ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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MACER (Page 9:790)

MACER, s. m. (Hist. nat. des drog.) écorce médicinale d'un arbre des Indes orientales, dont il est fait mention dans les écrits de Dioscoride, de Pline, de Galien, & des Arabes; mais ils ne s'accordent ni les uns ni les autres sur l'arbre qui produit cette écorce, sur la partie de l'arbre d'où elle se tire, sur la qualité de son odeur & de sa saveur; c'est à la variété de leurs relations sur ce point, & à l'ignorance des commentateurs qui confondoient le macer avec le macis, qu'il paroît qu'on peut sur - tout attribuer la cause de l'oubli dans lequel a été chez nous cette drogue depuis Galien; car pour ce qui est des Indes orientales d'où Pline, Sérapion, & Averroès conviennent qu'on la faisoit venir; Garcias - ab - Horto, Acosta, & Jean Mocquet qui dans le pénultieme siecle y avoient voyagé, assurent qu'alors ce remede y étoit usité dans les hôpitaux, & qu'à Bengale il s'en faisoit un commerce assez considérable.

Dioscoride donne à cette écorce le nom MA/KER & MAKE/IR. Il dit qu'elle est de couleur jaunâtre, assez épaisse, fort astringente, & qu'on l'apportoit de Barbarie. C'est ainsi qu'on appelloit alors les pays orientaux les plus reculés. On faisoit de cette écorce une boisson pour remédier aux hémorragies, aux dissenteries, & aux dévoiemens. Pline appelle des mêmes noms dont s'est servi Dioscoride, l'écorce d'un arbre qui étoit apporté des Indes à Rome, & qu'il dit être rougeâtre. Galien qui dans les descriptions qu'il en fait, & sur les vertus qu'il lui attribue, s'accorde avec ces deux auteurs, ajoute seulement qu'elle est aromatique; il n'est pas étonnant qu'Averroès & d'autres médecins arabes connussent le macer, puisque l'arbre dont il est l'écorce, croissoit dans les pays orientaux.

Les relations de quelques - uns de nos voyageurs aux Indes orientales, c'est - à - dire à la côte de Malabar & à l'île sainte - Croix, parlent d'une écorce grisâtre qui étant desséchée, devient à ce qu'ils assurent, jaunâtre, fort astringente, & douée des mêmes vertus que le macer des anciens.

Christophe Acosta, l'un des premiers historiens des drogues simples qu'on apporte des Indes, & qui y étoit médecin du viceroi, dit que l'arbre qui porte cette écorce, étoit appellé arbore de las camaras, arbore sancto par les Portugais, c'est à - dire, arbre pour les dissenteries, & par excellence, arbre saint; arbore de sancto Thome, arbre de saint Thomas par les chrétiens; macruyre par les gens du pays, & macre par les médecins brachmans, ce qui est conforme avec l'ancien mot macer. Ce même historien qui est le seul qui nous ait donné la figure de cet arbre, le compare à un de nos ormes, & attribue des vertus admirables à l'usage de son écorce.

Enfin M. de Jussieu croit avoir retrouvé le macer des Indes orientales, dans le Simarouba d'Amérique; mais il ne faut donner cette opinion que comme une légere conjecture; car malgré la conformité qui se trouve dans les vertus entre le macer des anciens, le macre des Indiens orientaux, & le simarouba des occidentaux, il seroit bien étonnant que ce fût la même plante. Il est vrai pour - tant que l'Asie & l'Amérique ont d'autres plantes qui leur sont communes, à l'exclusion de l'Europe. Le ginzing en est un bel exemple. Voyez Ginzing. (D. J.)

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