois que la même cause est subsistante dans les mêmes circonstances, qui produit toujours les mêmes effets essentiels; ensorte qu'en général la marche de la nature est essentiellement la même chose dans le cours de chaque espece des maladies, malgré la différence de l'âge, de sexe, du tempérament du sujet; malgré la différence du climat, de la saison, de la position par rapport au lieu d'habitation.
Toutes ces différentes circonstances peuvent bien contribuer à procurer quelques différences dans les symptomes accidentels de la maladie spécifique; mais elles ne changent presque jamais les symptomes caractéristiques, tels, par exemple, que, dans le genre de fievres exanthémateuses, qu'on appelle petite - vérole, l'éruption inflammatoiré, la suppuration, qui, dans cette maladie lorsqu'elle parcourt ses tems, arrivent constamment à des jours marqués, selon la différence de sa nature particuliere, qui peut aussi produire des accidens bien différens qui sont réguliers, pour distinguer la petite - vérole discrete de la confluente ou irréguliere, qui établissent une différence entre la petite - vérole bénigne & la maligne, la simple & la compliquée, ce qui forme les différentes modifications de ce genre de maladie.
Mais quoique le caractere connu de chaque genre & de chaque espece de maladie ne soit point susceptible de changer originairement & essentiellement, cependant une fois établi, il arrive quelquefois qu'il change par substitution ou par addition, ce qui est, selon les Grecs, par métaptose & par épigenese.
La métaptose ou substitution est le changement qui se fait, de maniere que tous les symptomes de la maladie sont remplacés par d'autres tous différens. On distingue deux sortes de métaptose, le diadoche & la métaptose: la premiere, lorsque la cause morbifique change entiérement de siege, est transportée d'une partie à une autre, sans effort critique, qui opere ce changement, & comme par voie de sécrétion de mouvemens naturels: c'est ainsi que le diabete survient à l'ascite, ou que le flux hémorrhoidal fait cesser l'asthme pléthorique: la seconde espece de métaptose, lorsque, par un effort de la nature, il se fait un transport de la matiere morbisique d'une partie à une autre; comme lorsque les parotides surviennent dans la fievre maligne, que l'asthme sur<pb-> [p. 938]
L'épigenese ou addition est le changement qui se
fait dans une maladie, entant qu'il paroît de nouveaux
symptomes, sans aucune cessation de ceux
qui subsistoient auparavant; par conséquent c'est
un état qui est toujours plus fâcheux pour le malade: c'est ainsi que ce ténesme, qui survient à la
diarrhée dans la grossesse, est souvent cause de l'avortement;
que le spasme, qui est une suite de la
superpurgation, est souvent mortel. Ces symptomes
ajoûtés à la maladie, sont appellés épiphénomenes;
ils font tout le sujet du septieme livre des aphorismes
d'Hippocrate. Voyez
Ce seroit ici le lieu de faire mention en général
de tout ce qui a rapport aux symptomes, avec signes
diagnostics & prognostics, & au traitement des maladies; mais, pour se conformer aux bornes prescrites
dans un dictionnaire, & pour éviter les répétitions,
voyez
Maladie des comices (Page 9:938)
Maladie herculéenne (Page 9:938)
Maladie hongroise (Page 9:938)
Cette maladie paroît d'ordinaire en automne,
après une saison pluvieuse, dans les lieux humides,
marécageux, où les habitans ont manqué de bonne
eau & de bonne nourriture. La fievre de cette espece
est en conséquence contagieuse & fréquente
dans les camps & les armées. Voyez le traité du d
Les causes pathognomiques de la maladie hongroise hors de la contagion, autant qu'on en peut juger, semblent être une matiere bilieuse, âcre, putride, qui s'est en partie rassemblée à l'orifice de l'estomac, & en partie mêlée avec les autres humeurs dans la circulation.
Cette matiere bilieuse, âcre, putride, adhérente au ventricule, cause la cardialgie, le mal de tête par la communication des nerfs, une chaleur & une ardeur mordicante, l'anoréxie, l'anxiété, les nau<cb->
Cette maladie se guérit par des vomissemens naturels, ou par un cours - de - ventre bilieux; la guérison n'est qu'incomplette par les urines ou par des sueurs. Si la matiere morbifique reste dans le corps, elle prolonge la maladie au delà du cours des maladies aiguës, produit la sécheresse ou la saleté de la langue, des anxiétés, la difficulté de respirer, l'esquinancie, la surdité, l'assoupissement, le délire, la phrénésie, & quelquefois une hémorrhagie symptomatique. Rarement cette maladie se termine par un abscès ou des parotides, mais elle amene des pétéchies, ou dégénere en sphacele sur les extrémités.
La méthode curative, lorsque la cause procede d'une mauvaise nourriture, est d'abord un vomitif diluent. Si les maux de tête & du bas - ventre s'y trouvent joints, les purgatifs doux, antiphlogistiques, sont préférables aux vomitifs; quand la maladie provient de contagion sans aucun signe de dépravation d'humeurs, il faut employer dans la cure les acides & les antiputrides, en tenant le ventre libre. La saignée & les échauffans doivent être évités comme contraires aux principes de l'art.
Cette maladie est quelquefois si cruelle dans des tems de contagion, que Schuckius, qui en a fait un traité, la nomme lues pannonioe, & en allemand, ungarische pest. (D. J.)
Maladie jaune (Page 9:938)
Maladie imaginaire (Page 9:938)
Cette triste folie répand dans l'ame des inquiétudes
perpétuelles, détruit insensiblement la force
des organes du corps, & ne tend qu'à affoiblir la
machine, & en hâter la destruction. C'est bien pis, si
cet homme effrayé se jette dans les drogues de la pharmacie,
& s'il est assez heureux au bout de quelque
tems, pour qu'on puisse lui adresser le propos que
Béralde tient à Argan dans Moliere:
Maladie noire (Page 9:938)
La maladie noire qui est assez rare, attaque principalement
les hystériques, hypocondriaques, ceux
qui ont des embarras dans les visceres du bas - ventre,
sur - tout dans les vaisseaux qui aboutissent à la veine
porte, dans les voies hémorrhoïdales; les personnes
dans qui les excrétions menstruelles & hémorrhoïdales
sont supprimées y sont les plus sujettes. On ne
connoît point de cause évidente qui produise particulierement
cette maladie, on sait seulement que les
peines d'esprit, les soucis, les chagrins y disposent,
& il y a lieu de présumer qu'elle se prépare de loin,
& qu'elle n'est qu'un dernier période de l'hypocondriacité
& de la mélancolie: voyez ces mots. Les matieres
qu'on rend par les selles & le vomissement ne
sont point un sang pourri, comme quelques médecins
modernes peu exacts ont pensé, confondant ensemble
deux maladies très - différentes; la couleur
variée qu'on y apperçoit, leur goût, l'impression
qu'elles font sur le gosier, sur les dent; la fermentation
qui s'excite lorsqu'elles tombent à terre, &
tout en un mot nous porte à croire que c'est véritablement
la bile noire,
La maladie noire d'Hippocrate dont il est ici question, a été défigurée, mal interprétée, ou confondue avec une autre maladie dans un petit mémoire qu'on trouve inséré dans le journal de Médecine (mois de Fevrier 1757, tom. VI. pag. 83.). L'auteur rapporte quelques observations de malades qu'il prétend attaqués de la maladie noire d'Hippocrate; il dit que les matieres rendues par les selles étoient un sang corrompu, gangrené, qu'on ne pouvoit méconnoître à la couleur & à l'odeur cadavéreuse, & que les acides lui ont presque toujours réussi dans la guérison de cette maladie qu'il croit produite par le fameux & imaginaire alkali spontané de Boerrhaave: il tâche d'ailleurs de distinguer avec soin cette maladie de celle qu'on observe chez les hypocondriaques, & qui est marquée par l'excrétion des excrémens noirâtres, semblables à la poix par leur consistance & leur couleur, & qui est cependant la vraie dans le sens d'Hippocrate, de Coelius Aurelianus, de Fréderic Hoffman, &c. Ce qui prouve encore ce que j'ai avancé plus haut que ce que ces malades vomissoient n'étoit que de la bile altérée, dégénérée, c'est qu'elle a différentes couleurs plus ou moins foncées, tantôt exactement noire, d'autrefois brune, quelquefois verte, &c. & lorsque la maladie prend une bonne tournure, la couleur des excrémens s'éclaircit par nuances jusqu'à ce qu'ils deviennent jaunâtres, comme cet auteur dit l'avoir lui - même observé, les selles prirent une nuance plus claire; & comme le prouve une autre observation rapportée dans le même journal (Juin 1758, tome VIII. pag. 517.), où il est dit qu'après quelques remedes ce que le malade rendoit n'étoit plus noir, mais d'un jaune verdâtre. Il peut bien arriver que dans quelques sujets scorbutiques, dans des gangrenes internes, dans une hémorrhagie des intestins, on rende par les selles un sang noirâtre, sur - tout si dans le dernier cas il a croupi long - tems avant d'être évacué: mais ce sera une maladie particuliere tout - à - fait différente de celle dont il est ici question. L'auteur de ce journal M. de Vandermonde, médecin de Paris, a aussi fort improprement caractérisé du titre de maladie noire, une fievre maligne accompagnée d'exanthèmes noirs & de déjections de la même couleur. (Mai 1757, tome VI. pag. 336.)
Le pronostic de cette maladie est presque toûjours très - fâcheux. Hippocrate a décidé que les déjections noires, l'excrétion de l'atrabile, ayant lieu sans fiévre ou avec fiévre, au commencement ou à la fin d'une maladie, étoient très - dangereuses (lib. IV. aphor. 21 & 22.); & que si on l'observoit dans des personnes exténuées, épuisées par des débauches, des blessures, des maladies antérieures, on pouvoit pronostiquer la mort pour le lendemain (aphor. 23.). Lorsque la mort ne termine pas promptement cette maladie, elle donne naissance à l'hydropisie ascite, qui est alors déterminée par les embarras du bas - ventre, qui augmentent & prennent un caractere skirrheux; Marcellus Donatus, Dodonée & quelques autres rapportent des exemples de cette terminaison. On a vû quelquefois aussi, [p. 940]
Il est rare qu'on puisse administrer efficacement
des remedes dans cette maladie; ceux cependant qui
paroissent devoir être les moins infructueux, soit
pour soulager, ou même pour guérir tout - à - fait,
s'il est encore tems, sont les auti - spasmodiques,
les calmans, les terreux, les fondans aloetiques, les
savonneux, les martiaux, &c. Ces différens remedes,
prudemment administrés & habilement variés
suivant les cas, remplissent toutes les indications
qu'on peut se proposer. Ainsi le camphre, le nitre,
le castor, pourront être employés avec succès lorsque
les spasmes sont fréquens, les coliques vives,
les douleurs aigues; & lorsque les matieres, rejettées
par le vomissement ou les selles, manifestent
leur acidité par le sentiment d'adstriction qu'elles
impriment à la bouche, par l'agacement des dents,
par le goût, &c. c'est le cas de faire usage des absorbans
terreux. Les autres remedes fondans, savonneux,
l'aloës, le tartre vitriolé, le savon, la rhubarbe,
les préparations de Mars & sur - tout les eaux minérales
& ferrugineuses, sont plus appropriés au
fond de la maladie; leur action consiste à corriger
la bile, à en rendre le cours libre & facile, & à
emporter les embarras du bas ventre. Il faut seconder
leurs effets par des purgatifs convenables, ménalagogues,
qu'il faut, suivant le conseil d'Hippocrate, réitérer souvent. On doit bannir du traitement
toutes les compositions huileuses, fades, sucrées,
grasses, & sur - tout les acides qui ne feroient qu'aigrir
la maladie, ou du moins seroient inutiles, comme
l'ont éprouvé ceux qui ont voulu les employer
(voyez l'observ. citée journal de Médec. Juin 1758.),
animés par leurs merveilleux succès dans les prétendues
maladies noires dont on donne l'histoire. (Ibid.
Février 1757, pag. 83.) M.
Maladie de vierge (Page 9:940)
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