ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"779"> laccordoit ces quatre cordes, qui constituoit les trois genres, diatonique, chromatique & enharmonique.

L'addition d'une cinquieme corde produisit le pentacorde, dont Pollux attribue l'invention aux Scythes. On avoit sur cet instrument la consonnance de la quinte, outre celle de la tierce & de la quarte que donnoit déja le tétiacorde. Il est dit du musicien Phrynis, que de sa lyre à cinq cordes il tiroit douze sortes d'harmonies, ce qui ne peut s'entendre que de douze chants ou modulations différentes, & nullement de douze accords, puisqu'il est manifeste que cinq cordes n'en peuvent former que quatre, la deuxieme, la tierce, la quarte & la quinte.

L'union de deux tétracordes joints ensemble, de maniere que la corde la plus haute du premier devient la base du second, composa l'heptacorde, ou la lyre à sept cordes, la plus en usage & la plus célebre de toutes.

Cependant, quoiqu'on y trouvât les sept voix de la musique, l'octave y manquoit encore. Simonide l'y mit enfin, selon Pline, en y ajoutant une huitieme corde, c'est - à - dire en laissant un ton entier d'intervalle entre les deux tétracordes.

Long - tems après lui, Timothée Milésien, qui vivoit sous Philippe roi de Macédoine vers la cviij. olympiade, multiplia les cordes de la lyre jusqu'au nombre de douze, & alors la lyre contenoit trcis tétracordes joints ensemble, ce qui faisoit l'étendue de la douzieme, ou de la quinte par - dessus l'octave.

On touchoit de deux manieres les cordes de la lyre, ou en les pinçant avec les doigts, ou en les frappant avec l'instrument nommé plectrum, PLHXTRON, du verbe PLH/TTEIN ou PLW=SEIN, percutere, frapper. Le plectrum étoit une espece de baguette d'ivoire ou de bois poli, plutôt que de métal pour épargner les cordes, & que le musicien tenoit de la main droite. Anciennement on ne jouoit point de la lyre sans plectrum; c'étoit manquer à la bienséance que de la toucher avec les doigts; & Plutarque, cité par Henri Etienne, nous apprend que les Lacédémoniens mirent à l'amende un joueur de lyre pour ce sujet. Le premier qui s'affranchit de la servitude du plectrum fut un certain Epigone, au rapport de Pollux & d'Athénée.

Il paroît par d'anciens monumens & par le témoignage de quelques auteurs, qu'on touchoit des deux mains certaines lyres, c'est - à - dire qu'on en pinçoit les cordes avec les doigts de la main gauche, ce qui s'appelloit jouer en - dedans, & qu'on frappoit ces mêmes cordes de la main droite armée du plectrum, ce qui s'appelloit jouer en - dehors. Ceux qui jouoient sans plectrum, pouvoient pincer les cordes avec les doigts des deux mains. Cette maniere de jouer étoit pratiquée sur la lyre simple, pourvu qu'elle eût un nombre de cordes suffisant, & encore plus sur la lyre à double cordes. Aspendius, un des plus fameux joueurs de lyre dont l'histoire sasse mention, ne se servoit que des doigts de la main gauche pour toucher les cordes de cet instrument, & il le saisoit avec tant de délicatesse, qu'il n'étoit presque entendu que de lui - même; ce qui lui fit appliquer ces mots, mihi & fidibus cano, pour marquer qu'il ne jouoit que pour son unique plaisir.

Toutes ces observations que je tire de M. Burette sur la structure, le nombre des cordes, & le jeu de la lyre, le conduisent à rechercher quelle sorte de concert pouvoit s'exécuter par un seul instrument de cette espece; mais je ne puis le suivre dans ce genre de détail. C'est assez de dire ici que la lyre à trois ou quatre cordes n'étoit susceptible d'aucune symphonie; qu'on pouvoit sur le pentacorde jouer deux parties à la tierce l'une de l'autre; enfin que plus le nombre des cordes se multiplioit sur la lyre, plus on trouvoit de facilité à composer sur cet instrument des airs qui fissent entendre en même tems différentes parties. La question est de savoir si les anciens ont profité de cet avantage, & je crois que s'ils n'en tirerent pas d'abord tout le parti possible, du moins ils y parvinrent merveilleusement dans la suite.

De - là vient que les poëtes n'entendent autre chose par la lyre que la plus belle & la plus touchante harmonie. C'est par la lyre qu'Orphée apprivoisoit les bêtes farouches, & enlevoit les bois & les rochers; c'est par elle qu'il enchanta Cerbere, qu'il suspendit les tourmens d'Ixion & des Danaïdes; c'est encore par elle qu'il toucha l'inéxorable Pluton, pour tirer des enfers la charmante Furidice.

Aussi l'auteur de Télémaque nous dit, d'après Homere, que lorsque le prêtre d'Apollon prenoit en main la lyre d'ivoire, les ours & les lions venoient le flatter & lécher ses piés; les satyres sortoient des sorêts, pour danser autour de lui; les arbres même paroissoient émus, & vous auriez cru que les rochers attendris alloient descendre du haut des montagnes aux charmes de ses doux accens; mais il ne chantoit que la grandeur des dieux, la vertu des héros & le mérite des rois, qui sont les peres de leurs peuples.

L'ancienne tragédie grecque se servoit de la lyre dans ses choeurs. Sophocle en joua dans sa piece nomméee Thamyris, & cet usage subsista tant que les choeurs conserverent leur simplicité grave & majestueuse.

Les anciens monumens de statues, de bas - reliefs & de médailles nous représentent plusieurs figures différentes de lyre, montées depuis trois cordes jusqu'à vingt, selon les changemens que les Musiciens sirent à cet instrument.

Ammien Marcellin rapporte que de son tems, & cet auteur vivoit dans leiv. siecle de l'ere chrétienne, il y avoit des lyres aussi grosses que des chaises roulantes: Fabricantur lyrae ad speciem carpentorum ingentes. En effet, il paroît que dès le tems de Quintilien, qui a écrit deux siecles avant Ammien Marcellin, chaque son avoit déja sa corde particuliere dans la lyre. Les musiciens, c'est Quintilien qui parle, ayant divisé en cinq échelles, dont chacune a plusieurs degrés, tous les sons qu'on peut tirer de la lyre, ils ont placé entre les cordes qui donnent les premiers tons de chacune de ces échelles, d'autres cordes qui rendent des sons intermédiaires, & ces cordes ont été si bien multipliées, que, pour passer d'une des cinq maîtresses - cordes à l'autre, il y a autant de cordes que de degrés.

On sait que la lyre moderne est d'une figure approchante de la viole, avec cette différence, que son manche est beaucoup plus large, aussi - bien que ses touches, parce qu'elles sont couvertes de quinze cordes, dont les six premieres ne font que trois rangs; & si on vouloit doubler chaque rang comme au luth, on auroit vingt - deux cordes; mais bien loin qu'on y songe, cet instrument est absolument tombé de mode. Il y a cependant des gens de goût, qui prétendent que, pour la puissance de l'expression sur le sentiment, le clavessin même doit lui céder cette gloire.

Ils disent que la lyre a sur le clavessin les avantages qu'ont des expressions non - interrompues sur celles qui sont isolées. Le premier son de la lyre dure encore, lorsque le second son commence; à ce second son, il s'en joint un troisieme, & tous ces sons se font entendre en même tems. Il est vrai que, sans beaucoup de science & de délicatesse, il est très - difficile de porter à l'ame l'impression puissante de cette union de sons confuse; & voilà ce qui peut avoir dégradé la lyre: mais il n'en étoit pas vraissemblablement de même du jeu de Terpandre, de Phrynis & de Timothée; ces grands maîtres pouvoient, par [p. 780] un savant emploi des sons continus, mouvoir les ressorts les plus secrets de la sensibilité. (D. J.)

LYRIQUE (Page 9:780)

LYRIQUE, (Littér.) chose que l'on chantoit ou qu'on jouoit sur la lyre, la cithare ou la harpe des anciens.

Lyrique se dit plus particulierement des anciennes odes ou stances qui répondent à nos airs ou chansons. C'est pour cela qu'on a appellé les odes poésies lyriques, parce que quand on les chantoit, la lyre accompagnoit la voix. Voyez Ode.

Les anciens étoient grands admirateurs des vers lyriques, & ils donnoient ce nom, selon M. Barnés, à tous les vers qu'on pouvoit chanter sur la lyre. Voyez Vers.

On emploia d'abord la poësie lyrique à célébrer les louanges des dieux & des héros. Musa dedit fidibus divos puerosque deorum, dit Horace; mais ensuite on l'introduisit pour chanter les plaisirs de la table, & ceux de l'amour: & juvenum curas & libra vina referre, dit encore le même auteur.

Ce seroit une erreur de croire avec les Grecs qu'Anacréon en ait été le premier auteur, puisqu'il paroît par l'écriture que plus de mille ans avant ce poëte, les Hébreux étoient en possession de chanter des cantiques au son des harpes, de cymbales & d'autres instrumens. Quelques auteurs ont voulu exclure de la poésie lyrique les sujets héroïques, M. Barnés a montré contre eux que le genre lyrique est susceptible de toute l'élévation & la sublimité que ces sujets exigent. Ce qu'il confirme par des exemples d'Alcée, de Stésichore & d'Horace, & enfin par un essai de sa fa$on qu'il a mis à la tête de son ouvrage sous le titre d'Ode triomphale au duc de Marlboroug. Il finit par l'histoire de la poésie lyrique, & par celle des anciens auteurs qui y ont excellé.

Le caractere de la poésie lyrique est la noblesse & la douceur; la noblesse, pour les sujets héroïques; la douceur, pour les sujets badins ou galans; car elle embrasse ces deux genres, comme on peut voir au mot Ode.

Si la majesté doit dominer dans les vers héroïques; la simplicité, dans les pastorales; la tendresse, dans l'élégie; le gracieux & le piquant, dans la satyre; la plaisanterie, dans le comique; le pathétique, dans la tragédie; la pointe, dans l'épigramme: dans le lyrique, le poëte doit principalement s'appliquer à étonner l'esprit par le sublime des choses ou par celui des sentimens, ou à le flatter par la douceur & la variété des images, par l'harmonie des vers, par des descriptions & d'autres figures fleuries, ou vives & véhémentes, selon l'exigence des sujets. Voyez Ode.

La poésie lyrique a de tout tems été faite pour être chantée, & telle est celle de nos opéras, mais superieurement à toute autre, celle de Quinault, qui semble avoir connu ce genre infiniment mieux que ceux qui l'ont précédé ou suivi. Par conséquent la poésie lyrique & la musique doivent avoir entre elles un rapport intime, & fondé dans les choses mêmes qu'elles ont l'une & l'autre à exprimer. Si cela est, la musique étant une expression des sentimens du coeur par les sons inarticulés, la poésie musicale ou lyrique est l'expression des sentimens par les sons articulés, ou ce qui est la même chose par les mots.

M. de la Mothe a donné un discours sur l'ode, ou la poésie lyrique, ou parmi plusieurs réflexions ingénieuses, il y a peu de principes vrais sur la chaleur ou l'enthousiasme qui doit être comme l'ame de la poésie lyrique. Voyez Enthousiasme & Ode.

LYRNESSE (Page 9:780)

LYRNESSE, (Géog. anc.) Lyrnessus, en grec *LU/RNHSSOS2, ville d'Asie dans le territoire de Troie: le champ où elle étoit bâtie portoit le nom d'une ville appellée Thébé. Adramytte se forma des ruines de Lyrnesse, selon Hiéroclès. (D. J.)

LYSER le (Page 9:780)

LYSER le, (Géog.) petite riviere d'Allemagne; elle a sa source dans l'évêché de Saltzbourg, & se jette dans la Drave à Ortnbourg. (D. J.)

LYSIARQUE (Page 9:780)

LYSIARQUE, s. m. (Hist. anc.) nom d'un ancien magistrat qui étoit le pontife de Lycia, ou le surintendant des jeux sacrés de cette province.

Strabon observe que le lysiarque étoit créé dans un conseil composé des députés de vingt - trois villes, c'est - à - dire de toutes les villes de la province, dont quelques - unes avoient trois voix, d'autres deux, & d'autres une seulement.

Le cardinal Norris dit que le lysiarque présidoit en matiere de religion. En effet le lysiarque étoit àpeu - près la même chose que les asiarques & ciriarques, qui, quoiqu'ils fussent les chefs des conseils & des états des provinces, étoient cependant principalement établis pour prendre soin des jeux & des fêtes qui se célébroient en l'honneur des dieux, dont on les instituoit les prêtres en même tems qu'on les créoit. Voyez Asiarques ou Ciriarques.

LYSIMACHIE (Page 9:780)

LYSIMACHIE, s. f. (Botan.) J'allois presque ajoûter les caracteres de ce genre de plante par Linnaeus; mais pour abréger, je me contenterai de décrire la grande lysimachie jaune, qui est la principale espece.

Elle est nommée lysimachia lutea, major, quoe Dioscoridis, par C. B. P. 245. Tournesort, J. R. H. 141. lysimachia lutea, J. B. 2. 90. Raii histor. lysimachia foliis lanceolatis, caule corymbo terminato, par Linnaeus, fl. lappon. 51. Les Anglois l'appellent great yellaw willow - herb, terme équivoque; les François la nomment lysimachie jaune, corneille, souci d'eau, percebosse, chassebosse; le seul premier nom lui convient, il faut abroger tous les autres qui sont ridicules.

La racine de cette plante est foible, rougeâtre, rampante à fleur de terre; elle pousse plusieurs tiges à la hauteur de deux ou trois piés, droites, cannelées, brunes, velues, ayant plusieurs noeuds: de chacun d'eux sortent trois ou quatre feuilles, quelquefois cinq, plus rarement deux, oblongues, pointues, semblables à celles du saule à larges feuilles, d'un verd brun en - dessus, blanchâtres & lanugineuses en - dessous.

Ses fleurs naissent aux sommets des branches, plusieurs à côté les unes des autres; elles n'ont qu'un seul pétale, divisé en cinq ou six parties jaunes; elles sont sans odeur, mais d'un goût aigre. Quand les fleurs sont passées, il leur succede des fruits qui forment une espece de coquille sphéroïde; ils s'ouvrent par la pointe en plusieurs quartiers, & renferment dans leur cavite, des semences fort menues, d'un goût assez astringent.

Cette plante prospere dans les endroits humides & marécageux, proche des ruisseaux, & au bord des fossés; elle fleurit en Juin & Juillet.

Césalpin a remarqué qu'elle a quelquefois deux, trois, quatre, ou cinq feuilles opposées aux noeuds des tiges. Son observation est véritable, & constitue les variétés de cette plante; elle n'a point d'autre qualité que d'embellir la campagne de ses bouquets de fleurs, qui se mêlant avec ceux de la salicaire, dont nous parlerons en son lieu, forment un agréable coup d'oeil. On dit que son nom lui vient de Lysimaque fils d'un roi de Sicile, qui la découvrit le premier; mais c'est qu'on a bien voulu faire honneur à ce prince de cette découverte imaginaire.

Nos Botanistes ont commis bien d'autres fautes; ils ont nommé lysimachie jaune cornue une espece d'onagra; lysimachie rouge, une espece de salicaire; lysimachie bleue, une espece de véronique, &c. (D. J.)

Lysimachie (Page 9:780)

Lysimachie, (Géog. anc.) ville de la Thrace,

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