ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"771"> pas les moeurs, mais qu'il en prenoit le caractere & celui du gouvernement.

La premiere opération à faire pour remettre le luxe dans l'ordre & pour rétablir l'équilibre des richesses, c'est le soulagement des campagnes. Un prince de nos jours a fait, selon moi, une tres - grande faute en défendant aux laboureurs de son pays de s'établir dans les villes; ce n'est qu'en leur rendant leur état agréable qu'il est permis de le leur rendre nécessaire, & alors on peut sans conséquence charger de quelques impôts le superflu des artisans du luxe qui reslueront dans les campagnes.

Ce ne doit être que peu - à - peu & seulement en forçant les hommes en place à s'occuper des devoirs qui les appellent dans les provinces, que vous devez diminuer le nombre des habitans de la capitale.

S'il faut séparer les riches, il faut diviser les richesses; mais je ne propose point des lois agraires, un nouveau partage des biens, des moyens violens; qu'il n'y ait plus de privileges exclusifs pour certaines manufactures & certains genres de commerce; que la sinance soit moins lucrative; que les charges, les bénéfices soient moins entassés sur les mêmes têtes; que l'oisiveté soit punie par la honte ou par la privation des emplois; & sans attaquer le luxe en lui - même, sans même trop gêner les riches, vous verrez insensiblement les richesses se diviser & augmenter, le luxe augmenter & se diviser comme elles, & tout rentrera dans l'ordre. Je sens que la plûpart des vérités renfermées dans cet article, devroient être traitées avec plus d'étendue; mais j'ai resserré tout, parce que je fais un article & non pas un livre: je prie les lecteurs de se dépouiller également des préjugés de Sparte & de ceux de Sybaris; & dans l'application qu'ils pourroient faire à leur siecle ou à leur nation de quelques traits répandus dans cet ouvrage, je les prie de vouloir bien, ainsi que moi, voir leur nation & leur siecle, sans des préventions trop ou trop peu favorables, & sans enthousiasme, comme sans humeur.

LUXEMBOURG, le duché de (Page 9:771)

LUXEMBOURG, le duché de, (Géog.) l'une des 17 provinces des Pays - bas, entre l'évêché de Liége, l'électeur de Treves, la Lorraine, & la Champagne. Elle appartient pour la majeure partie à la maison d'Autriche, & pour l'autre à la France, par le traité des Pyrénées: Thionville est la capitale du Luxembourg françois. Il est du gouvernement militaire de Metz & de Verdun, & pour la justice du parlement de Metz.

Le comté de Luxembourg fut érigé en duché par l'empereur Charles IV, dont le regne a commencé en 1346. On a trouvé dans cette province bien des vestiges d'antiquités romaines, simulachres de fauxdieux, médailles, & inseriptions. Le pere Wiltheim avoit préparé sur ces monumens un ouvrage dont on a desiré la publication, mais qui n'a point vû le jour.

Luxembourg (Page 9:771)

Luxembourg, (Géog.) anciennement Lutzelbourg, en latin moderne Luxemburgum, Lutzelburgum, ville des Pays - bas autrichiens, capitale du duché de même nom. Elle a été fondée par le comte Sigefroi, avant l'an 1000; car ce n'étoit qu'un château en 936.

Elle fut prise par les François en 1542, & 1543. Ils la bloquerent en 1682, & la bombarderent en 1683: Louis XIV. la prit en 1684, & en augmenta tellement les fortifications, qu'elle est devenue une des plus fortes places de l'Europe. Elle fut rendue à l'Espagne en 1697, par le traité de Ryswick. Les François en prirent de nouveau possession en 1701; mais elle fut cédée à la maison d'Autriche par la paix d'Utrecht. Elle est divisée en ville haute, & en ville basse, par la riviere d'Else; la haute ou ancienne ville est sur une hauteur presque environnée de rochers; la neuve ou basse est dans la plaine, à 10 lieues S. O. de Treves, 40 S. O. de Mayence, 15 N. O. de Metz, 65 N. E. de Paris. Long. 23. 42. lat. 49. 40.

LUXEU, ou LUXEUIL (Page 9:771)

LUXEU, ou LUXEUIL, Luxovium, (Géog.) petite ville de France en Franche - Comté, au pié d'une célebre abbave de même nom, à laquelle elle doit son origine; elle est au pié du mont de Vosge, à six lieues de Vezoul. Long. 24. 4. lat. 47. 40.

LUXIM, ou LIXIM (Page 9:771)

LUXIM, ou LIXIM, Luximum, (Géog.) petite ville de la principauté de Platzbourg, à 4 lieues de Saverne. Long. 26. 2. lat. 48. 49. (D. J.)

LUXURE (Page 9:771)

LUXURE, s. f. (Morale.) ce terme comprend dans son acception toutes les actions qui sont suggérées par la passion immodérée des hommes pour les femmes, ou des femmes pour les hommes. Dans la religion chrétienne, la luxure est un des sept péchés capitaux.

LUZIN (Page 9:771)

LUZIN, s. m. (Marine.) espece de menu cordage qui sert à faire des ensléchures.

L Y, (Hist. mod.) mesure usitée parmi les Chinois, qui fait 240 pas géométriques; il faut dix ly pour faire un pic ou une lieue de la Chine.

LYAEUS (Page 9:771)

LYAEUS, (Littér.) surnom de Bacchus chez les Latins, qui signifie la même chose que celui de liber; car si liber vient de liberare, délivrer, Lyoeus vient du grec LUEIN, détacher, quia vinum curis mentem liberat & solvit, parce que le vin nous délivre des chagrins. Pausanias appelle Bacchus Lysius, qui est encore la même chose que Lyoeus. (D. J.)

LYCANTHROPE, ou LOUP - GAROU (Page 9:771)

LYCANTHROPE, ou LOUP - GAROU, (Divin.) homme transformé en loup par un pouvoir magique, ou qui par maladie a les inclinations & le caractere féroce d'un loup.

Nous donnons cette définition conformément aux idées des Démonographes, qui admettent de deux sortes de lycanthropes ou de loups - garoux. Ceux de la premiere espece sont, disent - ils, ceux que le diable couvre d'une peau de loup, & qu'il fait errer par les villes & les campagnes en poussant des hurlemens affreux & commettant des ravages. Ils ne les transforment pas proprement en loups, ajoutent-ils, mais ils leur en donnent seulement une forme fantastique, ou il transporte leurs corps quelque part, & substitue dans les endroits qu'ils ont coutume d'habiter & de fréquenter, une figure de loup. L'existence de ces sortes d'êtres n'est prouvée que par des histoires qui ne sont rien moins qu'avérées.

Les loups - garoux de la seconde espece sont des hommes atrabilaires, qui s'imaginent être devenus loups par une maladie que les Medecins nomment en grec LUKAWNIA, & LUKANQROPIA, mot composé de LUKOS2, loup, & ANTROPOS2, homme, Delrio, lib. II.

Voici comme le pere Malebranche explique comment un homme s'imagine qu'il est loup - garou: « un homme, dit - il, par un effort déreglé de son imagination, tombe dans cette folie qu'il se croit devenir loup toutes les nuits. Ce déreglement de son esprit ne manque pas à le disposer à faire toutes les actions que font les loups, ou qu'il a oui dire qu'ils faisoient. Il sort donc à minuit de sa maison, il court les rues, il se jette sur quelque enfant s'il en rencontre, il le mord & le maltraite, & le peuple stupide & superstitieux s'imagine qu'en effet ce sanatique devient loup, parce que ce malheureux le croit lui - même, & qu'il l'a dit en secret à quelques personnes qui n'ont pû s'en taire. [p. 772]

S'il étoit facile, ajoute le même auteur, de former dans le cerveau les traces qui persuadent aux hommes qu'ils sont devenus loups, & si l'on pouvoit courir les rues, & faire tous les ravages que font ces misérables loups - garoux, sans avoir le cerveau entierement bouleversé, comme il est facile d'aller au sabbat dans son lit & sans se réveiller, ces belles histoires de transformations d'hommes en loups, ne manqueroient pas de produire leur effet comme celles qu'on fait du sabbat, & nous aurions autant de loups - garoux, que nous avons de sorciers. Voyez Sabbat.

Mais la persuasion qu'on est transformé en loup, suppose un bouleversement de cerveau bien plus difficile à produire que celui d'un homme qui croit seulement aller au sabbat... Car afin qu'un homme s'imagine qu'il est loup, boeuf, &c. il faut tant de choses, que cela ne peut être ordinaire; quoique ces renversemens d'esprit arrivent quelquefois, ou par une punition divine, comme l'Ecriture le rapporte de Nabuchodonosor, ou par un transport naturel de mélancholie au cerveau, comme on en trouve des exemples dans les auteurs de Medecine ». Recherches de la vérité, tome premier, livre X I. chapitre vj.

LYCANTHROPIE (Page 9:772)

LYCANTHROPIE, s. f. (Medecine.) LUKANQRWPIA, nom entierement grec formé de LU/KOS2, loup, & A(/NQRWW=OS2, homme: suivant son étymologie, il signifie un loup qui est homme. Il est employé en Medecine, pour designer cette espece de mélancholie dans laquelle les hommes se croyent transformés en loups; & en conséquence, ils en imitent toutes les actions; ils sortent à leur exemple de leurs maisons la nuit; ils vont roder autour des tombeaux; ils s'y enferment, se mêlent & se battent avec les bêtes féroces, & risquent souvent leur vie, leur santé dans ces sortes de combats. Actuarius remarque qu'après qu'ils ont passé la nuit dans cet état, ils retournent au point du jour chez eux, & reprennent leur bon sens; ce qui n'est pas constant: mais alors même ils sont rêveurs, tristes, misantropes; ils ont le visage pâle, les yeux enfoncés, la vûe égarée, la langue & la bouche seches, une soif immodérée, quelquefois aussi les jambes meurtries, déchirées, fruits de leurs débats nocturnes. Cette maladie, si l'on en croit quelques voyageurs, est assez commune dans la Livonie & l'Irlande. Donatus Ab alto mari dit en avoir vû lui - même deux exemples; & Forestus raconte qu'un lycanthrope qu'il a observé, étoit sur - tout dans le printems toûjours à rouler dans les cimetieres, lib. X. observ. 25. Le démoniaque dont il est parlé dans l'Ecriture - sainte (S. Marc, chap. v.), qui se plaisoit à habiter les tombeaux, qui couroit tout nud, poussoit sans cesse des cris esfrayans, &c. & le Lycaon, célebre dans la fable, ne paroissent être que des mélancholiques de cette espece, c'est - à - dire des lycantropes. Nous passons sous silence les causes, la curation, &c. de cette maladie, parce qu'elles sont absolument les mêmes que dans la mélancholie, dont nous traiterons plus bas. Voyez Mélancholie. Nous remarquerons seulement quant à la curation, qu'il faut sur - tout donner à ces malades des alimens de bon suc analyptiques, pendant l'accès les saigner abondamment. Oribaze recommande comme un spécifique, lorsque l'accès est sur le point de se décider, de leur arroser la tête avec de l'eau bien froide ou des décoctions somniferes; & lorsqu'ils sont endormis, de leur frotter les oreilles & les narines avec l'opium (synops, lib. IX. c. x.) Il faut aussi avoir attention de les enchaîner pour les empêcher de sortir la nuit, & d'aller risquer leur vie parmi les animaux les plus féroces, si l'on n'a pas d'autre moyen de les contenir.

LYCAONIE (Page 9:772)

LYCAONIE, Lycaonia, (Géog. anc.) province de l'Asie mineure, entre la Pamphilie, la Cappadoce, la Pisidie, & la Phrygie, selon Cellarius. La Lycaonie voisine du Taurus, quoiqu'en partie située sur cette montagne, fut réputée par les Romains appartenir à l'Asie au - dedans du Taurus; Asioe intra Taurum. Strabon prétend que l'Isaurique faisoit une partie de la Lycaonie: la notice de l'empereur Léon le Sage, & celle d'Hiéroclès, ne s'accordent pas ensemble sur le nombre des villes épiscopales de cette province, qui eut cependant l'avantage d'avoir S. Paul & S. Barnabé pour apôtres, comme on le lit dans les actes, ch. xiv. v. 16.

Nous ignorons quel a été dans les premiers tems l'état & le gouvernement de la Lycaonie; nous savons seulement que le grand roi, c'est - à - dire le roi de Perse, en étoit le souverain, lorsqu'Alexandre porta ses armes en Asie, & en fit la conquête. Sous les successeurs d'Alexandre, ce pays souffrit diverses révolutions, jusqu'à ce que les Romains s'en rendirent maîtres. Dans la division de l'empire, la Lycaonie fit partie de l'empire d'orient, & se trouva sous la domination des empereurs grecs.

Depuis ce tems - là, ce pays fut possédé par divers souverains grands & petits, & usurpé par plusieurs princes ou tyrans, qui le ravagerent tour - à - tour. Sa situation l'exposa aux incursions des Arabes, Sarrasins, Persans, Tartares, qui l'ont désolé, jusqu'à ce qu'il soit tombé entre les mains des Turcs, qui le possedent depuis plus de trois cens ans.

La Lycaonie, qu on nomme à présent grande Caramanie, ou pays de Cogny, est située à - peu - près entre le 38 & le 40 degré de latitude septentrionale, & entre le 50 & le 52 degré de longitude. Les villes principales de la Lycaonie, sont Iconium, aujourd'hui Cogni, Thébase, située dans le mont Taurus, Hyde située sur les confins de la Galatie & de Cappadoce, &c.

Quant à la langue lycaonienne, dont il est parlé dans les actes des Apôtres, XIV. 10. en ces mots: ils eleverent la voix parlant lycaonien, nous n'en avons aucune connoissance. Le sentiment le plus raisonnable, & le mieux appuyé sur cette langue, est celui de Grotius, qui croit que la langue des Lycaoniens étoit la même que celle des Cappadociens, ou du moins en étoit une sorte de dialecte.

LYCAONIENS (Page 9:772)

LYCAONIENS, Lycaones, (Géog. anc.) outre les habitans de la province de Lycaonie, il y avoit des peuples lycaoniens, différens des asiatiques, & qui vinrent d'Arcadie s'établir en Italie, selon Denys d'Halicarnasse, l. I. c. iv. Il ajoute que cette transmigration d'arcadiens arriva sous OEnotrus leur chef, fils de Lycaon II. & qu'alors ils prirent en Italie le nom d'OEnotriens. (D. J.)

LYCÉE (Page 9:772)

LYCÉE, LUKEION, (Hist. anc.) c'étoit le nom d'une école célebre à Athènes, où Aristote & ses sectateurs expliquoient la Philosophie. On y voit des portiques & des allées d'arbres plantés en quinconce, où les Philosophes agitoient des questions en se promenant; c'est de - là qu'on a donné le nom de Péripatéticienne ou de Philosophie du Lycée à la philosophie d'Aristote. Suidas observe que le nom de Lycée venoit originairement d'un temple bâti dans ce lieu, & consacré à Apollon Lycéon; d'autres disent que les portiques qui faisoient partie du Lycée, avoient été élevés par un certain Lycus fils d'Apollon; mais l'opinion la plus généralement reçue, est que cet édifice commencé par Pisistrate, fut achevé par Périelés.

Lycées (Page 9:772)

Lycées, fêtes d'Arcadie, qui étoient à - peu - près la même chose que les lupercales de Rome. On y donnoit des combats, dont le prix étoit une armure d'airain; on ajoute que dans les sacrifices on immoloit une victime humaine, & que Lycaon étoit l'instituteur de ces fêtes. On en célébroit encore d'au<pb->

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