ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"722"> sont composés de parties dissimilaires ou hétérogenes, y en ayant probablement de plus grandes les unes que les autres. Or plus ces parties sont petites, plus elles sont réfrangibles; c'est - à - dire plus il est facile qu'elles se détournent de leur cours rectiligne. De plus nous avons encore fait remarquer que les parties qui différoient en réfrangibilité, & par conséquent en volume, différoient en même tems en couleur.

De - là on peut déduire toute la théorie des couleurs. Voyez Couleur.

L'académie royale des Sciences de Paris, ayant proposé pour le sujet du prix de 1736, la question de la propagation de la lumiere, M. Jean Bernoulli le fils, docteur en Droit, composa à ce sujet une dissertation qui remporta le prix. Le fond du système de cet auteur est celui du pere Malebranche, avec cette seule différence que M. Bernoulli ajoute aux petits tourbillons des petits globules durs ou solides, répandus çà & là, selon lui, dans l'espace que les petits tourbillons occupent. Ces petits globules, quoiqu'éloignés assez considérablement les uns des autres, par rapport à leur petitesse, se trouvent en grand nombre dans la plus petite ligne droite sensible. Ces petits corps demeureront toujours en repos, étant comprimés de tous côtés. Mais si on conçoit que les particules d'un corps lumineux, agitées en tout sens avec beaucoup de violence, frappent suivant quelque direction, les tourbillons environnans; ces tourbillons ainsi condensés, chasseront le corpuscule le plus voisin; celui - ci comprimera de même les tourbillons suivans, jusqu'au second corpuscule, &c. Cette compression étant achevée, les tourbillons reprendront leur premier état, & feront une vibration en sens contraire, puis ils seront chassés une seconde fois, & feront ainsi des oscillations, par le moyen desquelles la lumiere se répandra. M. Bernoulli déduit de cette explication plusieurs phénomenes de la lumiere; & les recherches mathématiques dont sa piece est remplie sur la pression des fluides élastiques, la rendent fort instructive & fort intéressante à cet égard. C'est sans doute ce qui lui a mérité le glorieux suffrage de l'académie; car le fond du système de cet auteur est d'ailleurs sujet à toutes les difficultés ordinaires contre le systeme de la propagation de la lumiere par pression. Le système de ceux qui avec M. Newton, regardent un rayon de lumiere comme une file de corpuscules émanés du corps lumineux, ne peut être attaqué que par les deux objections suivantes. 1°. On demande comment dans cette hypothese, les rayons de lumiere peuvent se croiser sans se nuire. A cela on peut répondre, que les rayons qui nous paroissent parvenir à nos yeux en se croisant, ne se croisent pas réellement, mais passent l'un au - dessus de l'autre, & sont censés se croiser à cause de leur extrème finesse. 2°. On demande comment le soleil n'a point perdu sensiblement de sa substance, depuis le tems qu'il envoie continuellement de la matiere lumineuse hors de lui. On peut répondre que non - seulement cette matiere est renvoyée en partie au soleil par la réflexion des planetes, & que les cometes qui approchent fort de cet astre, servent à le reparer par les exhalaisons qui en sortent; mais encore que la matiere de la lumiere est si subtile, qu'un pouce cube de cette matiere suffit peut - être pour éclairer l'univers pendant l'éternité. En effet, on démontre aisément, qu'étant donnée une si petite portion de matiere qu'on voudra, on peut diviser cette portion de matiere en parties si minces, que ces parties rempliront un espace donné, en conservant entr'elles des intervalles moindres que , &c. de ligne. Voyez dans l'introduction ad veram Physicam de Keill, le chapitre de la divisibilité de la matiere. C'est pourquoi une portion de matiere lumineuse, si petite qu'on voudra, suffit pour remplir pendant des siecles un espace égal à l'orbe de Saturne. Il est vrai que l'imagination se revolte ici; mais l'imagination se revolte en vain contre des vérités démontrées. Voyez Divisibilité. Chambers.

Il est certain d'une part, que l'opinion de Descartes & de ses partisans, sur la propagation de la lumiere, ne peut se concilier avec les lois connues de l'Hydrostatique; & il ne l'est pas moins de l'autre, que les émissions continuelles lancées des corps lumineux, suivant Newton & ses partisans, effrayent l'imagination. D'ailleurs, il n'est pas facile d'expliquer (même dans cette derniere hypothese) pourquoi la lumiere cesse tout d'un coup des que le corps lumineux disparoît, puisqu'un moment après que ce corps a disparu, les corpuscules qu'il a lancés, existent encore autour de nous, & doivent conserver encore une grande partie du mouvement prodigieux qu'ils avoient, étant lancés par ce corps jusqu'à nos yeux. Les deux opinions, il faut l'avouer, ne sont démontrées ni l'une ni l'autre; & la plus sage réponse à la question de la matiere & de la propagation de la lumiere, seroit peut être de dire que nous n'en savons rien. Newton paroît avoir bien senti ces difficultés, lorsqu'il dit de naturâ radiorum lucis, utrum sint corpora nec ne, nihil omninò disputans. Ces paroles ne semblent - elles pas marquer un doute si la lumiere est un corps? mais si elle n'en est pas un, qu'est - elle donc? Tenons - nous - en donc aux assertions suivantes.

La lumiere se propage suivant une ligne droite d'une maniere qui nous est inconnue, & les lignes droites suivant lesquelles elle se propage, sont nommées ses rayons. Ce principe est le fondement de l'Optique. Voyez Optique & Vision.

Les rayons de lumiere se réfléchissent par un angle égal à l'angle d'incidence. Voyez Reflexion & Miroir. Ce principe est le fondement de toute la Catoptrique. Voyez Catoptrique.

Les rayons de lumiere qui passent d'un milieu dans un autre, se rompent de maniere que le sinus d'incidence est au sinus de réfraction en raison constante. Ce principe est le fondement de toute la Dioptrique. Voyez Dioptrique, Réfraction, Verre, Lentille , &c. Avec ces propositions bien simples, la théorie de la lumiere devient une science purement géométrique, & on en démontre les propriétés sans savoir ni en quoi elle consiste, ni comment se fait sa propagation; à peu - près comme le professeur Saunderson donnoit des leçons d'Optique quoiqu'il fût presque aveugle de naissance. Voyez Aveugle. Voyez aussi Vision.

Lumiere zodiacale (Page 9:722)

Lumiere zodiacale, (Physiq.) est une clarté ou une blancheur souvent assez semblable à celle de la voie lactée que l'on apperçoit dans le ciel en certains tems de l'année après le coucher du soleil ou avant son lever, en forme de lame ou de pyramide, le long du zodiaque, où elle est toujours renfermée par sa pointe & par son axe, appuyée obliquement sur l'horison par sa base. Cette lumiere a été découverte, décrite & ainsi nommée par feu M. Cassini.

M. de Mairan, en son traité de l'aurore boréale, est entré dans un assez grand détail sur la lumiere zodiacale: nous allons faire l'extrait de ce qu'il dit sur ce sujet, & c'est lui qui parlera dans le reste de cet article.

Les premieres observations de feu M. Cassini sur la lumiere zodiacale, furent faites au printems de 1683, & rapportées dans le journal des Savans, du 10 Mai de la même année. M. Fatio de Duillier, qui se trouvoit alors à Paris en liaison avec M. Cassini, & qui étoit très - capable de sentir toute la beauté de cette découverte, y fut témoin de plusieurs de ces [p. 723] observations. Ayant passé peu de tems après à Genève, il observa de son côté très - soigneusement le même phénomene pendant les années 1684, 1685, & jusque vers le milieu de 1686, où il en écrivit à M. Cassini une grande lettre qui fut imprimée à Amsterdam la même année. M. Cassini a fait mention de cette lettre & avec éloge, en plus d'un endroit du traité qu'il nous a laissé sur ce sujet, sous le titre de découverte de la lumiere céleste qui paroît dans le zodiaque, & qui fut donné au public quatre ans après, dans le volume des voyages de l'académie des Sciences. Il est parlé encore dans les miscellanea naturoe curiosorum, de plusieurs observations de cette lumiere faites en Allemagne par MM. Kirch & Eimmart, aux années 1688, 89, 91 & 93, jusqu'au commencement de 1694; mais il n'y en a qu'un petit nombre qui y soient détaillées.

On poutroit conjecturer, dit M. Cassini, que ce phénomene a paru autrefois, & qu'il est du nombre de ceux que les anciens ont appellés trabes ou poutres. M. Cassini se rappelle aussi avoir vû dès l'année 1668, étant à Boulogne, un phénomene fort semblable à celui dont il s'agit, dans le tems que le chevalier Chardin en observoit un tout pareil dans la ville capitale de l'une des provinces de Perse.

Mais un avertissement que Childrey donna aux Mathématiciens à la fin de son histoire naturelle d'Angleterre, Britannia Baconica, écrite environ l'an 1659, porte quelque chose de plus positif sur ce sujet, & dont M. Cassini n'a pas oublié de lui faire honneur. « C'est, dit le savant anglois, qu'au mois de Février, un peu avant, un peu après, il a observé, pendant plusieurs années consécutives vers les six heures du soir, & quand le crépuscule a presque quitté l'horison, un chemin lumineux fort aisé à remarquer, qui se darde vers les pléïades, & qui semble les toucher ».

Enfin M. Cassini ajoute à ces témoignages celui de plusieurs anciens auteurs qui ont vû des apparences célestes qu'on ne peut méconnoître pour la lumiere zodiacale, quoiqu'ils ne l'aient pas soupçonnée en tant que telle, ce qui acheve de le convaincre de l'ancienneté de ce phénomene.

L'opinion la plus reçue touchant la lumiere de la queue des cometes, est qu'elle consiste dans la réflexion des rayons du soleil qui les éclaire. Or M. Cassini remarque en cent endroits de son ouvrage la ressemblance extrème de la lumiere zodiacale avec la queue des cometes. « Les queues des cometes, dit - il, sont une apparence semblable à celle de notre lumiere, elles sont de la même couleur.....Leur extrémité qui est plus éloignée du soleil, paroît aussi douteuse: de sorte qu'en un même instant elles paroissent diversement étendues à diverses personnes, étant de même variables selon les divers degrés de clarté de l'air, & selon le mélange de la lumiere de la lune & des autres astres. On voit aussi à - travers de ces queues les plus petites étoiles: de sorte que par tous ces rapports on peut juger que l'une & l'autre apparence peut avoir un sujet semblable ».

M. Fatio, qui a aussi examiné très - assidument la lumiere zodiacale pendant trois ou quatre années, en porte le même jugement. Ce sera donc vraissemblablement, comme M. Fatio l'insinue en plusieurs endroits de sa lettre, une espece de fumée ou de brouillard, mais si délié, qu'on voit à - travers les plus petites étoiles. Cette derniere circonstance est remarquable, & se trouve souvent de même ou à - peu - près, soit dans les parties les plus claires & les plus brillantes de l'aurore boréale, soit dans les plus obscures & les plus fumeuses, telles que le segment qui borde ordinairement l'horison, & qui est concentrique aux arcs lumineux.

M. Cassini compare encore très - souvent la lumiere zodiacale à la voie lactée, tant parce qu'elle paroît ou disparoît dans les mêmes circonstances, que par leur rapport de clarté. C'est sous cette idée qu'il l'annonça aux Savans dans le journal de 1683... « Une lumiere semblable à celle qui blanchit la voie de lait, mais plus ciaire & plus éclatante vers le milieu, & plus foible vers les extrémités, s'est répandue par les signes que le soleil doit parcourir, &c». Mais il paroît qu'elle augmenta de force & de densité dans la suite, & sur - tout en 1686 & 1687.

A en juger par mes propres yeux depuis que j'observe, dit M. de Mairan, elle est aussi plus forte, plus dense que la lumiere de la voie de lait, dans les jours favorables à l'observation, & presque toujours plus uniforme, moins blanche quelquefois, & tirant un peu vers le jaune ou le rouge dans sa partie qui borde l'horison, ce qui pourroit aussi venir sans doute des vapeurs & du petit brouillard dont il est rare que l'horison soit parfaitement dégagé; & dans cet état je ne vois pas, ajoute le même auteur, qu'on puisse distinguer les petites étoiles à - travers, excepté vers les extrémités de la lumiere. M. Derham, de la société royale de Londres, a apperçu cette couleur rougeâtre dans la lumiere zodiacale en 1707. On peut avoir pris garde aussi depuis quelques années, que sa base est très - souvent confondue avec une espece de nuage fumeux qui nous en dérobe la clarté, qui déborde plus ou moins au - delà à droite & à gauche sur l'horison, & qui est tout - à - fait semblable par sa couleur & par sa consistence apparente, au segment obscur qu'on a coutume de voir au - dessous de l'arc lumineux de l'aurore boréale. Ce phénomene s'y mêle encore d'ordinaire dans cette occasion, & fait corps avec la lumiere zodiacale au dessus du nuage fumeux, en s'étendant vers le nord - ouest, & quelquefois jusqu'au nord & au - delà.

Enfin, je ne dois pas passer sous silence, continue M. de Mairan, une singularité remarquable du tissu apparent de cette lumiere, c'est qu'en la regardant attentivement par de grandes lunettes, feu M. Cassini y a vû petiller comme de petites étincelles; il a douté cependant si cette apparence n'étoit point causée par la forte application de l'oeil, ne pouvant déterminer ni le nombre ni la configuration de ces atomes lumineux, & ceux qui observoient avec lui n'y distinguant rien de plus fixe. M. de Mairan a vu deux fois ce petillement avec une lunette de 18 piés. & même avec une de 7, & il lui semble l'avoir vu une fois sans lunettes. J'avoue, continue - t - il, que je me défie beaucoup, avec M. Cassini, du témoignage des yeux, quand il s'agit des objets de cette nature, & si peu marqués. Mais je trouve encore quelques autres observations dont on peut inférer qu'il y a eu des tems & certains cas où les étincelles apperçues dans la lumiere zodiacale, & ce pétillement, ont été sensibles à la vue simple, si ce n'est dans cette lumiere, du - moins dans celle de la queue des cometes, qui lui ressemble déja si fort par d'autres endroits.

A en juger par les observations, & à rassembler toutes les circonstances qui les accompagnent, M. de Mairan trouve que la lumiere zodiacale, lorsqu'elle a été apperçue, n'a jamais occupé guere moins de 50 ou 60 degrés de longueur depuis le soleil jusqu'à sa pointe, & de 8 à 9 degrés de largeur à sa partie la plus claire & la plus proche de l'horison: ce sont des dimensions qu'elle eut souvent en l'année 1683, où M. Cassini commença de l'observer. Elle ne parut avoir que 45 degrés de longueur en 1688, le 6 Janvier, mais les brouillards qu'il y avoit près de l'horison, & la clarté de la planete de Vénus, où elle se terminoit, ne peuvent manquer de l'avoir beaucoup diminuée. M. de Mairan trouve de même

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