ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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LLAMA (Page 9:622)

LLAMA, s. m. (Hist. nat. des anim. d'Amériq.) les Espagnols mouillent la premiere syllabe de tous les mots qu'ils écrivent par deux ll. Animal à quatre piés du Pérou: il est ainsi nommé par les Indiens du lieu. Les Espagnols appellent les llamas, carneros de tierra, moutons du pays; ce ne sont pourtant pas des moutons.

Ces animaux ont environ quatre à cinq piés & demi de haut; leur tête est petite à proportion du corps, & tient en quelque chose de celle du cheval & de celle du mouton. Leur levre supérieure est fendue au milieu, comme celle des lievres. Ils ont le col long, courbé en bas comme les chameaux à la naissance du corps, & ils leur ressembleroient assez bien à cet égard, s'ils avoient une bosse sur le dos. Leur pié est fendu comme celui des moutons; ils ont au dessus du pié un éperon, dont ils se servent pour s'accrocher dans les rochers. Leur corps est couvert de laine, qui rend une odeur forte & même desagréable; elle est longue, blanche, grise & rousse par taches, assez belle, quoiqu'on la dise inférieure à celle de vigogne. Les Indiens en font une espece de fil, qu'ils teignent avec le suc de certaines plantes, mais ce n'est pas son seul usage.

Avant que les Espagnols eussent conquis le Pérou, les llamas y étoient les seuls animaux dont on se servoit pour porter les fardeaux; à présent ils partagent cette fatigue avec les chevaux, les ânes & les mules. On les emploie quelquefois dans les minieres pour porter le minerai au moulin, & plus fréquemment encore pour porter le guana, ou fiente des oiseaux, qui fait en partie les richesses d'Arica, & de plusieurs autres lieux qui sont sur la côte. Les llamas en portent jusqu'à cent livres pesant dans une espece de besace, que les Espagnols appellent sforcas. Dès qu'on les a chargés, ils marchent de bonne grace, la tête levée & d'un pas réglé, que les coups ne peuvent hâter; quand on les bat pour y parvenir, ils se couchent à terre, ou prennent la fuite, & grimpent jusqu'au haut des précipices dans des endroits inaccessibles.

Ils ne coutent rien pour l'entretien, car il ne faut à ces animaux, ni fer, ni bride, ni bâts. Il n'est pas besoin d'avoine pour les nourrir; on n'a d'autre soin à prendre que de les décharger le soir, lorsqu'on arrive au lieu où on doit coucher; ils vont paître dans la campagne, on les ramene le matin au lieu où on les a déchargés, on leur remet leur sforcas, & ils continuent volontiers leur route, qui est chaque jour d'environ quatre lieues d'Amérique.

On peut voir la représentation de cet animal dans la relation de la mer du sud de Frézier; le P. Feuillée reconnoît qu'elle est très - fidelle. (D. J.)

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