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Je suppose encore avec vous qu'on ait trouvé ce point juste, l'étoile qui a présidé, sa situation, sa force; pourquoi considérer entre les étoiles celles qui dominoient pendant que le fruit s'animoit dans le ventre de la mere, plûtôt que celles qui paroissoient pendant que le corps encore tendre & l'ame ignorante d'elle - même apprenoit dans sa prison à supporter patiemment la vie.
Mais laissant toutes ces difficultés, je vous accorde que l'état du ciel étoit bien connu au moment de la naissance: pourquoi faire émaner des astres un pouvoir absolu, je ne dis pas seulement sur les corps, mais aussi sur les volontés? il faut donc que ce soit d'eux que j'attende mon bonheur; que ma vie & ma mort en dépendent. Ceux qui s'engagent dans le parti des armes, & qui périssent dans une même bataille, sont - ils nés sous la même constellation? & peut - on dire qu'un vaisseau qui doit échoüer, ne recevra que ceux que leurs mauvaises étoiles auront condamnés en naissant à faire naufrage? L'expérience nous fait voir tous les jours que des personnes nées dans des tems bien différens, se livrent au combat, ou montent un vaisseau où ils périssent, n'ayant de commun que l'instant de la mort. Tous ceux qui viennent au monde sous la même disposition du ciel, ont - ils pour cela une même destinée pour la vie & pour la mort? Vous voyez ici le Roi; croyez - vous que ceux qui sont nés sous la même étoile, possedent des royaumes, ou pour le moins des richesses, qui prouvent l'heureuse & favorable influence des astres dans leur naissance? croyez - vous même qu'ils ayent vécu jusqu'à présent? Voilà M. de Villeroy; ceux qui sont nés sous la même planete, ont - ils sa sagesse en partage? sont - ils comme lui honorés de la faveur du prince? Et ceux qui sont nés dans le même instant que vous, sont - ils tous Astrologues, pour ne rien dire de pis? Que si quelqu'un périt par la main d'un voleur, son sort, dites - vous, exigeoit qu'il fût tué par la main de ce misérable. Quoi donc ces mêmes astres qui avoient destiné le voyageur dans le moment de sa naissance, à être un jour exposé au fer d'un assassin, ont aussi donné à l'assassin, peut - être long - tems avant la naissance du voyageur,
Ce qu'il pourroit y avoir de vrai, en supposant la réalité des influences des corps célestes, c'est que comme le soleil produit des effets différens sur les choses différentes de la terre, quoique ce soit toûjours les mêmes rayons & la même lumiere, qu'il échauffe & entretient quelques semences, qu'il en fait mourir d'autres, qu'il desseche de petites herbes, tandis que d'autres qui ont plus de suc résistent davantage; de même aussi plusieurs enfans qui naissent en même tems ressemblent à un champ préparé de différentes manieres, selon la différence du naturel, du tempérament & des habitudes de ceux à qui ils doivent le jour. Cette puissance des astres qui est une pour tous ces enfans, ne doit point dans tous produire les mêmes effets. Si le naturel de l'enfant a quelque rapport avec cette puissance, elle y dominera: s'il est opposé, je doute même qu'elle le corrige. De façon que pour juger sainement quel doit être le caractere d'un enfant, il ne faut pas s'arrêter seulement à considérer les astres, il faut encore remonter aux parens, faire attention à la condition de la mere pendant qu'elle étoit enceinte, & à beaucoup d'autres choses qui sont inconnues.
Enfin, je vous demande, Chaldéen, si cette influence que vous regardez comme la cause du bonheur ou du malheur, demeurera toûjours au ciel jusqu'au tems marqué, pour descendre ensuite sur terre, & y faire agir des instrumens propres à ce que les astres avoient arrêté; ou si renfermée dans l'enfant, entretenue & croissant avec lui, elle doit en certaines occasions se faire jour pour accomplir les decrets irrévocables des astres? Si vous prétendez qu'elle demeure au ciel, il y a dans vos principes une contradiction manifeste; car puisque le bonheur ou le malheur de celui qui vient au monde, dépend de la maniere dont les astres étoient joints dans le moment de sa naissance, le cours de ces mêmes astres semble avoir détruit cette premiere forme, & en avoir donné une autre peut - être entierement opposée. Dans quelle partie du ciel se sera conservée cette premiere puissance, qui ne doit paroître & joüer, pour ainsi dire, son rôle, que plusieurs années après, comme lorsque l'enfant aura quarante ans? De croire d'un autre côté que le destin, qui ne doit avoir son effet, que quand cet enfant sera parvenu à un age plus avancé, lui soit attaché dès son enfance, c'est une impertinente rêverie. Quoi - donc, ce sera lui, qui, dans un naufrage où il doit périr, sera cause que les vents s'éleveront, ou que le pilote, s'oubliant lui - même, ira >choüer contre des bancs? Le laboureur, dans la campagne, aura été l'auteur de la guerre qui l'appauvrit, ou d'un tems favorable qui doit lui donner une moisson abondante?
Il est vrai, que quelques - uns parmi vous, publient hautement des oracles, que l'évenement a justifiés: mais ces évenemens justifiés par l'expérience, sont en si petit nombre, relativement à la [p. 783]
Quoique l'Astrologie judiciaire ait été solidement combattue tant par Barclay, que par d'autres auteurs célebres, qui en ont démontré la vanité; on ne peut pas dire qu'ils ayent entierement déraciné cette ridicule prévention; elle regne encore, & particulierement en Italie. On a vû sur la sin du sieclè dernier, un Italien envoyer au pape Innocent XI. une prédiction, en maniere d'horoscope, sur Vienne alors assiegée par les Turcs, & qui fut très - bien reçûe. De nos jours le comte de Boulainvilliers, homme d'ailleurs de beaucoup d'esprit, étoit infatué de l'Astrologie judiciaire, sur laquelle il a écrit très - sérieusement. (G)
Tacite au VI
On trouve dans ce même historien, l'un des plus
grands génies qui furent jamais, deux passages qui
font voir que quand un préjuge est général, les meilleurs
esprits ne peuvent s'empêcher de lui sacrifier,
mais ne le font pourtant qu'avec plus ou moins de
restriction, &, pour ainsi dire, avec une sorte de répugnance.
Le premier de ces passages se lit dans le
livre VI. ch. xxij. où après avoir fait des réflexions
sur les différens sentimens des philosophes au sujet de
l'Astrologie, il ajoûte ces paroles: Coeterum plerisque
mortalium non eximitur, quin primo cujusque ortu ventura
destinentur: sed quoedam secus quam dicta sint cadere,
fallaciis ignara dicentium; ita corrumpi fidem artis,
cujus proeclara documenta, & antiqua oetas & nostra
tulerit. Ce qu'on peut traduire ainsi:
L'autre passage se trouve dans le IV. liv. des annales,
ch. lviij.
ASTROLOGIQUE (Page 1:783)
ASTROLOGIQUE, adj. se dit de tout ce qui a
rapport à l'Astrologie. Voyez
ASTROLOGUE (Page 1:783)
ASTROLOGUE, adj. pris subst. se dit d'une personne
adonnée à l'Astrologie, ou à la divination par
le moyen des astres. Les Astrologues étoient autrefois
fort communs; les plus grands hommes même
paroissent avoir cru à l'Astrologie, tels que M. de
Thou & plusieurs autres. Aujourd'hui le nom d'Astrologue est devenu si ridicule, qu'à peine le plus bas
peuple ajoûte - t - il quelque foi aux prédictions de nos
almanachs. Voyez
ASTRONOME (Page 1:783)
ASTRONOME, adj. pris subst. se dit d'une personne
versée dans l'Astronomie. Le peuple confond
quelquefois Astrologue avec Astronome: mais le premier
s'occupe d'une science chimérique, & le second
d'une science très - belle & tres - utile. Dans le tems que
l'Astrologie judiciaire étoit à la mode, il n'y avoit
presque point d'Astronome qui ne fût Astrologue. Aujourd hui il n'y a plus que des Astronomes, & point
d'Astrologues, ou plûtôt les Astrologues sont très méprisés.
Voyez les plus célebres Astronomes à l'article
ASTRONOMIE (Page 1:783)
ASTRONOMIE, Astronomia, s. f. composé de
Il y en a qui prennent le terme Astronomie dans un
sens beaucoup plus étendu: ils entendent par - là la
connoissance de l'univers & des lois primitives de la
nature. Selon cette acception, l'Astronomie seroit plûtôt
une branche de la Physique, que des Mathématiques. Voyez
Les auteurs varient sur l'invention de l'Astronomie:
on l'attribue à différentes personnes; différentes na
tions s'en font honneur, & on la place dans différens
siecles. A s'en rapporter aux anciens historiens, il paroît
que des rois inventerent & cultiverent les premiers
cette science: Belus, roi d'Assyrie, Atlas, roi
de Mauritanie, & Uranus, qui régnoit sur les peuples
qui habitoient les bords de l'océan atlantique, pas<pb->
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