ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ARTICULER (Page 1:740)

ARTICULER, v. act. en style de Palais, signifie avancer formellement, mettre en fait. (H)

Articuler (Page 1:740)

Articuler, v. act. On dit, en Peinture & en Sculpture, que les parties d'une figure, d'un animal, &c. sont bien articulées lorsqu'elles sont bien prononcées, c'est - à - dire que tout y est certain, & non exprimé d'une maniere équivoque. Il faut articuler ces parties; cette figure articule bien. (R)

ARTIFICE (Page 1:740)

ARTIFICE, s. m. Ce mot se dit des feux qui se font avec art, soit pour le divertissement, soit pour la guerre. Voyez Pyrotechnie.

Pour travailler aux artifices, il faut avoir certaines commodités, qu'on ne trouve pas indifféremment dans toutes les maisons. Premierement, le grand bruit qu'on est obligé de faire pour charger les fusées volantes à grands coups de maillet, réitérés pendant long - tems, demande une petite chambre sur terre ferme qui en amortisse le retentissement: par la même raison, à peu près, qu'on place ainsi les enclumes des forgerons, auxquels on peut comparer les billots de bois, sur lesquels on pose les moules ou culots des fusées pour les charger. Le même billot doit aussi servir de base aux mortiers de fonte destinés à piler les matieres dures.

Il faut de plus avoir en lieu soc une chambre séparée de celle qu'on habite, pour y faire les ouvrages moins bruyans; comme broyer, tamiser & mêler les matieres, faire les cartouches, les étrangler, faire les étoupilles & les petits artifices. Il convient d'avoir dans celle - ci un poele à l'allemande, auquel on met le feu par une chambre voisine, sur - tout si l'on est obligé de travailler l'hyver, ou de coller & faire sécher les cartouches pendant les tems humides.

On doit ménager dans cet attelier un petit coin bien fermé, pour y mettre la poudre & les matieres combustibles, qu'il faut conserver dans des barils & des coffres bien fermés, ou si l'on veut dans des pots de terre vernissés, couverts d'un linge, & par - dessus d'un couvercle de bois, qui en le pressant, bouche le passage de l'air extérieur qui ne doit pas y entrer, si l'on veut les conserver long - tems sans altération.

Malgré ces précautions, on doit éviter d'y travailler de nuit à la chandelle, crainte d'incendie.

Le principal meuble de cet attelier est une table de bois dur de deux ou trois piés en quarré, garnie d'une tringle arrondie débordant d'un pouce au - dessus, pour y broyer la poudre & le charbon, sans que la poussiere se répande par les bords. Pour cet effet on se sert d'une mollette ou paumette de bois dur, faite à peu près comme une mollette à broyer les couleurs.

Pour ramasser ces matieres plus aisément, il convient que les angles de cette table soient émoussés par des pans coupés, & qu'on y fasse une ouverture au milieu avec une petite trappe qui s'y loge dans une feuillure, de sorte qu'on puisse la lever lorsqu'on veut pour y faire passer la matiere broyée: d'autres se contentent de laisser un des côtés sans bordure; mais il semble que pour éviter les incommodités de chacune de ces manieres, il faut mettre la piece mobile sur le milieu d'un des côtés, en la faisant d'un grand segment de cercle qui ne puisse être chassé en - dehors, & conique par son prosil, pour ne s'enfoncer dans la table qu'à la profondeur nécessaire pour la fleurer par dessus; au moyen dequoi ayant levé cette piece, on tient la sebile en - devant, & on y fait tomber le poussier avec une aîle d'oiseau, ou une brosse de poil de sanglier.

Cette table n'est propre que pour broyer la poudre & le charbon; les autres matieres dures, comme le salpetre en roche, le soufre, les résines & autres, doivent être pilées dans un mortier de fonte avec un pilon de même métal ou de bois, supposé que l'on craigne que les métaux ne s'échauffent trop par le broyement.

On doit ensuite être pourvû de quatre ou cinq tamis; les uns de toile de crin, pour y passer les matieres qui ne doivent pas être finement broyées; les autres de toile plus serrée, pour celles qui doivent l'être davantage; & enfin les autres de gase de soie, pour les plus fines poussieres: telle doit être ordinairement celle de la poudre.

Afin d'empêcher l'évaporation de celles - ci en les agitant pour les faire passer, il faut que le tamis soit logé dans un tambour pareil à celui dont se servent les Parfumeurs pour passer la poudre à poudrer. Cette précaution est encore plus nécessaire pour le charbon, qui s'exhale facilement, noircit tout ce qui est dans une mbre, & s'insinue dans les narines, de maniere qu'on en est incommodé, & qu'on mouche noir pendant plus d'un jour.

On sait aussi que la poussiere mêlée de soufre & de salpetre, gâte & noircit toutes les dorures.

Ce qui reste de la poudre dans le tamis après que le fin est passé, s'appelle chez les Artificiers le relien, peut - être du mot Latin reliquioe; au lieu de le repiler, on s'en sert pour les chasses des artifices.

On éprouve en tamisant le salpetre, qu'il ne passe facilement qu'autant qu'il est bien sec; ainsi on doit s'y préparer en le faisant sécher au four s'il est nécessaire.

Quant à la limaille de fer & d'acier, on sait qu'il en faut de différentes grosseurs, suivant les usages: la plus fine est celle qui foisonne le plus, mais qui fait des étincelles moins apparentes. Pour que l'une & l'autre produisent tout l'effet dont elles sont capables, il faut qu'elles soient nouvellement limées, ou du moins sans aucune rouille; c'est pourquoi si on la garde quelque tems, il faut la tamiser à plusieurs reprises pour en ôter toute la rouille. Un moyen de la conserver, c'est de la pendre dans une vessie à une cheminée où l'on fait journellement du feu.

Le reste des instrumens dont on se sert, comme maillet, battoir & autres, seront décrits aux mots qui leur conviennent, avec les proportions qui conviennent aux usages auxquels on les destine.

On se sert aussi de différens poinçons, dont le plus nécessaire est celui qu'on appelle a - arrêt, c'est - à - dire, dont la pointe ne peut percer que suivant une profondeur déterminée, comme est celle d'un cartouche, sans entamer la matiere qu'il renferme. Pour n'être pas obligé d'en faire faire exprès pour chaque épaisseur, il faut que le côté du poinçon près du manche, soit à vis avec un écrou qu'on fait avancer ou reculer d'un pas de vis ou deux, suivant le besoin qu'on en a, pour ne le point enfoncer plus avant qu'on ne veut.

Des artifices pour brûler sur l'eau & dans l'eau. La rareté des choses, ou l'impossibilité apparente de les faire, en fait ordinairement le mérite. L'opposition de deux élémens aussi contraires que le feu & l'eau, semble les rendre incompatibles, & l'on ne peut s'empêcher d'être surpris de voir le feu subsister quelque tems sur l'eau & dans l'eau. Cette surprise cause un plaisir qui donne un grand relief aux artifices aquatiques, quoique dans le fond ils n'ayent rien de plus merveilleux que les autres, comme on le verra ciaprès.

Premierement, l'expérience fait voir qu'une grande partie des autres artifices étant bien allumés & jettés dans l'eau, ne s'y éteignent pas lorsque la dose de salpetre & de soufre ou de quelque bitume, domine sur les autres matieres. J'entends sous le nom de bitume, plusieurs huiles & matieres résineuses, parmi lesquelles le camphre tient le premier rang. Il y a deux manieres d'unir ces matieres pour donner de l'activité à leur feu: l'une est de les réduire en pâte en les pêtrissant avec de l'huile, qui empêche l'eau de s'insinuer dans les matieres sur lesquelles elle peut agir pour empêcher l'action du feu: l'autre est de renfer<pb-> [p. 741] mer ces matieres réduites en poudre seche dans des cartouches goudronnés par dehors, ou enduits de cire, de suif, d'huile ou de matieres résineuses, de maniere que l'eau ne puisse s'y insinuer.

Voici un recueil de différentes compositions des anciens Artificiers Semionowitz & Hanzelet, lesquelles quoique différentes, sont bonnes & éprouvées pour brûler sur l'eau.

Différentes doses de composition pour les artifices qui doivent brûler sur l'eau & dans l'eau. 1. Sur trois parties de poudre, deux de salpetre & une de soufre.

2. Deux parties de salpetre, une de poudre & une de soufre.

3. Sur une livre de poudre, cinq livres de sciure de bois, trois livres de soufre, & six livres de salpetre.

4. Sur huit livres de salpetre, deux de soufre, deux de sciure de bois bouillie dans de l'eau de salpetre & puis sé hée, un quart de livre de poudre, deux onces de râpure d'vore.

5. Une livre de soufre, trois de salpetre, une once & deme de camphre, une once de vif - argent pilé avec le camphre & le soufre.

6. Sur trois livres de salpetre, deux livres & demie de soufre, demi - livre de pouiverin, une livre de limaille de fer, un quart de livre de poix greque.

De Hanz 7. Surdeux livres & demie de poudre, trois livres & d de salpetre, une livre de poix blanche, une livre de soufre, un quarteron d'ambre j une pé, demi - ivre de ere grossierment pilé, & demi - livre de camphre.

8. Une livre de sciure de bois, quatre livres de salpetre & une de soufre.

Composition qui s'allument avec de l'eau, de Hanzelet. Penez trois livres d'huile de lin, une livre d'huile de brique, autant d'huile de jaune d'oeuf, huit livres de chaux vive récente; mélez ces matieres, jettez dessus un peu d'eau, & elles s'enflammeront.

Du même. Pierre qui s'allume avec de l'eau. Prencz de la chaux vive récente, de la tuthie non préparée, du salpetre en roche, de chacun une partie; réduisez le tout en poudre pour le mettre dans un sachet rond de toile neuve; placez - le entre deux creusets parmi de la chaux vive en poudre; les creusets etant bien liés avec du fil de fer recuit, il faut encore les luter & les mettre au four à chaux; cette mixtio s'y convertit en une pierre qui s'allume lorsqu'on l'humecte avec de l'eau ou de la salive.

Maniere de tenir les artifices plongés à fleur d'eau. La plûpart des artifices pour l'eau doivent y être enfoncés jusqu'à leur orifice sans être submergés, afin que leur gorge soit hors de l'eau, & que le reste y soit caché sans couler à fond.

Comme les matieres combustibles dont on remplit un cartouche, sont plus légeres qu'un égal volume d'eau, les artifices qu'on y jette flottent ordinairement trop au - dessus; c'est pourquoi il faut leur ajoûter un poids qui augmente leur pesanteur au point de la rendre presque égale à celle de l'eau. La pesanteur de ce poids peu être trouvée en tâtonnant, c'est - à - dire en essayant dans un seau ou dans un tonneau plein d'eau, à quelle profondeur un poids, pris au hasard, peut le faire enfoncer, pour y en ajoûter un nouveau, si le premier ne pese pas assez. Rien n'est plus commode pour cet essai, qu'un petit sac à mettre du sable, où l'on en ajoûte & l'on en retranche autant & si peu que l'on veut. Ce moyen est le plus propre pour les artifices dont le contrepoids est ajoûté extérieurement: mais si l'on vouloit le mettre intérieurement au fond du cartouche, avant que de le remplir des matieres combustibles, il faudroit s'y prendre autrement.

Après avoir enduit le cartouche, il faut le remplir d'un poids égal à celui des matieres qui doivent y entrer, & le plonger dans un pot ou seau d'eau plein au ras de ses bords, posé dans un grand bassin propre à recevoir l'eau qui en tombera lorsqu'on y plongera l'artifice jusqu'à la gorge ou à l'orifice de l'amorce. Cette immersion fera sortir du pot une certaine quantité d'eau qui retombera dans le bassin préparé pour la recevoir, laquelle sera égale au volume de l'artifice.

On pesera cette eau, la différence de son poids avec celle du cartouche & des matieres qu'il doit contenir, donnera le poids qu'il faut y ajoûter pour le tenir enfoncé à fleur d'eau, de maniere qu'il reste à flot sans s'enfoncer davantage. On pesera autant de sable qu'on mettra au fond du cartouche avant de commencer à le remplir de matieres combustibles, qui doivent achever la pesanteur requise.

Artifices fixes qui servent de fanaux ou d'illuminations sur l'eau. Toutes les matieres des artifices destinés pour brûler dans l'air à sec, peuvent être employées de même sur l'eau par le moyen des enduits dont on couvre les cartouches aquatiques pour les rendre impénétrables à l'eau. On peut donc y faire une illumination de lances à feu, & de tous les autres artifices qu'on employe sur les théatres, en les assujettissant à quelque arrangement par des tringles ou fils de fer cachés dans l'eau; on fait cependant des artifices exprès pour l'eau, qui different entr eux, suivant l'effet qu'on veut qu'ils produisent. Les premiers sont ces especes de fanaux que Semionowitz appelle globes aquatiques, parce qu'il les faisoit en forme de globes, quoique cette figure soit assez arbitraire, & qu'elle n'ait d'autre avantage sur la cylindrique, qui est la plus ordinaire, que celui de floter plus facilement & de ne pouvoir se renverser; mais aussi la figure de leurs cartouches est plus difficile à construie, & leur feu n'est pas si égal du commencement à la fin: d'ailleurs les cylindriques étant bien lestés, peuvent aussi balancer sans se renverser. Voici la construction de ces globes aquatiques à l'ancienne mode.

On fait faire par un Tourneur une boule creuse, dont l'épaisseur extéreure est la neuvieme partie de son diametre extérieur; pour couvrir le trou qui a servi pour vuider le globe, on fait une piece en forme d'écuelle, propre à s'adapter au reste, laquelle est percée au milieu d'un trou, auquelon donne aussi n neuvieme du grand diametre pour l'ouverture de la gorge. On remplit le cartouche par la grande ouverture, d'une de ces compositions faites pour brûler dans l'eau, & après l'avoir bien soulée, on le couvre de la piece où est le trou de la gorge par où on acheve de remplir le globe, apres l'avoir bien collée & cloüée sur la premiere; & enfin on l'amorce avec un peu de poudre comme tous les artifices. Il ne reste plus qu'à couvrir le tout de l'enduit nécessaire, pour empêcher que l'eau n'y pénetre, & à lui ajoûter le contrepoids de flotage, pour le faire enfoncer jusqu'à l'amorce.

Un globe fait ainsi, ne produit qu'un feu fixe: mais si l'on veut lui faire jetter des serpenteaux ou des saucissons à mesure qu'il brûle, il faut qu'il soit d'un bois plus épais qu'on ne l'a dit, pour pratiquer dans son épaisseur des trous de la grandeur nécessaire pour y faire entrer les gorges de ces artifices postiches qu'on y veut ajoûter, comme on voit en S s fig. 81. planche 4. artific. dont un côté est le profil du pot. Ces trous ne doivent être poussés que jusqu'à environ un demi - pouce près de la surface intérieure, où l'on en fait un fort petit, qui pénetre jusqu'au - dedans du globe pour servir de porte - feu de communication du dedans au dehors, comme on voit en Ff.

Si l'on veut faire tirer des coups, on y met des saucissons bien couverts de toile enduite de cire ou de goudron, comme on voit au côté droit qui représente le dehors d'une moitié. Il est visible que la variation de position de ces trous peut produire des effets différens, & varier l'artifice.

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