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LIÉGE (Page 9:488)
LIÉGE, s. m. suber, (Hist. nat. Bot.) genre de
plante qui differe du chêne & du chêne - verd, en ce
que son écorce est épaisse, spongieuse & legere.
Tournefort, inst. rei herb. Voyez
Liége (Page 9:488)
On peut élever des liéges dans différens terreins à force de soins & de culture; mais ils se plaisent singulierement dans les terres sablonneuses, dans des lieux incultes, & même dans des pays de landes. On a même observé que la culture & la bonne qualité du terrein étoient très - contraires à la perfection que doit avoir son écorce, relativement à l'usage qu'on en fait.
La seule façon de multiplier cet arbre, c'est d'en semer le gland aussi - tôt qu'il est en maturité; on pourra cependant différer jusqu'au printems, pourvu que l'on ait eu la précaution indispensable de le conserver dans de la terre seche ou dans du sable. Comme cet arbre réussit très - difficilement à la transplantation, il sera plus convenable de semer les glands dans des pots ou terrines, dont la terre soit assez ferme pour tenir aux racines, lorsqu'il sera question d'en tirer les jeunes plants. La trop grande humidité les fait pourrir, il faudra les arroser modérément. Les glands semés au commencement de Mars, leveront au bout de cinq ou six semaines, ils auront l'automne suivante huit à neuf pouces de
Cet arbre est délicat; on ne doit pas s'attendre qu'il puisse résister à tout âge en plein air aux hivers rigoureux, qu'on n'éprouve que trop souvent dans la partie septentrionale de ce royaume. Il ne faut donc exposer à toute l'intempérie des saisons que les plants qui seront forts, très - vifs, bien enracinés & bien repris, & les mettre à l'exposition la plus chaude, ou au moins parmi d'autres arbres toujours verds.
L'écorce est la partie de cet arbre la plus utile.
Dès que les liéges ont douze ou quinze ans, on les
écorce pour la premiere fois: on recommence au
bout de sept ou huit ans, & ainsi de suite pendant
plus de cent cinquante ans, sans qu'il paroisse que
ce retranchement leur fasse tort. L'écorce des vieux
arbres est la meilleure, & ce n'est guere qu'à la troisieme
levée qu'elle commence à être d'assez bonne
qualité. Rien de plus connu que les différens usages
que l'on peut faire de cette écorce que l'on nomme
liége; entre autres on en fait le noir d'Espagne qui
s'emploie dans les arts. Les glands peuvent servir à
nourrir & à engraisser le bétail & la volaille, & on
assure qu'il est assez doux pour que les hommes puissent
en manger, en le faisant griller comme les châtaignes.
Son bois est aussi d'une grande utilité; il est
très - propre aux ouvrages du charpentier; il est bon
à brûler & à faire le meilleur charbon: on peut en
tirer le même service que du bois du chêne verd. On
distingue deux especes de liége; l'un à feuilles larges,
ovales & un peu dentelées, & les feuilles de
l'autre espece sont longues, étroites & sans aucunes
dentelures; son gland est plus petit. Du reste, il n'y
a nulle différence essentielle entre ces deux especes.
Article de M.
Cet arbre de moyenne hauteur que Tournefort appelle avec la plûpart des botanistes, suber latifolium, perpetuò virens, est une espece de chêne toujours verd; mais son tronc est plus gros, il est d'un tissu fort compact, & jette peu de branches. Son écorce est beaucoup plus épaisse que celle du chêne verd, fort légere, spongieuse, raboteuse, de couleur grise, tirant sur le jaune; elle se fend d'elle - même, creve & se sépare de l'arbre, si l'on n'a pas soin de l'en détacher, parce qu'elle est poussée par une autre écorce rougeâtre qui se forme dessous. Ses feuilles ont aussi la figure de celles de l'yeuse, vertes [p. 489]
Cet arbre croît dans les pays chauds, en Espagne, en Portugal, en Italie, en Provence, en Gascogne, vers les Pyrénées & en Roussillon. Il donne une écorce plus épaisse, & meilleure à proportion qu'il vieillit, & c'est de cette écorce inutile en Médecine, mais qu'on emploie à divers autres usages, que cet arbre tire tout son lustre. Son fruit sert à nourrir les cochons, & les engraisse mieux, à ce qu'on dit, que les glands des autres chênes. (D. J.)
Liege (Page 9:489)
Liege (Page 9:489)
Pour lever cette écorce, on fend le tronc de l'arbre depuis le haut jusqu'en bas, en faisant aux deux extrémités une incision coronale. On choisit ensuite un tems sec & assuré pour lever cette grosse écorce; car l'écorce inférieure, qui est encore tendre, se gâteroit & feroit périr l'arbre, s'il survenoit des pluies abondantes après la récolte du liége. Il est vrai que ce mal n'arrive guere dans les pays chauds, où le tems est en général fort constant. Quand on a dépouillé l'arbre, qui pour cela ne meurt pas, on met l'écorce en pile dans quelque mare, dans quelque étang, où on la charge de pierres pesantes pour l'applatir de toutes parts & la réduire en tables. On la retire ensuite de la mare, on la nettoie, on la fait sécher, & quand elle est suffisamment seche on la net en balles pour la commodité du transport.
On emploic le liége pour les pantoufles, pour des patins, mais sur - tout pour boucher des cruches & des bouteilles; les pêcheurs s'en servent aussi à faire ce qu'ils appellent des patenostres pour suspendre leurs filets sur l'eau. Enfin, le liége sert à divers autres usages. Les Espagnols, par exemple, le calcinent dans des pots couverts pour le réduire en une cendre noire, extrèmement légere, que nous appellons noir d'Espagne, qui est fort employé par plusieurs ouvriers. Aujourd'hui on fait ce noir par - tout, & mieux que sur les lieux.
On distingue dans le commerce, dit M. Savary, deux sortes de liége, le liege blanc ou de France, & le liége noir ou d'Espagne. Le liége blanc doit être choisi en belles tables unies, légeres, sans noeuds ni crevasses, d'une moyenne épaisseur, d'un gris jaunâtre dessus & dedans, & qui se coupent nettement. Le liége noir doit avoir les mêmes qualités, à la réserve de l'épaisseur & de la couleur extérieure; car le plus épais & le plus noir au dehors, est le plus estimé. (D. J.)
Liege fossile (Page 9:489)
Liege (Page 9:489)
On nomme aujourd'hui cette ville en latin Leodium, Leodicum & Leodica; selon Boxhornius on la nommoit anciennement Legia, à cause d'une légion romaine que les habitans du pays défirent, de même que cinq cohortes commandées par Cotta & par Sabinus, comme le remarque César, liv. V. On l'appelle en allemand Luttich, & en Hollandois Luyk.
La plûpart des meilleurs écrivains prétendent que S. Hubert, originaire d'Aquitaine, qui florissoit en 700, fut le premier évêque de cette ville, qu'il la fonda, lui donna le nom de Legia, & qu'avant son tems ce n'étoit qu'un village.
Quoique cette ville soit soumise à son évêque pour le temporel & le spirituel, elle jouit de si grands privileges qu'on peut la regarder comme une république libre, gouvernée par ses bourgmestres, par ses sénateurs & par ses autres magistrats municipaux; car elle a trente - deux colléges d'artisans, qui partagent une partie de l'autorité dans le gouvernement, & portent l'aisance dans la ville; mais le nombre de ses églises, de ses abbayes, & de ses monasteres, lui font un tort considérable. Pétrarque en sortant de cette ville, écrivit à son amante: Vidi Leodium insignem clero locum; il diroit encore la même chose.
Son évêché renfermoit autrefois tout le comté de Namur, une grande partie du duché de Gueldres & de celui de Brabant. Il n'a plus cette étendue, cependant il comprend encore sous sept archidiaconés vingt & un doyennés ruraux, & en tout environ 1500 paroisses.
Le pays de Liege est divisé en dix drossarderies ou grands bailliages qui sont à la collation du prince, quelques villes, Liege, Tongres, Huy, Maseick, Dinant, Hassel, &c. plusieurs gros bourgs, baronnies & seigneuries, sur lesquelles l'évêque a la jurisdiction de prince ou d'évêque. Le terroir y est fertile en grains, fruits & venaison. Il se trouve dans le pays des mines de fer & quelques - unes de plomb, avec des carrieres d'une espece de charbon de terre, qu'on appelle de la houille.
La ville de Liege est située dans une vallée agréable,
abondante, environnée de montagnes que des
vallons séparent, avec des prairies bien arrosées, sur
la Meuse, à 5 lieues N. E. de Huy, 4 S. de Mastricht,
14 N. E. de Namur, 25 S. O. de Cologne, 26 N. de
Luxembourg, 30 N. O. de Mons, 77 N. E. de Paris.
Long. selon Cassini, 26
Liege (Page 9:489)
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